À la recherche de l’unité nationale

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Appel à contribution pour le mouvement Wanatsi

Par Fahoudine Ahamada-M’zé

1.- Présentation du mouvement Wanatsi

   Wanatsi est un regroupement de citoyens comoriens autour d’un objectif commun qui est de construire collectivement un mouvement de pensée pour aider à la compréhension de ce que nous sommes, participer activement à la construction de la société de demain, et produire des manières inédites et originales de faire advenir cette société.

   Nous sommes convaincus que la première tâche qui incombe à chaque génération est de construire une société (théorique ou pratique, réelle ou imaginaire) au sein de laquelle nous aurons réussi en tant que peuple comorien à résoudre la plus grande énigme de notre espèce: la construction de notre vivre ensemble. La société, en tant que système, dont l’existence nécessite la collaboration des éléments qui la constituent, pose naturellement la question de l’utilisation des richesses sociales, au travers d’activités qui relèvent toutes d’une production collective de nouvelles manières de vivre. Toutes les sociétés de l’Histoire sont la mise en pratique d’une conception du vivre ensemble, des critères de sa détermination et des manières légitimes d’en tirer profit.

   Du point de vue de la construction de ce vivre ensemble, nous sommes tous, à notre manière singulière, détenteurs et bénéficiaires d’une richesse socialisée, de capacités individuelles et socialisés, qui font de chacun d’entre nous un élément constitutif d’un tout. Cette situation existentielle entraîne une série de responsabilités qui incombent à chacun face à soi, à chacun face à tous et à tous envers chacun, en ce qui concerne la manière toujours politisée d’utiliser la richesse collective. À chaque niveau de responsabilité, tout ce que nous pouvons demander à nous-mêmes et à autrui, est de faire au mieux selon les moyens personnels et sociaux à notre disposition pour contribuer à la construction et à la conservation du bien commun.

   En conséquence de quoi, chacun se trouve dans la situation de devoir conjuguer ses intérêts personnels, les intérêts de la société et les intérêts d’autrui, pour rendre le vivre ensemble possible par l’accomplissement de la société et des individus qui la composent. Dans cette visée, nous ne devons pas oublier que, d’une part, l’individu n’est pas accessible sous sa forme pure, car ce dernier porte en lui, la nécessaire existence d’une collectivité socialisée comme condition de son existence. Et d’autre part, nous ne devons oublier qu’aucun accès direct à la société en tant qu’entité indépendante des personnes qui la constituent n’est pas possible: l’existence d’individualités ou de particularités propres à des entités théoriquement indépendantes les unes des autres et du tout, est une condition d’existence de la collectivité.

   À partir de là, nous pensons que chaque citoyen comorien est légitime pour proposer sa vision singulière des Comores pour la construction de notre société autour d’une certaine conception commune du vivre ensemble à construire.

   Notre responsabilité en tant que mouvement est de veiller autant que faire se peut à ce que ces conceptions personnelles soient mises en débat en les ancrant dans trois temporalités qui nous permettrons de dépasser les obstacles rencontrés au présent dans la construction de notre société. Nous devons, d’abord, interroger ces visions par rapport à notre Histoire nationale parce que, ce qu’est le Comorien aujourd’hui est indissociable de ce qu’a été le Comorien d’hier, ses ressources ne sont pas étrangères aux ressources mises à sa disposition par les Comoriens qui l’ont précédé. Ensuite, nous devons ancrer ces visions dans notre vécu de Comoriens, ici et maintenant, parce que c’est le Comorien d’aujourd’hui qui rencontre les difficultés qu’il faut surmonter. De plus, il est le seul en mesure de résoudre ses problèmes. Enfin, ces visions doivent être orientées vers demain, parce que par notre action présente nous fabriquons des possibilités futures, nous posons un cadre pour les générations à venir.

   Ce mouvement se donne donc pour objectif de participer d’un point de vue théorique et idéologique à l’émergence de nouvelles conceptions de notre destin en tant que peuple, conceptions qui font cruellement défaut dans le débat public, intellectuel et politique, afin que l’ensemble du peuple comorien sur tous les territoires puisse prendre conscience de ce que nous sommes, de ce que nous pouvons devenir et des moyens d’y parvenir.

2.- Présentation du site

   Le site internet qui sera l’organe visible de la réflexion du mouvement est en cours de construction. Il ne s’agit pas d’un journal d’actualité mais d’un espace de réflexions engagées sur notre vivre ensemble en tant que Comoriens. Nous avons décidé de faire cohabiter tous les modes d’expressions possibles (textes, vidéos, audio, photos, dessins, etc.).

   Il ne s’agit pas d’un site à vocation scientifique, sans exclure les textes à caractère scientifique. Dans tous les cas, nous avons besoin de textes engagés dans le monde et non de textes qui pensent le monde hors de lui. Nous ne cherchons pas la vérité scientifique ou universelle sur les Comores, mais la vérité de chacun sur sa vision des Comores. Ce n’est que par la mise en débat de toutes ces visions personnelles qu’une vision collective des Comores peut émerger. Pour ce faire, tous les quatre mois, nous proposerons un thème qui sera traité en deux temps. Durant les deux mois après la publication sur le site, les textes sont mis en débat pour aboutir au bout des deux mois à une synthèse, qui peut être faite par l’auteur. La mise en débat des textes d’ouverture a vocation à passer par de multiples moyens. En fin de compte, il s’agit d’apporter un nouveau regard sur les textes d’ouverture au travers de manifestations multiples et variées, par exemple, par l’organisation de débats, par des interviews de personnes anonymes ou de personnes moins anonymes, voire de l’auteur du texte.

