Le Président du Parti Comores Alternatives séduit et charme
Par ARM
La mère de Kassabou fait partie des personnes triées sur le volet qui ont reçu le PDF des numéros de L’Observateur, journal malgache, parlant de l’activisme de son champion Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, Président du Parti Comores Alternatives (PCA), à Madagascar, où il est dans son élément, puisqu’il est né sur la Grande Île et y a fait ses études de Médecine. Il fallait rassurer la mère de Kassabou, qui n’a pas manqué d’imprimer les pages qui parlent de son «Président», les plaçant en plusieurs exemplaires bien en évidence sur la grande table de son immense salon pour que ses visiteurs puissent constater, sans qu’elle le dise elle-même, que «le Président» ne se contente pas d’admirer le coucher du soleil du haut des plateaux d’Antanarivo, la capitale de Madagascar. Effectivement, à Madagascar, la dynamo de la classe politique comorienne se comporte en véritable bulldozer politique et médiatique, multipliant les rencontres avec des personnalités malgaches, les diplomates étrangers et les milliers d’étudiants comoriens à Madagascar. Accordant les interviews aussi… Sur la photo accompagnant l’article, on le voit avec deux anciens ministres d’Andry Rajoelina, ancien Président de Madagascar.
Naturellement, la presse malgache s’intéresse à l’ouragan politique comorien débarquant de France pour faire entendre la bonne parole. Qu’on se le dise, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed est un homme qui connaît la valeur des médias, et qui sait également susciter l’intérêt sur sa personne. Il séduit à Madagascar parce que les dirigeants malgaches voient en lui et avec une pointe de fierté un enfant de l’île où il est né et où il a fait ses études supérieures. En témoigne le titre de son interview à L’Observateur de Madagascar: Teholy Martin: Saïd Ahmed Saïd Abdillah. Un Comorien natif de Madagascar candidat à l’élection présidentielle aux Comores, L’Observateur n°1456, du samedi 29 août 2015, p. 15.
Dans cette interview TGV, il explique, en homme qui connaît les mœurs malgaches du bout de ses doigts: «Je suis venu à Madagascar d’abord, pour prendre le “tsodrano» (bénédiction) de la communauté malgache et surtout des ancêtres du pays où je suis né et en second lieu, pour tisser des bonnes relations avec ceux qui dirigent de l’État malgache actuellement mais aussi avec ceux qui sont dans l’opposition car je suis persuadé que demain se prépare aujourd’hui». Et il ajoute, en revenant sur sa thématique de prédilection: «Je me porterai candidat parce que l’Indépendance des Comores reste encore inachevée même si cela date de 1975. Inachevée parce que Mayotte est toujours occupée par la France. Parce qu’on utilise toujours une monnaie coloniale. Ma politique est d’aider les Comores à sortir du néocolonialisme et à respirer. Je peux dire que la dépendance monétaire tue l’État comorien. J’aimerai apporter ma contribution à mon pays et montrer que tous les pays sont développés parce qu’ils sont passés d’abord par l’indépendance monétaire. Donc, je suis candidat pour apporter le développement aux Comores. Surtout que ces derniers temps – ces quinze dernières années aux Comores – il n’y a pas d’eau et d’électricité. On n’arrive pas à payer les salaires des fonctionnaires à temps. Tout ce problème est lié d’abord à notre dépendance économique et monétaire envers la France. La France, aujourd’hui, garde Mayotte et maîtrise aussi l’économie des îles indépendantes. Nous ne sommes pas contre la France parce que c’est la France. Mais nous voulons aider les Comores à s’en sortir. Il y a beaucoup des jeunes diplômés qui n’ont pas de travail et je suis convaincu qu’avec une politique monétaire expansive, on peut développer et contrer le chômage. Donc, je vais mettre les Comoriens au travail, et de l’ordre à l’État. La Justice aura sa place, et la sécurité car pour attirer les investisseurs étrangers, il faut assurer d’abord l’ordre et la sécurité des biens et des personnes».
S’agissant de sa conférence à l’Université d’Ankatso, il dit: «Je compte tenir cette conférence pour expliquer aux étudiants comoriens présents à Madagascar – il y en a 5.000 à Madagascar et que j’espère beaucoup, d’ailleurs je profite de l’occasion – mon projet de société. Et aussi pour dire que j’aimerais que l’État Malgache abroge les visas des étudiants comoriens dans la mesure où les Comores et Madagascar pour moi, n’étaient avant qu’un seul pays. Nous avons de liens historiques depuis 1912. Les Comores et Madagascar formaient un seul pays jusqu’en 1946. Nous avons des parts en commun, souvent de même religion, de même sang et de même famille. Donc, j’espère que l’État malgache facilite les circulations des étudiants, que ce soit les étudiants malgaches vers les Comores et ceux des Comores vers Madagascar. En sus, j’ai un autre sujet important à demander à l’État Malgache. C’est d’abroger le visa d’un mois pour les Comoriens comme c’était pour les Français parce que nous sommes avec les Malgaches comme des frères. Et nous pouvons être les deux pays, pouvant devenir le moteur de l’océan Indien. La COI aura besoin de moteur, ce sera Madagascar et Comores, comme le moteur de l’Europe, le couple France-Allemagne. Donc je ferai une conférence pour expliquer comment rendre l’État comorien au service de son développement. C’est le thème proposé par l’antenne de notre parti politique à Madagascar, parce que le PCA a une antenne à Antananarivo. Donc, elle m’a sollicité de visiter les 5.000 étudiants comoriens. J’invite alors ces étudiants comoriens et tous les citoyens malgaches et étrangers qui aimeraient savoir comment peut-on faire sortir les Comores de la misère à venir à cette conférence qui aura lieu dimanche 30 août (demain) à Ankatso, à partir de 14 heures».
