La misère humaine à travers la migration à Mayotte
Poignants témoignages de migrants comoriens à Mayotte
Par ARM
Chaque fois que les Comoriens voient les images du coq Azali Assoumani et de sa première femme, Ambari, ils s’en remettent à Dieu, portent plainte auprès de Dieu, en lançant avec colère: «Moungou Wa Haki», «Dieu est pour la justice et l’équité». Cette parole, c’est du poison. Les Comoriens sont en colère contre ces deux personnes parce qu’elles ont tellement grossi qu’on se demande qui des deux est celui ou celle dont la grossesse est la plus avancée. C’est qu’ils ne meurent pas de faim, bien au contraire. Pendant ce temps, les Comoriens font tout pour fuir leur pays pour Mayotte, en mourant par dizaines en haute mer, entre Anjouan et Mayotte. Ce n’est pas une affaire politique ou diplomatique, mais un drame humain. Le journal Flash Infos Mayotte a recueilli les propos de deux migrants anjouanais, et ce qu’ils disent doit faire honte à ceux qui grossissent et deviennent fessus et joufflus chaque jour pendant que les Comoriens maigrissent et vivent très mal. Lisons cet entretien très poignant.
«Immigration clandestine. Passé, présent et futur: Témoignages de Comoriens
L’immigration clandestine est l’objet de la majeure partie des discussions dans le 101ème département, et d’autant plus à l’approche des élections présidentielles et législatives de 2017. Chaque année, ils sont des milliers à traverser le bras de mer séparant Anjouan et Mayotte. Nous sommes allés à la rencontre de quelques-uns de ces hommes et femmes déracinés pour connaître leur histoire et leur parcours à Mayotte. Conversation avec Chamsudine et Amina, deux clandestins malgré eux. Chamsudine a 40 ans, ce ressortissant comorien est arrivé sur le territoire français il y a moins d’un an. Comme beaucoup de Comoriens avant lui, le quadragénaire d’origine anjouanaise s’est rendu à Mayotte en kwassa tout simplement dans le but d’avoir une vie meilleure.
Flash Infos: Pourquoi êtes-vous venu à Mayotte?
Chamsudine: Pour trouver un bon travail, gagner ma vie pour pouvoir (si possible) trouver une épouse mahoraise afin d’avoir des papiers. Je voudrais pouvoir avoir une vie tranquille ici car même si trouver un travail pour nous est très compliqué, on est mieux payé qu’à Anjouan. Avec notre salaire, on peut subvenir aux besoins de toute la famille qui est restée là-bas. Avec mon précédent revenu je n’arrivais pas à les nourrir correctement, mais maintenant je peux. J’espère que j’aurai suffisamment d’argent et que je pourrai me marier avec une femme d’ici.
Flash Infos: Comment votre traversée s’est-elle déroulée?
Chamsudine: Pour venir ici, j’ai dû sacrifier toutes mes économies, j’ai donné tout ce qui me restait sans compter qu’en plus la traversée est très dangereuse. On a moins de 10% de chance d’arriver à destination, sinon c’est soit la mort, soit le renvoi directement à la case départ. En d’autres termes, on risque tout pour une meilleure vie qu’on n’est pas sûr d’atteindre. Lors de ma dernière traversée, j’ai failli être arrêté et renvoyé à Anjouan mais on a descendu la côte jusque dans les environs de Madagascar. C’était une poursuite acharnée et sans repos entre nous et la police aux frontières. Je pensais ne jamais atteindre la terre ferme, mais finalement j’y suis arrivé.
Flash Infos: Comment était votre vie avant?
Chamsudine: Ma vie était tranquille mais pauvre. Certes j’étais heureux avec ma famille, mais je n’arrivais pas à les nourrir correctement, et cela me faisait de la peine car beaucoup de mes amis qui étaient venus ici me disaient qu’ils gagnaient plus qu’en Anjouan et moi j’ai été tenté par cela car je voulais que ma famille vive dans de bonnes conditions, que les plus jeunes aillent à l’école et qu’ils aient de beaux habits et de quoi manger tous les jours. Je veux donner le moins de travail possible à ma mère, car elle vit seule avec les enfants.
