La France est-elle l’amie ou l’ennemie des Comores?
Par Omar Ibn Abdillah Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed
«Nous sommes là aujourd’hui pour faire une prière pour que Dieu sauve nos frères Libyens contre les pays ennemies tels que la France et autres», avait dit Ibrahim Mhoumadi Sidi, ancien ministre de la Défense et également ancien ministre de l’Information. Cette phrase a ramené un paradoxe qui dure depuis l’indépendance des Comores et dont beaucoup d’intellectuels comoriens ont posé leurs marques. Cela dit, jusqu’alors, on n’est pas encore fixé sur ce point. En effet, tout en s’opposant sur la question de l’île de Mayotte, sur laquelle deux pays, les Comores et la France, affrontent leurs arguments, chacun des deux pays revendiquant la souveraineté sur cette île située dans l’archipel des Comores, la France et les Comores restent des partenaires privilégiés, comme en témoigne l’existence de leurs très nombreux citoyens binationaux et la diaspora comorienne installés en France. Cela a été souligné par l’économiste-statisticien Saïd Hamidou Allaoui, pour qui: «Si l’économie française arrive à décoller et que la croissance du PIB se confirme aux prévisions de l’INSEE, les Comoriens de la diaspora bénéficieront de cette relance économique et par ricochet la relance économique viendra sonner à notre pays».
Si les «Je viens» (Comoriens vivant en France) nous donnent une image d’un paradis français et renseignent de façon imparfaite sur les caractéristiques sociales des migrants comoriens en France, certaines enquêtes dessinent le profil de cette migration. La population comorienne est ouvrière à 50%, et 20% des salariés comoriens en France ont un statut professionnel précaire (contrat d’intérim, CDD). 23 % des hommes actifs sont au chômage, contre 51 % des femmes actives. Le taux de délinquance des jeunes Comoriens en France ne cesse d’augmenter, et le niveau de diplôme reste au stade BTS, DTS pour la majorité. Comme l’a souligné Mme Marie Rose, mère de la politicienne Élizabeth Saïd (Marseille) et Présidente de l’Association MASSAI, sur l’émission «Les voix du monde» sur Radio France Internationale (RFI) «les Comoriens connaissent un grand problème d’alphabétisation, de chômage, de travail clandestin et une monté de la délinquance comorienne à Marseille». On ne peut donc s’empêcher de porter un intérêt particulier à ces propos, en connaissant ces faits et en sachant qu’on utilise une monnaie française qui nous rend sans le vouloir dépendants de l’économie française et en sachant que la situation est aujourd’hui telle que, selon plusieurs sources, les transferts de la communauté comorienne installée en France vers leur pays d’origine représentent l’intégralité du PNB des Comores.
L’État français en soi a une grande influence sur la société comorienne autant plus que l’«Anda», comme on peut le constater durant toutes les prises de pouvoir depuis l’indépendance, sous l’ère de Bob Denard, jusqu’à la prise de pouvoir par putsch par l’actuel Président de la République le 30 avril 1999. Depuis, on connaît un semblant de paix malgré les problèmes entre nos communautés. Le séparatisme est une invention du néo-colonialisme: diviser pour mieux régner. Pour ainsi dire, vouloir couper les relations bilatérales avec la France c’est comme dire à un Grand-Comorien de ne pas célébrer le Grand Mariage. Inacceptable. On vit actuellement dans un monde multipolaire, un monde dans lequel il n’y a plus de Mur de Berlin. Alors sans préjudices, et en connaissance de cause, les Comores ne sont pas viables aujourd’hui sans la France. Cependant, on devrait s’interroger sur le fait que l’ex-Président Ikililou Dhoinine a pu rompre les relations diplomatiques entre les Comores et l’Iran, un pays très influent aux Comores. Cette rupture avait fait dire au dernier Ambassadeur de la République islamique d’Iran aux Comores: qui a toujours œuvré pour le bienêtre du peuple comorien: «Sachez que l’Iran est aux côtés des Comores pour le retour de l’île de Mayotte dans son giron naturel… Nous ne pouvons pas laisser un pays musulman souffrir. Nous allons vous apporter le peu que nous avons pour que les Comores se développent».
Par Omar Ibn Abdillah Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed,
Étudiant en Économétrie
Université d’Antananarivo
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© www.lemohelien.com – Lundi 13 juin 2016.