«La France évolue sur Mayotte. Nous faisons quoi?»
Interview exclusive de Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah
Président du Parti Comores Alternatives (PCA)
www.lemohelien.com: J’ai l’habitude de vous voir élégant, mais aujourd’hui, votre élégance est plus exquise encore. Est-ce à dire que vous sortez d’un entretien en tête-à-tête avec votre chef Azali Assoumani, qui se trouve ici à Paris, en ce moment même?
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Je vous remercie, vous et votre équipe qui gérez ce site d’information. Pour votre question, je viens d’un autre rendez-vous, qui m’est tout aussi important. S’agissant d’Azali Assoumani, je ne l’ai pas rencontré.
www.lemohelien.com: Quand les Comoriens apprendront que vous n’avez pas été reçu par Azali Assoumani alors que vous deux vous trouvez actuellement à Paris, ils vont jaser, surtout après toutes les déconvenues de Saïd Larifou. Est-ce cela, la politique?
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Non! Pourquoi? Azali Assoumani n’est pas venu en France pour nous voir et surtout alors qu’il y a des choses plus importantes pour notre pays que de me rencontrer. Quant à la personne que vous citez, elle avait été reçue à Beït-Salam et à plusieurs reprises.
www.lemohelien.com: Vous allez me faire pleurer. Oui, Saïd Larifou – dont vous répugnez à citer le nom – a été reçu par Azali Assoumani, mais il n’a pas été nommé ministre de la Justice ou «Conseiller à l’émergence verbale et dansante», comme il le souhaite.
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Voir Azali Assoumani est uniquement une forme d’aiguillage. L’essentiel est ailleurs. Être unis ou soutenir un pouvoir, c’est partager des responsabilités et il faudra des consentements des deux côtés. Il ne peut pas y avoir une relation asymétrique au sein du groupement politique dirigeant. Il n’y a pas donc de cas d’école juste, peut-être, un problème de cour et de courtisans comme dans tout pouvoir. Les gens de la cour doivent savoir que c’est en s’ouvrant aux autres qu’ils peuvent évoluer et faire évoluer les affaires de l’État et non en se renfermant.
www.lemohelien.com: Une fois de plus, vous me faites pleurer. Franchement, vous attendez quoi d’Azali Assoumani? Les courtisans défendent leur bifteck!
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Vous me surprenez! Il est le chef de l’État. Il est élu sur la base d’une attente populaire et pour nous, nous comptons sur lui pour lancer notre pays sur la voie de l’émergence.
www.lemohelien.com: Pardon? Il est élu? Mais, par qui? Croyez-vous que les magouilles des Mohéliens de Beït-Salam, le vote des morts et des absents de Moidja et de Mitsoudjé, les procès-verbaux falsifiés et faisant apparaître 1795 bulletins de vote d’origine extraterrestre, une Cour constitutionnelle corrompue, une Commission électorale achetée, un Youssoufa Idjihadi dit Youssoufa Mfamanga aux ordres, tout ça peut donner une légitimité à un putschiste borné, sans la moindre culture d’État? Votre mendicité politique est méprisable.
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Je fais comme si je n’ai pas entendu votre violente diatribe.
www.lemohelien.com: Vous avez tort, et cela ne vous honore pas, les autres mendiants non plus.
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Nous avons un grand chantier, qui nécessite l’implication de tout le monde. Ceci est d’autant plus pressant qu’il ne lui reste que 3 ans et quelques mois avant de finir son mandat. Nous attendons de lui le rassemblement de toutes les forces politiques comoriennes et de la société civile pour à la fois réaliser des assises nationales et lancer la politique de développement économique et social de notre pays, qu’il appelle «émergence». La mobilisation de tous est l’unique moyen de nous mener à réaliser pleinement les objectifs que s’est fixé Azali Assoumani. Ce rassemblement, nous osons espérer le voir avant les assises.
www.lemohelien.com: Rêvez! Ce n’est pas pour dauber sur les malheurs d’Azali Assoumani, mais le doute s’installe. Les Comoriens sont médusés en entendant de la bouche du fidèle Ali Mohamed Mahamoudou la petite phrase assassine suivante: «L’émergence en 2030, on aimerait que le Président Azali nous explique comment peut-on atteindre l’émergence à cette date». Continuez-vous à soutenir l’«émergence verbale» même après avoir entendu ça?
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: L’émergence en 2030 est possible et faisable pour les Comores. Je comprends que les Comoriens se posent des questions sur la faisabilité de cette politique de développement économique et social alors qu’il y a eu par le passé des promesses non tenues. Au fond, c’est à nous de convaincre, d’expliquer comment c’est possible. Azali Assoumani ne peut pas tout expliquer, tout faire, tout diriger. Il est le pilote, il fixe le cap – l’émergence – et il y a des copilotes, des hôtesses qui expliquent les conduites à suivre afin de mieux arriver à destination.
www.lemohelien.com: Je ne vous savais pas aussi comique. Où avez-vous vu, dans cette «Ripoux-bliquette» de famille, une seule condition favorisant une émergence? Pourquoi, vous qui étiez si sérieux avant, vous embarquez-vous dans une propagande mensongère et criminelle aussi abjecte et dégueulasse?
