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Triste et pitoyable fin d’une campagne électorale fade

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Triste et pitoyable fin d’une campagne électorale fade

Fin de campagne marquée par la vacuité du discours politique

Par ARM

  Et on s’étonne encore qu’il existe un tel fossé entre la classe politique et le peuple aux Comores… Alors que les Comoriens s’attendaient à une campagne électorale intelligente et riche en idées novatrices, ils sont restés sur leur faim. On a l’impression que le seul point sur lequel la plupart des candidats se sont mis d’accord est la production d’un discours de campagne électorale absolument vide, ronronnant et soporifique. La plupart des candidats endorment les Comoriens par un discours sans queue, ni tête. Ces candidats sans envergure, ni vision de l’État, ni intelligence des enjeux de l’élection présidentielle en cours, ni des besoins réels des Comoriens ont rivalisé en promesses électorales absolument tirées par les cheveux, des promesses électorales qui se distinguent par leur caractère surréaliste, puisque dans leur extrême majorité, elles sont irréalistes et irréalisables. Le plus souvent, ces gens-là montent sur des tribunes et disent tout ce qui leur passe par la tête, sans souci de cohérence. Ils ne se gênent même pas pour débiter des énormités, avec une mauvaise foi de chacal. Ils refusent d’admettre qu’après avoir entendu les mensonges sucrés de 2006, les Comoriens sont devenus plus prudents et refusent désormais de donner à une certaine classe politique le bon Dieu sans confession. Or, est révolu le temps où un politicien pouvait être écouté uniquement pour s’être placé dans un coin de la rue pour dire tout et n’importe quoi.

  Le niveau particulièrement bas de certaines candidatures en dit long sur leur incapacité à faire de véritables propositions au peuple comorien. Pendant que les candidats de fin de semaine enchaînent mensonges sur mensonges, les Comoriens maugréent de colère, lèvent leurs mains au ciel et demandent à Dieu ce qu’ils ont fait pour être maltraités de la sorte par une classe politique dont la plupart des membres se moquent visiblement d’eux. Si on pouvait tuer les mauvais politiciens par des pensées assassines, il y a longtemps qu’il ne resterait pas beaucoup de monde sur la scène politique comorienne. Les candidats qui disent vouloir et pouvoir faire mieux que ceux qu’ils critiquent vertement étalent des catalogues de bonnes intentions, mais quand on secoue un peu ceux-ci, il ne tombe que des rêves et des chimères. Les candidats vont sur les places publiques et promettent monts et merveilles. Ils ne disent rien de sérieux, mais exploitent ignominieusement la gentillesse et la patience des Comoriens.

  Prenons le cas du Caporal Bourhane Hamidou, «l’enfant gâté» d’Ahmed Sambi. Il a commencé piteusement sa campagne électorale à Moidja. Des gens sont partis l’écouter parce qu’il aurait été malsain que personne ne l’écoute. Et là, sans dire aux Comoriens avec quoi il va financer ses lubies fantasmagoriques et ses rêveries, l’ancien Caporal de la Garde présidentielle dirigée par Robert «Bob» Denard s’est mis à pérorer, allant jusqu’à promettre des bourses pour les étudiants, la gratuité des inscriptions à l’Université des Comores, la gratuité des transports pour les étudiants, etc. Il va sans doute financer ses lubies de campagne électorale avec sa valise de 80.000 euros qui a été saisie à l’aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle en 2014. On a vu le même Caporal Bourhane Hamidou se livrer au même exercice de mensonges éhontés et irresponsables à Moroni le jeudi 18 février 2016, où il a débité insanités sur insanités dans un discours insipide comme de la nourriture sans sel, ni sucre. Dans son tissu de mensonges, l’enfant de Singani s’est lancé dans des divagations devant le conduire à effectuer prétendument des réformes profondes et salutaires sur les retraites des fonctionnaires et agents de l’État et sur les salaires des militaires. Le cher grand homme! Ah! Le grand homme! Il ne manquait plus que lui…

