«Saint Coup d’État, priez pour nous». Sauvez-nous vite!
Le coup d’État est devenu halal, et sauve les peuples du pire
Par ARM
Le coup d’État a une réputation maudite. Il est: «1.- Prise illégale et brutale du pouvoir par l’armée ou par une autorité publique bénéficiant de son soutien. 2.- Dans une conception étroite, souvent privilégiée en France, une distinction a été proposée. Si l’exécutif s’empare illégalement du pouvoir, il s’agit d’un coup d’État. Si c’est le législatif, il s’agit d’une révolution. En effet, dans le premier cas, la prise du pouvoir s’appuie sur les forces de répression; dans le second, elle s’appuie sur le peuple»: Olivier Nay et autres: Lexique de Science politique (Collectif), 4ème édition, Dalloz, Paris, 2017, p. 125.
On dit aussi que «le coup d’État n’émane pas de particuliers. Il est “l’acte violent d’une partie des pouvoirs publics contre l’autreˮ (A. Vandal). Il peut aussi émaner d’un corps public subordonné, comme l’armée, qui s’érige alors en pouvoir politique. Il est opéré sous le commandement d’officiers généraux ou supérieurs, voire même de sous-officiers»: Marcel Prélot et Jean Boulouis: Institutions politiques et Droit constitutionnel, 9ème édition, Dalloz, Collection «Précis Dalloz», Paris, 1984, p. 195.
Et, pour le malheur des Africains, «il n’est pas d’endroit autre que l’Afrique noire, où la formule “le pouvoir est au bout du fusilˮ ne soit la plus appropriée»: Jean-Pierre Pabanel: Les coups d’État militaires en Afrique noire, L’Harmattan, Collection «Racines du présent», Paris, 1984, p. 5. Le dictateur Assoumani Azali Boinaheri, auteur du plus horrible de tous les coups d’État de l’Histoire de l’humanité, qu’il avait commis alors que les Comores étaient à terre, détruites par la crise séparatiste d’Anjouan (16 février 1997 – 25 mars 2008), a poussé l’impudence jusqu’à déclarer qu’il avait fait «un coup d’État et non un coup contre l’État»: Assoumani Azali: Quand j’étais président. Entretiens avec Charles Onana, Éditions Duboiris, Paris, 2009, p. 81. Si seulement le dictateur Assoumani Azali Boinaheri pouvait se taire! Mais, pourquoi parle-t-il au lieu de se taire, et pour ne débiter que des saletés?
Depuis le 13 janvier 1963 (coup d’État contre Sylvanus Olympio, au Togo), l’Afrique meurt au rythme des coups d’État, aussi maudits les uns que les autres. Ceux-ci procèdent de façon illégale, illégitime et violente des «caprices meurtriers de brutes galonnées»: Philippe Leymarie: Du «pacte colonial» au choc des ingérences, in Afrique des malédictions, espoirs des Africains (Dossier), Le Monde diplomatique, Paris, mai 1993, pp. 14-15.
Les coups d’État ont été maudits. Ils ont causé des malheurs indicibles à l’Afrique. Les Comores détiennent le triste record des coups d’État humiliants. Par le premier, celui du 3 août 1975, Ali Soilihi a renversé Ahmed Abdallah Abderemane, alors que l’indépendance a été proclamée le 6 juillet 1975, entraînant le pays dans la dictature, le désordre et la mort. Le vent a tourné. Le 18 août 2020, les militaires ont renversé Ibrahim Boubacar Keita (IBK) au Mali, et le peuple, à l’origine de l’insurrection fatale, rit, applaudit et respire. Le 5 septembre 2021, les militaires ont renversé le tyran arrogant, bête et décevant Alpha Condé en Guinée. Le peuple rit, applaudit et respire, et l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO), bastions des dictateurs, sont toujours incapables de saisir que le coup d’État est devenu halal, légitime, légal, propre et salvateur pour débarrasser l’Afrique de dictateurs stupides, voleurs, tueurs, incompétents et corrompus. Le bonheur des Comores viendra du coup d’État qui les débarrassera du dictateur Assoumani Azali Boinaheri, en l’entraînant directement dans la mort, lui-même et les siens, tous les siens, tous les membres de son sérail malfaisant. Hier, Karl Marx ironisait par son «Saint Suffrage universel, priez pour nous!». Aujourd’hui, les Comoriens disent: «Saint Coup d’État, priez pour nous!».
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 6 novembre 2021.
