À la Réunion, l’homme d’État redonne le sourire aux Comores
Par ARM
Ambassadeur de France aux Comores de 1983 à 1987, Alain Deschamps est l’un des meilleurs connaisseurs des mœurs politiques peu orthodoxes des Comores. Sans doute, l’un de ses mots les plus emblématiques et les plus justes sur les Comores est celui-ci: «Dans le microcosme comorien, prétend-on, tout se sait, ce qui ne se sait pas s’invente et ce qui s’invente à force d’être répété devient vrai»: Alain Deschamps: Les Comores d’Ahmed Abdallah. Mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe, Karthala, Collection «Tropiques», Paris, 2005, p. 87. En d’autres termes, aux Comores, quand on ne sait pas, on affabule et on invente des choses, et le mythomane finit par croire à ses propres mensonges. C’est ce qui se passe au sujet de l’incident diplomatique survenu le samedi 3 août 2015 sur l’île française de la Réunion, quand la délégation sportive de Mayotte a défilé avec le drapeau français, alors que la Charte olympique l’interdit. Pour marquer sa désapprobation, l’Union des Comores a franchi un pas que n’avait pas osé sauter Ahmed Sambi quand, en 2009, un référendum pour la départementalisation a été organisé à Mayotte, et quand, en 2011, Mayotte fut transformée en département français: le rappel de l’Ambassadeur des Comores à Paris «pour consultation» et la convocation de l’Ambassadeur de France à Moroni au siège du ministère des Relations extérieures pour une protestation diplomatique. Les athlètes comoriens ont quitté les jeux et sont rentrés aux Comores. Côté comorien, l’homme qui gère cette crise diplomatique n’est autre que Hamada Madi Boléro, le Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense. Pourtant, ses ennemis feront tout, par jalousie, mauvaise foi, duplicité et haine, pour non seulement renier ses mérites, mais en plus, pour le rendre responsable de la crise, allant jusqu’à l’accuser d’avoir été au courant que la délégation mahoraise allait défiler avec le drapeau français, d’avoir cautionné l’opération et d’avoir nié le fait que les athlètes mahorais aient défilé avec le drapeau français. Aujourd’hui, rares sont ceux qui reconnaissent au gouvernement du mérite dans cette affaire. Mais, comme nous dit le très beau proverbe grand-comorien, «qui déteste quelqu’un n’a jamais manqué de mauvais surnoms à l’affubler».
Or, balayant d’un revers de main les mensonges de ses ennemis héréditaires au cœur noyé dans la haine et à l’âme détruite physiquement et sentimentalement par une détestation morbide, Hamada Madi Boléro, qui sait ce qu’est un État, contrairement à ses ennemis, ne s’est pas accordé un seul instant de répit. En effet, Après l’incident diplomatique du samedi 1er août 2015, et alors que les Comores étaient retenues pour organiser les Jeux des Îles de l’océan Indien en 2019, Maurice n’était pas loin de se voir attribuer l’organisation de ces jeux. En vérité, selon les textes, les Comores n’étaient pas prêtes et n’étaient pas capables de présenter toute la documentation technique qu’il faut à l’heure indiquée (ce samedi 8 août 2015 avant 9 heures). Cependant, sous la houlette du Président Ikililou Dhoinine, des gens sérieux s’étaient engagés dans un combat diplomatique et olympique homérique qui semblait perdu d’avance. Il fallait un bon négociateur pour défendre le dossier comorien.
Et le gouvernement comorien, comme toujours en pareil cas, a décidé d’envoyer au charbon son «éternel premier de la classe», Hamada Madi Boléro, et c’est ainsi que «le meilleur d’entre nous» est arrivé en catastrophe vendredi 7 août 2015 à Saint-Denis de la Réunion pour tenter d’obtenir pour les Comores l’organisation des Jeux des Îles de l’océan Indien en 2019, alors que la situation ne se présentait pas sous les meilleurs auspices. Il a fallu batailler, et Hamada Madi Boléro a livré une bataille diplomatique qui a permis aux Comores de réussir l’exploit! Dès le départ, il a tout fait pour obtenir le soutien de certains États comme Madagascar, dans une guérilla diplomatico-olympique qui s’annonçait rude! En homme d’État connaissant son affaire, il a misé sur l’angle diplomatique et sur le côté sentimental et affectif de la chose, réussissant son exploit, que ses ennemis feront tout pour taire! Dans la matinée de samedi 8 août 2015, il avait déjà commencé à faire monter la pression en prononçant à la Réunion un discours tant attendu devant le Comité international des Jeux des Îles de l’océan Indien (CIJ), dont voici la teneur:
Mesdames et Messieurs, membres du Comité international des Jeux,
Je voudrais tout d’abord user de cette belle opportunité pour remercier les autorités françaises dans l’île de la Réunion, notamment la Préfecture, pour les dispositions pratiques qu’elles ont mises en place et qui ont fait de l’accueil qui m’a été réservé, très chaleureux. Aussi, aux autorités sportives des pays qui prennent part aux 9èmes jeux de nos belles îles de l’océan Indien, j’adresse mes très sincères remerciements. Et enfin, permettez-moi de vous remercier, vous membres du CIJ de m’avoir accordé ce temps précieux dont j’espère ne pas abuser, pour vous adresser un message de solidarité des autorités de mon pays.
