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L’indifférence criminelle des Émirats envers A. Sambi

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L’indifférence criminelle des Émirats envers A. Sambi

Les accusateurs cueillent le fruit de l’arbre «argentier»

Par ARM

       Depuis le 19 mai 2018, soit depuis 3 ans, 1 mois et 5 jours, le Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi est brutalement privé d’humanité, de toute forme d’humanité. Il lui est refusé la qualité d’être humain, notamment celle qui doit lui permettre de vivre avec d’autres êtres humains. Il est assigné à résidence, avec l’interdiction de voir même les membres de sa famille. Il n’a jamais été jugé. Il n’a jamais été reconnu coupable d’un fait réprimé par la Loi. Un tel abus relève du manque d’humanité et du rejet total du Droit et de son primat.

L’assignation à résidence est une mesure privative de la plupart des libertés reconnues à l’Homme, et est rarement assortie d’un isolement total comme celui dans lequel est placé le Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Elle est réservée aux terroristes, et soumise à des conditions de Droit obligeant les autorités à respecter les droits et la dignité du prévenu.

En effet, «l’assignation à résidence poursuit l’objectif de lutte contre le terrorisme, qui participe de l’objectif de valeur constitutionnelle de prévention des atteintes à l’ordre public. Les conditions de recours à cette mesure sont prévues et son champ d’application limité à des personnes soupçonnées de présenter une menace d’une particulière gravité pour l’ordre public. Cependant, compte tenu de sa rigueur, la mesure d’assignation à résidence ne saurait, sans méconnaître les exigences constitutionnelles précitées, excéder, de manière continue ou non, une durée totale cumulée de douze mois. Eu égard à son objet et à ses effets, notamment aux restrictions apportées à la liberté d’aller et venir, une assignation à résidence prise en application de l’article L. 228-2 CSI, porte, en principe et par elle-même, sauf à ce que l’administration fasse valoir des circonstances particulières, une grave et immédiate à la situation de cette personne, de nature à créer une situation d’urgence justifiant que le juge administratif des référés, saisi sur le fondement de l’article L. 521-2 CJA, puisse prononcer dans les plus brefs délais, si les autres conditions posées par cet article sont remplies, une mesure provisoire et conservatoire de sauvegarde»: Michel Lascombe, Aymeric Potteau et autres: Code constitutionnel et des droits fondamentaux, Annoté, commenté, en ligne, 10ème édition 2021, Dalloz, Paris, 2020, p. 8.

Nous ne retrouvons pas ces préoccupations dans l’assignation à résidence d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Bien au contraire, ce dernier est considéré comme un être non humain, n’ayant aucun droit et n’ayant pas droit au Droit. Pis, dans cette triste affaire, on ne peut qu’être dégoûté par l’indifférence criminelle des Émirats Arabes Unis face à un crime qu’ils cautionnent. Ce sont les dirigeants des Émirats qui ont sollicité du Président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi «la citoyenneté économique» au profit de leurs propres citoyens qu’ils ont rendus apatrides. Dès lors, et comme «il n’y a pas de corrompu sans corrupteur», et comme «sans receleurs, il n’y aurait pas de voleurs» (Edgar Faure), si Ahmed Abdallah Mohamed Sambi était corrompu, cela aurait supposé que le Président, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l’Intérieur des Émirats Arabes Unis étaient ses corrupteurs.

Or, les Émirats se taisent et laissent mourir en silence et dans l’isolement total Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Est-ce leur façon de dire qu’ils sont corrupteurs? Est-ce leur façon de manifester leur «Mourouwa», l’antique esprit chevaleresque arabe? Les Émirats Arabes Unis laissent mourir Ahmed Abdallah Mohamed Sambi car ce qui les intéresse, ce n’est pas l’injustice mortelle et inhumaine qu’il subit, mais l’exploitation de «la citoyenneté économique» avec la complicité du dictateur et usurpateur Assoumani Azali Boinaheri.

