• Home
  • /
  • actualite
  • /
  • Simple question de dignité, décence et morale

Simple question de dignité, décence et morale

Partagez sur

Azali Assoumani Baba et Ahmed Sambi: impossible comparaison

Par ARM

   Deux anciens Présidents sont en vie aux Comores. À compter du 26 mai 2016, si Dieu le veut, il y en aura trois, et c’est ce que souhaitent les Comoriens aimant leur pays. La présence aux Comores de deux anciens Présidents en vie relève du miracle, dans ce pays où les chefs d’État finissent sous les balles mortelles de leurs «amis» et parfois sous les effets des poisons et autres substances toxiques de ces mêmes «amis». Le Colonel Azali Assoumani Baba et l’ancien satrape Ahmed Sambi sont donc en vie, même si on ne sait rien sur leur santé physique et mentale, quand bien même on sait ce qu’il en est dans le cas d’Ahmed Sambi, chef du Parti Bidoche. Tous deux ont en commun leur statut d’anciens Présidents des Comores, mais la ressemblance s’arrête là. Car tout oppose les deux hommes, dont l’un, prudent, est économe de ses mots, tandis que l’autre, démagogue et incorrigible marchand d’illusions et de cauchemars, n’a que des mots creux à offrir, donc de la «nourriture insipide», comme le dit un proverbe marocain. Cela dit, Ahmed Sambi a été placé au pouvoir par Azali Assoumani Baba, le premier crypto-sambiste de l’Histoire, son crypto-sambisme remontant à octobre 2005, à l’Hôtel Amal de Mutsamudu.

   En 2006, on croyait que le Président Azali Assoumani Baba allait tout faire pour s’accrocher indûment au pouvoir. Pourtant, sans mettre en danger l’unité et la stabilité du pays, lui, le Grand-Comorien, a organisé une élection réservée exclusivement aux Anjouanais. Le candidat qu’il soutenait officiellement a été battu, et il n’a rien fait pour essayer de travestir la volonté populaire. Mieux encore, quelques jours après l’élection, et nonobstant les effluves et l’ivresse du pouvoir, il a passé le témoin à son successeur, Ahmed Sambi, dans les règles. En d’autres termes, Azali Assoumani Baba a su prendre de la hauteur et a su démontrer qu’on peut entrer dans l’Histoire par la petite porte, celle d’un putsch, et se maintenir dans le courant de l’Histoire par la majesté, une majesté incarnée par l’acceptation des règles démocratiques.

   À l’opposé, nous avons un satrape drapé dans la tartuferie et dans le déluge verbal qui, une année et demie avant la fin officielle de son pitoyable mandat, encouragé (car, tout seul, il avait déjà décidé de se maintenir au pouvoir) par des conseillers qui ignorent tout des règles fondamentales du Droit, a étranglé la Constitution du pays, charcuté les autres textes juridiques de l’État comorien, tout ça pour rester au pouvoir. Du sang a coulé à Mohéli. Des larmes ont été versées à Mohéli. Des blessures sont restées béantes à Mohéli. Des fausses couches ont eu lieu à Mohéli, tout ça par la faute d’un homme qui, même s’il était resté 1.000 ans au pouvoir, n’aurait apporté que du sang, des larmes, des blessures et la mort à notre malheureux pays. Il a fallu une médiation internationale particulièrement ardue pour assurer l’application d’un article de la Constitution comorienne, un article pourtant dénué de toute ambiguïté. Il a donc fallu une médiation étrangère conjuguée à la colère des Mohéliens pour que cet homme accepte, enfin, d’organiser l’élection des 7 octobre et 26 décembre 2010. Mais, horreur des horreurs, après ce scrutin que nous voulions historique dans un contexte politique et historique particulier, cet homme-là, au-delà de toute décence, s’est indûment incrusté encore au pouvoir pendant 6 assommants mois de famine et de disette. En tout, il gagna une année de pouvoir, de manière indue, car illégale et illégitime.

