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Une assurance-vie: s’allier à Achirafi Saïd-Hachim

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Boules puantes de «l’allié» d’Ahmed Sambi sur «son» candidat

Par ARM

     Où va Achirafi Saïd-Hachim? À l’heure qu’il est, lui-même ne le sait pas. Les Comoriens sont tous conscients du fait que le chef du Parti CADIM a, le samedi 16 mai 2015, déclaré en public, dans une salle à Paris, que son candidat pour l’élection présidentielle de 2016 est «l’unique et irremplaçable» Ahmed Sambi, le seul homme qui existe aux Comores et qui peut diriger le pays. Or, depuis, il a multiplié les discours publics reconnaissant que son chouchou est un homme très dangereux et que ses origines insulaires anjouanaises l’éliminaient d’office de la liste des candidats à ce scrutin. Il l’a fait au micro de Francis Laloupo de la Radio Africa n°1, le mercredi 3 juin 2015, lors du Grand Débat: «C’est un peu compliqué aujourd’hui. Cette tournante a institué une logique insulaire, et les partis politiques ont perdu leur poids aujourd’hui. C’est-à-dire, au fond, on n’a pas de partis nationaux». Et quand Francis Laloupo lui demanda «donc votre candidature à vous, pour bien comprendre, se situe aujourd’hui, essentiellement, dans l’île de la Grande-Comore?», il répondit sans aucune hésitation: «Absolument! Parce que c’est là où échoit la tournante, et je suis Grand-Comorien, je me suis donc porté candidat». Il aurait pu s’arrêter là. Mais, non, il enfonça la tête de son chouchou dans une bassine d’eau boueuse et l’y maintint, dans un but d’étouffement, expliquant que sa «candidature se situe dans un contexte politique marqué par deux présidences placées sous le signe de la déliquescence des institutions et de l’influence islamiste grandissante aux Comores». Il enfonça le clou: «Aujourd’hui aussi, l’avènement du Président Sambi, qui est arabisant, mais pas seulement arabisant, a eu tendance à favoriser l’arrivée dans notre pays de certains pays radicaux. Je veux citer la Lybie, le Soudan, l’Iran. Ça a permis un renforcement de l’extrémisme religieux, dont nous commençons à nous inquiéter. Les Comores sont classées “zone à risque” malheureusement. Et cela est dû non seulement à la présidence du Président Sambi, mais également au Colonel Azali». Azali Assoumani Baba est l’ennemi personnel d’Achirafi Saïd-Hachim depuis la tentative de coup d’État du 19 décembre 2001.

     Normalement, Achirafi Saïd-Hachim aurait dû en rester là. Mais, non! Au site Mondafrique, il s’est livré à une incroyable médisance contre son chouchou Ahmed Sambi, et les Comoriens sont morts de rire tant autour de l’ancien satrape, il n’y a que double langage, hypocrisie et duplicité. Voici ce qu’a dit le chef du CADIM: «La candidature du Président Sambi pose problème en ce qu’elle semble contrevenir au principe de la tournante à la tête de la présidence de l’Union entre les trois îles. Le président Sambi ayant accompli son mandat au nom d’Anjouan, il ne peut en principe pas se présenter à cette élection puisque la présidence doit normalement revenir en 2016 à un ressortissant de la Grande Comore». Et comme sur Africa n°1, il établit une relation entre Ahmed Sambi et la montée du terrorisme: «On peut affirmer sans aucune hésitation qu’il existe une menace islamiste aux Comores. Déjà lors des attentats perpétrés en novembre 2013 contre le centre commercial de Nairobi West Gate, on avait compté un Comorien parmi les assaillants. Ensuite, sous le président Sambi, le pays a entretenu d’étroites relations avec des régimes radicaux comme l’Iran, la Libye, la Syrie. L’islam radical a su profiter de cette période et le danger de cette radicalisation existe aujourd’hui encore». Cette déclaration se passe de tout commentaire…

     Sur le fond, les déclarations du chef du CADIM sont du copier-coller, d’un média à un autre. Voilà où on en est. Un homme qui a assumé des responsabilités ministérielles aux Comores, qui n’est contraint par personne, dit des choses pour affirmer son soutien à un autre homme pour une candidature qui relève de l’impossible d’un point de vue juridique. Le même homme, toujours entièrement libre, accuse son chouchou d’être une menace nationale, voire mondiale. Ce qui signifie qu’on est en train d’enfumer les Comoriens et de faire d’un homme d’un passé définitivement révolu le centre de toutes les conversations politiques aux Comores. On comprend bien de choses sur la manière de faire de la politique aux Comores, sur cette façon de mentir aux «alliés» et de raconter des mensonges éhontés aux Comoriens. Comment peut-on demander aux Comoriens de faire confiance à des politiciens qui ne respectent rien et personne, des politiciens qui refusent de respecter même leur propre parole? Comment et dans quelles conditions les Comoriens peuvent prendre au sérieux des gens qui, après avoir promis de ne soutenir qu’Ahmed Sambi en 2016, sont tous en campagne pour leur propre élection?