Flash Infos: Votre vie a-t-elle changé depuis que vous êtes à Mayotte?
Chamsudine: Même si je suis souvent persécuté, j’ai une bonne situation économique et cela me va. J’ai une maison, je gagne bien ma vie en travaillant dans des chantiers de particuliers et je gagne. Je mange tous les jours. J’ai une belle vie si on oublie la police…
Flash Infos: Que faites-vous dans la vie?
Chamsudine: Comme je l’évoquais, je fais des petits travaux de maçon. Mais parfois quand il y a trop de policiers sur les routes, je ne sors pas. Sinon je risque d’être attrapé et d’être renvoyé aux Comores. Je vis dans une maison en tôles composée d’une pièce à Passamainty. Et gagne environ 1 000 € par mois (mais moins parfois suivant les mois).
Flash Infos: Comptez-vous rester à Mayotte?
Chamsudine: Si tout va bien oui je voudrai rester, mais si je vois que c’est trop risqué et que la situation à cause de la chasse aux étrangers, ne change pas je ne pourrai pas rester. Je préférerais rentrer chez moi et retourner à ma petite vie même si elle est pauvre. Au moins elle était tranquille. C’est vraiment très dur pour moi de vivre dans les conditions actuelles. À chaque fois que je sors, j’ai l’impression que quelqu’un me surveille, et qu’au moindre faux pas, on va m’attraper et m’enfermer. J’aimerai ne pas sortir mais je ne peux pas car ma famille dépend de moi et je suis venu ici pour gagner ma vie mais pas pour me cacher, donc je prends mon courage à deux mains et je vais de l’avant.
Flash Infos: Quelles différences observez-vous entre Mayotte et Anjouan?
Chamsudine: À Mayotte, on a une bonne situation économique, mais la vie pour nous les Anjouanais est très dure car on ne veut pas de nous ici. Cela me dérange beaucoup que certains Mahorais nous détestent ainsi alors qu’avant on faisait tous partie de la même famille. À Anjouan, la vie est belle, tranquille, joyeuse avec la famille et les amis, mais pauvre. Il y a toujours quelque chose à faire là-bas, que ce soit la pêche ou l’agriculture. Mais ce n’est pas suffisant pour nourrir et habiller tout le monde. Chaque île est le contraire de l’autre. L’une, c’est l’île de la pauvreté et l’autre c’est l’île de la richesse. L’une c’est l’île de la liberté et l’autre l’île de l’enfermement. Et dire qu’avant elles étaient toutes les deux sous un même statut. J’aimerais pouvoir vivre tranquillement tout en aidant ma famille.
Amina a 30 ans et est mère de deux enfants. Elle est arrivée sur le territoire français il y a quatre ans. Comme Chamsudine, la mère de famille d’origine anjouanaise a quitté son île natale pour tenter sa chance dans «l’eldorado» mahorais.
Flash Infos: Pourquoi êtes-vous venue à Mayotte?
Amina: Pour avoir une meilleure vie avec mes enfants. J’espère qu’ils pourront avoir une bonne scolarité ici à Mayotte, en plus ils sont nés ici mais on a été reconduits à la frontière une première fois. Je veux seulement qu’ils grandissent dans un environnement sain et qu’ils puissent avoir une bonne vie, qu’ils puissent se marier avoir des enfants et qu’ils soient heureux loin de la pauvreté et la misère d’Anjouan. Et j’espère qu’une fois qu’ils auront tout ça, ils ne m’oublieront pas et qu’ils s’occuperont de moi.
Flash Infos: Comment votre traversée s’est-elle déroulée?
Amina: Pour moi, ça s’est bien passé car ce n’était pas la première fois, donc je ne m’inquiétais pas. Mais je craignais pour mes enfants qui n’avaient pas conscience de ce qui se passait.
