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D’utiles rappels géopolitiques par Fahmi Saïd Ibrahim

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D’utiles rappels géopolitiques par Fahmi Saïd Ibrahim

Fahmi Saïd Ibrahim réaffirme des vérités fondamentales

Par ARM

Maître Fahmi Saïd Ibrahim a été le chef de la diplomatie des Comores de 2010 à 2011. Être diplomate est exigeant en qualités et vertus. Dominique de Villepin, admirable chef de la diplomatie française du 7 mai 2002 au 30 mars 2004, a eu ce mot: «À force de scruter les visages, le diplomate connaît toutes les ruses de l’âme humaine. Dans le Dictionnaire des synonymes, Condillac entendait le réduire au statut d’espion “autorisé par le droit des gens”. Or le diplomate est savant, archéologue ou grammairien quand il déchiffre l’énigme des motivations politiques. Il s’improvise géographe pour dessiner des cartes et décider du sort de populations entières. Il devient parfois prophète lorsqu’il ne s’accommode pas des injustices faites à une nation. Il est l’éternel écrivain du roman national et de l’épopée internationale. Il défend avec passion les idées et les convictions qui ont fait battre son cœur. À commencer par l’obsession de l’équilibre contre le chaos, identitaire ou mondial, et, si celui-ci advient, l’acharnement à trouver le salut dans le mouvement»: Dominique de Villepin: Présentation, in Françoise Autrand, Lucien Bély, Philippe Contamine et Thierry Lentz: Histoire de la diplomatie française. Tome I. Du Moyen-âge à l’Empire, Éditions Perrin, Collection «Tempus», 2ème édition, Paris, 2007, p. 9.

L’Ambassadeur André Lewin (26 janvier 1934-18 octobre 2012) rappelle: «En réalité, la politique étrangère de la France a toujours été un domaine où les noms à particule et les titres qui en sont souvent – mais pas toujours – le corollaire ont été bien représentés, en mettant à son service “la sève toujours vivace de [leurs] vertus héréditaires”: Auguste Philippe Charles de Beaupoli: Confession d’un vieux diplomate, Éditions Flammarion, Paris, 1953 (794 p.). Depuis longtemps, la noblesse a fourni des lignées de diplomates, qui ont servi leur pays avec bonheur, avec honneur et avec une parfaite fidélité, tant sous l’Ancien Régime que sous l’Empire et sous les diverses Républiques. La France n’est d’ailleurs pas le seul pays où les familles de l’aristocratie sont particulièrement présentes dans la diplomatie; cette tradition de diplomates issus du Gotha […] se retrouve encore aujourd’hui». D’ailleurs, poursuit-il, «au Maroc, il en est ainsi de plusieurs membres de la famille royale, de ce fait également descendants du Prophète, qui occupent des postes d’ambassadeurs»: André Lewin: Grandeur, tradition et servitude: Noblesse de la diplomatie, diplomatie de la noblesse? Geoscopies, L’International sur Internet, www.geoscopies.net – date et lieu de publication non indiqués.

Ces paroles viennent en mémoire au moment mon ami fraternel Abdallah, dont j’ai fait la connaissance en 2003 à l’Université Mohammed V de Rabat, Maroc, a tenu à m’envoyer la vidéo sur une brillante intervention de géopolitique et géostratégie faite au Maroc par Maître Fahmi Saïd Ibrahim, ancien ministre des Relations extérieures des Comores. L’intervention en question est intéressante à plus d’un titre parce qu’on y trouve la lucidité, la pertinence, l’intelligence et le talent des diplomates de la Grande Époque.

Maître Fahmi Saïd Ibrahim parle, à juste titre, «d’une redéfinition de la politique internationale», dans un monde de plus en plus «complexe», dans lequel on s’interroge sur «l’avenir de l’Occident» et l’émergence des nouvelles puissances comme le Brésil, la Chine et l’Inde. Ce qui doit inciter l’Afrique à réfléchir sérieusement «sur son avenir».

