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Mohamed Abdou Soimadou dit la vérité sur Ali Soilihi. Dini Nassur s’énerve et a tort

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Mohamed Abdou Soimadou dit la vérité sur Ali Soilihi. Dini Nassur s’énerve et a tort

Mohamed Soimadou a raison: Ali Soilihi créa mercenariat et putschisme aux Comores

Par ARM

 

     J’ai discuté au téléphone en 2018 avec Guy Sidey, ex-enseignant aux Comores, sous la colonisation, surnommé par lui-même Casimir, «Foundi Kana Hazi» («L’Enseignant sans emploi») sur son livre pour Ali Soilihi. Il est mort le 23 juillet 2025 à 80 ans, à Grasse. Il avait d’Ali Soilihi une vision messianique confinant quelque part à de l’idolâtrie et à du fanatisme.

      Voici un passage du livre de Guy Sidey sur Ali Soilihi: «Bousculé et menacé par le puissant groupe de pression impérial (M. Debré, P. Messmer, J. Foyer, A. Poher), qui a réussi à retourner l’opinion du Parlement français, le Président Ahmed Abdallah est finalement acculé, le 6 juillet 1975, à proclamer l’indépendance unilatérale de l’archipel des Comores, à la manière guinéenne, et en rupture avec l’État français colonisateur. C’est la stupeur pour tous ceux – et c’est la grande majorité des Comoriens – qui avaient prévu et anticipé une “décolonisation idéale”, en forme d’indépendance surtout formelle.

      Mais c’est apparemment, ce qu’attendait Ali [Soilihi]:

“Le jour de la proclamation de l’indépendance, il était à Paris. Quand j’ai appris la nouvelle, je lui ai téléphoné, j’étais triste [pensant que nous avions manqué l’événement. Mais Ali [Soilihi] m’a dit: ‶Viens vite, parce que c’est justement cela que nous voulions!″. Je me suis rendu chez lui. Il m’a dit: ‶Là, tout va bien! Le pouvoir, on l’aura très bientôt″”.

      En fait, la décision de renverser Ahmed Abdallah a été prise, à Paris, au plus haut niveau et d’un commun accord entre le Président Giscard (et son conseiller R. Journiac) et le Prince Saïd Ibrahim (et ses proches: Ali Swalih et Marcel Henry). Le Député mahorais a laissé entendre à ses alliés et au Président français que la présence du Prince à la tête de l’État comorien pourrait amener le MPM à réviser sa position séparatiste.

     C’est Yves Lebret, apparenté au Président Giscard, qui a assuré la liaison entre les deux groupes tout au long du processus; il s’est rendu à Paris, à plusieurs reprises, y a rencontré le ministre de l’Outre-mer, Olivier Stirn, qu’il a dû convaincre. […]. Les milieux impériaux de la région indocéanique sont décidés à renverser le Président Ahmed Abdallah, au plus tôt, et à le remplacer par le Prince Saïd Ibrahim Saïd Ali, homme intègre et pondéré, qui a presque toujours donné des gages de fidélité à la France. Il sera alors possible de trouver un compromis et d’éviter la crise ouverte sur le plan international»: Guy Sidey dit Casimir: Ali Swalih 1976-77. (La Théorie fondamentale). Le Produit. Le Capital. Le Cultivateur. L’imposture féodalo-bourgeoise (I.), Éditions Djahazi, Peymeinade, 2008, pp. 70-71.

      Voici ce qu’a écrit le très modéré Saïd Ali Mohamed, Député sous l’autonomie interne, ministre et Premier ministre de la République fédérale islamique des Comores: «Mais, qui a introduit ce monstre [putschisme et mercenariat] dans notre pays? Pour répondre à cette question, il faudra signaler que cette monstruosité est imputable à Ali Soilihi, un intellectuel “progressisteˮ des années 1960-1970. C’est Ali Soilihi qui a placé le pays dans le sillage du mercenariat. En ces années 1960-1970, Ali Soilihi est considéré comme l’un des Comoriens les plus intelligents, les plus brillants, les plus imaginatifs, les plus créatifs et les plus prometteurs. Mais, ce cadre de qui on attendait ce qu’il y avait de meilleur a eu recours aux forces occultes du mercenariat pour des décennies de destruction des chances d’édification d’une nation réconciliée avec elle-même, et un pays dynamique et prospère. Profitant des faiblesses et lacunes structurelles d’une Armée comorienne inexistante et bénéficiant d’un “encadrement sûrˮ, le 3 août 1975, soit moins d’un mois après la proclamation de l’indépendance, Ali Soilihi a renversé le pouvoir légitime des Comores, incarné par le président Ahmed Abdallah Abderemane, l’auteur de la déclaration unilatérale d’indépendance du pays. Il avait bénéficié du soutien de ses maîtres, soutien renforcé par l’entrée en scène aux Comores de Robert “Bobˮ Denard et de sa bande de mercenaires. C’est ainsi qu’Ali Soilihi avait transformé les Comores en bastion de mercenaires. Du fait de ces criminels, les Comoriens ont connu les atrocités, les humiliations, les souffrances physiques et morales, donc les traitements les plus dégradants et les plus inhumains»: Saïd Ali Mohamed: Une oasis dans le désert des Comores. Histoire et refondation citoyenne, Les Éditions L’Harmattan, Paris, 2021, pp. 126-127.

