Pschitt! Il était une fois, le «Rassemblement des patriotes»
Un à un, les alliés d’Ahmed Sambi retrouvent leur indépendance
Par ARM
Seule la charité empêche de dauber cruellement sur les crypto-sambistes et sur l’explosion attendue, prévisible et prévue de leur machin pompeusement baptisé «Rassemblement des Patriotes». Voilà des gens très imprudents et présomptueux qui croyaient qu’il suffisait de se réunir dans une salle à Paris, de tenir des discours creux et haineux pour être crédibles, notamment quand on annonce à grand bruit une caporalisation par Ahmed Sambi à dessein de ravaler au rang de satellites subalternes des chefs de partis politiques croyant être en mesure de conquérir l’électorat comorien et de diriger les Comores. C’était le samedi 16 mai 2015. Depuis, que de choses se passèrent! Que de trombes d’eau ont coulé sous les ponts. Il était dit ce jour-là qu’Ahmed Sambi était constitutionnellement fondé à déposer sa candidature pour briguer la présidence de la République en 2016, et qu’il était le candidat naturel du «Rassemblement des Patriotes». On vit ces gens-là organiser une opération mafieuse de «pétitions» anticonstitutionnelles, proclamer l’obligation d’«Assises nationales» également anticonstitutionnelles, saisir la Cour constitutionnelle, parler de «gouvernement d’union nationale», mettre au goût du jour une présidence tournante à Mayotte, même si la Constitution n’envisage cette éventualité qu’en cas de cessation de l’actuelle situation juridique et administrative française de Mayotte (…), le tout pour favoriser les desseins électoraux impossibles d’Ahmed Sambi en 2016. Or, pendant qu’on croyait que tout était fait pour créer les conditions de la caporalisation totale et définitive par Ahmed Sambi des chefs des partis politiques du «Rassemblement des Patriotes», le navire prend eau de toutes parts, et il est impossible de colmater les brèches. La débandade a d’ailleurs commencé dès le dimanche 17 mai 2015, quand des chefs de partis politiques ont été interpellés par leurs militants, furieux, qui ne comprennent toujours pas pourquoi ces derniers s’arrogèrent le droit de prendre à leur place de décisions aussi graves sur l’avenir de leurs organisations politiques.
Moins d’une semaine après le meeting raté du samedi 16 mai 2015 (après vérification, il s’avéra que seules 70 personnes y avaient pris part, au lieu de 300 perfidement et frauduleusement annoncées), Achirafi Saïd-Hachim, Président de CADIM, tirait à boulets rouges sur son «allié» Ahmed Sambi, n’hésitant pas à l’accuser d’importation du radicalisme vers les Comores, affirmant que l’élection présidentielle de 2016 n’était ouverte logiquement qu’aux Grands-Comoriens, et que lui-même n’était candidat à ce scrutin qu’en sa qualité de Grand-Comorien. Pour sa part, le Caporal Bourhane Hamidou n’avait même pas attendu le meeting du 16 mai 2015 pour déclarer publiquement à Dakar ses ambitions présidentielles, puisqu’un mois plus tôt, il avait annoncé dans la capitale sénégalaise sa candidature à l’élection présidentielle de 2016, s’attirant l’ire de certains crypto-sambistes qui l’avaient traité de «chien», alors que tout le monde sait que l’enfant de Singani ne prend jamais un Kleenex ou un cachet d’aspirine sans en demander l’autorisation à son Dieu Ahmed Sambi.
Par la suite, dans une interview qu’il a accordée à notre site, ce mardi 10 novembre 2015, Achirafi Saïd-Hachim nous livre une explication pour le moins inattendue, en tout cas qui éclaire l’opinion publique sur ce qui se passe au sein de la galaxie crypto-sambiste: «Des partisans d’Ahmed Sambi sont venus me voir pour me proposer de les accompagner dans l’opposition en tant qu’entité unie. C’est alors que nous avons lancé le Rassemblement des Patriotes, dont le véritable acte de naissance date du samedi 16 mai 2015, lors de notre meeting à Paris. Très soucieux de défendre ses propres intérêts, Ahmed Sambi voulait une fusion de tous nos partis politiques au sein du Juwa, son organisation politique. Au cours du meeting du samedi 16 mai 2015, Ahmed Sambi s’est précipité pour déclarer sa candidature à l’élection présidentielle de 2016, et cela a été ressenti comme notre ralliement total, définitif et inconditionnel à ladite candidature, alors qu’il n’a jamais été question d’un tel ralliement. Moi aussi, je suis candidat à l’élection présidentielle de 2016 et je suis son opposant au sein de l’opposition et au sein du Rassemblement des Patriotes. Mon frère Saïd Larifou, dont le parti politique, le RIDJA, est également membre du Rassemblement des Patriotes, vient de déclarer sa candidature. Cela semble déséquilibrer et affecter le Rassemblement des Patriotes. Le Parti Juwa n’a pas aimé cette initiative du chef du RIDJA. Les partisans du Juwa ne veulent entendre parler que de la candidature d’Ahmed Sambi. Ils ne voient qu’Ahmed Sambi. Personne n’a le droit de présenter une candidature en dehors d’Ahmed Sambi. En ce qui me concerne, je n’ai pas la même vision des Comores et du monde qu’Ahmed Sambi». Tout ça est très instructif et édifiant sur le climat qui règne dans la galaxie crypto-sambiste. Mais, ce n’est pas encore fini.
