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La nomination du Mufti: vaudeville et café de commerce

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La nomination du Mufti: vaudeville et café de commerce

Cette nomination très polémique tourne en eau de boudin

Par ARM

       Depuis des décennies, les autorités comoriennes nomment des Muftis. Cela se fait dans une indifférence totale de la population. Pourquoi s’en intéresser alors que, de toute façon, le Mufti a toujours été de Grande-Comore, et toujours de la région d’Itsandra-Hamanvou. Un seul de ces Muftis fait l’unanimité chez les Comoriens car c’était un Saint, un homme d’une piété proverbiale, d’une humanité légendaire, d’une justice inégalée: Saïd Omar Ibn Soumeït. Voici le récit de son retour aux Comores tel qu’il est fait par Saïd Mohamed Djohar: «Une foule immense était venue l’accueillir à l’aéroport. Ministres, Députés, fonctionnaires, notables et presque toute la population de l’île était représentée. Pareil accueil n’était jamais vu aux Comores. [Raymond] Groussoles était à mes côtés. L’avion atterrit, s’arrêta tout prêt de l’aérogare. La porte de l’avion s’ouvrit. Saïd Omar Ibn Soumeït apparut à la porte de l’avion, leva les bras pour saluer la foule, souriant. Un hourra et des “youyou” des femmes l’accueillirent. Saïd Mohamed Cheikh était au bas de l’escalier, il le prit dans ses bras et ils s’embrassèrent. En s’approchant de nous, je vis Groussoles reculer comme pour ne pas être vu. Je lui demandai:

– Que faites-vous? Mais où allez-vous?

– Le regard de cet homme me fait peur. Mais qu’a-t-il dans les yeux? Excusez-moi. Dites au président que je rentre car j’ai un malaise qui m’empêche de rester plus longtemps ici»: Saïd Mohamed Djohar: Mémoires du président des Comores. Quelques vérités qui ne sauraient mourir, L’Harmattan, Paris, 2012, pp. 139-140.

Même Ali Soilihi respectait profondément Saïd Omar Ibn Soumeït, mort en janvier 1976.

Or, depuis la mort de «Son Éminence, etc., etc., etc.», le 8 avril 2020, les Comoriens s’intéressent à tout ce qui touche le Mufti parce que le défroqué mort avait été compromis par son soutien criminel à une dictature dirigée par un fou maudit. Un faux décret complètement débile a même été publié pour la nomination du «Nouveau Mufti». Des Anjouanais sarcastiques et facétieux avaient «nommé» un «Mufti» dont il avait surchargé notamment la cravate de fesses, histoire de dire certaines choses inavouables. Le nouveau Mufti a fini par être nommé: Aboubacar Saïd Abdillah Djamalaïli, de Salimani-Itsandra, toujours dans la région d’Itsandra-Hamanvou.

Cette nomination a tourné à la polémique: «C’est le membre d’une secte wahhabite», «C’est un homme très fatigué, physiquement incapable d’expliquer l’Islam aux gens», «Il ne voulait pas de ce poste. Sa famille ne voulait pas de cette nomination», «Mohamed Housseine Djamalaïli, ministre de la Justice, a placé un Djamalaïli comme lui, son tonton», «La décence aurait voulu que la nomination du nouveau Mufti se fasse 40 jours après le décès du précédent. Assoumani Azali Boinaheri a fait preuve d’indécence et d’inhumanité», «Le Docteur Abdoulhakim Mohamed Chakir aurait mieux été à cette place, mais il a été crucifié parce qu’il est de Mbéni», «Aboubacar Saïd Abdillah Djamalaïlisera incapable de dire fermement à Assoumani Azali Boinaheri de changer son rapport au peuple, de libérer les prisonniers politiques et de libéraliser son régime politique d’oppression et répression», etc.

Cette affaire tourne en eau de boudin et à la mascarade. On y découvre, de l’inhumanité, du manque d’élégance morale, de l’amateurisme, de l’infantilisme, et une dictature aux abois, conduite par des fous et des fascistes sans éducation, ni manières…

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 15 avril 2020.


