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Mouigni Baraka: des contorsions et zigzags politiques

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Le plus énigmatique des politiciens comoriens décide de ne pas décider

Par ARM

   Ah! Mouigni Baraka Saïd Soilihi! À lui seul, tout un programme. On pourrait oublier tous les autres acteurs politiques comoriens et se concentrer sur sa seule personne, et chaque jour, on pourrait avoir des sujets et des sujets à écrire sur sa présence sur la scène politique nationale comorienne. Entré en politique en 2010 à l’occasion de l’élection du Gouverneur de la Grande-Comore, et avec l’aide de son ancien ami et collègue Mohamed Daoudou dit «Kiki», l’ambitieux et très pressé Président du Parti Orange, il s’est imposé comme un acteur politique majeur et incontournable, le seul politicien au monde pouvant appartenir dans la même journée à l’opposition et à la majorité. Après avoir bien compris qu’il était devenu important pour les uns et incontournable pour les autres, il avait décidé de faire amicalement un petit chantage amical à son camp politique, au grand dam de son parti politique, faisant arracher à son fidèle Djaé Ahamada Chanfi des cheveux et des larmes de dépit, le plongeant dans les abîmes du désespoir et de la perplexité. Il n’en pouvait plus, Djaé Ahamada Chanfi.

   En mars 2015, Mouigni Baraka Saïd Soilihi en a tellement fait que, pour comprendre ses manœuvres politiciennes, il avait fallu remonter à une période charnière se situant à la frontière de l’Antiquité et du Moyen-âge, puisque dans l’Histoire de l’humanité, seul Tauresium Justinien (482-565, Empereur byzantin de 527 à sa mort) avait pu faire comme lui, étant entendu que ce souverain de l’Empire Byzantin «bâtit tout un système politique sur l’antagonisme des peuples barbares, souleva les Huns contre les Bulgares, les Avares contre les Huns, vainquit les Vandales avec l’aide des Ostrogoths, les Ostrogoths eux-mêmes avec l’aide des Francs»: S. Serguiev: La diplomatie de l’Antiquité, in Vladimir Potiemkine: Histoire de la diplomatie (Collectif), Tome I, Librairie de Médicis, Paris, 1947, p. 88. Depuis mars 2015, Mouigni Baraka Saïd Soilihi est devenu le symbole vivant et l’incarnation des contorsions et des zigzags politiques aux Comores, où pourtant, la plupart des acteurs politiques ou supposés tels n’ont jamais entendu parler de l’expression «convictions politiques». Pour preuve, le lundi 16 mars 2015, il était crypto-sambiste, pour de basses raisons politiciennes. Il se réveilla le mardi 17 mars 2015 dans les bras de l’UPDC, «le parti cocotte-minute» en vue. Mais, c’était le matin du mardi 17 mars, parce que dans l’après-midi du même mardi, notre bon Monsieur du Gouvernorat de la Grande-Comore était redevenu crypto-sambiste, avant de retourner dans le camp présidentiel, le mercredi 18 mars 2015, où il manifeste une apparence sagesse.