Pour mettre en exergue les mutations, les ruptures fondamentales et les évolutions majeures intervenues dans le monde contemporain, Maître Fahmi Saïd Ibrahim rappelle un livre qui a fait grand bruit à sa publication: Francis Fukuyama: La fin de l’histoire et le dernier homme, édition nouvelle, Éditions Flammarion, Paris, 2009 (452 p.). Or, dans un Maghreb connu pour son enracinement dans l’Histoire, au Moyen-Âge, des grands savants comme Abderrahmane Ibn Khaldoun parlaient de ces évolutions majeures et cycliques des civilisations. Dès lors, pour Maître Fahmi Saïd Ibrahim, l’Afrique doit lancer une réflexion sérieuse sur le bilan de ses 50 premières années d’indépendance, sur ce qu’elle compte faire pendant les 50 ans à venir, et sur sa place dans le concert des nations. Cette réflexion est d’autant plus utile qu’il y a un regain d’intérêt des puissances étrangères pour une Afrique riche en ressources stratégiques.

Or, la place de l’Afrique dans ce concert des nations est à redéfinir parce que «l’Afrique constitue à peu près 18% de la population mondiale», mais avec «3% du PIB mondial», quand la Chine populaire, à peu près avec une population équivalente, a un PIB 6 fois plus élevé que celui de l’Afrique. Pour créer ses propres moyens de production de richesses, l’Afrique doit mener une réflexion sérieuse sur le sujet. Et, «parce qu’il y a une guerre en Ukraine, nos enfants ont faim en Afrique. Qu’avons-nous fait? Qu’avons-nous fait pour que nous ayons faim en Afrique, parce qu’un pays est en guerre en Europe? Il y a un sérieux problème. Ce sont ces questions que nous devons nous poser aujourd’hui, entre Africains, gouvernements africains, dépasser un peu la question idéologique», dans un monde qui assiste au recul et même à la fin des idéologies. Les pays qui, comme la Chine Populaire, ont dépassé les idéologies, progressent.

Toujours selon Maître Fahmi Saïd Ibrahim, le Maroc sous le règne du Roi Hassan II a créé la prestigieuse École Hassania des Travaux publics de Casablanca, et avait lancé des travaux de construction de plusieurs barrages d’irrigation des terres, à raison d’au moins un par an. Cette politique a été critiquée à la fois au Maroc et par des institutions internationales. Or, le Roi Hassan II avait reçu le lundi 1er février 1999 le Sénégalais Jacques Diouf, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), qui lui avait remis la Médaille Agricola, la plus haute distinction de l’Organisation, et ce, pour reconnaître la pertinence et l’utilité de la politique des barrages, qu’on critiquait.

Selon Maître Fahmi Saïd Ibrahim, «le Maroc a été un très bel exemple. Le Maroc enrichit. Il y a une maîtrise d’une technologie de pointe et de très haute valeur ajoutée aujourd’hui, parce que le Maroc a su garder son indépendance et a su justement favoriser l’émergence d’une industrie manufacturière, mais surtout en misant sur l’Éducation».

Maître Fahmi Saïd Ibrahim a rappelé ses études supérieures à l’Université Hassan II de Casablanca, au Maroc, avant de «monter» à l’Université d’Assas, à Paris.

Alors, l’Afrique doit développer la coopération entre ses pays et s’interroger sur ses capacités de production de valeurs et de richesses. Cela suppose la primauté de l’économie sur la politique et les idéologies, parce que «trop de politique tue la politique», et «le réalisme politique» doit prévaloir. La création des richesses en Afrique et la transformation des ressources africaines en produits finis réduiront de façon sérieuse la dépendance de l’Afrique à l’égard du monde extérieur: «Pourquoi ne pas créer la Communauté du Blé, en Afrique, et du pétrole?». La «mutualisation des questions économiques» est également un moyen d’enrichissement de l’Afrique.

Voilà des paroles de sagesse et d’intelligence qui honorent les Comores.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Dimanche 12 février 2023.


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