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Ahmed Sambi tué par ses tripatouillages constitutionnels

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L’ancien satrape n’avait pas anticipé ses méfaits sur lui-même

Par ARM

   Quand Ahmed Sambi s’était lancé dans ses magouilles devant conduire aux tripatouillages éhontés et criminels de la Constitution du 23 décembre 2001, un homme s’était élevé et avait dit: «Je suis juriste. J’ai exercé les plus hautes fonctions de l’État, et je sais que quand un mauvais dirigeant veut procéder à des tripatouillages de la Constitution, il ne se limite pas à son seul objectif du moment. Il magouille sur d’autres articles pour tenter de cacher son jeu, mais il ne peut le cacher à un bon juriste. Donc, aujourd’hui, Ahmed Sambi n’a qu’un seul objectif: prolonger son mandat. Cela étant, allez lui dire de se limiter à cela parce que s’il joue à toucher d’autres dispositions dans cette architecture constitutionnelle très compliquée, que nous avons eu tout le mal du monde à échafauder, il va ouvrir la boîte de Pandore. Dites-lui de se méfier de cette Constitution». Celui qui parle ainsi en mai 2009 n’est autre que Hamada Madi Boléro, alors dans l’opposition. Ahmed Sambi ne pouvait écouter la voix de l’acteur politique qu’il aime le plus haïr et détester. Le dimanche 17 mai 2009, il a procédé à un passage en force et a inséré dans la Constitution comorienne deux dispositions d’une nocivité d’une centrale atomique qui vient d’imploser, dans le pur style de Tchernobyl.

   Examinons ces modalités. La première magouille constitutionnelle est la suivante: «La Présidence est tournante entre les îles. Le Président et les Vice-présidents sont élus ensemble au suffrage universel direct majoritaire à un tour pour un mandat de cinq (5) ans renouvelable dans le respect de la tournante. Une élection primaire est organisée dans cette île et seuls les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de suffrage, exprimés peuvent se présenter à 1’élection présidentielle. Dans tous les cas la primaire ne peut s’organiser deux fois successives dans la même île». Que signifie «la Présidence est tournante entre les îles» si ce n’est que les îles de la République présentent à tour de rôle et en dehors des candidats des autres îles leurs candidats, chacun devant présenter sa candidature sur sa seule île d’origine, comme cela est compris par tous les Comoriens, sauf par Ahmed Sambi et ses affidés? Alors que la Constitution de 2001 avait limité la durée du mandat du chef de l’État à 4 ans, Ahmed Sambi l’a portée à 5 ans. C’est encore Ahmed Sambi qui a inséré dans la Constitution la formule «dans tous les cas la primaire ne peut s’organiser deux fois successives dans la même île», alors que les Mohéliens voudraient bien que le Président Ikililou Dhoinine reste 5 ans de plus au pouvoir puisque cette présidence ne semble pas intéresser les Grands-Comoriens, dont certains sont alliés à Ahmed Sambi pour l’inciter à se présenter en 2016, pendant que les autres se taisent et ne s’expriment pas sur l’espace public. Les Mohéliens réclament ce qui revient de droit à la Grande-Comore et qui n’intéresse pas les Grands-Comoriens. Et que fait Ahmed Sambi de cette expression «dans le respect de la tournante», qui signifie tout simplement qu’à chaque île son tour et ses candidats, en dehors de ceux des autres îles? Savons-nous lire ce qui est écrit en français ou pas. C’est ce qui est écrit en français dans le texte.

   Ahmed Sambi et ses «juristes» amateurs ont commis envers eux-mêmes d’autres fautes très graves, que nous retrouvons dans les dispositions suivantes: «En cas de vacance ou d’empêchement définitif du Président, intervenu dans les neuf cents jours suivant la date d’investiture de son mandat et constaté par la Cour Constitutionnelle saisie par le Gouvernement, il est procédé à 1’élection d’un nouveau Président. Si la vacance ou 1’empêchement définitif intervient au-delà des neuf cents jours, le Vice-président issu de l’île à laquelle échoit la tournante, termine le mandat. Dans le premier cas et, dans un délai de quarante cinq jours, les conseillers et les maires de l’île réunis en congrès procèdent à un vote, et seuls les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix peuvent se présenter au suffrage indirect des élus des Assemblées des îles et de 1’Union réunis en congrès. Le vote a lieu à la majorité absolue des membres composant les congrès. Si cette majorité n’est pas obtenue dès le premier tour, il est Procédé à un second tour et le vote est acquis à la majorité simple des membres présents. Le Président élu termine le mandat en cours. Durant la période de quarante cinq jours mentionnée à 1’alinéa premier du présent article, les fonctions du Président sont exercées provisoirement par le Vice-président issu de l’île à laquelle échoit la tournante. Il ne peut ni changer le Gouvernement, ni dissoudre 1’Assemblée, ni recourir aux pouvoirs exceptionnels».

