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Double langage et duplicité d’Ali Soilihi sur Mayotte

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Double langage et duplicité d’Ali Soilihi sur Mayotte

Un pyromane voulait se transformer en sapeur-pompier

Par ARM

     Ali Soilihi aimait exagérer. Il n’avait commis aucune faute; tout était la faute des autres. Pour lui, «l’enseignement colonial» était un crime sauf celui qu’il avait reçu, lui. Pour lui, toute expérience professionnelle acquise dans une administration française était un crime, sauf la sienne. Il a été parmi les Grands-Comoriens et Anjouanais ayant humilié, méprisé et privé Mayotte de tout, soutenant le racisme et le chauvinisme de Saïd Mohamed Cheikh et Ahmed Abdallah Abderemane, dont il était un pilier très solide, disant s’en désolidariser par la suite.

Dans l’interview accordée à Félix Germain et publiée dans les numéros des 8 et 12 septembre 1975 du journal Libération, il crânait en ces termes: «Depuis plus de dix ans, l’erreur du clan “vert” a été de vouloir imposer à Mayotte un groupement en y mettant les moyens contre la majorité qui soutient le Mouvement populaire mahorais. Le 6 août, je suis arrivé à Mayotte et j’ai rencontré Marcel Henry, que je connais de longue date, lui et le Conseil de son mouvement semblaient d’accord pour collaborer avec nous. Mais le lendemain, malgré ses promesses, Henry a fait un discours très dur contre nous, qui m’avait fait un coup. On dira que je suis un idéaliste, mais je crois à la parole des amis, et si on ne peut plus croire les gens, inutile de continuer. Je suis donc retourné les voir. Je voulais avoir dans l’exécutif provisoire Christian Novou, ingénieur des Travaux Publics, membre du MPM, mais aussi quelqu’un de l’autre bord. Ils ont délibéré et donné leur accord. Aujourd’hui, pour la première fois, Mayotte est représentée dans un exécutif comorien. À l’égard du Mouvement mahorais, nous procédons à l’inverse du clan “vert”, de Saïd Mohamed Cheikh à Ahmed Abdallah. Ce clan avait considéré une fois pour toutes que Marcel Henry et les autres étaient des gens de mauvaise foi, que la discussion était impossible avec eux. Ce jugement les a amenés à essayer de créer un noyau de leur parti à Mayotte, qu’ils ont essayé de faire vivre par tous les moyens… Nous nous sommes dit: après dix ans d’expérience sur cette voie, puisque le MPM demeure aussi vivace, avec un pourcentage de voix apparemment important, il est peut-être possible de discuter avec eux».

Parmi les libertés prises avec la vérité par Ali Soilihi, il y a le fait que depuis les années 1960, dans l’exécutif comorien, il y avait un Mahorais; il n’est le premier à en avoir nommé.

Mais, il y a pire. Feuilletons le document officiel intitulé: République française. Territoire des Comores: Procès-verbaux des séances de la Chambre des Députés des Comores. Session ordinaire du 14 au 18 avril 1969. Nous choisissons les pages 64-84, correspondant à la séance du 16 avril 1969. Eh bien, Ali Soilihi avait joint sa voix à celles de Saïd Mohamed Cheikh, Ali M’Lahaïli, Mikidache Abdou Rahim et Mohamed Ahmed pour condamner à mort Mayotte. Dans la condamnation à mort qu’il avait prononcée contre Mayotte, il avait préconisé le parti unique aux Comores avant leur accession à l’indépendance pour empêcher les Mahorais de s’exprimer, et cela, en violation de la Loi française.

Ali Soilihi, Grande-Comore: «Nous venons d’entendre l’intervention de M. Younoussa Bamana, qui est une série de revendications, et une partie contient un certain nombre d’arguments contre le texte qui nous est soumis. S’agissant du tableau de revendications économiques et sociales, on s’étonne qu’il soit présenté aujourd’hui; en fait, je pense qu’il est assez malvenu», «Car, depuis 1966, nous avons été quelques-uns ici, au sein de la Chambre, à essayer d’amener les Députés de Mayotte au dialogue, à leur faire exposer les problèmes dans un système au sein de l’autonomie interne et dans le système normal, discuter entre élus. Chaque fois, dès le départ, ils se sont dérobés, en présentant l’objection de la départementalisation et du séparatisme. Aujourd’hui, le tableau qui est présenté nous parle d’injustice, nous parle de revendications économiques et sociales, et nous autres, nous sentons là un fléchissement de la politique qui a été menée par les camarades de Mayotte depuis deux ans».

