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Aucun contrat social entre les Comores et l’île de Mayotte

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Aucun contrat social entre les Comores et l’île de Mayotte

Sans contrat social, la nation et l’État relèvent de la pure folie

Par ARM

       Pour vivre ensemble, au sein de la même société, il faut impérativement un contrat social: «Le “contrat social”désigne, dans la pensée philosophique, l’accord par lequel les êtres humains décident de quitter leur vie naturelle pour se constituer en communauté politique et se placer sous l’autorité d’un pouvoir civil. […]. Autrement dit, l’adhésion du peuple se substitue à la volonté divine comme source du pouvoir civil. La thèse du contrat social pose, d’une manière générale, le principe du consentement des individus au pouvoir qu’ils se donnent. Dans ses premières formulations, elle ne met pas en cause l’idée monarchique, mais justifie de s’opposer à la tyrannie. […]. Récemment, la thèse du contrat social a connu un regain d’intérêt, tant dans la pensée philosophique (John Rawls) que dans les nouvelles conceptions de la vie démocratique (idées sur la “démocratie délibérative”»): Olivier Nay, Guy Carcassonne, Françoise Dreyfus, Olivier, Josepha Laroche, Wanda Mastor, Johanna Siméant et Yves Surel: Lexique de science politique, 4èmeédition 2017, Éditions Dalloz, Paris, 2017, pp. 115-116.

       Retenons-en «l’accord par lequel les êtres humains…», «se constituer en communauté politique», «le principe du consentement des individus au pouvoir qu’ils se donnent» et «s’opposer à la tyrannie». Appliquons ces idées à la relation entre Mayotte et les Comores.

       En 1762, Jean-Jacques Rousseau publie son livre emblématique Du contrat social ou Principes de Droit politique. Il y développe une problématique novatrice, sur un sujet lui-même novateur et très audacieux: une organisation sociale «juste» est basée sur un pacte qui doit garantir et soutenir la liberté et l’égalité en Droit entre tous les citoyens. Le contrat social est un pacte contracté entre tous les participants, tous les citoyens en présence. Dès lors, chaque citoyen renonce à sa liberté naturelle pour gagner une liberté civile. Cf. Marcel Prélot et Georges Lescuyer: Histoire des idées politiques, 13ème édition, Dalloz, Précis, Collection «Droit public et Science politique», Paris, 1997, pp. 339-346.

       Dans «contrat social», il y a le mot «contrat». Le Code civil français, dont le copier-coller par de nombreux pays francophones d’Afrique est assuré, le définit en ces termes: «Le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations» (Article 1101 modifié par l’ordonnance n°2016 du 10 février 2016 – article 2, en vigueur depuis le 1er octobre 2016). De ce fait, il n’y a jamais de contrat sans «accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes», physiques ou morales.

       Une polémique inutile oppose des Comoriens aux Mahorais sur le caractère comorien ou non de Mayotte. Cette polémique est inutile car: Mayotte n’a jamais fait partie des Comores, hormis lors de la période où la France l’y avait insérée pour des raisons administratives, Mayotte n’a aucun sentiment national comorien, Mayotte ne veut pas faire partie des Comores, depuis le référendum d’autodétermination du 22 décembre 1974, Mayotte s’ancre davantage au sein de la France et rejette les prétentions géographiques des Comores, basées ainsi sur une proximité géographique, sans proximité des esprits, des âmes et des cœurs.

       Mesdames, Messieurs, la proximité géographique n’est pas l’encre avec laquelle on rédige le contrat social; cette encre se décline en respect de l’autre, acceptation de l’autre, absence de tout sentiment de supériorité envers les autres, tolérance envers les autres. Dans sa très belle conférence à l’Université de la Sorbonne, le 11 mars 1882, Ernest Renan avait rejeté la conception objective ou allemande de la nation (basée sur l’ethnicité comme celle des Comores), et avait joliment déclaré: «Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements».

       Il avait eu cette belle conclusion: «Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible: le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie».

       Des Comoriens, essentiellement d’Anjouan et de Grande-Comore, veulent nolens volens que Mayotte fasse partie des Comores. Les Mahorais n’en veulent pas. Quand, à Mayotte, la criminalité causée par les clandestins comoriens a atteint le niveau le plus élevé et le plus insupportable, les donneurs des leçons les plus prétentieux de Grande-Comore et Anjouan ont été incapables de la moindre autocritique. Pour eux, les coupables sont les Mahorais et non leurs clandestins, des coupeurs de routes, des assassins, des voleurs et des terroristes. Selon leur droit-de-l’hommisme, le droit du sol est à Mayotte un permis pour le crime. Les criminels entendent ce discours, et accentuent l’acharnement en criminalité et en injures envers les Mahorais, les Mahoraises et leurs mères. Aucun droit-de-l’hommiste ne se pose des questions sur les souffrances vécues au quotidien à Mayotte. Personne parmi ces gens-là n’a dit un jour qu’il faut respecter le choix politique, social et de vie des Mahorais. Au contraire, prétentieux et donneurs de leçon, il faut leur rappeler constamment les subtilités de l’article partitif, et les écouter quand ils accusent les Mahorais de tous les maux, continuant ainsi à élargir le fossé juridique, institutionnel, politique et sociétal entre Mayotte et les Comores.

       Il faudra de l’intelligence venue de l’au-delà pour comprendre par quel miracle spatial, extraterrestre et divin ils pourront placer un pistolet sur la tempe de chaque Mahorais et de chaque Mahoraise pour les obliger à se déclarer Comoriens. Comment vont-ils faire pour susciter la confiance des Mahorais, après avoir soutenu contre eux les criminels qui détruisent leur vie, leur cadre de vie et leurs libertés? Pourquoi, par réflexe pavlovien, faut-il que «les bons et vrais Comoriens» soient-ils toujours hostiles à Mayotte tout en prétendant que «Mayotte est comorienne et le restera à jamais»? Où ces gens-là ont-ils vu une société sans contrat social, une société dont le contrat serait basé sur la contrainte et non l’accord de volontés entre les parties concernées?

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 20 mai 2023.


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