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Salwa Mag ou quand les femmes ringardisent les hommes

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On découvre des femmes méritantes, mais où sont les hommes?

Par ARM

   Existe-t-il des hommes de mérite aux Comores? La question ne relève pas de la pure provocation, mais d’une réalité médiatique, sociologique, sociale et politique. Imaginez le désarroi, la tristesse et la jalousie de ces Messieurs les hommes qui, chaque semaine, en découvrant le nouveau numéro de Salwa Mag, La Femme comorienne, découvrent et redécouvrent le portrait d’une femme comorienne de mérite, alors que personne ne dresse un portrait élogieux d’eux. On n’a que ce qu’on mérite. Ce qui est absolument fabuleux, c’est que certaines de ces femmes formidables ne sont même pas connues du grand public, mais, existent et font des choses merveilleuses. Elles valent qu’on les découvre et qu’on les connaisse, et ça fait un bien fou de savoir qu’elles sont là et qu’elles ont une personnalité attachante et font un travail admirable. La liste est impressionnante et donne du baume au cœur parce que cela signifie que les Comores sont un pays où le talent, l’expertise et la compétence existent, mais sont souvent méconnus du grand public.

   Salwa Mag fait découvrir et redécouvrir: Rahymat Elarif, styliste à Dubaï, le nouveau cœur du monde; Faouzia Abdoulhalik, installée au Canada, où elle est experte en développement et lutte contre la pauvreté; Samirat Bacard, la spécialiste qui a réussi la gageure de valoriser et de commercialiser le thé comorien; Bynthy Charif, l’anglophone parfaite de France qui enseigne le français aux États-Unis; Ralia Abdou Dafiné, la militante de toujours; Haniffat Soilih Lubet, qui consacre sa vie à l’informatique et à la peinture; Mariama Saïd Halidi, la diplomate dévouée à la cause des étudiants comoriens au Sénégal; Anziza Youssouf Ahmed, cheffe d’un projet dans l’industrie téléphonique en Chine. Salwa Mag avait fait redécouvrir également le Docteur Najwa Abbas (pédiatre), Loulou S. Issilamou (journaliste), Saminya Bounou (journaliste), Maliza Saïd Soilihi (scientifique et politicienne), Tidjara Djoumoi (journaliste), Nawal Msaïdié (Directrice générale de l’Office national du Tourisme, nommée avant l’entrée de son présidentiable de père dans le gouvernement), Asbahati Haki (créatrice de mode), Nassim Guy (chargée de communication), etc. Une fois de plus, la liste est très longue et impressionnante par le talent qu’on y découvre.

   Comment voulez-vous donc que Messieurs ces hommes, en découvrant chaque semaine une nouvelle figure féminine des Comores en pleine renaissance ne renâclent pas et ne deviennent pas jaloux, aigris et grincheux? En d’autres termes, le talent féminin comorien ringardise les hommes, qui voudraient qu’on parle d’eux aussi, mais pour parler de qui et pour dire quoi? Est-ce que les Comoriens veulent entendre parler de ces chers Messieurs? Et qui va perdre son temps, son énergie et son talent pour parler de gens qui, certes, ont des diplômes, font de choses et d’autres, mais n’arrivent pas à donner envie de parler d’eux en termes positifs? Qui, dans les Comores d’aujourd’hui, a envie de perdre son temps à créer un journal qui s’appellerait «Abdou Mag» et parler de gens plus habitués à faire reculer le pays qu’à le faire avancer? Parce que, dans l’affaire, il ne faut surtout pas se tromper: la Comorienne qui exprime son talent au fin fond de la Laponie, chez les Inuits, ou à Pago-Pago ou à Fagatogo, participe au rayonnement mondial des Comores. Qu’elle soit au Canada, aux États-Unis, à Vanuatu ou à Tuvalu, la femme comorienne fait du bien à son pays. Elle exporte les Comores dans ce qu’elles ont de meilleur. Ces admirables Comoriennes sont des Ambassadeurs de leur pays, et souvent, à la suite de la découverte d’une personne comorienne de mérite, des étrangers peuvent découvrir un pays. L’ONG Languedoc-Comores du Docteur Yves Chavergnac est née de ce genre de rencontres.

   Salwa Mag a beaucoup de mérites. Salwa Mag n’a que du mérite. Il nous change des Messieurs ces hommes, dont l’action sur l’espace public fait rarement plaisir. Le peuple veut voir autre chose en dehors de ces politiciens décevants, et pendant des décennies, les médias comoriens n’ont parlé que de ces politiciens qui ont habitué le peuple à leurs petits comptes d’apothicaire, à leurs spectaculaires retournements de vestes et casaques, à leur sempiternelle mendicité politique, à leur manie consistant à renier leurs idéaux et principes si tant est qu’ils en ont eu un jour, à leurs rocambolesques histoires de vol éhonté d’argent public, à leurs promesses électorales qu’ils oublient dès la publication des résultats électoraux, à leur vie passée dans le dévergondage et dans les tripatouillages les plus inacceptables des lois de la République et de la Constitution elle-même, etc.

   En mars 2015, Mme Fatima Madi Mlatamou, Directrice du projet Appui à la Création et Développement des micros et petites Entreprises (AMIE), disait sans aucune forme de méchanceté envers les hommes, ni flagornerie envers les femmes: «C’est rare que les femmes échouent, alors que les hommes peuvent échouer facilement. Non seulement, les femmes réussissent mieux, mais elles paient leurs dettes. Certaines femmes, comme elles sont dépendantes des maris, ou des frères, ont recours aux hommes pour la gestion de l’argent. Et ce sont ces genres de femmes qui échouent. Si une femme échoue dans ses affaires, c’est qu’il y a un homme à côté. Soit, il a pris l’argent, soit il n’a pas passé la commande… Mais, la majorité atteint leurs objectifs par rapport aux hommes» (Al-Watwan, Moroni, 20 mars 2015, p. 7). Il ne s’agit pas pour elle de dire que les Messieurs des Comores sont tous des chenapans, mais tout de même. Soyons sport. Soyons justes.

