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Surnommée Maman, la Première Dame séduit Mohéli

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Ses partisans renouvellent aux Mohéliens l’offrande des noix de cola

Par ARM

   Les Mohéliens aiment les symboles. Les Mohéliens aiment les symboles parlants. Pour preuve, en 2006, quand le Docteur Ikililou Dhoinine a prêté son serment de Vice-président, son épouse a tout de suite obtenu un titre: «Madame». Il suffit de dire «Madame» pour qu’on sache qu’il s’agit d’elle. C’est une appellation qui va de l’affection au respect, dans une vieille société qui est en train de perdre une à une la plupart de ses valeurs traditionnelles. Cette marque d’affection et de respect n’a jamais été démentie, même si on sait qu’une personnalité publique a toujours ses ennemis et fait des jaloux, des aigris et des grincheux. C’est la vie. En 2011, quand le Docteur Ikililou Dhoinine a prêté son serment de Président de la République, son épouse devenait automatiquement «la Première Dame», même si on sait que dans cercles politiques aux Comores, les courtisans dégoulinant d’obséquiosité larmoyante et de suivisme moutonnier appellent l’épouse de leur chef de parti, qui ne deviendra même pas chef de quartier («Moqadam», au Maroc), «Première Dame». Ça fait rire aux larmes. Les Comoriens sont au courant de ces petites choses qui font partie de leur quotidien. Cette fois, en choisissant d’être candidate à l’élection pour le Gouvernorat de Mohéli, la même Première Dame est surnommée «Maman». Cherchez l’erreur… Maintenant, quand on dit à Mohéli «Maman a dit», «Maman a fait», on sait de qui il s’agit, et quand la conversation manquait d’intérêt avant qu’on ne parle de Maman, les gens qui somnolaient se réveillent pour savoir ce qui se passe puisqu’on parle de Maman. Parce que Maman est au centre de toutes les conversations sérieuses à Mohéli.

   Et surtout, n’allez pas croire que cela lui déplaît. Bien au contraire. En politicienne (elle l’est devenue pour les besoins de la cause) qui sait ce qu’elle veut et qui sait où elle veut aller, elle se tient au courant de tout ce qui se dit, tout ce qui se trame à Mohéli, et fait tout pour être informée de la moindre intrigue politicienne sur l’île. Tel politicien a trahi l’autre? Elle le sait avant le trahi lui-même. Qui veut le pouvoir, doit avoir son réseau d’information, et pour avoir l’information, on va jusqu’à écouter aux portes. Complètement dépassé par ce nouveau développement politique, qu’il a pourtant vu venir, grand comme un gratte-ciel de Manhattan, le Président Ikililou Dhoinine se contente de dire: «Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mohammed est son Prophète». Dire que cette candidature lui déplaisait est une litote, mais il a fini par se faire une raison, en voyant défiler devant Maman une longue procession de délégations venues spécialement de Mohéli déclarer avec détermination et ferveur: «Nous voulons Maman à Bonovo, et nous ne voulons qu’elle. Tout refus de sa part sera considéré comme un crime contre Mohéli et nous voulons éviter ce crime. Mohéli réclame Maman. Elle ne s’appartient pas parce que qu’une personnalité politique d’envergure ne s’appartient jamais, et elle ne peut pas refuser». Qui «refuserait» ça? En tout cas, pas Maman.

   Ils sont comme ça, les Mohéliens, et quand ils rejettent un politicien, ce dernier a vraiment intérêt à choisir une autre voie. Le grand frère Mohamed Larif Oucacha, l’ancienne étoile polaire du firmament politique à Mohéli, en sait quelque chose, lui qui grillé une à une toutes ses ampoules, au point de se retrouver 7ème sur 10 candidats lors de l’élection présidentielle de 2010, dont il avait commencé la campagne avec 75 millions de francs comoriens, campagne électorale qu’il avait bouclée avec la même somme, irriguant Mohéli d’un long fleuve, de nombreuses rivières et d’une multitude de ruisseaux d’argent, ses partisans ayant souvent gardé cette manne financière dans leur besace, refusant de distribuer le moindre sou aux électeurs. Bandits, va! Ce qui avait poussé Mohamed Larif Oucacha à dire au lendemain de cette horrible élection pour lui: «Ne me demandez pas ce qui s’est passé parce que je ne le sais pas». Il avait fait cette terrible révélation au magazine international Jeune Afrique.

