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Damed confond la diplomatie et la politique extérieure

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Damed confond la diplomatie et la politique extérieure

En dépit de la complémentarité, ce n’est pas la même chose

Par ARM

       Le pauvre chéri… Damed, une certaine tendance à l’exagération te fait obstinément croire que tu as assez «de talent» pour devenir le Père Joseph des Mauvais. Hier, dans une confusion monumentale, tu étais, à l’Assemblée de l’Union des Comores, le Père Joseph du Député Hassani Tabibou, d’Oussivo, violemment jeté dans les poubelles de l’Histoire depuis. Tu ressuscites par le titre de Maître de Cérémonies dans le bordel d’Ibrahim Ali Mzimba, qui jure être un opposant très farouche à la dictature de Mitsoudjé, alors qu’il est vu à Bête-Salam il y a juste quelques heures. Maintenant, tu es devenu l’émérite Promoteur de l’Image nationale et internationale du fugitif international Hamada Madi Boléro, le «Conseiller diplomatique» du dictateur Assoumani Azali Boinaheri. Mais, comment peux-tu être «le Conseiller en images du Conseiller diplomatique» quand tu ne sais même pas ce que signifie le mot «diplomatie», quand tu confonds diplomatie et politique extérieure, internationale ou étrangère? Ce n’est pas bien. Nous allons en faire la preuve de manière concrète.

       Damed, tu as écrit: «La diplomatie étant un domaine régalien et exclusif du Chef de l’État, ce dernier “détermine et conduit la politique extérieureˮ de part [Sic: Par] les prérogatives qui lui sont propres». C’est gravissime. La diplomatie n’a jamais été «un domaine exclusif du chef de l’État»; c’est la définition de la politique extérieure qui relève de la compétence du chef de l’État, pendant que la diplomatie est la prérogative et la raison d’être du ministère des Affaires étrangères. Dans le livre de Droit international public le plus complet, le plus accessible et le mieux écrit en français, livre surnommé «La Bible du Droit international public» par les vrais juristes (tu n’en es pas un), on lit: «Le ministère des Affaires étrangères, instrument privilégié des rapports internationaux de l’État»: Nguyen Quoc Dinh, Patrick Daillier, Mathias Forteau, Alina Miron et Alain Pellet: Droit international public, 9ème édition, LGDJ Lextenso, Paris, La Défense, 2022, p. 1043.

Damed, la politique extérieure est l’ensemble des principes et orientations qui guident l’action internationale de l’État souverain, pendant que la diplomatie se résume aux moyens mis en œuvre pour cette politique extérieure, ou internationale ou étrangère. D’ailleurs, on désigne le ministère des Affaires étrangères par «appareil diplomatique» et le ministre des Affaires étrangères par «chef de la diplomatie». Alors, comment le ministre des Affaires étrangères pourrait-il être le chef de la diplomatie si cette diplomatie était «un domaine exclusif du chef de l’État»? Même si la définition de la politique extérieure de l’État relève de la compétence «exclusive» du chef de l’État, celui-ci tient compte du travail et des avis de l’appareil diplomatique. Ceci est d’autant plus vrai que «les réunions des gouvernements sont le plus souvent préparées discrètement par des hommes de la Carrière, même s’ils laissent aux “politiquesˮ le soin de récolter le fruit de leur travail et les échos de la presse»: Pierre-Michel Eisemann: La diplomatie, in Encylopaedia Universalis, corpus 7, Paris, édition de 1996, p. 662.

Damed, pour que les uns et les autres puissent définitivement comprendre que tu t’invites dans un domaine où tu n’as aucune compétence, il est nécessaire de recourir à des définitions qu’on lit sous la plume d’un certain nombre de spécialistes.

