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Donc, Hachim Saïd-Hassane devint Sultan Hachim?

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Pourquoi Hachim Saïd-Hassane sacrifie le présent pour le passé?

Par ARM

     Dans la pure tradition comorienne, Hachim Saïd-Hassane est un frère. Un vrai. C’est un homme d’un commerce agréable. Avec lui, on ne s’ennuie jamais parce qu’il fourmille d’idées et se veut un patriote sincère. Et c’est à son honneur. J’ai l’honneur d’avoir su avant tout le monde qu’il avait posé son regard sur Beït-Salam et que son souhait le plus cher serait d’être le prochain Président de la République des Comores. Sur ce sujet, nous partageons bien de secrets car, ai-je dit, il est un vrai frère. Il a des idées généreuses. Il veut servir son pays. Mais, a-t-il choisi la meilleure voie pour exprimer son désir d’être le serviteur du peuple comorien? Il me semble qu’il noie son beau projet présidentiel dans des considérations sultanesques et passéistes qui sont devenues incongrues dans le monde d’aujourd’hui. Déjà quand il accorde à ce site une interview de très belle facture et demande à ce que son nom soit écrit de manière à le relier aux Sultans Mouigni Mkou et Hachim, certains crient au scandale et à une volonté de restaurer les Sultanats des «Sultans batailleurs» aux Comores. Pour lui, son nom complet est Hachim Saïd Hassane Ben Saïd Hachim Ben Sultan Mouigni Mkou. Et il agace. Il agace ses ennemis. Ce signal aurait dû l’alerter et lui imposer de parler du présent et uniquement du présent au lieu de s’accrocher au passé des Sultans, quand ses ancêtres étaient des Sultans. Il faut faire attention en période électorale parce qu’un seul mot mal prononcé peut casser toute une dynamique de marketing politique. Un seul mot plus haut que l’autre, et c’est la fin d’une belle campagne électorale.

     Le mercredi 23 avril 2014, Hachim Saïd-Hassane nous avait accordé une interview dans laquelle il déclarait: «C’est mon arrière-arrière-arrière, le Sultan Mouigni Mkou qui, il y a deux siècles, a introduit l’agriculture et la pêche dans la région et dans tout le pays. Et pour preuve, les produits agricoles portent tous son nom: Ikami, Samba, Padji Mouigni, Chiazi Mouigni, Madjimbi Mouigni, Mbassi Mouigni, Ntséhélé, Mhoundana Mouigni, etc. Il a introduit le système de construction (en pierres, corail transformé en chaux, bois), sans oublier l’artisanat. Mon père, comme Député pendant la période coloniale, a doté la Région de citernes publiques, d’écoles publiques, de dispensaires, mais a aussi formé des instituteurs pour l’Éducation des enfants du Mbadjini. Je vous invite à visiter le Domba, le Pimba, l’Itsahidi et le Ngouwengué, et vous verrez l’œuvre de Saïd Hassane Saïd Hachim. Et puis, pour être complet, ma famille a aussi payé le prix du sang. Mon arrière-arrière-grand-père, le Sultan Hachim, est mort d’une décharge sur la poitrine pour la défense du Mbadjini. Ça s’est passé à Nioumamilima. Il y a aussi du côté maternel mon arrière-arrière-grand-père Djoumbé Foumou Wandevou qui a été mortellement blessé d’un coup de sabre pendant le siège de Zilimadjou, à Moroni. J’ai donc un passé, un présent et un avenir à présenter aux Mbadjiniens». Cette péroraison avait prodigieusement agacé.

     Et le voilà, le dimanche 6 septembre 2015, devant une brochette de Mbadjiniens en région parisienne, s’arcboutant toujours sur le passé et sa famille en prononçant ces mots: «Peuple de Mbadjini, vous avez devant vous un jeune homme, d’une éthique et d’une moralité exemplaires. Je n’ai jamais porté atteinte à l’honneur d’une famille comorienne. Je n’ai jamais porté atteinte non plus à l’intégrité physique ou morale d’un compatriote. Je n’ai pas de sang dans les mains, donc pas de mort sur la conscience. Je n’ai jamais volé un centime, ni à mon pays et ni à mon peuple. En face de vous, se dresse un révolutionnaire né, qui a toutes les chances de se faire assassiner, dans l’exercice de ses fonctions. Comme l’avaient été, mes arrières grands-parents il y a de cela 136 ans. À savoir Sultan Hachim, mort assassiné d’une décharge en pleine poitrine dans les hauteurs de Nioumamilima dans le Mbadjini, et Djoumbé Foumou wa Ndevou, commandant en chef, des armées unifiées du Mbadjini, mortellement blessé par un sabre, lors de la prise de Zilimadjou à l’entrée Sud de Moroni. Et qu’il en soit selon ta volonté Ô toi Éternel». Par la suite, il dira: «L’intelligence du Mbadjini doit d’abord servir cette fois ci le Mbadjini». Encore et toujours l’esprit villageois et le passéisme.

     Ce discours peut-il ne pas créer un malaise quand on constate qu’il est consacré au passé, à la famille et au Mbadjini? Il appartient au frère Hachim Saïd-Hassane de le dire, tout comme il lui appartient d’expliquer pourquoi brusquement il se fait appeler Sultan, le Sultan Hachim. Est-ce la meilleure façon d’entamer une précampagne électorale qui comporte une pléthore de candidatures? Ce n’est même pas certain. Cette façon de dire, «vous devez me faire confiance parce que je suis un “héritier”, et vous devez voter pour moi parce que je suis un “héritier”» agace plusieurs Comoriens, qui finiront par classer la candidature pourtant sympathique du frère Hachim Saïd-Hassane dans la rubrique du folklore. Ce qui serait dommage parce que l’intéressé est un homme qui peut apporter beaucoup à son pays. On ne le dira jamais assez: Hachim Saïd-Hassane est un garçon très attachant et sympathique. Il a un côté jeune homme pressé voulant tout de suite réformer les Comores dans leurs moindres recoins. Mais, comment ce garçon d’une intelligence exubérante va pouvoir rassembler s’il continue à faire valoir un esprit villageois dans lequel on ne retrouve que la belle ville de Foumbouni et la belle région de Mbadjini? Une élection est une occasion de rassembler et non de dire «moi-je, moi-je, moi-je, regardez-moi, et admirez ma beauté naturelle et mon élégance».