   Un ami m’a dit avoir vu Azali Assoumani Baba à l’Aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle (France), et s’être précipité auprès de lui pour l’aider à transporter ses bagages, imité en cela par d’autres Comoriens présents. Car, depuis le 26 mai 2006, Azali Assoumani Baba n’entoure ses voyages à l’étranger et ses retours aux Comores d’aucun faste, d’aucune connotation officielle. Son sens de la discipline lui impose de faire simple. En plus, on ne connaît aucune entité créée à Mitsoudjé pour le glorifier comme un Dieu. Il a su rester digne. Dès lors, quand il est à l’étranger, on ne le sait pas, on ne sait pas qu’il a quitté les Comores, où il se trouve à l’étranger, qui il a vu, où il est, quand il rentre aux Comores, etc. Et quand il est à l’Aéroport de Hahaya, il ne sollicite l’accueil de personne, et il n’y est accueilli par aucun politicien. On peut le critiquer à vie et lui reconnaître cela. Ce n’est que justice.

   Or, dès qu’il s’agit de l’ancien satrape Ahmed Sambi, on est dans la démesure. Ses séides font de ses divagations, errances et errements à l’étranger un événement planétaire. Il est photographié sous toutes les coutures. Son retour aux Comores est fêté par ses zélateurs comme l’arrivée du Messie. En octobre 2011, un grand diplomate étranger m’a glissé à l’oreille les propos mortels suivants: «Il est toujours au pouvoir, le Président comorien enturbanné-là? Il faisait pitié à voir dans les rencontres internationales car il était l’image vivante du mendiant». Par Dieu, ces propos sont tout à fait authentiques. Aux Comores, tout s’achète, même la dignité de ceux des politiciens qui n’en ont pas. On se souviendra du premier retour de l’étranger de l’ancien satrape Ahmed Sambi, depuis qu’il n’est plus Président, comme de la plus grande réunion de malfaiteurs au monde depuis la mort d’Al Capone le 25 janvier 1947. Des voleurs qui étaient choyés par l’ancien satrape Ahmed Sambi, larmoyants et en manque de perspectives, ont cru se venger du Président Ikililou Dhoinine en s’affichant de manière ostentatoire avec l’ancien dictateur à l’Aéroport de Hahaya. Ces mêmes voleurs n’avaient pas lésiné sur les moyens, dépensant l’argent du peuple comorien, qu’ils ont volé, à corrompre les conducteurs de taxis à coups de liasses de 50.000 francs comoriens pour former un cortège impressionnant vers Moroni. Cette mégalomanie infantile et maladive relève plus de la folie que de l’intelligence.

   Depuis le 26 mai 2006, on voyait Azali Assoumani Baba assister à des cérémonies protocolaires, mais uniquement là où sa présence est requise, souhaitée et agréée. Mais, plus la date des élections de 2016 s’approche, plus il s’invite lui-même à certains événements. Ses sorties médiatiques sont rares et toujours mesurées. Il n’a jamais cherché à s’attribuer le beau rôle et attribuer le bonnet d’âne aux autres. Bien au contraire, quand il était Président, il disait: «Je ne suis qu’un militaire, et je ne connais pas les subtilités diplomatiques de ce dossier. Boléro, veux-tu t’occuper de ça, s’il-te-plaît, toi qui as étudié la Diplomatie à l’École?». Aujourd’hui, certains de ses anciens collaborateurs disent ouvertement eux-mêmes qu’ils n’étaient pas préparés à assumer leurs fonctions, et qu’ils n’avaient pas la maturité nécessaire pour ce faire.

   Pendant ce temps, faisant semblant d’oublier qu’il n’est plus Président, l’ancien satrape Ahmed Sambi visite les chantiers, donne son avis là où personne n’en veut et là où personne ne lui a rien demandé, se pose en sauveur, après avoir aggravé le naufrage des Comores, et achète par corruption à Moroni les invitations officielles adressées aux autorités comoriennes pour des conférences religieuses au Maroc. Il passe le plus clair de son temps à se glorifier tout en accusant d’incompétence son lamentable entourage, qu’il avait choisi lui-même. Ce qui est dramatique dans l’affaire, c’est que le jour même de la nomination de son Cabinet, j’avais dit partout que cet homme-là allait droit au mur, qu’il était en situation d’échec, et lui, il lui a fallu 5 ans, à la fin de son mandat, pour se rendre compte qu’il était mal entouré! En tout état de cause, on n’a jamais vu un bon Président avec un piètre entourage. Un bon Président a toujours un bon entourage, mais les Présidents comoriens ont toujours peur de s’entourer de cadres compétents et incorruptibles. Question de personnalité…