À la question «Est-ce que vous pensez que les Comores auront la possibilité de se débarrasser effectivement de la France?», il répond: «Comme dans le cas de Madagascar, l’influence de la France n’y est pas à discuter. En fait, Madagascar et Comores sont différents. Madagascar a obtenu son indépendance en 1960 et il a quitté la Zone Franc en 1973, soit 13 ans après. Après la révolution de 1972, qui a déchu Tsiranana du pouvoir et amené le Général Gabriel Ramanantsoa pour le succéder. Moi, je suis convaincu que la sortie de la Zone Franc n’est pas la cause du problème que peut avoir l’État Malgache. […]. Parce que je considère que la monnaie est l’oxygène d’un pays. Un être humain a besoin d’oxygène qu’il soit malade ou infirme ou handicapé. Un malade a besoin d’oxygène. Un État a besoin de monnaie. L’appartenance, avoir sa propre monnaie n’est lié à un facteur de ressources ou de stabilité ou de puissance ou autres… c’est une nécessité vitale d’un pays. Je pense pour les Comores que pour s’en sortir, elles doivent avoir leur propre monnaie. Je prends deux exemples. Aujourd’hui, les Comores n’arrivent plus à payer les salaires de leurs fonctionnaires. Madagascar a des problèmes mais cela ne concerne que sa vie. Par contre, aux Comores, l’État meurt doucement. Là où je vous parle, l’hôpital de référence est fermé depuis 45 jours. Pourquoi? Parce que les médecins ne sont plus entretenus, voire même de leur minimum vital. S’il vous manque le minimum vital, on vous tue à petit feu, et l’État comorien meurt à petit feu. C’est pour cela que je dis, le fait d’avoir une propre monnaie est une nécessité vitale et d’urgence actuellement. Si vous avez devant vous un malade qui agonisait, vous devez rechercher d’abord à lui donner à respirer. S’il respire, vous assurez que le malade est bien portant. Et après, vous pouvez le soigner».
Lancé comme un taureau, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed martèle: «C’est notre politique. Les Comores n’ont pas leur propre monnaie. Moi je dis, il faut avoir rien pour toi que beaucoup pour l’autre. Je préfère avoir de l’argent pour moi que de l’or pour l’autre. Parce que le peu qui m’appartient est toujours mieux que beaucoup qui appartient à quelqu’un d’autre. La monnaie comorienne est la monnaie française. Ce n’est pas une monnaie comorienne. C’est la monnaie de la colonie française. C’est vrai qu’elle est surévaluée, mais elle ne reflète pas l’économie. Regardez. J’ai étudié à Madagascar. […].Par contre, l’étudiant Malgache, qui a sa propre bourse, il l’a tout le temps. Chaque mois, le peu qu’il a lui suffit. Pour nous, ça est le plus important».
Après la conférence de l’Université d’Ankatso, un article a été consacré à l’événement: Teholy Martin: Élections présidentielles 2016 aux Comores. Les étudiants Comoriens d’Ankatso sympathiques au candidat Saïd Ahmed Saïd Abdillah, L’Observateur n°1457, lundi 31 août 2015, p. 5. On y lit: «De passage à Antananarivo, le candidat aux élections présidentielles comoriennes dont le premier tour devra se tenir au mois de février 2016, Saïd Ahmed Saïd Abdillah a donné une conférence à l’endroit des étudiants Comoriens poursuivant leurs études à Antananarivo, hier à Ankatso. Portant sur le thème “Comment rendre l’État comorien au service du développement”, cette rencontre était une occasion pour ce candidat du Parti Comores alternatives (PCA) d’exposer à l’assistance les grandes lignes de son programme, en l’occurrence son projet de faire sortir les Comores de la Zone Franc (CFA), qu’il qualifie de monnaie coloniale. Un sujet qui a beaucoup passionné les étudiants qui n’ont pas dissimulé leurs soucis quant aux éventuels retombées négatives de cette mesure. “Le sujet fait peur dans la mesure où les gens hésitent souvent à adopter une nouveauté d’autant plus qu’il s’agit d’un risque à prendre mais il faut le faire car c’est nécessaire si l’on veut développer les Comores”, affirme le candidat. Manifestant sa satisfaction de la réussite de cette conférence, ce candidat de l’opposition aux Comores affirme avoir eu l’occasion d’expliquer à l’assistance que le choix de Madagascar de quitter la Zone Franc en 1973 n’était pas mauvais. Madagascar qui a eu l’audace de se débarrasser du néocolonialisme. “À 40 ans d’Indépendance, l’État comorien est déjà mûr pour avoir une véritable indépendance et cela en sera pas acquis sans l’indépendance monétaire”, dit-il. Une déclaration qui a marqué l’esprit patriotique de ce candidat, lequel a obtenu la sympathie des étudiants. Étant donné que le conférencier a mis à profit cette séance pour s’adresser au gouvernement malgache pour demander la facilitation de visa pour les étudiants comoriens. La conférence d’hier a vu l’assistance de quelques membres de cabinet ministériel et des hautes personnalités, dont le Secrétaire général du ministère de la Communication et le directeur de la Décentralisation. “La présence de ces personnalités a rendu riche cette conférence”, a conclu le candidat».
Quand les Comores entreront en campagne électorale en 2016, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed saura si son idée de faire sortir le pays de la zone franc va séduire. Mais, il faut compter sur son côté boum-boum pour donner du tonus à une campagne électorale qui risque d’être fade et ennuyeuse.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Mardi 1er septembre 2015.