Le faux combat perdu d’avance du ministre de la Justice
La lutte contre «l’impunité», le nouveau piège pour beaufs
Par ARM
En matière d’effets d’annonce, les Comoriens en ont vu et entendu d’autres ces derniers temps, faute de réalisations concrètes, car Azali Assoumani n’a pas de programme et le dit haut et fort, et en public. Des mots et des maux ont été alignés par des ministres désœuvrés et décrédibilisés depuis longtemps, et aucun Comorien ne se fait d’illusions sur une équipe de jouisseurs et de viveurs. Il ne sera rien demandé à ce «gouvernement» parce qu’il ne peut et ne veut rien faire pour un mieux-vivre aux Comores, et personne ne se fait d’illusions sur l’incompétence qui règne actuellement dans les hautes sphères de l’État comorien. Et, en bons Musulmans, les Comoriens n’attendent rien de ces gens-là qui se retrouvent le mercredi autour de leur chef Azali Assoumani pour radoter et médire, sachant qu’on ne demande jamais à l’homme de fournir d’efforts qui sont au-dessus de ses moyens. C’est dans le Coran:
«Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Elle sera récompensée du bien qu’elle aura fait, punie du mal qu’elle aura fait. Seigneur, ne nous châtie pas s’il nous arrive d’oublier ou de commettre une erreur. Seigneur! Ne nous charge pas d’un fardeau lourd comme Tu as chargé ceux qui vécurent avant nous. Seigneur! Ne nous impose pas ce que nous ne pouvons supporter, efface nos fautes, pardonne-nous et fais nous miséricorde. Tu es Notre Maître, accorde-nous donc la victoire sur les peuples infidèles» (Coran, II, La Vache, 286).
Qu’on ne se trompe pas: les «peuples infidèles» ne sont pas loin. On les retrouve dans les rangs des dirigeants comoriens, toujours prompts à mentir, à s’enrichir de manière indue et à ne rien faire pour sauver les Comoriens de la misère. Ils s’agitent, ils s’agitent, parlent et parlent, crânent et crânent, mais pour des résultats nuls. À l’heure qu’il est, et même si la presse aux ordres continue à s’aplatir sur le sol, les Comoriens ne voient rien venir, et ne se contenteront jamais d’une diminution démagogique des prix de certains produits.
Et pendant que les Comoriens doutent de la volonté et de la capacité du «gouvernement» à travailler pour le bien commun, ils sont médusés quand ils apprennent que l’homme qu’on appelle le ministre de la «Justice», donc le ministre de tutelle de l’institution publique la plus décriée et la plus honnie aux Comores, fait des tartines pour dire qu’il s’attribue le titre d’«avocat de la nation comorienne et faire en sorte que personne, quelle que soit sa position ou la fonction qu’il exerce, n’appauvrisse le pays. Nous allons engager une politique contre la corruption; nous allons mettre fin à la culture de l’impunité. Il se trouve que je connais parfaitement l’institution judiciaire et je ne lésinerais pas sur les moyens pour mettre en œuvre cette nouvelle politique». Ah oui? Et contre toute logique, l’homme qu’on qualifie de ministre de la «Justice» en rajoute: «Nous avons pourtant des magistrats très compétents. Nous allons leur donner les moyens de travailler pour qu’ils s’impliquent davantage dans le fonctionnement régulier de la justice».
Si l’homme qu’on appelle le ministre de la «Justice» veut lutter contre «l’impunité» et la «corruption», et réhabiliter l’appareil judiciaire aux Comores, il doit commencer par engager des poursuites judiciaires contre tous ceux qui n’ont pas de diplômes appropriés pour être avocats et magistrats, contre tous les avocats et magistrats qui gonflent leurs CV en s’attribuant de faux diplômes, et contre ceux qui, hier, ont menti aux Comoriens en s’attribuant des milliards de francs comoriens sur la base de la «citoyenneté économique» et qui sont signalés dans les rapports de la Cour des Comptes dans les termes qui suivent: «L’absence de transparence dans la gestion des fonds», «De ce fait, la Cour constate que le Gouvernement de l’Union a démarré les opérations de vente de passeports comoriens avant l’adoption de la loi n°08-014/AU du 27 septembre 2008 relative à la citoyenneté économique en Union des Comores […]. Ces fonds publics ont été enregistrés au titre de “recettes exceptionnelles” de l’État et décaissés en marge des procédures budgétaires. Leur gestion continue de susciter beaucoup d’interrogations», «Le Président de l’union sortant, Monsieur Ahmed Abdallah Sambi, a déclaré à l’occasion d’une réunion publique tenue le 18 août 2013 à Mutsamudu qu’avant l’investiture du 26 mai 2011, il a laissé dans les caisses de l’État plus de 11 milliards de francs comoriens provenant du Programme de la citoyenneté économique.