   Les événements s’enchaînent autour de la candidature de Maman. Jeudi 10 septembre 2015, Maman a reconnu que les noix de cola présentées aux Mohéliens par ses partisans viennent d’elle, que ses partisans parlent et agissent en son nom et qu’elle est prête à ouvrir une page nouvelle avec ceux à qui elle a envoyé ses noix de cola, comme à la famille d’une fille africaine qu’on veut avoir pour fiancée: les Mohéliens. La présentation du cola a été faite de manière tellement subtile que le Tout-Mohéli est au courant du projet politique de Maman. Et c’est alors que la plus invraisemblable des situations se produisit: des partisans de certains candidats adverses ont laissé tomber ceux qu’ils considéraient comme leurs candidats naturels pour dire que leur place naturelle est auprès de Maman. Dans l’affaire, Abiamri Mahmoudou, naguère tout-puissant Directeur de Comores Télécom, tombé en disgrâce et limogé, a laissé de plumes parce que les partisans de Maman n’ont pas la réputation de faire les choses à moitié. Et ce n’est pas fini parce que les partisans de Maman ont voulu faire un premier test grandeur nature pour mesurer un peu la popularité de leur championne sur l’île. Que faire alors?

   Ils ont demandé à Maman de faire un petit tour à Mohéli ce samedi 12 septembre 2015, et là, ce fut un accueil d’Empereur romain venant de vaincre Carthage qui a été réservé à Maman, à l’Aéroport de Mohéli. Et, de mémoire de Mohélien, alors que les Mohéliens disaient avoir tout vu, on n’a jamais vu une couronne de fleurs de cette envergure phénoménale sur le cou de quelqu’un. Même un chef d’État n’y a pas droit. Et si l’infatigable Soilihi Mohamed Soilihi, Député de la période de l’autonomie interne, l’ami de tous les Présidents comoriens depuis la première minute ayant suivi la proclamation unilatérale de l’indépendance des Comores, le 6 juillet 1975, l’homme qui a l’oreille du Président Ikililou Dhoinine, a fait le déplacement pour accueillir Maman à Bandar-Es-Salam, c’est que le jeu en vaut la chandelle. Et si certains, à Mohéli, se demandent qui va gagner l’élection du Gouvernorat, les Mohéliens qui maîtrisent le mieux les données politiques et sociopolitiques du pays savent que Soilihi Mohamed Soilihi, Doyen de la classe politique comorienne, n’a jamais été un opposant et n’a jamais soutenu un branquignol qui va perdre une élection, à telle enseigne que quand on cherche à savoir qui va gagner une élection, on pose une seule question: «Ba Soilihi soutient quel candidat?». Pure vérité.

   Pour une fois, l’élection du chef de l’exécutif d’une île présente un enjeu national et même international, compte tenu de la personnalité de la candidate. Ne vous trompez pas: on connaît Maman à l’étranger, du fait de son caractère bien trempé. L’élection de la personne qui va laver le Gouvernorat de Mohéli des saletés nauséabondes de Mohamed Ali Saïd va mobiliser, et on verra des gens, dont des «Comoricains», venir d’Anjouan et de Grande-Comore soutenir Maman. C’est inévitable.

   Ce n’est pas tout. Déjà à Mohéli, la fameuse opposition est désemparée. Les coups bas ont commencé. Les mensonges entre «amis» fusent de toutes parts. Personne ne dit la vérité à l’autre. Ceux qui disaient vouloir une candidature unique de l’opposition sont tous candidats pour eux-mêmes. Mohamed Ali Saïd, qui voient ses jours au Gouvernorat de Mohéli fondre comme neige au soleil, a jeté son dévolu sur Ben Massound Rachid, de Nioumachioi comme lui, au cas où sa troisième candidature nocive serait invalidée. Or, mensonge suprême, le même Ben Massound Rachid, a déjà pris des engagements fermes auprès de cette personnalité grande-comorienne pour être son colistier lors de l’élection présidentielle de 2016. Plus grave, encore, personne ne sait qui sera avec qui au sein de la fameuse opposition au moment de l’élection.

   On ne peut que se réjouir en voyant que les Mohéliens ont décidé de prendre en main leur destin. Il serait juste souhaitable que, dans leur volonté de prouver à Maman leur affection et leur soutien, ses partisanes pensent à sa respiration quand elles lui préparent la couronne de fleurs, car celle de samedi 12 septembre 2015 pourrait figurer sur le Livre Guinness des Records, par sa taille impressionnante. Naturellement, il n’est pas question de rater une seule miette de la campagne électorale de Maman. Les Mohéliens décideront quand ils auront à décider, et ils ont déjà le grand mérite de faire sortir cette belle île de la monotonie, pendant que Mohamed Saïd Fazul est toujours «en embuscade», comme disent ses partisans.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mardi 15 septembre 2015.


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One Comment

  • assia

    septembre 16, 2015 at 1:14

    Certaines personnes veulent se porter candidats pour but de se venger.mais je voudrais juste leur rappeler une chose celui qui cherche à se venger devrait creuser deux tombes.

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