  On l’a entendu dire en substance: «Nous savons que ces retraités sont des personnes qui ont servi la nation. Ils devraient bénéficier d’une bonne retraite. Il en est de même pour l’Armée, qui assure notre sécurité et à qui on doit beaucoup». «L’enfant gâté» se lança dans d’autres divagations sur les femmes, les jeunes, l’agriculture, la pêche et l’énergie, se disant également très soucieux de l’Éducation: «C’est la base de toute chose. J’espère réduire les frais des droits universitaires et carrément les supprimer pour les nouveaux bacheliers». Sur les traces de l’autre candidat crypto-sambiste, qui veut rattacher tout le système judiciaire d’un pays au Directeur du Cabinet du Président, le Caporal Bourhane Hamidou, crypto-sambiste en réserve du crypto-sambisme officiel, rêve en disant vouloir créer un ministère indépendant et séparé pour chacun des domaines suivants: l’Éducation, la Culture, la Jeunesse et les Sports. Ça fera du monde à caser, mais le génie du Hambou ignore une simple réalité institutionnelle comorienne: d’un seul ministère, il en crée 4, alors que le nombre des ministères ne dépasse pas 10 aux Comores. On ne peut que dire bon courage à son colistier pour la Grande-Comore, lui qui dit aux Comoriens sans rire: «Il est temps de placer votre confiance en Bourhane Hamidou et aller vers le changement», arguant du fait que l’homme aux serviettes et autres objets de toilettes piochés dans une suite d’hôtel et saisis dans un aéroport marocain avant son affaire de valise contenant 80.000 euros à Roissy est celui qui va déployer une politique qui va permettre aux Comores de concurrencer et ringardiser l’île Maurice, la Réunion, les Seychelles, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Mozambique, etc. Oui, bon courage.

  Et dans l’affaire, il y a Mohamed Daoudou dit Kiki, le jeune homme pressé des Comores. Le Maire de Moroni a une qualité: il remplit les places et salles de meetings. Mais, il a également un défaut: sa capacité à remplir les salles et places de meeting ne correspond en rien à sa capacité, très faible, à remplir les urnes légalement de bulletins de vote en son nom. Mohamed Daoudou organise un meeting? Tout le monde veut y être vu. On accourt de partout pour y être. Mais, quand il est confronté à un scrutin, il reste à la peine. Les élections législatives et municipales de janvier et février 2015 ont démontré les limites de son «magnétisme». Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016, la base de son Parti Orange l’a abandonné en rase campagne pour soutenir la candidature du Vice-président Mohamed Ali Soilihi, ne comprenant pas pourquoi un homme très jeune, qui a tout le temps de se préparer dans le calme, se jette dans une opération électorale qui s’apparente à un suicide politique.

  Et comme en politique tout est possible, on voulait en savoir plus sur le projet de société de Mohamed Daoudou, et il a fallu se rendre du côté du Mbadjini pour l’entendre enchaîner les lieux communs et les platitudes: «Certains candidats ne font de la politique que pendant la campagne. Moi, c’est mon oxygène. Je la fais tous les jours», «Moi, je n’aide jamais personne pour des fins électorales. J’aide ceux qui sont en difficulté et ça s’arrête là. Que chacun vote selon ses convictions», etc.

