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Abdallah Agwa, libéré par grâce dictatoriale? Non-sens

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Abdallah Agwa, libéré par grâce dictatoriale? Non-sens

Salim Saïd Ali Mdama, libéré aussi par grâce dictatoriale?

Par ARM

     Alors que les Comores ont atteint le point de non-retour en matière de pauvreté, de misère noire et surtout de paupérisation, dans une absence totale de droits et de libertés, pendant que l’opposition végète dans la médiocrité et la mendicité politicienne horriblement prouvées par Mouigni Baraka, fils de Saïd Soilihi, les Comoriens apprennent que le dictateur Assoumani Azali Boinaheri a gracié les prisonniers politiques Abdallah Agwa et Salim Saïd Ali Mdama dit Merna. Ils ont accueilli l’information avec un mélange de soulagement et de colère froide. Soulagement car, quitter les horribles prisons des Comores est toujours salutaire, compte tenu des conditions d’inhumanité totale qui y règnent, dans l’indifférence criminelle de ce qui tient lieu d’État et d’institutions et autorités censées le représenter. Colère froide parce qu’Abdallah Agwa et Salim Saïd Ali Mdama n’ont violé aucune loi de Droit naturel, de Droit international ou de Droit positif. Ils ont juste eu la faiblesse de croire que les droits et les libertés fondamentales inscrits sur les textes juridiques pertinents pouvaient s’appliquer aux Comores, pays qui s’en réclame et s’en revendique.

En réalité, Ahmed Hassane El Barwane, emporté par le syndrome de Stockholm, a créé un dangereux précédent le jour où il a déclaré: «Azali m’a emprisonné, Azali m’a libéré». En effet, par sa petite phrase irresponsable et criminelle, il a fait de la libération d’un innocent une faveur, sous la forme d’un carambar, d’un bonbon Pecto ou d’une sucette à base de framboise ou de fraise. Mesdames et Messieurs, la place d’un innocent n’est pas en prison.

La Déclaration universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 comporte 30 articles, des articles proclamant des droits et des libertés liés à la nature humaine, dont on n’a pas à mendier l’application et la jouissance. Ce sont des droits acquis et universels.

Lisons ensemble cette très belle définition sur les droits de l’Homme ou de la personne, pour connaître nos droits, en tant qu’êtres humains, par le simple fait d’être des êtres humains: «Ensemble de droits fondamentaux, inaliénables, imprescriptibles et universels, attachés à la personne humaine. Considérés comme antérieurs et supérieurs à l’État, les droits de l’homme ne peuvent faire l’objet d’aucune limitation par la loi. Tout être humain doit donc pouvoir en jouir librement quels que soient sa nationalité, sa religion, sa richesse, son sexe, son statut social et son appartenance communautaire ou ethnique.

     Initialement, la notion était attachée à un nombre limité de libertés fondamentales considérées comme consubstantielles à la nature humaine (les “droits naturelsˮ). Elle est aujourd’hui plus étendue et renvoie, dans divers textes internationaux, à l’ensemble des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels qui conditionnent la liberté et protègent la dignité humaine. Dans la plupart des régimes démocratiques, les droits de l’homme sont constitutionnalisés. Ils sont donc protégés par la justice constitutionnelle comme par les juridictions ordinaires. En France, ils sont intégrés, depuis les années 1970, au bloc de constitutionnalitéˮ»: Olivier Nay et autres: Lexique de Science politique (Collectif), 4ème édition, Dalloz, Paris, 2017, pp. 192-193.

Le bloc de constitutionnalité est une notion fondée par le juriste français Louis Favoreu pour désigner les règles, principes et objectifs ayant une valeur constitutionnelle et qui fondent le contrôle de constitutionnalité. C’est dire que les droits de l’Homme ont une valeur incommensurable, voire «sacerdotale». On ne peut ni les limiter, ni les violer.

Souvenez-vous du discours prononcé par le Président François Mitterrand à La Baule le 20 juin 1990, liant l’aide française au développement au respect des droits de l’Homme par chaque pays africain. Les dirigeants africains à la Conférence franco-africaine de La Baule avaient renâclé, sauf le Mozambicain Joachim Chissano, qui avait eu le courage et l’honnêteté de reconnaître l’universalité de la démocratie, donc des droits de l’Homme: «S’il faut croire Libération, les participants africains sont “médusés” par ce virage pourtant prévisible, qui suscite plutôt la grogne chez la plupart des dirigeants présents, en règle générale chefs de parti unique. Hissène Habré a peu apprécié une “leçon” qui ressemble “à du mépris pour l’Afrique”, tandis que Moussa Traoré estime que la démocratie est avant tout “un état d’esprit”. Hassan II s’interroge sur le point de savoir “comment, après trente ans de parti unique, digérer le pluralisme en deux ou trois ans”. Le président Eyadema explique qu’il ne peut “imposer le multipartisme à son peuple”, qui réclame le maintien du RPT (le parti unique), et le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, regrette que François Mitterrand “donne des leçons”, ce qui n’est pas à ses yeux une “attitude démocratique”. Le président du Mozambique, Joaquim Chissano – pour la première fois présent à un sommet franco-africain –, est un des rares à défendre la position de son homologue français, en affirmant que la démocratie est une “nécessité universelle”»: Claude Wauthier: Quatre présidents et l’Afrique. De Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand. Quarante ans de politique africaine, Éditions du Seuil, Collection «L’Histoire immédiate», Paris, 1995, p. 561.

Aux Comores, hormis la Loi fondamentale du 23 avril 1977, élaborée sous la dictature d’Ali Soilihi, tous les textes juridiques à valeur constitutionnelle ont étalé leurs catalogues de vœux pieux démocratiques, proclamant les droits de l’Homme, en pleine dictature. Hélas! Que peut-on faire des droits de l’Homme dans un pays sans la moindre tradition démocratique, pays dans lequel l’obéissance à des mauvais chefs est la règle, quand même ceux qui prétendent militer en faveur de l’État de Droit, de la démocratie et des droits de l’Homme qualifient d’«irresponsables aigris» les militants les plus sincères de cette cause sacrosainte?

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 22 octobre 2022.


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