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«Ce pilote est incompétent. Il aurait dû atterrir par ici»

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«Ce pilote est incompétent. Il aurait dû atterrir par ici»

Des Comoriens «compétents et experts» en tout, en veux-tu, en voilà

Par ARM

     Une scène bien comorienne. Imaginez-la. Elle a eu lieu le dimanche 25 octobre 2015 dans un avion parti de Mohéli et devant atterrir à l’aéroport de Hahaya, en Grande-Comore. À l’arrière se trouvait un couple de jeunes Mohéliens. Venu logiquement du Sud de la Grande-Comore, l’avion fit un petit détour pour atterrir du côté Nord de l’Aéroport, naturellement pour tenir compte des conditions météorologiques du moment, comme cela se fait dans tous les aéroports du monde, sauf s’il s’agit d’atterrir en catastrophe sur un champ de patate du Mato Grosso. C’est alors que, médusés, les yeux hors de la tête, les passagers de l’avion entendirent l’homme du couple mohélien déclarer le plus sérieusement du monde: «Ce pilote est incompétent. Il aurait dû atterrir par ici. Pourquoi se croit-il obligé de faire comme s’il allait vers Mitsamiouli avant de revenir sur la piste du côté Nord? L’autre jour, un autre pilote a fait atterrir l’avion directement du côté Sud, du côté de Moroni, donc, sans faire semblant d’aller vers Mitsamiouli». Face à l’étonnement plus manifeste affiché par son cousin – qui a passé quelques décennies à l’étranger – et voisin dans l’avion, un passager prit une profonde inspiration avant de dire: «Frère, ne sois étonné de rien dans le pays des “je connais toutˮ. Ici, chacun est spécialiste et expert en tout. Ne ris pas. Tu te souviens de M…, avec qui nous étions élèves au Lycée de Fomboni? Eh bien, notre homme était à Madagascar, où il était devenu le plus grand sorcier de la Grande Île. Oui, oui. Tu as bien entendu, tu as bien compris. M… s’était autoproclamé sorcier à Madagascar et vivait grassement sur le dos de ses victimes, alors qu’il ne connaît rien en sorcellerie. Comme il est comédien de naissance, il faisait les choses en grand. Il paraît qu’il portait des talismans partout, un grand turban et un attirail tout simplement ahurissant, loufoque et hallucinant. C’est un exemple parmi tant d’autres. Aujourd’hui, aux Comores, personne ne prononce les mots “Je ne sais pasˮ. Tout le monde connaît tout. Tu as entendu ce garçon qui donnait des cours de pilotage au pilote de l’avion? Alors, tu dois savoir qu’il n’a jamais été plus loin que la Grande-Comore, qu’il n’est jamais entré dans un cockpit et qu’il ne connaît rien en pilotage. Mais, comme dans ce pays, chacun peut parler pour dire n’importe quoi, il parle comme tout le monde et dit n’importe quoi comme tout le monde. La vantardise de certains est allée tellement loin qu’aujourd’hui, des profanes donnent des cours de Droit aux vrais juristes. C’est la fin des haricots».

     Le voyageur qui a reçu ce nouveau cours sur les manières de faire des «Comoricains» n’était pas au bout de ses surprises parce que, une fois arrivé à Moroni, il apprend de l’une de ses vieilles connaissances ce qui suit: «Ma femme, originaire du Canada, était au Maroc pour me rendre visite. La première remarque qu’elle me fit sur les Comoriens est: “Tous les Comoriens sont des juristes autoproclamés et des spécialistes également autoproclamés en Science politique. Tous les Comoriens rencontrés ici, qu’ils soient juristes ou non, spécialistes en Science politique ou non, ne parlent que de Droit et de Science politique, même si, question raisonnement, on sent que c’est très loin d’être brillant et sérieux. C’est très limite. Il n’y a que du rafistolage juridique et politique dans tout ça. C’est aberrant et honteux. S’ils pouvaient se taire. Ils me soûlentˮ». Donc, même les étrangères de passage constatent que les «Comoricains» en font trop? C’est donc ça? D’ailleurs, il a été constaté que si on se rendait dans le plus reculé des hameaux des Comores et qu’on demandait si, dans un groupe assis sous un badamier, il y avait astronaute, au moins 10 mains se lèveraient. Et si la question portait sur un pilote d’avion, le chiffre 10 serait multiplié par 2, voire plus. Du reste, toute la population du hameau pourrait s’autoproclamer cosmonautes et pilotes. Ne rions pas. C’est la triste vérité. C’est la stricte vérité.