Ali Soilihi pontifie encore: «Je disais que nous aurions préféré que ces revendications, justifiées ou injustifiées, nous soient présentées il y a déjà deux ans au lieu de cela constamment. Il nous a été fait le barrage du séparatisme, le barrage de la départementalisation, et le dialogue n’a jamais pu se nouer même avec les quelques-uns parmi nous qui étions vraiment de bonne volonté, qui voulions que les problèmes se discutent ensemble; même s’il y a une opposition, que les problèmes se discutent ensemble au sein du système d’autonomie interne et dans un pays uni. J’ai été, mon cher Younoussa, dans pas mal de villes d’Afrique Noire, ces derniers temps, et j’ai réalisé à quel point la construction nationale posait de multiples problèmes. Du coup, j’ai réalisé pourquoi la plupart des pays africains avaient adopté le système de parti unique, alors que sur le plan de la formation que nous avons reçue, qui est une formation occidentale, nous étions a priori contre cette façon de faire. Je dis donc qu’en conduisant, en assumant le destin d’une multitude de tribus, d’une multitude de catégories sociales, dont il faut assurer l’avenir économique, l’avenir social, il était nécessaire de faire le barrage le plus complet à tout esprit de subversion, à tout esprit de division.

      Nous avons vu depuis 1966 de nombreux indices, des éléments qui ont montré qu’à Mayotte, il n’y avait pas seulement une opposition normale, il faut être honnête là-dessus. L’opposition de Mayotte n’est pas normale; d’ailleurs, les déclarations faites par les Députés ne sont pas nettes. Ici même à la Chambre et en Commission, on nous dit: “Nous ne discutons pas avec le reste, nous voulons être séparés du paysˮ. À partir de ce moment-là, les arguments que développe M. Younoussa contre ce texte prennent une allure tout à fait impossible à défendre, parce qu’on sent là même que ce que vous voulez, vous cherchez, vous Députés de Mayotte, c’est que ça permette aux uns et aux autres, à ceux qui veulent détruire l’autonomie interne d’agir en toute liberté, sans être sanctionnés; cela n’est pas possible», «D’ailleurs, les arguments qui sont développés, ce n’est pas la peine de les discuter parce qu’on sait très bien (même si on ne le sait pas, on le soupçonne), et le Conseiller technique, le grand vendeur de marchandises est certainement à la base. Nous aurions préféré discuter en présence de celui qui a trouvé ces arguments». (Très vifs applaudissements).

Les crâneries d’Ali Soilihi continuent: «Des problèmes économiques et humains se posent dans chaque île, dans chaque canton, dans chaque village. Ils ne résolvent pas par des brandissements de drapeaux ou des cris; ils se résolvent autour d’une table, dans une discussion positive et réaliste. À vrai dire, dans toutes les îles, tous les cantons, des problèmes se posent, mais à Mayotte, les problèmes économiques sont à l’arrière-plan. La vérité, il ne faut pas essayer de la contourner; il y a un préalable politique à Mayotte, et c’est ça le problème; alors que les trois îles ont délibérément choisi l’autonomie interne, Mayotte, elle, en présence de nous aussi, bien qu’à la Chambre, Mayotte a déclaré opter pour la départementalisation. Le problème réel est là, et tant que ce préalable n’est pas tranché, il est inutile de discuter des routes de Pamandzi ou je ne sais quoi; le préalable est là; ou bien les dirigeants de Mayotte prennent conscience de ce que les Comores ont opté pour l’autonomie interne et font une déclaration publique comme quoi Mayotte suit Mayotte, ou il n’y a pas de dialogue possible». (Très vifs applaudissements).

Dans une très belle complicité, Ali Soilihi parlait après Saïd Mohamed Cheikh, et quand celui-ci injuriait et menaçait Younoussa Bamana et les autres Mahorais, en aucun moment, Ali Soilihi n’a protesté. Il a soutenu Saïd Mohamed Cheikh, son compatriote insulaire.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 12 juin 2023.


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