Leur mot: «Tu quoque mi fili?», «Toi aussi, mon fils?»
Nour El Fatah en orbite dans la galaxie des fils de tyrans
Par ARM
«Tu quoque mi fili?», «Toi aussi, mon fils?». Cette parole de dépit surgit comme la lave du volcan Vésuve de la bouche de Jules César, quand il vit que Marcus Junius Brutus, qu’il traitait en fils, faisait partie des conjurés qui allaient le tuer par 23 coups de couteaux. Cette parole a traversé les âges, les siècles, les mers, les océans, les déserts, les forêts, les savanes et même les bananeraies des Comores pour atterrir dans la bouche du dictateur Assoumani Azali Boinaheri, mais sans le point d’interrogation. Dans sa bouche, c’est «Tu quoque mi fili», «Toi aussi, mon fils», c’est-à-dire, «Toi aussi, mon fils, tu seras un dictateur comme ton père, moi». Or, en grattant un peu, on se rend compte que d’autres dictateurs infréquentables africains susurrent, chuchotent, murmurent et chantent les mêmes paroles mielleuses aux oreilles de leurs rejetons pour les préparer à les succéder dans l’inconstitutionnalité, l’illégalité, et l’illégitimité.
On a écrit des livres sur les femmes et les enfants de dictateurs. Pères, mères et enfants se valent dans le mal, la malédiction et la damnation.
Les Comores sont un terrain privilégié en la matière. Le mot «gendrocratie» est forgé de toutes pièces aux Comores, sous la présidence maudite, pourrie et honteuse de Saïd Mohamed Djohar (27 novembre 1989 – 28 septembre 1995), transformée en une vulgaire affaire de famille de mauvais goût. La transformation du pouvoir en affaire de famille est un piège maudit, né de la cupidité, de la rapacité, de l’inculture, de la bêtise, de l’ignorance, de la méconnaissance de l’État et de la République, du passage brusque du cocotier à la Cadillac, du mépris envers les citoyens et du manque d’éducation de la part des dictateurs et de leurs femmes et enfants.
À Mitsoudjé, Monsieur Fils Nour El Fatah, fils du dictateur Assoumani Azali Boinaheri et de la dictatrice Ambari Darouèche, n’arrive plus à cacher sa joie malsaine quand il voit tous les larbins de la politique de Grande-Comore se jeter à ses pieds, et que quand tel ministre le surprend au lit avec sa femme, ce dernier n’a même pas la décence de démissionner et de se séparer de l’épouse à la cuisse légère et aux fesses complaisantes. Faux opposants et vrais mendiants politiques font tout pour s’approcher de Monsieur Fils afin de lui cirer les pompes, godasses et chaussures, dégoulinant d’obséquiosité pour affirmer qu’ils sont à ses ordres dans sa marche vers la Présidence de la «Ripoux-blique», après un passage au Gouvernorat de la Grande-Comore.
Justement. Justement. Oui, justement, le congrès de la Confrérie des Renégats et Criminels (CRC), le parti unique, vise à mettre officiellement en orbite Monsieur Fils Nour El Fatah, le prétendu Conseiller privé de son père; c’est l’occasion de rappeler que le 5 novembre 1989, le «peuple» comorien «s’était prononcé» «à 92,50%» pour une nouvelle «Constitution, mon bon plaisir». Ce référendum avait donné lieu à une vraie tempête politique car, excédés, les Comoriens n’étaient guère favorables à une énième manœuvre destinée à introniser Ahmed Abdallah Abderemane président à mort à l’âge de 70 ans. Violences et répressions s’abattirent sur le pays. Ahmed Abdallah Abderemane pouvait briguer un troisième mandat de Président à mort et préparer son fils Nassuf Ahmed Abdallah Abderemane, Vice-président de l’Assemblée fédérale, à la fonction de futur dictateur par succession.
Ahmed Abdallah Abderemane n’avait même pas eu pas le temps de promulguer sa «Constitution, mon bon plaisir» que les mercenaires à qui il avait remis les Comores et les Comoriens, avec un droit de vie et de mort sur eux, l’ont inhumainement mutilé avant de le faire saigner à mort, tirant sur son corps plusieurs balles. La succession dynastique n’a pas eu lieu, et plus personne ne fait la révérence en voyant Nassuf Ahmed Abdallah Abderemane, qui brillait exactement comme Monsieur Fils Nour El Fatah aujourd’hui. Oui, oui…
Ailleurs, on a vu le même scénario, avec la même cause produisant les mêmes effets: il en fut ainsi avec:
1.- Mohamed Hosni Moubarak, en Égypte, qui a subi le Printemps arabe en 2011 lorsque son fils fut promu secrétaire général du parti au pouvoir, pour assurer la succession de Papa.
2.- Abdoulaye Wade, au Sénégal voulait imposer son fils Karim, surnommé «ministre du Ciel et de la Terre», à qui il avait confié tous les grands projets de développement pour le faire apparaître comme l’homme providentiel du changement, le fameux «Sopi», qu’il agite depuis 1988.
3.- En Libye, Saïf Al-Islam Kadhafi avait commencé à prendre le relais de son père, avant que le Printemps de 2011 ne casse tout, y compris Papa, qui a assisté au viol de l’un de ses fils par de soudards, qui ont assassiné tous les deux, les enterrant en un lieu aujourd’hui inconnu.
4.- Ibrahim Boubakar Keïta (IBK), au Mali, s’est fait balayer alors qu’il venait de se faire réélire, son fils étant devenu le membre le plus influent du Parlement, lui qui étalait ses richesses et jouissances de Député-playboy sur des lieux de rêve transformés en cauchemar.
5.- Isabel Dos Santos, fille de José Eduardo Dos Santos dit «Zedu», Président d’Angola de 1979 à 2017 (38 ans de règne), est la femme la plus riche d’Afrique (2,1 milliards de dollars), après avoir pillé les richesses du pays, elle qui dirigeait la SONANGOL, la Société pétrolière d’Angola, sa chose. Aujourd’hui, elle est poursuivie par la Justice en Angola et au Portugal.
6.- En Guinée Équatoriale, le dictateur Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis 1979, après avoir tué son oncle, le dictateur Macias Nguema, a fait de son propre fils Teodoro Nguema Obiang Mangue, dit Teodorin, le Vice-président de la République, chargé de succéder à Papa. Il est un condamné majeur du scandale international et procès mondial des «Biens mal acquis».
On pourrait citer d’autres exemples historiques, comme aux Philippines, en Irak et ailleurs, où la corruption a fini par ébranler les tentatives de succession familiale, incompatibles avec l’idéal républicain, même dans des «Républiquettes» bananières.
Par contre, il convient de noter qu’il n’y a seulement que 2 rejetons de dictateurs qui semblent pouvoir réussir à s’affirmer politiquement après la case prison, en l’occurrence, Karim Wade et Saïf Al Islam Kadhafi, mais l’affaire est loin d’être terminée. Ce n’est pas fini.
Pour la petite et la grande Histoire, on notera que la tenue du congrès de la CRC ce week-end est une tentative désespérée de faire oublier que le dictateur Assoumani Azali Boinaheri, «le Président de la Présidence comorienne de l’Union africaine», devait se rendre au Mali et au Burkina Faso du 9 au 11 août 2023. Or, il est interdit de séjour dans ces deux pays. C’est une première dans les annales diplomatiques d’Afrique.
Le pauvre chéri…
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Lundi 14 août 2023.