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Calendrier pour une interminable campagne électorale

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L’inégalable CÉNI a raté l’occasion de se montrer intelligente

Par ARM

   Pourquoi a-t-il fallu que les pouvoirs publics comoriens aient décidé, une bonne fois pour toutes, de ne jamais faire ce qu’on fait dans les autres pays du monde? Pourquoi, aux Comores, est-il impossible d’organiser le deuxième tour d’une élection une semaine après le premier tour, comme cela se fait dans la plupart des pays du monde? Pourquoi faut-il encore que le premier tour d’une élection soit organisé trois mois avant l’investiture du nouvel élu? Une fois de plus, les pouvoirs publics comoriens viennent de briller par leur incohérence et par leur manque de sérieux. Cette fois, le coup vient de la Commission nationale électorale «indépendante» (CÉNI), qui a pris la douloureuse décision de faire mourir d’épuisement tous les trois candidats retenus à l’issue de l’élection primaire, qui sera organisée à la Grande-Comore, avec des acteurs politiques exclusivement grands-comoriens. La CÉNI ne veut ni de deuxième tour, ni de Président vivant le 26 mai 2016, date de sa supposée investiture. Sauf si elle a décidé d’investir un mort. Exagération? Pas le moins du monde. Qu’on s’en rende compte. La CÉNI a décidé que le premier tour de l’élection du chef de l’État et des Gouverneurs des îles devra avoir lieu fin février 2016 et le second tour début avril 2016. C’est d’une inintelligence inouïe, et d’une incohérence monumentale.

   Dans la mesure où l’investiture du nouveau chef d’État doit avoir lieu le 26 mai 2016, la logique aurait voulu que les élections soient organisées en avril 2016, le premier tour comme le second. De la sorte, les Comores pourraient échapper à une interminable campagne électorale, qui pourrait tuer de fatigue les candidats et les électeurs eux-mêmes. Les Comores n’ont pas besoin de s’installer dans une campagne électorale qui occuperait tout le premier semestre de l’année 2016. Cela ne se fait pas dans un pays normal. Les Comores ne peuvent pas se payer le luxe de faire du mois de janvier à celui d’avril une période d’une interminable campagne électorale, en gelant toutes les activités du pays. Parce que, pendant cette période de campagne électorale, les Comoriens ne vont pas se tuer au travail, mais suivre une campagne électorale qui va être âpre et rude, oubliant que le pays a besoin de travailler pour vivre. Et puis, quand, en début avril 2016, le nom du prochain chef d’État sera connu, on ne voit pas l’intelligence de le faire attendre deux mois avant son investiture. Ahmed Sambi avait fait lambiner le Président Ikililou Dhoinine pendant 6 longs mois, mais il est toujours contreproductif de s’inspirer des mauvais exemples, donnés par des gens qui n’aiment pas leur pays, mais travaillent à sa destruction.

   Une fois de plus, il est nécessaire de rappeler que si aux États-Unis, le Président est élu le 4 novembre mais investi le 20 janvier de l’année suivante, c’est parce que, quand a eu lieu la première élection présidentielle dans ce pays immense, le 10 janvier 1789, il fallait deux mois pour réunir tous les bulletins, transportés à dos de chevaux, des lointaines contrées vers la capitale fédérale. Aujourd’hui, le téléphone, le fax et Internet permettent de connaître les résultats des élections à la fin de la journée d’élection, en fin d’après-midi, donc. La tradition prévaut depuis, et pour changer les habitudes politiques aux États-Unis, il faut s’y prendre très tôt et s’armer de patience. De même, changer un seul article de la Constitution des États-Unis est la chose la plus compliquée au monde, contrairement à ce qui se passe dans les «Républiquettes» bananières, dont les dirigeants n’ont rien de mieux à faire que de procéder à d’inutiles et nocifs tripatouillages de la Constitution, pour leurs besoins alimentaires, toujours contre les intérêts de leurs peuples. La frénésie qui a saisi nombre de chefs d’État africains pour un troisième mandat là où la Constitution interdit plus de deux mandats en est le témoignage le plus parlant car le plus sanglant. Des Africains meurent pour ces sauvageries de dirigeants incapables de la moindre réflexion.

   La CÉNI fait rire quand elle dit doctement qu’elle va faire en sorte que les terribles fautes constatées lors des élections des dimanches 25 janvier et 22 février 2015 ne se répètent pas en 2016. On ne demande qu’à la croire. Mais, comment croire à une institution qui n’a même pas de structure mentale, et donc, de capacité de réflexion? Difficile. Voire impossible. Cela étant, dans la mesure où les propositions de la CÉNI ne sont pas des versets du Coran, il appartient au gouvernement d’assumer ses responsabilités et de demander à la CÉNI d’arrêter son char. Elle n’amuse personne. La CÉNI apprend aux Comoriens que les élections de 2016 coûteront moins cher que prévu parce qu’une partie du travail d’organisation est déjà faite. Quelle bêtise! Comment ces gens-là peuvent-ils dire de telles bêtises alors que la manière dont ils avaient organisé la mascarade de janvier et février 2016 relevait tout simplement du cauchemar? Pour rappel, en janvier et février 2015, les Comoriens virent des ordinateurs de la CÉNI s’allumer sans intervention humaine, transférer des électeurs inscrits sur les listes de Ntsoralé en Grande-Comore sur celles de Handranavou à Mohéli. Les mêmes ordinateurs qui s’allument et travaillent sans intervention de l’homme avaient attribué deux cartes à certains électeurs mais, comme ils n’aiment pas le visage d’autres électeurs, refusèrent d’enregistrer les données personnelles de ceux qui ont commis un crime de sale gueule à son goût. Tout ça est franchement hilarant.

   Les Comores veulent d’une élection présidentielle propre, d’une part, parce que les règles de la démocratie et de l’État de Droit l’exigent, d’autre part, parce qu’à l’issue des élections, les Comoriens doivent pouvoir vivre en paix, loin de la contestation. Actuellement, sans qu’on puisse parler de vraie opposition, le pays est profondément divisé, plongé dans une haine indicible qui peut se transformer en bombe thermonucléaire. Cela étant, les pouvoirs publics sont dans la nécessité de prendre la mesure du climat de haine qui pèse sur le pays, un climat qu’on ne fera qu’approfondir si les élections à venir se transforment en mascarade. Donc, au lieu de jouer au plus fin, la CÉNI gagnerait à assumer ses responsabilités de la plus belle des manières. Actuellement, elle fait l’intéressant, avec des voyages à l’étranger, sans qu’on sache pourquoi. Les Comoriens vivant à l’étranger n’ont pas besoin d’explications pour qu’ils aillent s’inscrire sur les listes électorales. Ce faisant, la CÉNI doit se mettre au travail, en commençant par réfléchir sur l’inintelligence du calendrier qu’elle propose et qui va tuer d’épuisement tous les Comoriens de la Terre avant le deuxième tour des élections.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 19 août 2015.


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