  Le candidat Saïd Ali Kemal, Président du SHUMA, lui aussi vaut le détour. Quand il se déclara candidat, très peu de gens croyaient qu’il irait jusqu’au bout de son projet. Pourtant, il fait partie des 25 candidats retenus pour se lancer dans une course dont la fin sera très sèche et définitive dès demain, dimanche 21 février 2016, pour 22 d’entre eux. On retrouve dans le discours de Saïd Ali Kemal le même effet catalogue: l’alignement d’une liste interminable de bonnes intentions, sans plus. Comment financer tout ça? Ce n’est pas dit. Et que dit-il? Il faut redonner à l’École publique comorienne ses lettres de noblesse, notamment en créant un ministère de l’Enseignement primaire (encore le fameux charcutage artificiel des ministères) et en valorisant l’enseignement technique, il faut lutter contre la famine en réactualisant la carte agricole des Comores pour assurer l’autosuffisance alimentaire (la sécurité alimentaire n’est pas une mauvaise chose, et est plus réaliste avant d’aller plus loin)…. Et le clou de son discours Place Badjanani est sans doute la petite phrase suivante: «120 jeunes vont être désignés, par concours, pour enseigner le chinois et le hindou, deux langues d’avenir pour le commerce international». Il aurait pu suggérer la sélection de 120 autres jeunes Comoriens pour apprendre le serbo-croate, le népalais, la langue des populations des plateaux de Vanuatu, Tuvalu, Papouasie Nouvelle-Guinée et la langue la plus parlée chez les Inuits. Tout ça pourrait aider les Comores à devenir la première puissance de l’océan Indien.

  Il aurait été injuste de ne pas évoquer les rêveries et divagations d’Azali Assoumani, l’ancien Président pour qui Thierry Vircoulon a écrit les amabilités suivantes en janvier 2007 sur la revue Étude, avant la reprise de l’article par le site du ministère français des Affaires étrangères: «La privatisation de l’État, le “néo-paternalisme” de type sultanique ou la “politique du ventre”, bref les racines de ce que la Banque mondiale appelle la “mauvaise gouvernance” n’ont pas été éradiquées durant la transition. Corruption et mauvaise gouvernance ont continué à prospérer sous les yeux de la “communauté internationale”: aux Comores, comme l’atteste la découverte de 40 millions d’euros dans des comptes à l’étranger, le Colonel Azali a pillé le Trésor public et distribué les contrats publics à la coterie formée par ses proches». En d’autres termes, il est reproché à Azali Assoumani d’être entré dans la caverne d’Ali Baba et d’avoir volé au peuple comorien la bagatelle de 19.678.700.000 de francs comoriens, alors qu’il se pose aujourd’hui en sauveur. Quel culot!

  Pourtant, il se trouvera un membre de la CRC pour crâner dans les termes suivants à Mbéni: «Le temps est venu pour nous, agriculteurs comoriens, de faire revenir Azali au pouvoir». Seules une certaine tendance à l’exagération et une forme aiguë de mégalomanie narcissique permettent à un seul homme de parler au nom d’un groupe d’hommes ne l’ayant pas désigné. Et on touche le fond quand cet homme ose prétendre devant les Comoriens en parlant d’Azali Assoumani, l’homme aux 19.678.700.000 de francs comoriens, dans les termes suivants: «Lorsque il était au pouvoir, il a su valoriser le marché de la vanille comorienne. Nous n’oublions pas non plus le voyage en Terre sainte qui était gratuit». Quand le pèlerinage en Arabie Saoudite a-t-il déjà été gratuit sauf pour quelques privilégiés proches du régime politique en place? Quelle hypocrisie! Et pour quelle raison faut-il qualifier Azali Assoumani de «père de l’emploi»? Comme en campagne électorale, quand on n’a pas de choses sérieuses à dire, on les invente, l’homme Azali Assoumani dit crânement devant les Comoriens que le pays va mal (comme s’il l’avait laissé en bon état en 2006 et comme si ce n’était pas son fiasco qui avait favorisé l’avènement d’Ahmed Sambi) et qu’il va privilégier l’énergie, la santé, l’École publique et les infrastructures. Des mensonges, rien que des mensonges…

  Trop d’insanités et de paroles creuses. Trop d’enfantillages. En tout cas, demain, dimanche 21 février 2016, les candidats qui seront priés de rester chez eux jusqu’à la prochaine élection présidentielle dont le premier tour reviendra à la Grande-Comore doivent avoir la décence d’accepter leur défaite et de ne pas essayer de faire du grabuge en invoquant de la fraude électorale.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 20 février 2016.


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