Flash Infos: Comment était votre vie avant?
Amina: Avant je vivais à Anjouan avec mon mari, c’est lui qui travaillait, moi je restais à la maison. Quand je suis tombée enceinte, il a cru bon de partir à Mayotte pour mon accouchement. On était donc partis alors que la mer était agitée. Avec les vagues, j’étais très malade. Mon mari me tenait la main, c’était rassurant. Malheureusement, il a trouvé la mort après qu’une grosse vague se soit abattue sur nous. Je me demande toujours par quel miracle je suis toujours en vie… Après mon accouchement (de deux jumeaux), on m’a arrêtée et reconduite à Anjouan avec mes enfants. Je me suis donc débrouillée pour nous nourrir, mais vu que la vie était dure, j’ai décidé de revenir à Mayotte.
Flash Infos: Votre vie a-t-elle changé depuis que vous êtes à Mayotte?
Amina: Oh oui, beaucoup même. Maintenant, mes enfants sont à l’école, on a un toit et à manger tous les jours. Je ne pensais pas avoir tout cela mais je remercie Dieu de ne pas nous avoir laissé tomber.
Flash Infos: Que faites-vous dans la vie?
Amina: Je vis dans un banga en tôles à Passamainty. Je m’occupe de la maison d’une famille riche, autrement dit je fais le ménage, je prépare à manger, je fais la lessive… Je fais tout et mon salaire est de 50 € par semaine pour 28 heures de travail hebdomadaire. J’ai trouvé une bonne famille de wazungu [Blancs]. Ce sont des gens très généreux et très aimables (NDLR : ils paient leur domestique moins de 2 € par heure…). De plus, mes employeurs m’autorisent à ce que mes enfants restent avec moi après l’école. Ils peuvent manger, dormir et s’amuser avec les enfants de la famille wazungu. Mes employeurs sont très gentils avec mes enfants, ils leur donnent même le goûter pour l’école.
Flash Infos: Comptez-vous rester à Mayotte?
Amina: Bien sûr ! Si tout va bien, je compte bien rester ici, car je suis heureuse avec mes enfants. Moi, je ne suis pas dérangée par la police, je suis tranquille, tout va bien pour nous. Je pensais me remarier mais finalement c’était une mauvaise idée. J’aime cette liberté, cette belle vie que j’ai avec mes enfants, j’espère que rien ne viendra troubler cette tranquillité. On est heureux dans le meilleur des mondes.
Flash Infos: Quelles différences observez-vous entre Mayotte et Anjouan?
Amina: Ici à Mayotte on a une bonne situation économique, la vie est belle ici, en tout cas pour moi tout va bien et je suis très heureuse. Mayotte est une belle île, pleine de belles choses, même si il y a certaines personnes peu recommandables. Mais malgré cela, on est bien ici. À Anjouan on a de bonnes relations avec tout le voisinage, on s’entraide du mieux qu’on peut. Mais on ne peut pas s’aider financièrement car l’argent manque là-bas. On est aussi heureux et tranquille là-bas car on est sûr que personne ne viendra nous pourchasser. C’est ça la différence avec Mayotte.
Propos recueillis par Samaouya Soumaïla: Immigration clandestine. Passé, présent et futur: Témoignages de Comoriens, Flash Infos Mayotte n°3963, Mamoudzou, lundi 10 octobre 2016, pp. 3 et 4.
C’est honteux pour les autorités comoriennes quand une Anjouanaise gagne 50 euros (25.000 francs comoriens) par semaine de 28 heures et parle de «belle vie» à Mayotte. Cela signifie que l’indépendance des Comores est une farce criminelle qui a tourné au drame, pendant que le coq Azali Assoumani et sa Madame enflent au bicarbonate comme s’ils étaient enceintes de 5 mois. «Moungou Wa Haki».
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Mercredi 12 octobre 2016.