Le lendemain, Messieurs Mohamed Ali Soilihi et Nourdine Bourhane, vice-présidents de l’Union des Comores respectivement chargés du ministère des Finances et du ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme, s’appuyant sur les relevés de la Banque centrale des Comores, ont apporté un démenti catégorique. Monsieur le vice-président en charge des Finances a déclaré que le 30 mai 2011, date de sa nomination au ministère des Finances, il n’a trouvé dans les caisses de l’État que 3 milliards de francs comoriens dont 1 milliard de francs comoriens provenant d’un don de riz japonais».
«Le Président de l’Union a donné mandat à Monsieur Bashar Kiwan, Président Directeur général de la Société “Comoro Gulf Holding SA”de négocier le Programme en lieu et place des autorités comoriennes et de le représenter dans les transactions. Cet homme d’affaires franco-syrien a joué un rôle décisif dans l’adoption par l’Assemblée de l’Union de la loi controversée et dans la mobilisation et la collecte des fonds auprès des autorités émiraties d’Abu Dhabi et des banques étrangères concernées par le transfert des fonds».
«Monsieur Bashar Kiwan, Président de Comoro Gulf Holding (CGH) SA, a reconnu dans une convention datée du 1er avril 2011, que la CGH SA doit à l’Union des Comores 16.000.000 USD soit 5.600.000.000 francs comoriens. Il apparaît clairement que l’homme d’affaires franco-syrien a perçu ces montants au nom de l’Union des Comores et qu’il ne les a jamais restitués à l’État».
«Par lettre en date du 17 février 2011, le Gouverneur de la Banque centrale des Comores a informé le ministre des Finances qu’un nouveau transfert des fonds en provenance de Belize d’un montant de 5.950.000 euros, dont le donneur d’ordre est la société “UOC Capital Investments”, est parvenu à la Banque par un circuit différents de celui demandé par son Conseil d’administration. Il a demandé à la Société UOC Capital Investments, donneur d’ordre domicilié à Belize City-Belize, de passer par l’intermédiaire des Banques centrales étrangères.
La Banque de France a estimé suspect le circuit des fonds ainsi que le donneur d’ordre, et a informé la Banque centrale des Comores de son intention d’émettre une “déclaration de soupçon” sur ces transferts. Il s’agit de la somme de 23 millions USD, soit environ 11 milliards de FC auxquels la Banque centrale des Comores a refusé le transfert».
«Il apparaît que le gouvernement Sambi n’a encaissé que 29.762.715.911 francs comoriens sur les 52.958.880.000 francs correspondant aux 23.400 passeports biométriques qu’il aurait vendus de 2009 à 2011. La Cour n’est pas en mesure d’identifier les passeports vendus en marge des procédures légales».
«Le Président de l’Union sortant s’est empressé de faire adopter et promulguer la loi n°08-014/AU du 27 novembre 2008 sans prendre les décrets d’application prévus à l’article 14 de la présente loi. Ainsi, la Cour recommande au Président de l’Assemblée et au Président de l’Union de budgétiser les fond de la citoyenneté économique et d’entamer des poursuites contre Bashar Kiwan et ses complices en vue de récupérer les 35.110.1400.027 francs qu’ils ont détournés et les biens mobiliers et immobiliers».
Si l’homme qu’on appelle le ministre de la «Justice» arrive à réprimer «l’impunité» et «la corruption» que fustige ainsi la Cour des Comptes, en demandant des comptes à Ahmed Sambi et à leur chouchou commun Mohamed Bacar Dossar, on pourra alors lui faire confiance, mais jamais avant.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Vendredi 10 juin 2016.