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Le 13 mai 1978 et les jours suivants, Mohéli faisait la fête

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Le 13 mai 1978 et les jours suivants, Mohéli faisait la fête

Il y a 44 ans, les Mohéliens fêtaient le renversement d’Ali Soilihi

Par ARM

     Les soilihistes de Grande-Comore, dont certains n’étaient même pas nés quand Ali Soilihi massacrait les Mohéliens du 3 août 1975 au 13 mai 1978, ne veulent pas qu’on dise que leur champion était un dictateur incompétent et violent, dépassé par les évènements qu’il avait déclenchés dans une brutalité inouïe et un amateurisme criant. Alors, si en Grande-Comore et à Anjouan, on estime qu’Ali Soilihi était le Messie, les Mohéliens, durement éprouvés par sa prétendue Révolution, ont vécu celle-ci comme un horrible cauchemar qui n’a d’égal que celui provoqué dans le malheur et le deuil par un autre tyran malfaisant du Hambou, le dictateur et «ventriote» Assoumani Azali Boinaheri Ben Tartuffe dit Bakapihi, «Le Père qui ne prépare jamais à manger».

Mohéli a 1.000 raisons de se plaindre d’Ali Soilihi. Le 28 octobre 1977, Ali Soilihi avait organisé une consultation populaire au cours de laquelle il fallait choisir entre lui-même et «Le Remplaçant». Ses hommes ont fraudé à outrance sur l’île, mais pour ne lui faire obtenir que 3%, pendant que sur les autres îles, 53% des électeurs votaient pour lui. Il déclencha alors l’enfer sur Mohéli: interdiction de voyager d’un village à un autre, d’une île vers Mohéli, de Mohéli vers une autre île, d’aller à la mosquée, d’adresser la parole à autrui dans la rue, d’aller à la campagne, de rester dans la rue au-delà de 18 heures, d’allumer la radio et la lumière au-delà de 18 heures… Il était également interdit de rouler en voiture (pour aller où?).

Toute la classe politique de Mohéli avait été déportée en Grande-Comore, sans jugement, et le jour de sa déportation, saignante, elle avait été obligée de marcher pieds nus sur une route brûlante de 20 km, le torse nu, le pantalon retroussé jusqu’aux genoux, menacée par les soldats du sinistre Commando Moissi, spécialement venus de la Grande-Comore pour massacrer les Mohéliens. Curieusement, aucun Djoiezien ne faisait partie des déportés. Quelques jours plus tard, la jeunesse de Djoiezi fut décapitée: les jeunes de 16 à 25 ans qui jouaient aux dominos ont été enfermés au camp militaire de Fomboni avant d’être déportés, eux aussi, à la Grande-Comore. Les déportés mohéliens ne reverront leur île qu’au lendemain du coup d’État du 13 mai 1978 contre Ali Soilihi. Toute ma vie, je verrais l’image de mon père pleurant quand il a vu les jeunes gens rentrer à Mohéli, répétant, «mais eux, qu’avaient-ils fait pour être jetés aux bras de la mort?». Tous les déportés mohéliens sont les nôtres, des membres de nos familles.

La Jeunesse révolutionnaire faisait la Loi à Mohéli, humiliant, torturant, battant les Mohéliens de tous les âges, des gens qui ne faisaient jamais de politique, qui ne critiquaient jamais Ali Soilihi et ses jeunes tortionnaires. Il suffisait manquer une répétition des danses folkloriques pour qu’une grand-mère soit jetée dans un tonneau que le Commando Moissi venu de Grande-Comore faisait rouler sadiquement sur la montée de Bonovo. Il suffisait d’être soupçonné de sorcellerie pour être ridiculisé et humilié dans les rues, et torturé. Il suffisait d’être soupçonné de «bourgeoisie» pour vivre le pire. À Djoiezi, le manguier jouxtant l’École primaire était surchargé de fruits mûrs. Malheur à ceux qui en avaient cueilli quelques mangues: enfermés, battus, obligés de marcher sur les genoux sur 1,50 km. Malheur à ceux qui ne s’immobilisaient pas en pleine route alors que Radio Comores diffusait l’hymne national. Les Mohéliens ont souffert à mort.

Quand a été annoncée et confirmée l’information sur le renversement d’Ali Soilihi, le samedi 13 mai 1978, les Mohéliens, hommes et femmes mêlés, ont dansé pendant 2 semaines. Les Mohéliens se félicitaient comme s’il y avait un mariage dans chaque quartier. Les Grands-Comoriens et les Anjouanais sont libres de vivre la chute d’Ali Soilihi comme ils le veulent, mais pour Mohéli, le coup d’État du 13 mai 1978 était une délivrance qu’on fête.

Plus tard, quand le jeune garçon des années de braise, de plomb et de deuil fera des études en Droit, il va être davantage horrifié en découvrant qu’Ali Soilihi avait été incapable de doter les Comores d’une Constitution, sa Loi fondamentale du 23 avril 1977 ayant été incapable de définir les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) et les droits de l’Homme. Ali Soilihi nageait dans des «Déclarations constitutionnelles» adoptées le même jour et se contredisant, et dans la création d’institutions prétendument révolutionnaires qui n’ont jamais vu le jour. Abstraction faite de la mascarade du 28 octobre 1977, Ali Soilihi n’a jamais organisé une élection. C’est lui qui a introduit les mercenaires et la pratique du coup d’État aux Comores. Il avait décrété que tous les cadres comoriens (de grande valeur professionnelle) formés par la France étaient des vauriens, sauf lui-même. Déjà, la mégalomanie narcissique et arrogante! Son bilan est totalement négatif. Qu’on se le dise! On ne construit pas le développement d’un pays sans ses habitants. Ses histoires de décentralisation et de «Moudiria», c’est du gnangnan.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mardi 17 mai 2022.


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2 Comments

  • Ali Madi

    mai 17, 2022 at 4:24

    Personne ne peut se lever et prétendre parler à la place de tout un peuple. Par contre l’histoire parle des faits et sur ce la majorité des comoriens, des 3 îles, sont loin de partager vos dires sur Ali Soilih et sur ce vous n’en pouvez rien. C de la même manière sur l’image de AAA que vous vous forcez d’embellir malgré les faits connus de tous. On peut comprendre qu’il n’était pas un mauvais journaliste. Mais de là à le prendre pour le “grand journaliste” reconnu sur le plan international, il y a quelque chose que la journaliste Palestinienne assassinée aura manqué de savoir. A force de raconter des inepties pour se faire plaisir, on devient illisible et inaudible.

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    • ARM

      mai 18, 2022 at 3:03

      Mon frère, bonjour,
      1.- Est-ce que les Mohéliens ont subi oui ou non les faits évoqués?
      2.- Faut-il recevoir une balle sur la tête pour être un bon journaliste?
      Fraternellement,
      ARM

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