   «Apparente sagesse» seulement parce que le truculent et flamboyant Gouverneur de la Grande-Comore n’est pas du tout devenu sage. Il ne l’est qu’en apparence, dans l’attente du moment où il va encore faire parler de lui. Au moment de ses tribulations politiciennes, il y avait même eu un kidnapping d’élus, et le bon Gouverneur avait mis la vilénie sur le compte de l’ancien Député Hassan Ali Tabibou, de sinistre mémoire républicaine. On disait Mouigni Baraka Saïd Soilihi réconcilié avec son «grand frère», le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, se préparant à sa réélection à la tête du Gouvernorat de la Grande-Comore, s’apprêtant à soutenir le Vice-président à la conquête de la Présidence de la République. La Mouvance présidentielle de la République commençait à respirer, et Djaé Ahamada Chanfi pouvait s’occuper dans le calme de son travail de Conseiller spécial du Président Ikililou Dhoinine. Et, le vendredi 28 août 2015, tel cacique de la Mouvance présidentielle avait même cru bien faire en annonçant urbi et orbi la belle alliance entre le Vice-président Mohamed Ali Soilihi et son «jeune frère», l’explosif Gouverneur Mouigni Baraka Saïd Soilihi. Or, qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre dès la publication de cette information? Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre? Les membres du premier cercle du Gouverneur Mouigni Baraka Saïd Soilihi sont montés au créneau et ont dénoncé sous le manteau «des propos irresponsables et tendancieux, des propos se situant aux antipodes de la pensée politique actuelle et des projets politiques à venir de Son Excellence Monsieur le Gouverneur Mouigni Baraka Saïd Soilihi». Néanmoins, avec un calme olympien, le pétaradant Gouverneur de la Grande-Comore a demandé aux uns et aux autres de se calmer, sinon une dénonciation publique des propos enlevant toute ambition présidentielle à l’homme de Ntsoudjini installé au Gouvernorat de la Grande-Comore aurait été faite dans un bruit de fin du monde. Il fallait calmer les esprits pour ne pas ajouter la confusion à la confusion. Il fallait être sport. Mouigni Baraka Saïd Soilihi avait su prendre de la hauteur dans le traitement politique et médiatique de cette affaire.

   En toute logique, point n’est besoin d’être diplômé en Science politique pour tirer la seule leçon politique de la chose: Mouigni Baraka Saïd Soilihi a décidé de ne pas décider. Du moins, en public. En d’autres termes, il n’a pas encore fait le deuil de ses ambitions présidentielles et se sent très à l’étroit au Gouvernorat de la Grande-Comore. Ses amitiés politiques en France et aux États-Unis (il en a, et il ne faut pas les sous-estimer) le poussent dans cette direction. Attention! N’allez pas imaginer que François Hollande et Barack H. Obama sont «les amitiés politiques» en question et qu’ils demandent à notre homme de déposer une candidature présidentielle. Nous devons arrêter de fantasmer. Son Excellence Monsieur Mouigni Baraka Saïd Soilihi, ci-devant Gouverneur de la Grande-Comore, a des amis politiques en France et aux États-Unis, et ses amis ne sont installés ni à l’Élysée, ni à la Maison-Blanche. Mais, il a des amis. Là encore, il faudra faire très attention parce qu’il n’est pas seul à en avoir.

   Au vu de la virulente réaction des barakistes rapidement canalisée et magistralement gérée par le Gouverneur Mouigni Baraka Saïd Soilihi, ce samedi 29 août 2015, il faut comprendre une chose: si rien n’est fait au sein de la Mouvance présidentielle, l’homme de Ntsoudjini ne se gênera pas pour se déclarer candidat à la Présidence de la République, et cette candidature sera tout sauf une belle fleur plantée dans le jardin de la Mouvance présidentielle. La chose n’est pas à prendre à la légère. Une élection est toujours un poison, surtout dans le contexte politique actuel aux Comores. Cela étant, le camp présidentiel a vraiment intérêt à laver son linge sale en famille parce qu’une candidature présidentielle du Gouverneur de la Grande-Comore sera tout sauf un motif de joie et d’applaudissement. Et il faudra compter sur les Aboubacar Abdou Msa, Raoul Yvon Delapeyre, Younoussa Saïd Mmadi, Salami Mohamed, El-Fatahou Saïd Youssouf et bien d’autres pour pousser leur champion vers un projet présidentiel. Ces gens-là veulent être à la Présidence de la République, estimant que le Gouvernorat de la Grande-Comore a joué son rôle de tremplin vers la Présidence et qu’il est temps de jouer dans une cour plus grande et encore plus grande. Dans ce nouvel embrouillamini, quelle sera la portée de la voix de Djaé Ahamada Chanfi, le pompier de service, l’élément modérateur du groupe, celui qui sait siffler la fin de la récréation? Seul l’avenir nous le dira, parce que l’heure est grave, mais on ne sait pas encore pour qui.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 2 septembre 2015.


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