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Les Comores entre l’ire, le désespoir et la désespérance

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Les Comores entre l’ire, le désespoir et la désespérance

L’impossible combat pour la liberté: ni chef, ni leadership

Par ARM

     Le peuple comorien souffre. Il est plongé dans les bas-fonds de la médina du désespoir et de la désespérance. Partout, ses questions sont les mêmes: «Mais, qui va nous débarrasser d’Azali?», «N’y a-t-il personne dans ce monde pour tuer Azali?», «Donc, il n’y a plus d’espoir pour faire partir Azali du pouvoir?», «Ne peut-on pas tout simplement le tuer, même si c’est le diable de son fils qui prendra le pouvoir?». Imaginez le désarroi, la gêne, la honte et l’ire de ce simple et petit Professeur contractuel de Collège à qui on pose continuellement et insidieusement ces questions, comme si, isolé, il peut apporter des réponses aux questions légitimes des Comoriens. Ceux-ci posent ces questions non pas pour avoir des réponses auprès de celui qui ne représente que lui-même, mais pour exprimer leur ire, leur désespoir et leur désespérance. Jamais un peuple n’a atteint un jour ce niveau de colère et de pessimisme.

Sous la dictature d’Ali Soilihi, les Comoriens rêvaient de Mohamed Ahmed et d’Ahmed Abdallah Abderemane. À l’époque, le mercenariat avait le vent en poupe, et les coups d’État fleurissaient comme jardin au printemps. Les grandes puissances avaient de zones d’influence et une politique africaine. La guerre froide avait du bon. Elle permettait de rêver. Jacques Foccart était un saint. En 2022, il n’y a plus de guerre froide. Les grandes puissances ont toujours des intérêts stratégiques, géopolitiques et géostratégiques en Afrique, mais sans politique africaine. Les tyrans de village et hameau se sentent pousser des ailes, allant jusqu’à narguer les grandes puissances dans leurs anciens «prés carrés». Le bon Louis Sanmarco, ancien administrateur français de colonies en Afrique, n’hésita pas à jeter un pavé dans la mare par un livre au titre ravageur: Le colonisateur colonisé, Éditions Pierre-Marcel Favre, Paris, 1983 (229 p.). Jean-Paul Ngoupandé, ex-Premier ministre de Centrafrique, dont j’avais eu l’honneur de suivre une conférence dans les locaux parisiens du magazine Africa International, où j’étais pigiste, appuie sur le turbo: Jean-Paul Ngoupandé: L’Afrique sans la France. Histoire d’un divorce consommé, Albin Michel, Paris, 2002 (392 p.).

Qu’elle était bonne, la guerre froide, avec ses mercenaires, ses zones d’ombres, ses «coups d’État clé en main», selon la formule charnelle de mon ami Philippe Leymarie, africaniste qu’on ne présente plus, grand spécialiste de l’océan Indien à la belle réputation!

Il faut comprendre la colère, le pessimisme et la désespérance des Comoriens. Chaque fois qu’ils se mettent à rêver de la mort du dictateur Assoumani Azali Boinaheri, ils apprennent que tel leader autoproclamé de l’opposition est en réalité un simple laquais du tyran qu’il dit combattre. Alors, comment faire naître l’espoir et l’optimisme dans l’univers de traîtres? Pis, l’opposition comorienne, véritable Armée mexicaine, a 1.000 Généraux, mais n’a aucun chef. L’opposition comorienne n’a pas de leader, et sans leader, impossible d’avoir un leadership. Chaque «opposant» se voit «Président de la transition de 5 ans», mais ne fait rien en faveur de la transition. Les politiciens de chaque île soupçonnent ceux des îles voisines des pires desseins noirs. Les chefs présumés de l’opposition sont incapables d’exploiter le chaos qui règne aux Comores pour renverser un dictateur maudit. Qui est le chef de l’opposition comorienne? Personne! Que fait l’opposition comorienne? Elle se réunit quand ses prétendus chefs mettent en berne leurs haines et egos démesurés, écrit des choses bêtes et inutiles, fait des visioconférences inutiles, bavarde, et rêve de pouvoir. En son sein, il y a plus de bras cassés que de leaders potentiels, soucieux de la vie, des malheurs et du deuil des Comoriens.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Vendredi 21 octobre 2022.


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