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Brûler la CÉNI, l’«usual suspect», le bouc émissaire?

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Brûler la CÉNI, l’«usual suspect», le bouc émissaire?

Bien désemparée, l’opposition ne sait même pas ce qu’elle veut

Par ARM

   La Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI) et la Commission nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption (CNPLC) sont l’objet d’une sourde haine de la part de nombreux Comoriens, qui les accusent de ne pas faire leur travail correctement. Dans le cas de la CÉNI, cette haine est d’autant plus palpable que l’organisme chargé d’organiser des élections propres, libres, démocratiques et transparentes est au centre de polémiques dans lesquelles elle se plonge souvent elle-même. On parle même de la corruptibilité et de la corruption effective ayant ravagé certains de ses membres qui ont été séduits par l’argent mielleux d’Ahmed Sambi, la nounou de la candidature-biberon. Depuis 2015, les conflits internes au sein de la CÉNI sont devenus monnaie courante et lassants et, médusés, les Comoriens ont assisté à de tentatives de nuits de longs couteaux au cours desquelles ce membre de la Commission, tel Iznogoud, a voulu devenir Khalife à la place du Khalife. Naturellement, l’image de l’institution a été gravement écornée, surtout quand on sait que le nom du Docteur Ahmed Mohamed Djaza, l’envié et jalousé Président de l’organisme, est régulièrement jeté en pâture à une opinion publique en quête de parfait bouc émissaire. Les choses finirent par rentrer dans l’ordre, mais uniquement pour quelques semaines. Oui, seulement pour quelques semaines. C’est que la CÉNI n’a jamais eu la sérénité d’une institution politique scandinave, bien au contraire. Pourtant, les acteurs politiques devaient arrêter leur hypocrisie, parce que, hypocrisie il y a.

   Il y a hypocrisie parce que les membres de la CÉNI n’ont pas été nommés par une seule personne, et on a vu le Président Ikililou Dhoinine nommer l’opposant Saïd Mzé Dafiné, l’enfant chéri de Salimani-Hambou, avant de le démettre de ses fonctions par la suite pour fautes gravissimes allant jusqu’à la paralysie de l’institution. De la même manière, on se souvient de la grosse colère qu’avait piquée le gourmand et ambitieux Djaé Ahamada Chanfi, alors Vice-président de l’Assemblée de l’Union des Comores, contre son «ami et frère» «l’institution» qu’est le Caporal Bourhane Hamidou – au fait, que devient ce dernier? –, alors Président de l’Assemblée, qui s’était caché avec ses amis crypto-sambistes pour désigner seul les membres de la CÉNI dont la nomination revenait au Bureau de la même Assemblée. Très fâché, Djaé Ahamada Chanfi avait fini par obtenir gain de cause, et sur ordre du Gouverneur Mouigni Baraka Saïd Soilihi, son patron de l’époque, avait nommé qui il voulait à la CÉNI. De fait, la CÉNI n’est pas politiquement monolithique et unicolore. On y trouve même de crypto-sambistes, mais, cela, on oublie de le dire aux Comoriens. Quand l’opposition parle des dysfonctionnements de la CÉNI, elle en rend le gouvernement responsable. Ce raccourci relève de l’élucubration pathétique et de la mauvaise foi. Ce n’est pas bien.

   On peut parler d’«élucubration pathétique» parce que, quand le Président Ikililou Dhoinine remplace deux membres de la CÉNI pour faute professionnelle grave entraînant la paralysie de l’organisme, l’opposition rue aux brancards et crie au scandale. C’est ainsi que Mohamed Abdouloihabi Abdallah, candidat à l’élection présidentielle, un opposant refusant de recourir à la haine, considère que «le Président a été induit en erreur par ses conseillers juridiques», que «la décision d’exclure un membre de la Commission revient à l’Assemblée générale de la CÉNI. À ma connaissance, cette réunion n’a jamais eu lieu». L’ancien Président de l’île autonome de la Grande-Comore dit regretter profondément le renvoi de Saïd Mzé Dafiné, qu’il considère comme le «seul représentant de l’opposition» au sein de la CÉNI. Le prudent Mohamed Abdouloihabi Abdallah estime donc qu’il serait normal de renvoyer les membres de la CÉNI auprès de leurs mamans. Il faut tout de même relever qu’en vertu du principe du parallélisme des formes, le Président de la République a toute autorité pour relever de ses fonctions un agent qu’il a lui-même nommé. Et quand il s’avère en plus que cet agent est accusé d’un certain nombre de vilénies et infamies, l’extrême prudence s’impose. Comment alors demander le renvoi des membres de la CÉNI qui ne plaisent pas, tout en déplorant celui d’un membre qui plaît, en invoquant «l’inamovibilité» des membres de la Commission? Il y a une flagrante contradiction dans toutes ces revendications décousues et inintelligibles.

   On retrouve la même contradiction dans la démarche de partis politiques qui ont adressé une lettre collective au Président Ikililou Dhoinine pour lui demander le renvoi du Président et du secrétaire général de la CÉNI, alors que ces mêmes partis politiques crient à l’«inamovibilité» des membres de la CÉNI quand ça leur chante. Hypocrisie, donc. D’où la question: que veut l’opposition comorienne et surtout, sait-elle ce qu’elle veut? Elle ne le sait pas parce que les partis de l’opposition en question pérorent en signalant qu’il est «évident que les conditions nécessaires pour un scrutin libre, transparent et démocratique ne sont pas réunies, ce qui n’est pas de nature à nous rassurer» et que «les conflits internes de la CÉNI sapent d’une façon sérieuse et durable les fondements de cet organe gestionnaire et organisateur des élections». Pourtant, quand le Président de la République prend la décision de renvoyer des membres de la CÉNI qui provoquaient des dysfonctionnements au sein de l’institution, les mêmes partis politiques claironnent en ces termes: «Cet acte s’écarte de l’esprit et de la lettre du Code électoral, dont l’article 32 a consacré l’indépendance de la CÉNI par rapport aux institutions exécutives et législatives de l’Union des Comores». On l’aura compris: ce que veut l’opposition, c’est le maintien des membres de la CÉNI nommés par des personnalités de l’opposition et le renvoi de ceux qui ont été choisis par des autorités proches du pouvoir politique en place. Cette opposition se moque ouvertement des Comoriens.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Jeudi 28 janvier 2016.


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