Quand Saïd Larifou accusait son futur ami Ahmed Sambi de tous les maux du monde
Par ARM
M. Bouhout El Mellouki Riffi, universitaire marocain de renom avec qui j’ai eu l’insigne honneur et l’immense privilège de travailler à l’Université de Rabat-Agdal de 1991 à 2003, est l’auteur d’une phrase dont les politiciens comoriens pourront difficilement nier la véracité: «Les tenants du pouvoir ne font pas toujours ce qu’ils disent ou ce qu’ils écrivent»: Bouhout El Mellouki Riffi: La politique française de coopération avec les États du Maghreb 1955-1987, Publisud et Toubkal, Paris et Casablanca, 1989, p. 25. Ceux qui convoitent le pouvoir non plus. Et, l’affirmation la plus catégorique de la citation de M. Bouhout El Mellouki Riffi est faite par Maître Saïd Larifou, Président du RIDJA qui, dès le début des années 2000, sous Azali Assoumani Baba comme sous Ahmed Sambi, a assumé avec courage et détermination une certaine forme d’opposition, avant de virer au crypto-sambisme le plus sambiocrate, déroutant tout le monde. Depuis la période électorale la plus récente, de janvier à février 2015, la chose la plus normale et la plus banale sur la scène politique comorienne est de voir Maître Saïd Larifou aux côtés d’Ahmed Sambi. Ahmed Sambi peut même se payer le luxe de convoquer Maître Saïd Larifou à Madagascar, comme s’il était son porteur d’eau ou son porteur de stylos. Dans un premier temps, les partisans du frère Saïd Larifou ont juré qu’il s’agissait d’une simple coïncidence si les deux hommes se retrouvaient sur les mêmes lieux, en même temps. Cependant, comme on sait, «trop de coïncidences, pas de coïncidences».
Photos montrant Maître Saïd Larifou et Ahmed Sambi ensemble dans le meeting d’un candidat crypto-sambiste dans le Mbadjini-Ouest lors des élections législatives de janvier et février 2015, photo surréaliste de fraternisation à Paris entre Maître Saïd Larifou et Ahmed Sambi, débauche de photos à Antananarivo montrant Maître Saïd Larifou avec des crypto-sambistes dans un climat de scandales liés à des manipulations politiciennes et médiatiques, tout ça pour tomber sur l’affichage annonçant au monde entier l’organisation à Paris d’un meeting au cours duquel, ce samedi 16 mai 2015, Maître Saïd Larifou sera de nouveau photographié et même filmé aux côtés d’un Ahmed Sambi qui avait jeté sur lui ses policiers en mai 2010 pour le tabasser à mort à l’Aéroport de Hahaya. Il prendra la parole lors du meeting de Paris pour faire l’éloge de son ancien ami, devenu ancien ennemi avant de devenir son nouveau copain. Le 17 juin 2015, Ahmed Sambi, après des mois de vagabondage, vadrouille et errance à l’étranger, rentre aux Comores. Maître Saïd Larifou avait tenu à effectuer le même voyage que lui. Bras dessus, bras dessous, ils descendent de l’avion et se présentent devant les Comoriens, et depuis, ils sont devenus les Dupont et Dupond de l’album de bandes dessinées Tintin, ou encore et comme on dit à Mohéli, «Fatima Nkaboi et Bamdou», et ailleurs, «Pas un pas sans Bata», et donc impossible de voir l’un sans l’autre.
Maître Saïd Larifou est un adulte, un citoyen libre ayant choisi de vivre dans des pays libres et a le droit de faire ce que bon lui semble. Nous tenons juste à lui renouveler nos sentiments les plus fraternels, mais tout en lui rappelant les propos suivants, qu’il a tenus avec une virulence ravageuse contre Ahmed Sambi, au cours d’une interview qu’il nous avait accordée fraternellement le samedi 14 décembre 2013. Quand cette interview avait été publiée la première fois à la date sus-indiquée, il n’y avait eu aucune protestation de la part de notre frère Saïd Larifou. Il serait donc malvenu de sa part ou de ses partisans de contester les propos en question ou dire, comme cela est devenu l’habitude: «Mes propos ont été sortis de leur contexte». De cette interview, nous reprenons les deux questions et les deux réponses relatives à Ahmed Sambi tel qu’il est vu par Maître Saïd Larifou. Lecture.
Lemohelien.com: Aujourd’hui, l’ancien Président Ahmed Sambi, un homme rendu très riche par le pouvoir, fait tout pour montrer que le pays lui appartient et qu’il peut placer à la tête de l’État son candidat. Faut-il constituer un Front républicain pour sauver le pays de cet homme aux ambitions personnelles et claniques illimitées et inquiétantes?