   L’objectif du site pour le mouvement à long terme est de permettre la préparation de la première conférence, ou assise, des Comoriens dans trois ans. Cette conférence des Comoriens se déroulera en plusieurs étapes: d’abord, les assises des Comoriens de l’extérieur, ensuite, les assises des Comoriens de l’intérieur et enfin les assises qui regroupent les deux.

   Le premier thème: «À la recherche de l’unité nationale».

   Pour le lancement du site, nous souhaitons reposer la question de l’unité nationale comorienne: la notion de peuple comorien a-t-elle une pertinence historique, anthropologique et politique? Sur quelles bases repose l’unité à partir de laquelle parler politiquement d’un État comorien devient-il pertinent?

   Depuis la déclaration unilatérale d’indépendance, les régimes politiques se succèdent à la tête de l’État. Chaque acteur politique qui souhaite diriger le pays monte un micro-parti et se lance dans un exercice d’équilibriste pour démontrer sa légitimité pour le poste. Cependant, ces exercices d’équilibristes ne laissent que très peu de place aux réelles questions que le peuple comorien doit traiter pour la construction de son unité nationale. De notre point de vue, l’aspect politique de la question n’a même pas été effleuré.

   Reposer la question de notre unité en tant peuple nécessite de se demander si cette succession de régime suit une logique nationale motivée par une vision des Comores ou s’il s’agit, comme beaucoup le disent, d’une manière habile utilisée par des régimes politiques étrangers pour installer leur propre conception des Comores, avec la collaboration active d’une certaine élite comorienne.

   Pour ouvrir le débat, nous tenterons de répondre à une première série de questions: sur quels socles repose la légitimité de l’État comorien? Peut-on ou doit-on parler d’un État comorien indépendant? Cette légitimité est-elle basée sur le peuple? Et dans ce cas, comment définir le peuple comorien? Cette légitimité est-elle fondée sur le territoire? Et dans ce cas, quelle est la place des Mahorais au sein de ce peuple? L’ouverture du débat sera introduite par:

  • Un texte sur l’aspect anthropologique du débat: peut-on parler d’un peuple comorien?
  • Une interview (vidéo ou audio): témoignage sur la déclaration unilatérale d’indépendance.
  • Un texte autour des rapports entre la langue ou les langues et l’unité nationale: la construction de l’unité nationale exige-t-elle l’existence d’une unité linguistique?
  • Un texte sur la littérature comorienne: peut-on parler d’une littérature comorienne ? Quel imaginaire social pour cette littérature?
  • Un texte sur la spécificité de l’art comorien: peut-on parler d’un art comorien? Quel est l’état général de cet art?
  • Une analyse de la société comorienne sur l’ensemble du territoire tel que défini par la Constitution: comment s’organise la société traditionnelle dans chaque île? Quelles conséquences pour notre unité nationale?
  • Un décryptage de l’épisode séparatiste qui a entraîné l’institution de l’Union des Comores.
  • Une analyse politique de la présidence tournante: le rapport entre ce système politique et la citoyenneté. Quelles conséquences pour l’unité nationale?
  • Deux textes sur la vie de la diaspora historique à Zanzibar et à Madagascar: quelles conceptions de l’unité nationale au quotidien?
  • Un article sur les possibles rapports entre le numérique et la construction de notre unité eu égard à la dispersion géographique des Comoriens: dans quelle mesure internet peut-il être un outil pour rassembler le peuple comorien?
  • Et enfin, un article sur la situation politique de Mayotte: un destin commun est-il encore possible pour le peuple comorien entendu comme étant réparti sur les quatre îles?

   Nous acceptons aussi les contributions sur un aspect du thème qui ne figure pas dans cet appel, ainsi que les textes collectifs ou d’organisation, à condition que l’important soit mis sur la mise en débat et non sur une simple volonté de propagande.

3.- Les détails techniques sur les textes

   Les textes ne doivent pas dépasser 60.700 caractères, espaces compris, ce qui revient à environs 17 pages au maximum. Texte au format Times new roman de taille de caractère 11. Ils doivent être accompagnés d’une brève présentation de l’auteur et d’un résumé du texte, ou présentation s’il s’agit d’un autre support. Le résumé ou la présentation ne doivent pas dépasser 2.000 caractères, espaces compris. Si possible et souhaité joindre une photo de l’auteur ou d’illustration. Le dernier délai pour l’envoi des textes au format numérique à l’adresse wanatsiwachicomori@gmail.com est fixé au 15 septembre 2015.

   Nous espérons compter sur votre aimable collaboration et restons à votre disposition.

Fahoudine Ahamada-M’zé

Pour le mouvement wanatsi.

wanatsiwachicomori@gmail.com

Facebook: wanatsi wachicomori

© www.lemohelien.com – Vendredi 7 août 2015.


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