Une seule enquête a été menée sur «la citoyenneté économique», et elle démontre que ses fonds ont été détournés par Bashar Kiwan et non par Ahmed Abdallah Mohamed Sambi: «Sambi avait peut-être l’aide de Dieu, mais ce dont il avait réellement besoin, c’était quelqu’un qui lui explique les clauses du contrat qu’il n’avait pas lu attentivement. L’ayatollah semblait croire que l’argent atterrirait dans les coffres du gouvernement en un seul bloc; il ne s’était pas rendu compte qu’en vertu de l’entente initiale, les fonds devaient d’abord transiter par les comptes de Kiwan, et ce, en plusieurs versements sporadiques»: Atossa Araxia Abrahamian: Citoyennetés à vendre. Enquête sur le marché mondial des passeports, Éditions Lux, Québec, septembre 2016, pp. 143-144.

Autrement dit, «dans ce cas, des centaines de millions de dollars ne seraient jamais parvenus jusqu’aux comptes comoriens […]. “Je vous le dis, c’est très simple, m’a expliqué l’ancien cadre de la CGH. Bachar n’a pas donné d’argent aux Comoriens”. Le gouvernement comorien, pour sa part, clame que la CGH ne lui a pas payé 16 millions de dollars qui devaient lui revenir. […] Mohamed Dossar, qui représentait l’État dans le contrat signé en 2008 entre les Comores, les Émirats et Bachar Kiwan, a été catégorique: “Il est évident que la CGH ne nous a pas donné tout l’argent qu’elle nous doit”. Il a ajouté que le contrat en question avait été révisé à la fin de 2010»: Atossa Araxia Abrahamian: Citoyennetés à vendre. Enquête sur le marché mondial des passeports, op. cit., p. 149.

Sur ce dossier empoisonné par la haine et le mensonge, la défense d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi doit se limiter à ce passage figurant dans la lettre de 12 pages que, le 16 mai 2020, il avait adressée à son bourreau et tortionnaire, le dictateur et usurpateur Assoumani Azali Boinaheri: «Selon Dhoulkamal dans son rapport, j’aurai reçu un pot-de-vin de cent cinq (105) voire cent trente-cinq (135) millions de dollars dans le but d’accepter la signature d’un protocole d’accord sur la citoyenneté économique entre les Émirats Arabes Unis et l’Union des Comores. […]. Si c’était en liquide, cela signifierait que j’aurais reçu l’équivalent d’une tonne de billets de cent (100) dollars à Beït-Salam, ce qui est complètement aberrant. Si c’était par virement bancaire, alors, le juge d’instruction se doit de trouver une trace sur un compte bancaire m’appartenant. Or, avant mon mandat présidentiel et tout au long de ce mandat, je n’ai jamais détenu un quelconque compte bancaire à l’étranger. Les seuls comptes bancaires que j’avais étaient domiciliés aux Comores. Si c’était par chèque, alors le juge d’instruction aurait dû, là aussi, trouver, la trace de ce chèque bancaire et le compte sur lequel il aurait été encaissé». C’est tout. Il n’y a rien à ajouter. On n’ajoute rien.

C’est l’accusateur qui doit apporter la preuve de la corruption par la tonne de billets de 100 dollars, un chèque ou un virement. Le prévenu n’a pas à apporter la preuve de son innocence. Ahmed Abdallah Mohamed Sambi est innocent. En laissant un innocent moisir dans l’isolement, loin de l’humanité, loin de sa famille, les Émirats Arabes Unis ont créé les conditions de leur éjection des Comores, demain. Ils n’y auront pas leur place, contrairement au Qatar. L’Arabie Saoudite, en soutenant aveuglement une dictature atroce contre le peuple comorien, et les Émirats Arabes Unis, en lâchant par lâcheté Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, un ancien allié, innocent, sont devenus les ennemis du peuple comorien. Les Émirats Arabes Unis ont haineusement, honteusement et lâchement manifesté dans cette affaire une indifférence criminelle, contraire aux valeurs de l’Islam et de leur culture arabe ancestrale. La realpolitik et la raison d’État ont leurs limites, et cette limite s’appelle humanité et honneur.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Jeudi 24 juin 2021.


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