Maître Saïd Larifou: Ahmed Sambi est un Comorien comme les autres. Il a des droits et des obligations envers la collectivité nationale. Dès lors, il doit faire en sorte de s’expliquer sur les sources de son enrichissement à la fois rapide et colossal. Quand il est devenu Président de la République en 2006, il avait à peine de quoi manger. Maintenant, il est devenu milliardaire. La décence voudrait qu’il s’explique sur l’origine de son enrichissement. Nous interpellons la France, Madagascar, la Tanzanie et les Émirats Arabes Unis pour qu’une enquête soit menée de manière approfondie et sérieuse sur l’origine de sa fortune. On doit connaître l’identité de ses prête-noms et le montant de leurs avoirs. Bien évidemment, il n’y a pas que lui. Il y a les autres aussi. Le système d’enrichissement illicite l’a beaucoup favorisé, lui qui s’est sucré sur le dos des Comoriens. Sous Azali Assoumani et Ahmed Sambi, les Comores ont enregistré une régression en matière de gouvernance et de démocratie. Mais, dans une remarquable dignité, les Comoriens ont démontré que l’argent ne fait pas tout. Ahmed Sambi a tout fait pour imposer Ikililou Dhoinine à la tête de l’État. Mais, comme Dieu est vraiment contre ses agissements, tous ceux dont il a favorisé la carrière, de Mohamed Abdouloihabi à Ikililou Dhoinine, ont fini par se séparer de lui, à le mépriser et à le détester. Il doit s’interroger sur les origines divines de ce rejet. En 2006, pour devenir Président, il disait être prêt à arracher et à jeter le collier de sa femme si ledit collier avait été touché par un acte relevant de la corruption. Dieu le punit pour ses mensonges, sa corruption. Il doit s’excuser devant Dieu et devant les Comoriens. Ces excuses valent plus que la constitution d’un Front républicain pour sauver le pays des agissements de cette personne. Il n’a réalisé aucun de ses projets. Il devait avoir la décence de se montrer plus discret et moins disert.
Lemohelien.com: Il est candidat au poste de Président de la République en 2016. Vous en pensez quoi, vous?
Maître Saïd Larifou: Il dit ça pour faire parler de lui, comme il est allé en Afrique du Sud, aux obsèques de Nelson Mandela, pour s’afficher auprès des grands de ce monde et essayer d’en tirer un profit politique. Il se sert donc de la mort et du deuil, sans vergogne. À l’étranger, il dit qu’il est toujours le Président des Comores. Ahmed Sambi est malade. Il n’est pas bien. C’est un châtiment de Dieu. Dire qu’il avait laissé dans les caisses de l’État 11 milliards de francs comoriens avant de quitter le pouvoir le 26 mai 2011, tout en se taisant sur un détournement de 200 millions de dollars, est un acte très grave. Il y a un problème Ahmed Sambi. Sa candidature en 2016 ne me fait pas peur. En 2010, il nous a volé notre victoire, et le reconnaît aujourd’hui. Aucun Comorien ayant des convictions n’a peur de lui. Au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2006, j’ai contribué à sa victoire, et en 2010, j’ai contribué à sa chute, quand les Comoriens l’ont poussé par les fesses. Il m’a fait battre à mort à l’Aéroport de Hahaya, alors que je me rendais à Mohéli pour continuer à préparer sa chute peu glorieuse. Ses forces de répression étaient à deux doigts de me tuer. C’était une scène horrible et traumatisante. Compte tenu de sa posture psychologique, il faut l’ignorer. Il nous faut juste une vraie vision pour les Comores.
Propos recueillis par ARM, le samedi 14 décembre 2013.
Nous sommes certains à attendre le moment où nous pourrons retrouver le Saïd Larifou qui a fait rêver et espérer tant et tant de Comoriens par le passé. Nous attendons le moment où il va arracher la piteuse page crypto-sambiste pour redevenir lui-même, le militant qui a marqué la vie politique des Comores de 2002 à 2014, par un militantisme volontariste. Nous n’attendons aucune explication de sa part, mais juste la fin de son égarement actuel, qui l’a complètement coupé des Comoriens, qui expriment des doutes et de lancinantes interrogations sur le revirement spectaculaire de l’un des enfants du pays ayant le plus suscité d’espoirs dans le cœur des Comoriens et qui est devenu aujourd’hui méconnaissable. Nous qui l’aimons de manière sincère ne l’aurons jamais soutenu et ne le soutenons pas dans la voie dans laquelle il s’est engagé actuellement. Nous attendons son retour dans les rangs des quelques militants sincères que comptent encore les Comores, avant la fin définitive d’un militantisme sans militants.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Lundi 6 juillet 2015.