     Les prétentions des «Comoricains» en matière d’«expertise et compétence» ont fait une irruption fracassante sur le faux débat actuel sur la candidature scélérate d’Ahmed Sambi à l’élection présidentielle de 2016. Naturellement, quand un vrai juriste rencontre un autre vrai juriste, les deux vrais juristes parlent Droit. Or, on n’a entendu aucun juriste spécialisé en Droit public dire que l’ancien satrape pourrait être candidat au scrutin présidentiel de 2016. Les publicistes savent ce qu’il en est. Par contre, tous les charlatans qui racontent des mensonges aux Comoriens à ce sujet sont, soit des faussaires connus et reconnus comme tels, soit des «privatistes» n’ayant aucun «diplôme» en Droit privé, soit de titulaires de diplômes de Droit privé sans spécialisation, mais paradoxalement autoproclamés «Procureurs», «Juges» et «Avocats», pour le plus grand malheur des Comoriens. Exagération? Des clous! Pour s’en convaincre, il suffirait à peine d’examiner la liste de tous ceux qui ont pris fait et cause pour les divagations «juridiques» d’un Ahmed Sambi, qui n’ose plus mettre son nez hors des Comores depuis juin 2015, et qui, sauf cas d’extrême urgence, ne se rendra à l’étranger qu’après son «élection» à un scrutin auquel il ne pourra jamais se présenter. Le tout est de savoir pourquoi un homme qui passe son temps à voyager pour se faire photographier à l’étranger se cache aux Comores. La réponse est très simple: il se fera tuer à l’étranger s’il ne redevient pas Président des Comores en 2016, pour honorer des promesses de gaz et de pétrole faites à l’étranger dans les conditions financières que tout le monde connaît. Alors, tout le cinéma sur les pétitions anticonstitutionnelles, la saisine de la Cour constitutionnelle, les menaces de faire sombrer les Comores dans «le chaos», les marches sur Moroni, les bidons d’eau, le débat abâtardi sur «les Assises nationales», la foutaise sur le gouvernement d’union nationale, n’est destiné qu’à permettre à un homme qui n’a pas eu pitié des Comoriens de sauver sa propre peau. D’ailleurs, même s’il redevenait chef d’État, il subira un «extrême préjudice» de la part de ceux à qui il doit ce qu’on sait, à cause de sa gourmandise.

     En même temps, il faudra que les crypto-sambistes expliquent aux Comoriens pourquoi aucun de ceux qui soutiennent leurs aberrations politico-juridiques n’a une compétence pour parler de Droit constitutionnel. D’où la nécessité de savoir si les Comores pourront continuer à se payer le luxe de laisser des vantards enfarinés et ignorants confisquer le débat public sur un malfaiteur notoire, dont la place est en prison et non sur la place publique. Ce qui nous ramène au fameux sketch de l’humoriste algérien Fellag, un sketch bien connu. Comme on sait, il s’intitule «Tous les Algériens sont des mécaniciens». Ce titre peut paraître provocateur. Or, il n’en est rien parce que Fellag explique avoir constaté que chaque fois qu’on ouvre le capot d’une voiture en Algérie, tout le monde y plonge sa tête, à l’instar d’un bon mécanicien qui peut déceler la panne et la réparer. La question qui se pose alors est celle de savoir ce qu’on fait en plongeant sa tête dans le capot d’une voiture si on ne connaît rien en mécanique. C’est pareil pour les prétentieux qui, tout en n’ayant aucune expertise en Droit public et parfois en Droit tout court, se déclarent «compétents et experts» pour raconter des mensonges aux Comoriens, en essayant de les mener en bateau.

     On peut imaginer facilement la tête que fait le vrai juriste quand il entend de la bouche d’un nouveau crypto-sambiste que ce dernier avait réuni à Mutsamudu, dans la demeure d’Ahmed Sambi, ses frères en suivisme moutonnier et en intérêts occultes et mafieux pour expliquer que sur le plan juridique, rien ne s’opposait aux divagations électorales de l’ancien satrape. Comment donc, un homme qui n’a jamais été à l’Université et qui n’a jamais fait des études en Droit peut-il s’arroger le droit de s’inviter dans un débat juridique? Seules la défense de certains intérêts occultes et une mégalomanie outrancière et frisant l’inconscience peuvent pousser un homme apparemment sain de corps et d’esprit à se lancer dans des aventures aussi aberrantes et aussi abracadabrantesques. Si le ridicule pouvait tuer… Comment dans un pays comme les Comores, des non-pilotes accusent les pilotes d’incompétence alors qu’aucune faute n’a été commise par lesdits pilotes? Comment dans ce pays qu’on appelle les Comores, un homme qui n’a aucune formation économique et financière connue et reconnue peut se déclarer compétent et demander la sortie des Comores de la Zone franc, sans en mesurer les conséquences sur toute l’économie nationale, les Finances du pays et la structure sociale? Comment font certains pour donner des cours de Droit à des juristes? À cause des charlatans, aux Comores, le débat politique et juridique est rabougri et rachitique. Il y a manifestement un problème, et les Comores ne tourneront la page du sous-développement que le jour où chacun restera à sa place pour que les vaches soient mieux gardées. Qu’on se le dise!

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mardi 3 novembre 2015.


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