   Salwa Mag a le mérite de nous rappeler une chose fondamentale: la femme comorienne existe et a eu l’intelligence et l’honnêteté de se situer aux antipodes des infamies et pratiques viles, indécentes et malsaines des Messieurs les hommes. Salwa Mag répare l’outrage fait à la femme comorienne pendant des décennies parce qu’il nous fait découvrir et redécouvrir la femme comorienne, une femme comorienne entreprenante, agissante, volontariste et créatrice de sens et de repères.

   Comme à tout Seigneur, tout honneur, il faut rappeler que Salwa Mag est un magazine qui a fait son apparition sur le paysage médiatique comorien sous l’impulsion de l’énergique et volontariste Mme Faraenti Abdallah Mgueni, au premier trimestre 2015. Ce média permet de visiter et revisiter la richesse inépuisable et la splendeur infinie de la femme comorienne à travers certaines de figures féminines parmi les plus emblématiques, des femmes comoriennes qui font l’actualité de la plus heureuse des manières et qui prouvent que la femme comorienne existe et fait du bien. Cela étant, dans chaque numéro de Salwa Mag, la lectrice et le lecteur découvrent des personnalités féminines qui font la fierté des Comoriens, à un moment où on peut affirmer sans excès de langage que la plupart des personnalités publiques mâles du pays font la honte des Comores et sont devenus rasoirs. Ils énervent prodigieusement. La femme comorienne est une richesse, mais une richesse longtemps occultée et méconnue. Le grand mérite de Salwa Mag est celui d’avoir su placer cette richesse féminine sous le regard intéressé et gourmand de la lectrice et du lecteur. Ça suscite la jalousie des hommes, mais il s’agit d’une jalousie qu’on peut gérer. La richesse inépuisable de la femme comorienne, on ne se lassera de la découvrir et de la redécouvrir à travers Salwa Mag, loin des bassesses et turpitudes d’une certaine classe politique masculine qui a tellement déçu qu’on finira par ne plus parler d’elle.

   Dès lors, une question se pose: qui est Mme Faraenti Abdallah Mgueni, celle qui présente les femmes comoriennes, et qu’on aimerait bien connaître aussi, compte tenu de la noblesse de sa tâche de journaliste? Il s’agit d’une jeune femme d’une trentaine d’années, née à Moroni, mariée et mère de deux garçons. Elle vit en Pennsylvanie, aux États-Unis, depuis 2010. Elle est directrice de la publication et travaille avec 4 autres personnes (en France et à Moroni). Elle dit d’elle-même: «Je suis journaliste, métier que j’ai appris sur le tas, par passion et par vocation. J’ai une formation en Lettres et ai obtenu mon diplôme en France, avant de préparer un autre diplôme, en Business Administration, aux États-Unis. J’ai décidé de lancer ce magazine pour plusieurs raisons. Le choix du nom d’abord: c’est ma mère qui s’appelle Salwa, et je veux lui rendre hommage ici car elle est pour moi une référence fondamentale. Même si elle n’a pas fait des études au sens occidental du terme, elle s’est battue comme une lionne, en faisant de la couture à gauche, en faisant commerce à droite, pour nous éduquer. Elle a réussi. Je dis aujourd’hui: “Bravo maman”. Nous sommes une famille nombreuse, et ce n’est pas évident aux Comores. Ensuite, je veux rendre un hommage très appuyé également à mon pays. Comme je l’ai toujours dit, les Comores sont un pays que j’aime comme j’aime ma propre mère. Ma mère m’a mise au monde, et mon pays, malgré ses maigres ressources et moyens, a su m’accompagner. Je suis donc reconnaissante de tout ce qu’il a pu faire pour moi. Créer ce magazine est donc une façon pour moi de dire “merci” à mon pays aussi car je pouvais mourir faute de stock de vaccins ou à cause du paludisme, mais mon pays a toujours été là. Quand je suis venue ici aux États-Unis, je n’ai pas tardé à me rendre compte que 99% des gens de la région dans laquelle je vis ne connaissaient pas les Comores. Je me suis donc dit: “Pourquoi ne pas faire la promotion de mon pays en passant par la valorisation de la femme, la femme comorienne?”. J’ai toujours travaillé avec les femmes quand j’étais aux Comores (sur les questions en relation avec les femmes et le développement). J’essaie d’apporter ma petite pierre à l’édifice, en participant, à ma modeste échelle, à une œuvre d’éducation, de divertissement et de découverte». Voilà qui est honorable.

   Autant signaler que Salwa Mag est magazine basé sur un marketing bonne mère de famille, une rédaction bon père de famille, des sujets fille de bonne famille, une présentation fils de bonne famille. En un mot, il s’agit d’un journal volontariste, qui s’est attelé à la valorisation de la femme comorienne par un travail sérieux, soigné et donc de qualité, parce que c’est avec le bon qu’on fait le meilleur. Le concept de Salwa Mag est tellement réussi qu’on se pose la question de savoir pourquoi un tel travail n’a pas été mis en chantier depuis longtemps, surtout quand on sait que les journalistes de qualité, ce n’est pas ce qui manque aux Comores. En tout état de cause, c’est une publication destinée à travailler dans la durée et dont nous suivons avec intérêt la très belle évolution et réussite. Lectrices et lecteurs lui ont réservé un accueil favorable dans un pays devenu de plus en plus exigeant en matière de presse. Nous espérons que cette confiance va perdurer et se consolider.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 29 août 2015.


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