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2 Comments

  • BK

    avril 15, 2020 at 6:31

    Juste un petit rectificatif : le waliya’Allah Saïd Omar ibn Soumeït est mort en janvier 1976, quelques semaines après le décès du Prince Saïd Ibrahim survenu à la ville sainte de La Mecque en fin décembre 1975. Qu’Allâh les recouvre de Sa Miséricorde !
    Une anecdote qui illustre le degré de sainteté de cet illustre mufti. Il avait anticipé la concomitance de leurs décès à tous les deux.
    En effet, avant son départ pour Paris pour rencontrer le Président Valéry Giscard d’Estaing puis se rendre en Arabie pour le Hadj, le Prince s’est rendu chez lui pour lui dire au revoir. Après leur entretien en aparté, Saïd Omar ibn Soumeït a raccompagné son hôte jusqu’au salon où se trouvait sa famille. Puis, il lui a demandé s’il était prêt (sous-entendu, prêt pour le voyage ultime). Le Prince lui a répondu par l’affirmative. Et le saint homme de lui répondre que lui aussi était prêt. Puis, ils se sont embrassés tout en versant des larmes.
    Hassan Al’Haddad a assisté à la scène. Lui et tous ceux qui étaient là étaient médusés, ne comprenant pas ce qu’il se passait. C’est quelques semaines après, juste après leurs décès successifs qu’il ont compris ce dont ils ont été témoins.

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  • BK

    avril 15, 2020 at 7:03

    Juste un petit rectificatif : le waliya’Allah Saïd Omar bin Soumeït est mort en janvier 1976, quelques semaines après le décès du Prince Saïd Ibrahim survenu à la ville sainte de La Mecque en fin décembre 1975. Qu’Allâh les recouvre de Sa Miséricorde !
    Une anecdote qui illustre le degré de sainteté de cet illustre mufti. Il avait anticipé la concomitance et l’imminence de leurs décès respectifs.
    En effet, avant son départ pour Paris pour rencontrer le Président Valéry Giscard d’Estaing puis se rendre en Arabie pour le Hadj, le Prince s’est rendu chez lui pour lui dire au revoir. Après leur entretien en aparté, Saïd Omar bin Soumeït a raccompagné son hôte jusqu’au salon où se trouvait sa famille. Puis, il lui a demandé s’il était prêt (sous-entendu, prêt pour le voyage ultime). Le Prince lui a répondu par l’affirmative. Et le saint homme de lui répondre que lui aussi était prêt. Puis, ils se sont embrassés tout en versant des larmes.
    Le Prince allait lui rendre visite régulièrement. Mais cette scène était inédite. Ce qui a surpris Hassan Al’Haddad et tous ceux qui y étaient présents. Ils étais tous médusés, ne comprenant pas ce qu’il se passait. C’est quelques semaines après, juste après leurs décès successifs qu’il ont compris ce dont ils ont été témoins.
    ——————
    Bonjour, BK,
    Merci beaucoup, merci vraiment pour cette précision.
    Dans son livre, le Président Saïd Mohamed Djohar parle d’autres miracles de notre Saint, mais je trouvais que c’était un peu long à insérer dans l’article.
    Je vais rectifier la date de la mort du disparu, que Dieu l’agrée dans Son Paradis. Que Dieu agrée également le Prince Saïd Ibrahim dans Son Paradis.
    Le Prince Saïd Ibrahim reste, de mon point de vue, le plus posé, le plus consensuel, le plus rassembleur, le plus courtois, le plus cultivé, le mieux formé, et le plus réaliste de nos dirigeants. J’ai beaucoup de respect pour sa mémoire. Quand je fais mes calculs, je me rends compte que c’est le seul dirigeant comorien que je n’ai jamais critiqué.
    Une fois de plus merci.
    Fraternellement,
    ARM

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