      Sur une vidéo postée sur YouTube le lundi 13 octobre 2025, voici ce que dit Mohamed Abdou Soimadou, l’un des meilleurs professeurs des Comores, militant sincère de la liberté, au risque de sa liberté et de sa vie, ancien ministre: «Cela veut dire que, par moments, nous autres Comoriens, nous nous demandons quel genre de personnes sommes-nous. L’Histoire, certains la mettent debout par la tête. C’est le cas des personnes qui font des célébrations pour Ali Soilihi. Au vu de ce qui s’est passé, cependant, je ferai rappeler pour que les gens soient parfaitement conscients qu’au moment de la proclamation de l’indépendance, Ali Soilihi était Député. Ses collègues – que Dieu les ait en Sa Sainte Miséricorde – Mouzaoir, Mohamed Taki et d’autres, étaient Députés. Ali Mroudjaé et tous les autres aussi.

      Or, le 6 juillet [1975], rappelez-vous de cette page d’Histoire, le 6-Juillet, les Députés se sont rencontrés pour réclamer l’indépendance de notre pays. Ali Soilihi n’y était pas. Allez examiner attentivement les images, puisqu’elles existent. On y voit les Députés présents. Ali Soilihi n’y était pas. Dès lors, il était où, alors qu’il était Député? Il s’avéra qu’il était à Paris, ce 6-Juillet. Il faisait quoi en là-bas? C’est le moment qu’il avait choisi pour faire des complots et des magouilles pour briser l’indépendance de notre pays. Il ne faisait pas partie de ceux qui ont proclamé l’indépendance de notre pays, mais était en France.

      De fait, son coup d’État [du 3 août 1975] n’a pas renversé un régime politique, n’était pas destiné à destituer celui qui était au pouvoir depuis 3 mois, non depuis 3 semaines; il avait pour but de briser l’indépendance elle-même. Ce coup d’État était dirigé contre l’indépendance elle-même et non contre un régime politique. C’est lui qui a ouvert à Mayotte la voie qu’elle a suivie jusqu’en ce moment. Alors, un homme comme celui-là, quand les gens lui font des célébrations, quand on sait qu’à cette époque, la viande coûtait moins cher, le riz coûtait moins cher. L’indépendance est pour tous, ainsi que l’unité de la nation. Et le kg de viande, et le kg de riz. En réalité, moi, dans mes souvenirs, je ne vois pas quelqu’un qui a plus nui à notre pays qu’Ali Soilihi. Plus de 50 ans plus tard, nous sommes en train de payer les malheurs qu’il a causés à cette époque. Et ces malheurs ne disparaîtront que quand Mayotte sera avec les trois autres îles. C’est alors seulement qu’on pourra dire que ces malheurs ont pris fin. Et, il y a ces gens qui font des célébrations… Les Comoriens avons mis debout notre Histoire par la tête».

      Dini Nassur, ancien discipline d’Ali Soilihi, a vivement réagi au mot de Mohamed Abdou Soimadou. L’introduction de son coup de sang trahit une grave perte de sang-froid: «La dernière sortie médiatique de Monsieur Abdou Soimadou Mohamed est tout sauf compréhensible. Quand il s’acharne à cracher son fiel sur Ali Soilihi, il ne fait pas œuvre d’analyse : il rejoue la haine de classe, celle qui dévore la conscience et travestit la vérité. J’ai longtemps admiré Abdou Soimadou Mohamed. Dans ma jeunesse, il incarnait pour moi l’intellectuel courageux, debout contre le système corrompu qui étouffe notre pays. Aujourd’hui, il brise lui-même cette image, et je découvre, non sans amertume, qu’il est devenu le miroir inverse de ce qu’il prêchait jadis».

      Dini Nassur reproche à Mohamed Abdou Soimadou notamment sa réconciliation avec Mohamed Taki Abdoulkarim. Mohamed Abdou Soimadou, alors Professeur, avait été exilé à Mohéli par Ahmed Abdallah Abderemane du fait de cette opposition et au régime politique en place. Cet exil m’a permis de bénéficier de la compétence de l’un des meilleurs professeurs des Comores. Mohamed Abdou Soimadou m’a appris beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses sur la littérature, la rédaction, l’analyse et le commentaire de texte ainsi que sur les subtilités de la langue française. Dans mes études sans fin, il fait partie des trois professeurs qui m’ont le plus marqué: deux au Lycée de Fomboni, un à l’Université. À Mohéli, il était chaque mois en prison, avec un de mes cousins. En quoi sa réconciliation avec Mohamed Taki Abdoulkarim, de Mbéni comme lui, constitue un crime contre l’humanité? La réconciliation fait partie des gestes les plus nobles, surtout pour un musulman.