Damed, Pierre-Michel Eisemann nous apprend que «le rôle de la diplomatie n’est pas de définir le contenu de la politique extérieure d’un État, mais seulement de mettre en œuvre celle qui aura été déterminée par l’organe constitutionnellement compétent pour diriger les affaires du pays»: P.-M. Eisemann: La diplomatie, op. cit., p. 526. Le même auteur signale à juste titre: «On définira plus simplement la diplomatie comme l’ensemble des voies et moyens officiels par lesquels sont conduites les relations extérieures pacifiques des États»: P.-M. Eisemann: La diplomatie, op. cit., p. 526.

S’agissant de la politique extérieure, James N. Rosenau la définit en termes d’«effort d’une société nationale de contrôler son environnement externe par la préservation des situations favorables et la modification des situations défavorables»: James N. Rosenau: Linkage politics. Essays on the convergence of national and international Systems, The Free Press, New York, 1969, cité par Saïd Ihraï: Le consensus sur la politique extérieure, in Georges Vedel présente Édification d’un État moderne (Collectif), Albin Michel, Paris, 1986, p. 543.

Dès lors, Charles Zorgbibe a raison de dire que «la politique étrangère est considérée ici comme le produit des forces environnantes (historiques, politiques, économiques, sociales). Les auteurs cherchent à isoler un facteur ou une série de facteurs du milieu interne ou externe pour les relier, implicitement ou explicitement, aux décisions ou aux ensembles de décisions»: Charles Zorgbibe: Introduction aux relations internationales, PUF, Mémentos Thémis, Paris, 1977, p. 15.

Damed, la diplomatie reste l’ensemble des moyens et activités que l’État souverain consacre à la conduite de sa politique extérieure. Chaque chef d’État, en fonction d’un certain nombre de facteurs, dont sa propre perception des choses, ses propres idées politiques, philosophiques ou religieuses ainsi que sa conception économique, mais également en tenant compte du travail et des observations des fonctionnaires et agents du ministère des Affaires étrangères, définit la politique extérieure du pays. C’est donc la politique extérieure qui permet à un État de privilégier ses relations, à un moment donné, avec les pays arabes, ou avec les pays musulmans, ou avec les pays communistes, ou avec les pays capitalistes, ou avec les dictatures, ou avec les démocraties, ou avec les pays d’Afrique, ou avec les pays d’Europe. Le chef de l’État change, la politique extérieure change, mais la diplomatie reste en place, nonobstant (et non «nobostant») quelques changements de têtes.

Damed, si tu te permets de t’inviter sur un sujet sur lequel tu n’as aucune compétence, te contentant d’empocher l’argent qu’on t’offre, c’est parce que chez les Comoriens, il n’y a pas de débats de société, l’injure étant la seule forme d’échanges entre les gens. N’importe qui s’arroge le droit d’insulter le spécialiste dans son domaine d’expertise. Les «savants» autoproclamés se barricadent derrière leur incapacité à apporter le moindre argument. L’insulte suffit. L’insulte tient lieu d’expertise. Les incompétents s’autoproclament experts.

Damed, dans son fameux sketch Tous les Algériens sont des mécaniciens, l’humoriste algérien Fellag explique que dans son pays, il suffit d’ouvrir le capot de sa voiture pour que tous les passants y mettent leur tête. Un Professeur de Sciences de la Vie et de Terre voulait me gifler l’autre jour car je lui avais expliqué que la juridiction constitutionnelle peut s’appeler Cour constitutionnelle, Conseil constitutionnel, Tribunal constitutionnel, Cour suprême ou Haut Tribunal constitutionnel. Il me dit: «Non! À partir du moment où le Conseil constitutionnel devient la Cour constitutionnelle, il ne s’agit plus de la même chose». Damed, cela nous rappelle l’époque où le fugitif international Hamada Madi Boléro, alors secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI), étalait son incompétence sur la place publique mondiale en prouvant qu’il ignorait qu’une organisation internationale, qu’elle soit régionale ou universelle, peut s’appeler Traité, Charte, Organisation, Commission, Pacte, Union, Comité, Association, Communauté, Alliance, Autorité, Conférence… Tel maître, tel serviteur.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mardi 6 juin 2023.


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