   Dans la Constitution du 23 décembre 2001, l’île à qui échoit la désignation des candidats à la fonction présidentielle n’avait pas de Vice-président. Ahmed Sambi l’a introduit. Il en a fait le successeur du Président de la République en cas d’empêchement définitif dans des conditions alambiquées et emberlificotées, alors que le texte constitutionnel originel comportait des dispositions très faciles à mettre en œuvre: «En cas de vacances de la Présidence de l’Union pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement définitif constaté par la Cour Constitutionnelle saisie par les le gouvernement, il est procédé à l’élection du nouveau Président de l’Union dans un délai maximum de soixante (60) jours à compter de la constatation de la vacance ou de l’empêchement définitif. Les fonctions de Président de l’Union sont provisoirement exercées par le doyen d’âge des Vice-présidents. En cas de vacances ou d’empêchement définitif d’un Vice-président, il est procédé à son remplacement par l’Assemblée de son île d’origine sur proposition du Président de l’Union. En cas d’absence ou d’empêchement temporaire, le Président de l’Union est suppléé par l’un de ses Vice-présidents Présidence de l’Union pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement définitif constaté par la Cour Constitutionnelle saisie par les le gouvernement, il est procédé à l’élection du nouveau Président de l’Union dans un délai maximum de soixante (60) jours à compter de la constatation de la vacance ou de l’empêchement définitif. Les fonctions de Président de l’Union sont provisoirement exercées par le doyen d’âge des Vice-présidents. En cas de vacances ou d’empêchement définitif d’un Vice-président, il est procédé à son remplacement par l’Assemblée de son île d’origine sur proposition du Président de l’Union. En cas d’absence ou d’empêchement temporaire, le Président de l’Union est suppléé par l’un de ses Vice-présidents».

   C’est Ahmed Sambi qui a institué une procédure très compliquée faisant intervenir «les conseillers et les maires de l’île réunis en congrès» dans des conditions à donner des maux de tête à tout bon juriste. À la suite des tripatouillages constitutionnels opérés par Ahmed Sambi, il est clair que le dossier des candidatures doit faire état du colistier issu de l’île du candidat à la présidence, et tout cela signifie que le discours qu’il produit aujourd’hui pour enfumer les Comoriens sur la présidence tournante est fondé sur la mauvaise foi, la duplicité, la fausseté et l’hypocrisie. Ahmed Sambi a donné à la Constitution un tour de vis insulaire de plus, et tout cela se retourne contre lui aujourd’hui. Alors qu’il pousse actuellement des cris de vierge effarouchée, il «oublie» que c’est lui et non personne d’autre qui a introduit une dose d’insularité supplémentaire dans la Constitution comorienne, précisant ce que les Comoriens savaient déjà sur les origines insulaires uniques de tous les candidats à la présidence. En agissant ainsi, il a redonné du poids à ses détracteurs, qui considèrent que chaque fois que les Comores vont organiser une élection présidentielle, c’est l’île à qui échoit l’élection primaire qui va fournir les candidats; ce qui est logique quand on se situe dans la logique de recherche d’unité et de réconciliation entre Comoriens qui sous-tendent cette Constitution très complexe et compliquée.

   Plus grave pour lui, en 2016, il est entièrement hors-jeu parce que non seulement il ne pourra pas prétendre à la fonction présidentielle, puisque la Constitution le lui interdit, mais en plus, comme il n’est plus sur les listes électorales d’Anjouan, son île natale et d’origine, il ne pourra être le colistier d’un candidat grand-comorien à la magistrature suprême qu’en se présentant à la Grande-Comore en tant que «Grand-Comorien». Voyez comment un cœur foncièrement mauvais peut conduire un homme aux pires excès contre lui-même. Au Maroc, on a l’habitude de dire que «l’ignorant s’inflige un mal que ne peut lui infliger son pire ennemi», et c’est ce qui arrive avec cet homme sans foi, ni Loi. Dans l’une de ses déclarations, le ministre Houmed Msaïdié avait dit, s’agissant d’Ahmed Sambi: «Il peut être candidat pour devenir Gouverneur à Anjouan. Il peut être candidat pour devenir le Vice-président de l’un des candidats à la présidence». Eh bien! Même cela, il ne le pourra, sauf s’il veut devenir Gouverneur de la Grande-Comore ou le colistier «grand-comorien» d’un candidat grand-comorien qui brigue la présidence de la République, île dont il est inscrit sur les listes électorales. «Tel est pris qui croyait prendre». Au fait, où en est-il avec ses photos du Maroc? Les Comoriens sont impatients de les découvrir pour être définitivement convaincus de sa petitesse mesquine.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Jeudi 9 juillet 2015.


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