      Quand Dini Nassur prétend qu’«Ali Soilihi n’est pas entré en politique par ambition, mais par nécessité. Il n’était pas un homme de pouvoir, mais un homme de terrain, passionné par le développement rural et la dignité du travail», il occulte le fait que les trois Comoriens les plus obsédés à mort par le pouvoir sont Ahmed Abdallah Abderemane, Ali Soilihi et Assoumani Azali Boinaheri. Quant à la «révolution» d’Ali Soilihi, ce fut un énorme deuil de trois ans. Sa chute a été la plus chantée et dansée (pendant trois mois d’affilée à Mohéli).

      Sa gestion de la Société pour le Développement économique des Comores (SODÉC) avait été un désastre. Saïd Ali Mohamed l’explique en ces termes: «Dans les villages, les membres de la secte Mranda n’étaient pas forcément nombreux. Mais, ils étaient très fidèles à Ali Soilihi, et lui obéissaient. Il était le Maître. Ses disciples étaient prêts même à se sacrifier pour le Chef spirituel. Quotidiennement, les membres de cette association politique inédite assumaient financièrement “leurs obligationsˮ. Ils étaient entretenus financièrement à travers la SODÉC, qui disposait d’importantes sommes d’argent pour l’économie et le développement agricole du pays. Ali Soilihi avait créé plusieurs mutuelles agricoles et y avait placé uniquement ses fidèles militants. Personne d’autre ne pouvait apporter une appréciation sur le fonctionnement de la SODÉC.

      Il aurait été logique de chercher à connaître les résultats laissés dans le pays par cette organisation mutualiste qui était chargée du développement agricole des Comores. Amdjad Saïd Omar, nommé en même temps que lui à la tête de la SODÉC, mais lui comme responsable de toute l’administration financière, n’aurait pas claqué la porte de cet organisme pour rien peu de temps avant l’accession des Comores à l’indépendance.

      Quand le pays allait enfin s’engager dans la voie de l’indépendance, il manquait de cadres administratifs valables. Amdjad Saïd Omar était un bon administrateur. Il connaissait les dessous de la gestion d’Ali Soilihi à la SODÉC. Pourquoi aucune autorité ne l’a interrogé sur la question? Quel est le bilan laissé par la SODÉC, une société qui a dépensé plusieurs millions de francs comoriens pour le développement agricole du pays? Si seulement Amdjad Saïd Omar pouvait écrire sur ce qui s’est passé à la SODÉC… Ali Soilihi ne craignait rien de Paris. Avec ses amis français, il avait organisé ses réseaux pour pouvoir être introduit là où se prenaient les décisions pour les colonies, dont les Comores»: Saïd Ali Mohamed: Une oasis dans le désert des Comores. Histoire et refondation citoyenne, op. cit., pp. 164-165.

      Dini Nassur fait partie des Comoriens qui déifient Ali Soilihi et qui sortent les injures et les menaces quand on dit la vérité sur sa médiocrité comme dictateur. Le vendredi 26 avril 2019, alors que je rédigeais mon livre ARM: Comores: «La Constitution mon bon plaisir», Les Éditions L’Harmattan, Paris, 2019 (506 p.), Dini Nassur m’avait accordé un entretien au cours duquel il refusait d’admettre les incohérences, incongruités, errements et errances d’Ali Soilihi, m’affirmant péremptoirement: «L’Assemblée nationale populaire a été inaugurée. Elle fut présidée par Hadji Adam de Bouéni-Bambao, mort alors qu’Ikililou Dhoinine était chef de l’État. Des obsèques nationales avaient été organisées en son honneur. Il est considéré comme le premier président du Parlement aux Comores, alors que le pays était en train de créer une à une ses institutions d’État souverain dans des conditions très difficiles»: ARM: Comores: «La Constitution mon bon plaisir», p. 97.

      Quand et par qui cette Assemblée nationale populaire avait été élue, quand on sait que la seule élection qu’avait organisée Ali Soilihi avait été son «Le Président ou le remplaçant» du 28 octobre 1977 ayant permis aux Mohéliens de le désavouer à 97%? Où était son siège?

      Mohamed Abdou Soimadou a entièrement raison de rappeler que c’est Ali Soilihi qui a fait entrer le mercenariat et le putschisme aux Comores et que son putsch du 3 août 1975, soit trois semaines après la proclamation de l’indépendance, a tué les Comores.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 15 octobre 2025.


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