Notre vivre-ensemble compromis durablement?

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Notre vivre-ensemble compromis durablement?

Comment trouver le salut? Difficile mais possible…

Par Babayou Houmadi

     Les Comores ont eu la bénédiction d’être un pays musulman. Avec les valeurs promues par l’Islam, je n’ai aucun doute quant à notre capacité, si bien sûr nous sommes sérieux, à réunir toutes les conditions pour faire de ces quatre îles de l’océan Indien un paradis terrestre.

Pour y arriver, un choix politique d’une grande importance mais tout aussi radical et courageux doit quand même être fait, non pas par nos politiques qui ne prendront jamais l’initiative pour des raisons subjectives, mais plutôt par tout le peuple comorien.

Depuis 43 ans, nous avons tout concentré sur une seule île et dans une seule ville. Cette décision politique, qui était justifiable et raisonnable à l’époque où elle a été prise, a, au fil du temps, donné naissance à un sentiment d’injustice et de partialité à l’encontre des autres îles de notre archipel.

Ce sentiment est à l’origine de conflits incessants, de réclamations répétées et de protection exagérée du peu qui se trouve sur les autres îles. Il a aussi fait des mécontents: des générations qui ont été déçues par le système et une déception qui risque de continuer au cours des prochaines décennies si aucun changement n’est opéré au plus vite.

     Ne serait-il pas temps de faire une autre expérience et d’emprunter un autre chemin potentiellement salvateur?

Ne serait-il pas sage de revoir notre système au profit de la nation au lieu de toujours nous encombrer d’une Constitution taillée sur mesure? Et s’il faudrait bien changer pour la nation, que conviendrait-il de proposer?

À mon sens, il faudrait tout faire pour que le citoyen comorien puisse travailler sur son île d’origine sans avoir à se déplacer pour trouver du travail ailleurs. Le citoyen, qui s’établirait sur une autre île pour sa carrière professionnelle, devrait le faire en toute liberté pour diverses raisons pouvant aller du mariage avec un ou une compatriote d’une autre île à un choix personnel dicté par la rentabilité de ses activités.

Il faudra par conséquent s’armer de courage pour reconnaître la réalité insulaire – pourtant évidente – de notre beau pays et se convaincre de l’utilité de procéder à un partage équitable et à un éparpillement nécessaire des différentes institutions de l’État, des ministères, des sociétés, des ambassades, des agences des Nations-Unies (…), de sorte que l’État soit présent et visible sous tous ses aspects et sur toute l’étendue du territoire national, tout en s’assurant que ces entités, quoique situées sur différentes îles, servent l’ensemble du peuple comorien.

Les sièges de ces entités seraient bien-entendu basés sur une île donnée mais des antennes pourraient être implantées sur les autres îles pour les rapprocher des citoyens.

L’avantage d’une telle mesure serait entre autres la fin des accusations et des rancunes légitimes entre insulaires ainsi que l’amélioration des transports maritimes et aériens entre les îles puisque la mobilité deviendrait une obligation pour l’État. Une interdépendance utile et à encourager naîtrait, renforçant ainsi l’unité nationale et le respect mutuel.

Le système actuel est devenu anachronique et menaçant. En effet, il va à l’encontre des intérêts du pays et de son unité puisqu’il favorise une seule île au détriment des autres. Et vu les velléités séparatistes qui touchent toutes les quatre îles de l’archipel des Comores, ce système pourrait à un moment donné de pousser une île, parce que plus développée que les autres et se sentant auto-suffisante grâce aux avantages qui sont restés les siens à travers les années, à menacer l’unité nationale à son tour en disant aux autres îles de faire sécession si elles souhaitent.

Pour certains, l’idéal aurait été de vivre tous ensemble dans un Moroni agrandi et moderne et dans la paix et la stabilité, mais une idée est en train d’émerger depuis quelque temps, donnant l’impression que les insulaires des autres îles établis sur l’île abritant la capitale sont considérés comme des étrangers venus prendre les emplois des locaux. Si elle n’est pas réprimée assez vite, cette tendance va certainement créer une crise dans les années à venir.

J’ai l’intime conviction que l’interdépendance entre les îles et la garantie d’embauche sur son île natale aideraient énormément à enraciner une solide unité de notre pays. J’imagine déjà la joie sincère et non affectée qui serait celle des amis ou des familles qui se retrouveraient sur les îles des uns et des autres pour quelques jours ou quelques semaines, le temps de participer à des festivités liées à un mariage, de passer des vacances ou de régler une affaire dans une institution étatique.

La situation, telle qu’elle est actuellement, menace notre société car ce pays pourrait être divisé à jamais si un autre malheureux incident provoqué par un autre assoiffé de pouvoir venait à mettre aux prises nos communautés respectives et aboutissait à un bain de sang à l’opposé des conséquences moins néfastes des évènements condamnables d’avril 1999 contre les Anjouanais établis en Grande-Comore.

Il est dans notre intérêt de réduire les risques de conflit et d’accroître les chances de bonne entente. Notre salut se trouve dans le courage de suivre l’évolution de notre société.

Par Babayou Houmadi

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© www.lemohelien.com – Mardi 17 juillet 2018.


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