Destructeurs du Galawa et tueurs de touristes

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Même «combat» pour les destructeurs d’hôtel et les tueurs de touristes

Par ARM

      Quelle est la similitude entre Ahmed Sambi, le destructeur de l’Hôtel Galawa Beach, et les tueurs qui, le vendredi 26 juin 2015, ont assassiné de sang-froid 38 touristes à Sousse, en Tunisie, où le tourisme emploie 400.000 personnes et participe à la formation du produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 7%? La réponse est simple. Ce sont des destructeurs d’une activité économique, au-delà de l’horreur de ces assassinats horribles. En plus, ces deux groupes de destructeurs ont tous agi en mettant indécemment leurs forfaits sur le compte de l’Islam. Donc, Ahmed Sambi et les assassins de touristes en Tunisie ont agi honteusement en se prévalant hypocritement de l’Islam, même si l’ancien Président des Comores ne l’a jamais dit ouvertement et publiquement. Ces gens-là appartiennent à la même catégorie de destructeurs passéistes, refusant de vivre dans le monde d’aujourd’hui, et quand on détruit les hôtels, on finit par détruire les gens qui ont l’habitude de fréquenter ces hôtels. En plus, il n’y a eu aucun mea culpa de la part du destructeur du Galawa Beach, mais des crâneries, Ahmed Sambi promettant à la population de Mitsamiouli de construire 5 nouveaux hôtels de la catégorie du Galawa Beach. On sait que son métier consiste à promettre sans jamais tenir ses engagements pris devant Dieu et les Comoriens.

      Pour sa part, au cours d’une interview qu’il nous avait accordée le vendredi 7 mars 2014, Idi Nadhoim, Vice-président chargé notamment du Tourisme sous Ahmed Sambi, prétendait, s’agissant du Galawa Beach: «Un Prince de Dubaï nous a demandé de le lui vendre, et nous avons accédé à sa demande. Tout le gouvernement avait accepté. L’Assemblée de l’Union des Comores, qui est tout de même la représentation nationale, a même voté une loi pour la vente de cet hôtel. Les gens de la région de Mitsamiouli étaient pour la destruction du Galawa Beach. Ils étaient d’accord. Ils étaient là au moment de la destruction, pour ramasser des portes, des sanitaires et bien d’autres choses. On raconte trop d’histoires sur cette affaire. Le Groupe Dubaï World avait repris le projet. Puis, survint la crise des “subprimes”, une crise qui ravagea l’économie des pays industrialisés de 2007 à 2011, et qui ravagea tout sur son passage même sur l’hémisphère Sud. Les Émirats Arabes Unis, bien intégrés dans l’économie mondiale, n’échappèrent pas à cette crise. L’Émirat de Dubaï entra en récession. Le Groupe Dubaï World entra en crise et perdit beaucoup d’argent. C’est alors que tout ce qui touchait le Galawa Beach, projet repris par Dubaï World, tomba. Tout a coulé». Le même Idi Nadhoim avait ajouté: «Les gens sortent de la brousse et disent qu’il fallait construire un hôtel avant de détruire le Galawa Beach. Dubaï World ne voulait ni d’un replâtrage, ni d’une réfection, encore moins d’un ravalement de façade, mais de la construction d’un nouvel hôtel, correspondant au standing très élevé de sa clientèle. Il voulait un hôtel 5 étoiles». Il a même refusé le statut d’hôtel 5 étoiles au Galawa Beach, le ramenant à 3 étoiles.

      Revenons aux origines du Galawa Beach. À l’époque de l’isolement international de l’Afrique du Sud, Sol Kerzner, un magnat sud-africain d’origine russe, créateur de la chaîne hôtelière Sun International, construit l’ensemble hôtelier Galawa Beach à la Grande-Comore. C’était le seul hôtel «5 étoiles» des Comores. Les négociations portant sur la construction du Galawa Beach avaient duré 4 ans, et c’est en 1986 que ce projet de 30 millions de rands avait commencé à voir le jour. Les travaux de ce complexe hôtelier ont été entièrement dirigés par des entreprises sud-africaines. Par la suite, la clientèle sera sud-africaine pour l’essentiel, mais comprendra aussi des Européens. Quand il était en activité, le Galawa Beach était le premier employeur privé des Comores, comptant dans son personnel des centaines de Comoriens. C’était un plus non négligeable pour les Comores, un pays marqué fortement par un chômage endémique et par un sous-emploi qui fragile toute la structure socioéconomique du pays. Seulement, saisi d’une folie destructrice, Ahmed Sambi a détruit ce fleuron de l’industrie touristique des Comores. Il avait promis de construire autre chose à la place, mais n’a rien construit. En plus, pour construire, il n’existe aucun préalable de destruction. Et la destruction du Galawa Beach, sans raison valable, en dit long sur le caractère malfaisant d’un ancien Président qui veut détruire toutes les Comores.

      Aux Comores, existent des hôtels qui, en réalité, sont des bouibouis et coupe-gorges sans envergure, ni grande prétention. Ahmed Sambi ne les a pas vus, mais a posé son regard sur le plus beau de tous les hôtels du pays. Il ne s’agissait pas d’une simple activité économique; c’était aussi un hôtel qui contribuait au rayonnement international des Comores car on pouvait y loger tous les invités du gouvernement comorien, dans les meilleures conditions de confort. Nonobstant, Ahmed Sambi détruisit l’hôtel, jeta dans les bras du chômage des centaines de Comoriens, et priva le Trésor public comorien de milliers de francs qu’il engrangeait au titre d’impôts, taxes et redevances. Tout cela se chiffrait en millions de francs comoriens, même si la Direction de l’hôtel avait obtenu certains aménagements fiscaux dus au fait que l’incapacité des Comores à fournir des œufs et de l’oignon devait pousser le Galawa Beach à faire venir ces produits d’Afrique du Sud par conteneurs, en avion; ce qui coûte quand même très cher.