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Comme toujours, vous exagérez!
www.lemohelien.com: Passons. Les Comores et la France viennent de signer un accord sur la circulation entre les 4 îles de l’archipel des Comores. N’avez-vous pas le sentiment que la France évolue sur la question de Mayotte?
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: La France évolue sur Mayotte. Mais, nous faisons quoi? Je félicite les gouvernements comorien et français pour cette évolution sur la question de Mayotte. Nous devons saisir cette occasion pour renforcer la sécurité maritime. Cet accord, qui est une étape vers le retour de Mayotte dans son giron naturel, doit être respecté. Nous ne devons sous aucune prétexte, faillir à nos responsabilités. Nous devons sauver des vies de Comoriens. La France évolue sur la question de Mayotte et nous ne devons pas croiser les bras et laisser le terrain médiatique et insulaire aux séparatistes mahorais, menés par le Député Mansour Kamardine. N’oublions pas que l’ancien Président français Valéry Giscard d’Estaing a été toujours contre le séparatisme mahorais. Nos aînés ont laissé le terrain médiatique et politique au lobby séparatiste, qui a mené l’île vers la départementalisation. Nous ne devons plus refaire cette erreur.
www.lemohelien.com: Comprenez-vous la colère des Mahorais, dont celle du Député Mansour Kamardine, qui doit défendre son île?
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Ce Député fait de la comédie sur des drames humains en ayant la garantie pour lui que sa famille peut facilement aller et venir d’Anjouan vers Mayotte. Le fait de savoir que d’autres familles, d’Anjouan, de Moheli et de la Grande-Comore auront les mêmes droits que sa famille lui fait mal. C’est une colère pleine d’hypocrisie et de mauvaises appréciations de l’Histoire de notre pays. Ce Député est dépassé par le temps, qui a évolué devant, sans lui, et veut manipuler la population comorienne de Mayotte. Il faudra rassurer les Comoriens de Mayotte que le visa a été une injustice pour les Comores. Il n’est pas abrogé mais rendu gratuit afin d’éviter des prises de risques inutiles.
www.lemohelien.com: Avez-vous reçu votre invitation pour les assises de votre île de la Grande-Comore?
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Je ne cesse de vous répéter que c’est une assise nationale.
www.lemohelien.com: C’est pourquoi Mohéli, Anjouan et Mayotte n’en veulent pas? Quand vous autres acteurs politiques grands-comoriens allez-vous cesser de ramener les Comores à la seule Grande-Comore? Arrêtez! Arrêtez la sinistre farce. Nous n’aimons pas.
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Vous êtes un séparatiste! En tout état de cause, notre parti, le Parti Comores Alternatives (PCA), participe avec d’autres groupements politiques aux préparatifs de ces assises. Notre parti politique, donnera une contribution globale sur les différentes thématiques, sous forme d’un livre. Vous êtes aussi invité à donner votre position et faire profiter vos idées à votre pays. Il ne faut pas laisser les autres décider à votre place.
www.lemohelien.com: Vous rigolez? Vous me voyez assis aux côtés de ces gens haineux et bornés? Vous me voyez assis aux côtés des voleurs et des tortionnaires du passé qui jouent aux âmes charitables aujourd’hui? Entre nous, je n’ai que du mépris pour ces gens-là. Je le dis haut et fort, et je l’assume. Ce sont des gens méprisables. Il n’y a pas parmi eux un seul sans son passé de voleur d’argent public. Donc, ça sera sans moi. Je n’aime pas les voleurs.
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Vous êtes un radical. Le mal ne domine que lorsque le bien se cache et s’enfouit sous terre. Chaque fois qu’on éteint la lumière, quelle que soit la raison, on aura l’obscurité, qui n’est qu’une autre forme de la barbarie. Amenez votre lumière, même si c’est une bougie. Ça sera meilleur pour le pays. Notre pays vient de loin, mais il a su nous éduquer, nous former, et il est de notre devoir individuel de le servir au prix de notre vie.
www.lemohelien.com: Continuez à rêver. La position honorable et courageuse adoptée par le Gouverneur d’Anjouan au sujet de ces assises de la Grande-Comore ne vous fait-elle pas peur, à un moment où nous nous acheminons vers l’implosion des Comores?
Saïd-Ahmed Saïd-Abdillah: Nous avons un devoir de favoriser l’unité de notre pays et rien d’autre. Ceci est valable pour tous, surtout pour nos dirigeants de l’Union et des îles. Toute politique tendant à favoriser le séparatisme, quelle que soit sa forme est condamnable. Je pense que l’avantage qu’on aura de ces assises est de clarifier ou de supprimer certaines confusions. Ce sont ces confusions, surtout institutionnelles, qui vous font peur sur une possible implosion de notre archipel. Je peux vous assurer que les Comores resterons unies et il n’y aura jamais d’implosion sauf pour ceux qui veulent se faire imploser eux-mêmes. Les assises n’empêchent pas les îles d’y participer, et elles seront les bienvenues.
Propos recueillis par ARM
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© www.lemohelien.com – Jeudi 28 septembre 2017.