Mesdames et Messieurs,
Nos États, en adhérant au Comité international des Jeux, ont fait leurs les principes que sont «Instauration de l’amitié et de la compréhension mutuelle entre les peuples des îles de l’océan Indien», «Contribution à la coopération régionale pour le développement du sport dans la région, notamment pour l’organisation des jeux» et «Mise en œuvre des politiques pour établir une solidarité entre les îles de l’océan Indien». C’est donc forts de ces principes que tous les quatre ans, vous attribuez à l’une des îles de l’océan Indien, membre à part entière, l’organisation des jeux. Le faisant, vous vous appuyez certainement sur les capacités techniques réelles du pays hôte à les organiser. Vous vous intéressez sûrement aux engagements pris par le pays organisateur afin de vous assurer de la réussite de votre mission principale qui est «la réalisation des objectifs des jeux des Îles de l’océan Indien, notamment leur organisation».
Cependant, Mesdames et Messieurs, pour nous, dirigeants politiques de nos Îles de l’océan Indien, dans un monde où il est de plus en plus difficile et même impossible de vivre en autarcie par rapport à son environnement immédiat; dans un monde où la solidarité s’est confirmée comme aussi un facteur de stabilité et un élément essentiel à la sécurité; dans un monde où la confiance, la tolérance et le respect vis-à-vis de l’autre font désormais partie du quotidien des peuples; dans un monde où la finance seule ne suffit pas pour créer à elle seule les conditions d’une vie harmonieuse, nous vous demandons de tenir compte justement des engagements, des volontés manifestes mais surtout de la détermination des citoyens et des autorités de nos États-Îles.
Je suis venu vous dire, Mesdames et Messieurs, que les autorités comoriennes, à commencer par le Président de la République, le Docteur Ikililou Dhoinine, le peuple comorien dans son ensemble, les principaux partenaires des Comores, se sont engagés à réussir l’organisation des Jeux des Îles de l’océan Indien, édition 2019. Nous pensons et sommes persuadés que grâce à ces Jeux des Îles de l’océan Indien, nos athlètes ont découvert avec joie, au moins une fois, la beauté de l’île Maurice avec son lagon inimitable et sa côte bordée de plages au sable fin, mais aussi ses splendides paysages intérieurs et une extraordinaire diversité culturelle et un peuple accueillant. Aussi, à coup sûr, ils ont été ravis de poser leurs pieds dans l’île continent, au moment des Jeux des îles de l’océan Indien, chez notre grand voisin qui fait notre fierté indo-océanique tant sa faune est si variée que spéciale et son peuple très fier d’être malagasy. Nos athlètes ont été incontestablement éblouis en découvrant les Seychelles, ces îles innombrables, les unes ressemblant aux autres mais simultanément différentes des autres, vous laissant toujours un goût d’inachevé même après avoir passé des années dans ce pays parce que vous n’auriez pas pu appréhender la beauté des paysages, les plages, les anses, le rythme de vie de ces 115 îles qui font notre fierté en tant que pays et îles de l’océan Indien.
Et enfin, vous voici, en dépit de tout ce qui s’est passé, dans l’île de la Réunion, et nos athlètes se sont certainement rendu compte que cette île constitue bel et bien notre trait d’union, et ceci dans vraiment tous les domaines. De fortes communautés malgaches, mauriciennes, seychelloises, comoriennes et j’en passe, y vivent en véritable harmonie avec les Réunionnais. La Réunion, une terre au relief escarpé, travaillé par une érosion très marquée au fil des siècles. Dites à nos athlètes, après les compétitions d’aller voir que l’interface entre terre et mer peut être tantôt abrupte et rocheuse, tantôt plate et sablonneuse. Une multitude de paysages incroyables: montagnes, cirques, plages, forêts, savanes. Un panorama qui fait le bonheur de tous ceux qui veulent toujours découvrir quelque chose.
Mesdames et Messieurs,
Convenez avec moi que pour vous tous, l’envie, le désir de découvrir les Maldives avec leur beauté naturelle ainsi que les îles de l’océan Indien les plus proches du continent africain, vous hantent d’autant qu’au nom des sportifs de mon pays, l’Union des Comores, je vous y invite dès 2019. Nos sportifs vont découvrir que malgré la petitesse de nos îles, c’est aux Comores qu’on trouve le volcan qui a le plus grand cratère du monde, le Karthala. Pour les Comoriens que nous sommes, le luxe n’est pas une question de pouvoir, d’image ou d’argent. Le luxe, c’est du temps. C’est l’insistance sur l’objet visité. Donnez-nous la chance de vous le prouver. Puisque tous les Comoriens ont intégré l’idée selon laquelle en 2019, nos voisins immédiats seront chez nous, alors le pays entier s’y prépare. Les autorités actuelles ainsi que celles de demain, tout le monde s’y prépare, Mesdames et Messieurs. Même nos partenaires avec lesquels nous sommes presque à la fin des discussions pour la construction de certaines infrastructures nécessaires aux jeux, sont déterminés.