     Et c’est alors qu’entre en scène Fahmi Saïd Ibrahim, Président du Parti de l’Entente comorienne (PEC), un des discoureurs du samedi 16 mai 2015, et en précampagne électorale pour lui-même, après avoir exprimé au téléphone et à l’oreille d’un journaliste de Moroni son admiration pour l’analyse que Hamada Madi Boléro a faite pour dire pour quelles raisons Ahmed Sambi ne pouvait être candidat à cette élection. Ce jeudi 10 septembre 2015, Fahmi Saïd Ibrahim est au micro d’Anziza Mchangama, correspondante de Radio France Internationale (RFI) à Moroni, et s’exprime sur la candidature d’Ahmed Sambi: «Il échoit, cette fois-ci, à la Grande-Comore d’organiser les primaires. Nous sommes tous d’accord. Mais, nulle part, ni dans la Constitution, encore moins dans le Code électoral, il a été stipulé qu’il faille être natif de la Grande-Comore, de Mohéli, de Mayotte ou d’ailleurs. Non! Nous sommes catégoriques là-dessus. Aucune condition sur l’origine insulaire du candidat n’est mentionnée. Je mets au défi quiconque de le prouver et le contraire de ce que nous disons là. La Constitution est claire: c’est la primaire qui doit tourner, et n’importe quel Comorien peut se présenter. Mais, je vois qu’uniquement la candidature du Président Sambi irrite le pouvoir en place. Je pense qu’il y a des arrière-pensées politiques et qu’on veut habiller une interprétation constitutionnelle erronée mais qui ne reflète pas la réalité. Nous laisserons la Cour constitutionnelle statuer».

     Comme l’a dit Hamada Madi Boléro au micro d’Abdallah Agwa, il faut que les affaires de Droit public soient laissées aux spécialistes de Droit public et non aux avocats, qui ont une formation en Droit privé et qui ne comprennent pas les subtilités du Droit public, surtout du Droit constitutionnel. Toute interprétation de la candidature d’Ahmed Sambi relève du Droit public, car c’est une question de Droit constitutionnel. Alors, comment des gens qui n’ont pas une formation poussée en Droit constitutionnel peuvent-ils expliquer des subtilités de Droit constitutionnel aux Comoriens? Comment peut-on s’autoproclamer «constitutionnaliste» du jour au lendemain et dire sur un média international que «c’est la primaire qui doit tourner» alors qu’à l’article 13 la Constitution, il est bel et bien mentionné que «la présidence est tournante entre les îles»? Donc, c’est la présidence qui tourne. Il n’est pas mentionné que «l’élection primaire est tournante entre les îles», mais «la présidence est tournante entre les îles». A-t-on besoin de se livrer à de doctes exégèses sur une disposition constitutionnelle aussi claire? Non et non!

     Quand Fahmi Saïd Ibrahim dit qu’«uniquement la candidature du Président Sambi irrite le pouvoir en place», il oublie de préciser que sur 800.000 Comoriens, il ne se trouve qu’Ahmed Sambi pour vouloir être candidat sur une île qui n’est pas la sienne et pour interpréter à sa façon et pour lui-même une disposition constitutionnelle sur laquelle il y a bel et bien une unanimité nationale, constatée et consacrée par trois élections présidentielles successives, par un consensus national total, par une coutume constitutionnelle, par des travaux préparatoires et par le témoignage de la communauté internationale, qui a parrainé la Constitution du 23 décembre 2001. Comment peut-on donc faire en sorte qu’un seul homme puisse avoir raison face à un État et ses 800.000 habitants, un État soutenu par la communauté internationale qui a été associée aux Accords de Fomboni du samedi 17 février 2001 en vue de la réconciliation nationale des Comores, et à l’élaboration de cette Constitution qui ne comporte son article 13 que pour permettre une réconciliation entre Comoriens, à un moment où son unité était mise à mal par la crise séparatiste qui avait éclaté à Anjouan le 18 février 1997, article 13 utilisé aujourd’hui pour créer la haine entre Comoriens au lieu de les réconcilier? Qui est ce Comorien aimant son pays qui s’accrocherait obstinément à une interprétation personnelle des dispositions de la Constitution pour assouvir une soif inextinguible de pouvoir personnelle, au risque de faire déclencher une guerre entre Comoriens?

     Tout le monde sait que la présidence tournante a été instituée pour que, à tour de rôle, chaque île désigne trois de ses candidats dont l’un deviendra le Président des Comores, à l’issue d’un scrutin national. Qui pourra aller dire à l’habitant de Fomboni, Djoiezi, Hatsimédou, Gnambo-Ya-Oimaoré ou Hamavouna, à Mohéli qu’on organise une élection primaire à Mohéli pour qu’un Anjouanais ou un Grand-Comorien devienne Président des Comores? Est-ce que, en 2010, les Mohéliens se sont battus contre le régime politique d’Ahmed Sambi, qui était dans une logique de Président à mort et jusqu’à ce que mort s’ensuive, pour qu’un Anjouanais soit désigné par les Mohéliens pour devenir Président des Comores? Pourquoi chaque fois qu’il y a un problème politique aux Comores, on doit y retrouver le nom d’Ahmed Sambi?

     Cessons de jouer avec une Constitution qui a été adoptée de manière souveraine par le peuple comorien. Jusqu’à mon dernier souffle, je vais répéter la première chose qu’on m’a apprise à l’École nationale d’Administration publique de Rabat, au Maroc, et qu’on enseigne aux étudiants dans toutes les Facultés de Droit partout dans le monde le premier jour, au cours de leur premier cours: «La Loi est générale et impersonnelle». On n’inventera jamais une Loi comorienne pour faire plaisir à un homme, et la Constitution comorienne ne sera jamais ce que M. Mohamed Lahbabi, mon Professeur d’Économie, appelait ironiquement «la Constitution, mon bon plaisir».

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Jeudi 10 septembre 2015.


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