   En 2006, tout de suite après le passage de témoin, on huait Azali Assoumani Baba et on acclamait Ahmed Sambi, le satrape en exercice. Mais, dès 2007, pourtant, c’est Azali Assoumani Baba qu’on acclame et c’est l’ancien satrape Ahmed Sambi qu’on conspue, même s’il lui reste un dernier carré de zélateurs qu’il paie pour huer les autres, même dans les mosquées en juin 2015. Un diplomate comorien affecté à l’Ambassade des Comores à Paris a dit: «Au soir du 26 mai 2006, j’étais présent à la réception qui avait été organisée en l’honneur du Président Ahmed Sambi, qui venait d’être investi et que tout le monde entourait et courtisait puisqu’il était l’homme du jour. Le Colonel Azali Assoumani était un homme seul ce soir-là, et quand il est parti en direction de sa voiture pour rentrer chez lui, il était encore un homme seul. C’est la dure réalité de la vie politique dans un pays comme le nôtre». C’est vrai, et en même temps Azali Assoumani a su faire les choses de manière digne et décente.

   Par ailleurs, suite à la publication de l’article dans lequel je qualifiais «le Colonel Azali Assoumani» de «plus Mohélien des Présidents comoriens », un ancien ministre mohélien qui a travaillé avec lui m’a appelé d’une cabine publique de Moroni et m’a dit: «Je ne peux pas rester longtemps au téléphone car, comme tout ancien ministre de ce pays, je suis sans le sou. J’ai lu ton article sur le Colonel Azali Assoumani. Tout ce que tu as dit est vrai. Tu as juste oublié de mentionner que c’est lors de sa présidence et uniquement lors de sa présidence que 4 Mohéliens étaient en même temps ministres dans un gouvernement comorien. Mais, il n’est même pas sûr que les Mohéliens essaient de s’en souvenir aujourd’hui».

   Azali Assoumani Baba a quitté le pouvoir le 26 mai 2006. On ne l’a jamais entendu parler de la présidence calamiteuse d’Ahmed Sambi. Sous la présidence d’Ikililou Dhoinine, il n’a repris son droit à la parole que pour se positionner et prendre date pour l’élection présidentielle de 2016. Or, depuis le 26 mai 2011, date de son départ de Beït-Salam, Ahmed Sambi est dans l’obsession de la bouche ouverte à vie, poussant le morbide et le ridicule jusqu’à vouloir casser la présidence tournante afin de ne pas attendre le tour de son île natale d’Anjouan en 2021, alors que le gouvernement comorien et la communauté internationale lui ont dit de ne même pas penser à l’élection présidentielle de 2016. Le ministre Houmed Msaïdié fait du bon travail et est à féliciter.

   En définitive, Azali Assoumani Baba a montré qu’il a plus d’éducation, de dignité, de fierté personnelle, de décence et de personnalité qu’Ahmed Sambi, dont le seul «talent» réside dans l’art du mensonge et des promesses futiles et impossibles à tenir. Si on peut consulter Azali Assoumani Baba sur une question intéressant l’État comorien, on ne voit pas le sujet sur lequel on peut demander l’avis d’Ahmed Sambi. Comme les gens ne savent rien de ses domaines de compétence, qu’il les présente lui-même, à condition d’oublier la religion, car il ne connaît rien en religion.

Par ARM

Le copier-coller tue la blogosphère comorienne. Cela étant, il est demandé amicalement aux administrateurs des sites Internet et blogs de ne pas reproduire sur leurs médias l’intégralité des articles du site www.lemohelien.com – Il s’agit d’une propriété intellectuelle.

© www.lemohelien.com – Dimanche 9 août 2015.


Partagez sur

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.