En effet, ce dimanche 8 novembre 2015, on assista à une nouvelle manœuvre politique qui n’est pas faite pour apporter la sérénité dans les esprits, puisque, à Foumbouni, Saïd Larifou, Président du RIDJA, s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2016, alors que depuis avril 2015, il avait pris fait et cause pour la candidature impossible de son allié Ahmed Sambi. C’est en ces termes qu’il a annoncé sa candidature: «Je suis candidat par devoir. Je suis candidat car mon pays, notre pays, a soif de justice, d’équité, de prospérité et du développement. Ma candidature est celle du changement, celle de la rupture avec le passé sombre, celle de la jeunesse, celle de la lutte contre la pauvreté». Il va sans dire que, pour les Comoriens, Ahmed Sambi, l’allié de Saïd Larifou, fait partie de ce «passé sombre» et qu’on ne peut pas être dans le sillage de cet homme et réclamer «la Justice», «l’équité», «la prospérité», «la lutte contre la pauvreté» et «le développement». On doit quand même réfléchir quand Saïd Larifou soutient que «je ne serais pas le seul candidat, mais si je ne suis pas le seul et unique qui a les mains propres, je suis le premier qui lutte avec des efforts personnels contre la dilapidation du bien public, en défendant l’intérêt supérieur de la nation. Je défends tous les Comoriens et leurs intérêts avec mes moyens personnels».
Naturellement, seuls les Comoriens sont en mesure de dire si les affirmations du Président du RIDJA sont fondées. Mais, ce n’est pas ça le plus important. En effet, le plus important, c’est l’implosion du «Rassemblement des Patriotes», parce que ce dernier est parti du soutien total d’un certain nombre de chefs de partis politiques à l’impossible candidature d’Ahmed Sambi à la multiplication des candidatures au sein de la galaxie crypto-sambiste. La question légitime que se posent les Comoriens est celle de savoir comment peut-on constituer une alliance politique, se ranger derrière le propriétaire de cette dernière, tout en faisant tout pour avoir une existence politique prétendument autonome. Il va sans dire que cette démarche n’est pas une sinécure, et ne contribuera pas à donner aux acteurs politiques comoriens une image de sérieux et de crédibilité. En même temps, il faudra avoir la charité de reconnaître que dès le départ, le «Rassemblement des Patriotes» est fondé sur le sable et sur le néant. Les chefs des partis qui le forment sont plus connus pour le mépris et la haine qu’ils se vouent que pour leur convergence de vues. Il est vrai que ces gens-là sont unis par une haine farouche et une sainte détestation du régime politique actuel, mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel: le mensonge et le vide sur lesquels est fondé le «Rassemblement des Patriotes». La haine envers un régime politique n’est pas un facteur suffisant pour unir ce qui est dissemblable, se méprise et se déteste.
D’autres candidatures sont attendues au sein de la galaxie crypto-sambiste. Celles qui ne sont pas encore déclarées n’attendent que la mise dans une voie de garage de la candidature impossible d’Ahmed Sambi pour sortir du bois, faire des protestations de fidélité à ce dernier et demander les sommes destinées à financer des campagnes électorales à la finalité douteuse. Mais, même si ces gens-là arrivent à tromper Ahmed Sambi, les Comoriens ne se laisseront pas embobiner dans une démagogie politicienne larmoyante.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Mercredi 11 novembre 2015.
One Comment
ali
novembre 11, 2015 at 12:55“les acteurs politiques s’aiment et se disent la stricte vérité”… c’est une torpille.Lancée ici il y a quelques jours, je savais que ça allait tout faire exploser. Très méchant ce ARM. J’ai vraiment de la peine pour Said Larifou, car c’est vrai, il n’a pas été prudent sur ce coup. Tout comme ARM n’est pas prudent aujourdhui, d’aller flirter avec MAMADOU. Saches-le ARM, ça nous fait beaucoup de peine.
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Bonjour, frère,
Je ne flirte pas avec les acteurs politiques. J’aime les biographies. J’en ai écrit une sur le Roi Hassan II, une autre sur 278 diplomates marocains (prosopographie). J’ai écrit pour quelqu’un une biographie, loin des Comores. Je ne vis pas d’écriture, mais l’écriture est ma vie. Je suis toujours indépendant. Je vais le prouver dans les jours à venir. Je ne peux pas aimer l’écriture et ne pas écrire sur un sujet qui me passionne.
Cordialement,
ARM