     Par ailleurs, on comprend la volonté de Hachim Saïd-Hassane de se positionner en candidat majeur et non en outsider, mais ne va-t-il pas un peu trop vite en déclarant avoir déjà vaincu tous ses adversaires, alors qu’il doit se faire connaître dans un pays qui grouille de candidats plus ou moins sérieux ou folkloriques? Il va trop vite et a déjà décrété avoir vaincu le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, entré en politique en 1979 et qui a beaucoup vu et entendu depuis. On a besoin de connaître les origines de cette certitude. Il s’explique sur le sujet en disant qu’à Mbéni et à Iconi, il a une terre ancestrale, «Daho, Chiounga, Magnahouli ou Mbaya», en bon comorien. Mais, est-ce suffisant? En la matière, la prudence s’impose parce que tout le monde tient le même discours. Quand on a l’habitude de fréquenter les acteurs politiques comoriens, ce sont des choses qu’on entend matin, midi et soir. Les politiciens comoriens n’ont pas le sens de la mesure, et commettent une grave erreur en ignorant deux instruments d’une fiabilité à peine imaginable: les statistiques et la sociologie. On ne peut pas affronter une élection et dire ne pas connaître la valeur de ces deux instruments de travail. Tous ceux qui en ignoreront la valeur seront rappelés à la réalité d’un pays à la sociologie électorale complexe et déroutante.

     Quant à Azali Assoumani Baba, Hachim Saïd-Hassane, l’écrase de tout son mépris, en déclarant: «Sa propre mère, qui l’avait porté 9 mois dans son ventre, ne voterait même pas pour lui. Et les Mbadjiniens n’ont pas la mémoire courte au point d’oublier qu’il les avait traités de dresseurs de tables et chaises», en comorien «mahala latabu naziri». La formule est belle et tranchante, et amusera sûrement le frère Momo, connu pour le peu de cas qu’il fait d’Azali Assoumani Baba. Mais, est-ce que Hachim Saïd-Hassane, l’un des meilleurs orateurs du pays, va se contenter de petites phrases assassines et de piques mortelles à l’endroit de ses adversaires? Sûrement, il en faudra plus. Hachim Saïd-Hassane aurait pu épargner Mouigni Baraka Saïd Soilihi, l’imprévisible Gouverneur de la Grande-Comore. Mais, c’est plus fort que lui. Depuis longtemps, il considère que le volcanique Gouverneur de la Grande-Comore est un «traître» envers le Mbadjini et Foumbouni, où il a une partie de ses origines. Cette haine est d’autant plus réelle que quand il avait été dit en février 2014 que le bon Mouigni Baraka Saïd Soilihi avait fait un AVC à Bobigny, chaque fois que le sujet était évoqué devant lui, Hachim Saïd-Hassane buvait ostensiblement du petit-lait sans chercher à s’en cacher et à faire de l’hypocrisie. On prétend qu’il disait: «C’est ce qui arrive aux malfaiteurs qui trahissent les alliances traditionnelles de la société traditionnelle de la Grande-Comore». Et comme Hachim Saïd-Hassane veut que tous ceux qui, nombreux, lui feraient de l’ombre s’écartent de sa route électorale, il prétend, sans prouver ses dires, que les gens de Ntsoudjini demandent à Mouigni Baraka Saïd Soilihi de ne pas se porter candidat à l’élection présidentielle de 2016.

     En même temps, «l’héritier du Trône» doit dire aux Comoriens ce qu’il en est de son projet de candidature unique dans sa région du Mbadjini. En avril 2014, quand, en se pinçant le nez pour soutenir la candidature d’Idi Nadhoim, aujourd’hui hors-course, alors qu’il brûlait d’envie de se lancer lui-même dans la course électorale, il avait dit: «Saïd Larifou finira par comprendre que la ville de Foumbouni et la région du Mbadjini ne lui pardonneront jamais le maintien de sa candidature. […]. Pour ce qui est des militants du RIDJA, ils doivent se faire une raison et venir travailler la main dans la main avec nous, sinon ils ne pourront accéder au pouvoir. Les grands notables du Mbadjini ont mis le couteau à la gorge de la ville de Foumbouni, et cette dernière ne se dérobera pas à ses devoirs patriotiques et historiques». Tout ça est bien dit, mais ne nous dit pas si «l’héritier au Trône» sera le candidat unique de sa belle région du Mbadjini. En tout cas, avec la candidature de Hachim Saïd-Hassane, l’ambiance est assurée et ce n’est pas ce sémillant candidat qui va faire mourir les Comoriens d’ennui.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 9 septembre 2015.


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One Comment

  • Nadjid

    septembre 11, 2015 at 7:19

    C’est que le frère n’a rien à proposer aux comoriens. ça c de n’importe quoi et c’est même honteux pour un soit disant Grand politicien qui veux se porter candidat. Il devrait nous dire qu’est ce qu’il a fait ou qu’est ce qu’il va faire et non de nous citer sa famille qu’on a rien à sirer de leur statut. Le pauvre me fait rire

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