Fahmi Saïd Ibrahim aime Hamada Madi Boléro

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Une semaine après le meeting de Paris, il murmurait et chuchotait

Par ARM

  C’est une affaire qui fait rire et qui va nous plonger dans les abîmes de la réflexion et de la perplexité. Soyons sérieux parce qu’il s’agit quand même d’une affaire dramatique et grave! Commençons par le commencement. Le samedi 16 mai 2015, les crypto-sambistes tenaient meeting à Paris, en l’honneur de la énième déclaration de la candidature d’Ahmed Sambi pour l’élection présidentielle de 2016. On y vit des acteurs politiques grands-comoriens ayant tous des ambitions présidentielles affirmées se lever, faire face aux micros, aux caméras et à l’assistance et même aux absents pour apporter leur soutien à l’ancien Président Ahmed Sambi, d’origine insulaire anjouanaise et inscrit sur les listes électorales de Batsa-Itsandra, en Grande-Comore, absolument résolu à présenter une candidature présidentielle en 2016, l’année des Grands-Comoriens, au lieu d’attendre 2021, l’année des Anjouanais. Parmi les intervenants, il y avait Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Député, Président du Parti de l’Entente comorienne (PEC), juriste attitré d’Ahmed Sambi, dont il a été le ministre des Relations extérieures de juin 2010 à mai 2011. L’homme d’Itsandra n’a pas mâché ses mots pour dire que son candidat pour 2016 était bel et bien Ahmed Sambi, alors que lui-même voulait déjà être le colistier du Docteur Ikililou Dhoinine pour la Grande-Comore en 2010, mais le même Ahmed Sambi lui avait dit qu’il était encore «trop jeune pour assumer la fonction de Vice-président de la République». La belle excuse! Depuis, Maître Fahmi Saïd Ibrahim est passé à l’ambition politique d’en-dessus, puisqu’il est déterminé à devenir Président de la République, et ce ne sont pas ceux qui, aux États-Unis, dans le pays de Barack Obama, suivent avec gourmandise et délectation sa carrière politique qui vont lui parler de son «jeune âge».

  Donc, Maître Fahmi Saïd Ibrahim, en dépit de ses ambitions présidentielles affirmées, les yeux baissés en signe d’humilité suprême, la mort dans l’âme, la main sur le Coran et sur le cœur, la voix tremblant des trémolos de la sincérité, a dit que son candidat pour l’élection présidentielle de 2016 était son allié quelque peu incommode Ahmed Sambi. La déclaration a fait rire beaucoup de Comoriens et même dans les chancelleries, et a laissé de nombreuses personnes dans un état de scepticisme total, surtout à un moment où, chauffés par leurs bases politiques respectives, les bavards et prometteurs du samedi 16 mai 2015 n’allaient pas tarder à commencer à avoir des remords «sous le manteau», où il se chuchote et se murmure beaucoup de choses. Seulement, il fallait compter avec un homme que Maître Fahmi Saïd Ibrahim ne porte pas spécialement sur son cœur, et pour tout dire, un homme qu’il aime détester au point de ne jamais citer son nom quand il s’acharne contre lui, mais tout en parlant de lui, comme on peut le constater à la lumière de ses discours: l’inévitable Hamada Madi Boléro, encore et toujours lui. Que vient faire le Mohélien dans les affaires entre le Grand-Comorien Maître Fahmi Saïd Ibrahim et l’Anjouanais Ahmed Sambi?

  Eh bien, pour comprendre les «ressorts intimes» du politicien comorien, et pour saisir toute la stratégie d’hypocrisie déployée à Paris le samedi 16 mai 2016 par des acteurs politiques grands-comoriens en présence d’Ahmed Sambi, il faudra partir du fait que Hamada Madi Boléro, l’homme de Mohéli, a accordé une interview au magazine Al Fajr et, à la question, «Vous êtes politicien et un juriste. Sambi peut-t-il être candidat ou pas? Vous disiez en 2010 que tout Comorien peut être candidat!», le dialecticien professionnel de Beït-Salam a dit ceci: «Vous savez, j’ai horreur qu’on m’instrumentalise ainsi! Tout le monde se rappelle subitement qu’en 2010, j’ai bien dit que le Président Sambi peut se présenter aux primaires partout. Je dois constater que personne ne se souvient, et c’est bien dommage, qu’en 2009, seul contre tous, j’ai bien rappelé que le Président Sambi n’a pas le droit de modifier ou encore de se faire proroger son mandat alors qu’il a été élu et prêté serment pour un mandat de quatre ans! Mais on a décidé autrement, en violation de la Constitution! J’ai beau crié aussi que le principe de la non-rétroactivité de la Loi est sacré, et pourtant des esprits “trop intelligents” ont expliqué partout qu’une personne élue comme Président d’une île et qui a prêté serment en tant que tel, peut, du jour au lendemain, parce qu’une nouvelle loi est votée, devenir “Gouverneur” par la volonté d’une autre personne! D’autant que, par cette même loi, le Président de l’Union devrait désormais être entouré de 3 Vice-présidents au lieu de 2, et pourtant le Président Sambi est resté entouré de deux! Personne n’a voulu m’écouter et personne ne s’en rappelle. Mais comme dans un très mauvais rêve, une catégorie de personnes se rappelle d’une partie de mes dires juste pour se faire remarquer!». Et Hamada Madi Boléro d’ajouter: «Alors, une chose est certaine. Bien que mon père soit de Chouani en Grande-Comore, mais parce que j’ai été candidat aux primaires de 2010 pour le compte de l’île autonome de Mohéli, mon île natale, et avec toutes ces modifications constitutionnelles opérées à partir de 2009 par le Président Sambi et ses amis, je ne vois pas du tout comment puis-je encore prétendre à la magistrature suprême de notre pays dans le cadre de la tournante dans une autre île! En tous les cas, la communauté internationale, l’Union africaine en tête, est garante de l’application de tout le dispositif à la fois de la lettre et de l’esprit de la réconciliation aux Comores, après la crise séparatiste déclenchée à Anjouan en 1997, et la Cour Constitutionnelle aura certainement à valider les candidatures!».