      À Mutsamudu, ville natale d’Ahmed Sambi, existe bien un bouiboui pompeusement appelé Hôtel Al Amal. Pourquoi Ahmed Sambi l’a-t-il laissé intact et a-t-il détruit le Galawa Beach? La réponse est bien simple: Ahmed Sambi, englué dans un chauvinisme insulaire sans rationalité, a détruit le Galawa Beach parce qu’il était construit à la Grande-Comore et non «chez lui», à Anjouan. Il n’y a pas d’autre réponse. Dans aucun pays du monde, on n’a vu un chef d’État détruire ce qui existe. Dans aucun pays du monde, on n’a vu un chef d’État faire déployer des bulldozers et d’autres engins de travaux publics pour casser totalement une industrie rentable. Même si le Galawa Beach ne faisait rentrer directement aucun sou au Trésor, du simple fait qu’il employait des centaines de Comoriens, il justifiait sa présence. Aujourd’hui, il faudra qu’Ahmed Sambi soit traduit devant un Tribunal pour expliquer aux Comoriens les raisons de sa folie destructrice. Il devra également expliquer ce qu’il a fait des centaines de Comoriens qui, du jour au lendemain, se retrouvèrent au chômage, sans aucune perspective d’emploi. Que sont devenus ces gens brusquement privés de leurs revenus?

      Comment les Comoriens peuvent-ils prendre au sérieux un homme qui, au lieu d’apporter la nouveauté, tue ce qui existe? Quel souvenir positif laisse-t-il aux Comoriens, qu’il a rendus plus pauvres, plus malheureux, plus fragiles et plus sceptiques? Comment un homme qui détruit peut-il construire? Existe-t-il aux Comores quelqu’un qui a déjà posé à l’ancien satrape la question sur la raison qui l’a conduit à détruire le Galawa Beach? Comment un homme qui a été élu sur le thème de la construction a-t-il été tellement mauvais jusqu’à inscrire son bilan uniquement sur le registre de la destruction? Cela nous incite à nous interroger sur les gens qui, tout en sachant qu’Ahmed Sambi est un homme très mauvais, un homme uniquement mû par une folie destructrice, continuent à le prendre pour Dieu? On doit s’interroger sur les gens qui, tout en sachant qu’Ahmed Sambi, après avoir détruit le Galawa Beach, cherchera à détruire ce qui reste aux Comores, continuent à le suivre comme de moutons et à vanter ses «mérites», somme toute imaginaires.

      Aujourd’hui, sur l’espace public comorien, existent d’hommes et de femmes qui veulent servir leur pays. Mais, compte tenu du système basé sur la médiocrité qui a déjà causé tous les malheurs des Comores, ces Comoriens n’ont pas encore eu l’occasion d’œuvrer pour un pays qui a tant fait pour eux. Dès lors, il faudra qu’on nous explique ce qui avait poussé Ahmed Sambi à régner par le vandalisme et par la politique de la terre brûlée. En examinant les photos qui montrent la destruction du Galawa Beach, on est saisi de dégoût et d’une irrépressible envie de pleurer car, au moment où a commencé la destruction de ce palace, c’est tout un pays appelé Comores qui s’effondrait. Les Comores sont tombées avec le Galawa Beach. Les Comores sont détruites en même temps que le Galawa Beach.

      Des images nous sont envoyées de la Grande-Comore et montrent l’état d’effacement total dans lequel se retrouve l’ancien site du Galawa Beach. Cet espace de vie est devenu une terre d’horreur. Le peuple comorien doit continuer à s’en souvenir. En effet, les Comoriens ne doivent pas oublier l’épisode tragique et dramatique qu’est la destruction d’une activité économique qui employait des centaines d’entre eux qui, du jour au lendemain, se retrouvaient dans les entrailles du chômage, jusqu’à ce jour. On dit que l’ancien satrape avait agi sur ordre de la République islamique d’Iran, qui qualifiait le Galawa Beach de «nid de débauche». Déjà en 1994, Pascal Perri écrivait ceci: «[…] L’Iran entretient les liens qu’elle a tissés avec les gouvernements des pays d’Afrique orientale. Des délégations à vocation économique et politique se sont rendues à Moroni à plusieurs reprises ces dernières années. L’une d’entre elles, indisposée par la vente d’alcool dans les restaurants de la ville, a écourté son séjour aux Comores»: Pascal Perri: Comores. Les nouveaux mercenaires, L’Harmattan, Paris, 1994, p. 99. Les chefs d’Ahmed Sambi avaient même prétendu que le Galawa Beach devait être détruit parce qu’une vue aérienne lui donnait l’aspect d’une croix chrétienne, et que les faïences ornant ses murs avaient la forme d’une Étoile de David. Donc, toutes les mauvaises raisons du monde ont été invoquées pour détruire cet hôtel magnifique.

      Prenant Dieu à témoin, Ahmed Sambi avait affirmé être capable d’éradiquer l’habitat insalubre aux Comores, et avait dit vouloir être le promoteur d’un ambitieux «Projet Habitat» pour loger tous les Comoriens dans la décence. Mais, quand l’Arabie Saoudite lui remit 5 milliards de francs comoriens pour lancer le projet, il s’appropria le magot avec une indécence qu’on ne peut retrouver que chez un individu comme lui. Certains engins de travaux publics ont fini par atterrir aux Comores pour donner corps au projet, et l’ancien satrape les fait louer comme si c’était un bien personnel. Voilà le «constructivisme» de «l’homme de Dieu».

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 1er juillet 2015.


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