C’est pourquoi, Mesdames et Messieurs les membres du CIJ, aujourd’hui, les Comoriens attendent beaucoup de la fin de votre réunion et, bien sûr, je suis ici au nom du gouvernement de mon pays, pour ramener le flambeau à Moroni en attendant les prochaines évaluations des experts de notre organisation.
Il serait maladroit de ma part de clore mon propos sans parler succinctement des raisons pour lesquelles mon pays a pris la très grave décision de quitter les Jeux avant de les avoir entamés. Si aujourd’hui, malgré les velléités de certains membres de la communauté des nations que nous sommes, le monde est arrivé à éviter le pire, c’est parce que les Nations Unies et les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité veillent au respect et à l’application des normes régissant la vie internationale, mettant de côté les intérêts particuliers des uns et des autres.
Nos jeux sont donc régis par une Charte qui, d’ailleurs, vous permet de vous réunir ce matin ici à Saint-Denis et c’est justement cette Charte qui fut transgressée lors de la cérémonie d’ouverture des jeux. Et c’est dans le dernier paragraphe de l’article premier de la Charte qu’est défini son rôle: «La Charte des Jeux des Îles de l’océan Indien est la codification des principes fondamentaux, des règles et des textes d’application. Elle régit l’organisation et le fonctionnement du CIJ et les relations entre les membres. Elle fixe les conditions de la célébration des Jeux des Îles de l’océan Indien».
L’argument selon lequel mon pays aurait été averti, nous n’avons jusqu’au jour d’aujourd’hui retrouvé l’averti et l’avertisseur, d’autant que si ça aurait été le cas, là, la situation serait pire puisque ce serait, en Droit en tout cas, une «violation préméditée en association des États» et donc doublement condamnable! Non et non, mon pays n’a jamais été informé de l’intention d’une des parties signataires de la Charte de son intention de la violer, et nous demandons officiellement que cela nous soit prouvé!
Mesdames et Messieurs, je vous affirme ici que nous ne sommes pas face à l’épineuse question de la décolonisation de mon pays. Nous sommes devant une question très simple: allons-nous continuer à violer nos propres textes? Parce que la question de la décolonisation de l’archipel des Comores n’est ni à votre niveau des jeux, ni à celui de la COI mais à l’ONU, au Conseil de Sécurité. Si nous sommes bloqués c’est parce que un des protagonistes a mis son véto. Et vos pays en tant que membres des Nations Unies et de l’Union africaine pour Maurice, Seychelles et Madagascar, vous connaissez très bien la position de ces instances par rapport à cette question.
Ce qui nous a préoccupés Mesdames et Messieurs, c’est qu’entre les Comores et la France, il y a suffisamment de cadre bilatéral approprié et agréé par nos deux pays pour en discuter avant d’en faire part au multilatéral, et que nous pensions et croyions que cela était une bonne chose, mais que nous nous questionnons depuis ce qui s’est passé, sur l’opportunité d’en continuer. Heureusement, face à cet incident diplomatique malheureux qui a eu lieu ici, j’ai pu tester et me rendre compte hier lors de ma rencontre à la Préfecture avec le Préfet de la Réunion ainsi que par la réponse donnée par le Quai d’Orsay lors du point de presse du 5 août dernier, de la position de la France qui est «attachée à notre relation bilatérale et qui poursuit avec l’Union des Comores, un dialogue sur tous les sujets d’intérêt commun», et j’espère le respect retrouvé, nos deux pays vont aller vers l’apaisement nécessaire pour la consolidation de l’amitié et de la coopération dans notre zone.
Alors bien évidemment, votre instance va devoir vite décider d’un cadre où nous allons recréer la sérénité nécessaire pour la réalisation des objectifs nobles pour le sport dans notre espace indo océanique.
Tout en renouvelant mes remerciements de l’accueil qui m’a été réservé à la fois par les autorités françaises et réunionnaises ainsi que les amitiés formulées et par vous, le CIJ, je vous souhaite d’excellents débats, je vous remercie de votre très aimable écoute.
Fin du discours de Hamada Madi Boléro.
Maintenant que Hamada Madi Boléro a obtenu l’organisation des Jeux des Îles de l’océan Indien en 2019 par les Comores, il est attendu de ses pires ennemis les attaques les plus viles et les plus basses, celles qui caractérisent mieux leurs relations haineuses avec lui.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 8 août 2015.