  Même quand on n’est pas dépositaire de la pensée juridique et constitutionnelle de Hamada Madi Boléro, on sait que c’est sa façon à lui de dire qu’Ahmed Sambi, pour avoir déposé une candidature présidentielle valide à Anjouan et élu chef d’État en tant qu’Anjouanais en 2006, ne peut pas déposer une autre candidature à la Grande-Comore en 2016 pour la même fonction étatique. Et c’est alors que les choses intéressantes ont vraiment commencé parce que, dès qu’il eut connaissance des propos de Hamada Madi Boléro, Maître Fahmi Saïd Ibrahim, qui était encore à Paris, prit son téléphone et appela certains amis pour dire son amour profond pour Hamada Madi Boléro, dont il apprécie «l’intelligence». Mais, qu’a fait Hamada Madi Boléro, l’ennemi héréditaire et intime de toujours, pour que, d’un coup, le frère Fahmi Saïd Ibrahim passe de la franche détestation à l’amour profond? Une chose très simple: l’enfant de Mohéli a dit qu’Ahmed Sambi ne pouvait se présenter à l’élection présidentielle de 2016 pour essayer de devenir chef de l’État, et la nouvelle a beaucoup réjoui Maître Fahmi Saïd Ibrahim qui, il y a juste quelques heures, disait beaucoup de bien de la fameuse candidature d’Ahmed Sambi en 2016, allant jusqu’à déclarer être prêt à sacrifier la sienne propre pour celle de cet ami très cher. Maître Fahmi Saïd Ibrahim, qui rêve de devenir Président des Comores, et qui présente le meilleur profil présidentiel chez les crypto-sambistes de la Grande-Comore, malgré une sociologie électorale franchement défavorable et détestable, voit son heure de gloire présidentielle arriver parce que, si Ahmed Sambi est écarté tout de suite de la course présidentielle, il pourra demander un renvoi d’ascenseur à l’homme dont il a toujours favorisé les desseins politiques les plus farfelus. Cela s’appelle un «retour sur investissement». Mais, il doit présenter sa candidature avant l’invalidation de celle de son héros personnel.

  Alors, il faudra qu’on explique aujourd’hui aux Comoriens comment et ce qu’ils doivent faire pour pouvoir prendre au sérieux leurs acteurs politiques. Il n’y avait même pas une semaine que Maître Fahmi Saïd Ibrahim soutenait publiquement la candidature polémique d’Ahmed Sambi et l’incitait à se déclarer candidat à l’élection présidentielle de 2016, et voilà que par la suite, il applaudit Hamada Madi Boléro, un ennemi qui tire à boulets rouges sur ce même Ahmed Sambi sans le violenter. On se souvient du soupir de dépit d’Ahmed Sambi en 2011, quand l’Ambassadeur de France aux Comores lui faisait comprendre que ce sont ceux de ses collaborateurs ayant la nationalité française (ministre des Relations extérieures, ministre de la Défense, chef d’État-major, etc.) qui font le plus de bruit pour signaler qu’ils étaient antifrançais. Ce jour-là, Ahmed Sambi, qui croyait que dans son entourage, seul Maître Fahmi Saïd Ibrahim avait la nationalité française, avait dit: «Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mohamed est son Prophète. Dans ce pays, qui ment à l’autre et qui dit la vérité à l’autre?». Aujourd’hui, Ahmed Sambi peut poser les mêmes questions. Qu’il réponde lui-même à sa question.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 6 juillet 2015.


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