Saïd Abdallah Mchangama, superstar du crime

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Le plus grand criminel comorien, avant Abou Achirafi Ali Bacar

Par ARM

   Le 1er novembre 2013, dans un article intitulé «Les mystères de Beit Salam en 2016!» et sous-titré «Un homme politique ne meurt jamais», il est écrit que «cet adage trouve sa place appropriée dans l’actuelle situation politique comorienne. Qui aurait pu imaginer que l’homme de l’affaire “Intertrade” peut refaire surface, au point de devenir l’homme providentiel parmi les siens? À trois ans des élections présidentielles dont le tour des candidatures arrive à la Grande-Comore, tout semble bien joué d’avance. L’ancien président de l’Assemblée nationale des Comores, Mohamed Saïd Abdallah Mchangama, fait l’unanimité au sein de la classe politique comorienne. Tout cela après une enquête menée par le très respectueux organe de sondage africain STATISTAF, montrant que plus de 75% de la population est prêt à voter pour cet ancien homme politique reconverti en homme des associations». «Homme providentiel», Saïd Abdallah Mchangama? Ah oui? On aimerait bien voir ça. En plus, il «fait l’unanimité au sein de la classe politique comorienne»? Où ça? Où a-t-on vu ça? Que c’est beau et magnifique. Et voilà que «75% de la population est prêt à voter pour cet ancien homme politique». Pour essuyer les larmes de joie de ces 75% des Comoriens et des 25% qui pensent autrement, il faudra des conteneurs de mouchoirs. Très émouvant!

   En réalité, sur chaque île, il se trouve des complaisants pour réhabiliter le plus grand criminel local. À Anjouan, Abou Achirafi Ali Bacar a été élu Député, pendant qu’à la Grande-Comore, des complaisants trouveraient (le conditionnel est de rigueur car il faudra s’interroger sur le «sondage» en cause) que Saïd Abdallah Mchangama est «l’homme providentiel». Donc, chaque île réhabilite son criminel le plus endurci. Il n’y a qu’à Mohéli où le peuple met fin à la carrière politique des mauvais garçons. On a vu comment Mohamed Larif Oucacha, l’un des politiciens mohéliens les plus brillants, a été humilié au cours de l’élection présidentielle de 2010, placé à la dégradante 7ème place sur 10 candidats, alors qu’il avait commencé sa campagne électorale avec une valise de 150 millions de francs comoriens et l’avait fini, 24 heures avant le premier tour, avec une autre valise de 75 millions, sans compter les millions qui avaient circulé entre les deux valises. On lui reproche, à Mohéli, ses calculs personnels qui l’avaient conduit en 1993 à attribuer la présidence de l’Assemblée fédérale à Saïd Abdallah Mchangama, alors que le poste revenait à Mohéli. On lui reproche aussi son soutien à Ahmed Sambi en 2010, quand ce dernier ne voulait pas organiser l’élection présidentielle qui devait placer à Beït-Salam un Mohélien.

   Au criminel froid Abou Achirafi Ali Bacar, a été attribué le titre de plus grand criminel comorien de tous les temps. En réalité, nous devons présenter nos excuses les plus sincères à Saïd Abdallah Mchangama parce que cet insigne «honneur» et cette distinction lui reviennent de droit. En recensant les crimes d’Abou Achirafi Ali Bacar, nous comptons: falsification de la signature du Président Ikililou Dhoinine, mise en place d’un trabendo parallèle de passeports comoriens lui ayant rapporté 9 milliards de francs comoriens, participation à l’assassinat du Lieutenant-colonel Combo Ayouba pour le compte d’Ahmed Sambi, subornation de témoins, exfiltration des mercenaires libyens ayant participé à ce meurtre, exfiltration de leurs armes, sabotage d’une enquête criminelle en rapport avec cet assassinat, destruction de preuves incriminant Ahmed Sambi, participation à l’assassinat du Docteur Assad Saïd-Omar, qui détenait des preuves accablantes contre Ahmed Sambi au sujet de l’assassinat de Combo Ayouba.

   Par contre, quand on revient sur les crimes de Saïd Abdallah Mchangama, la liste est plus impressionnante. Selon Mireille Duteil, «au centre de la poudrière comorienne, un homme: Mohamed Mchangama, gendre du chef de l’État et actuel président de l’Assemblée nationale. Il est l’homme fort de l’“archipel aux parfums”. Rentré aux Comores dans les bagages de Mohamed Taki, principal opposant à Djohar, lors de l’élection présidentielle de 1990, Mchangama quitte Taki pour le nouveau chef de l’État après la victoire de ce dernier. Il va épouser la fille aînée du président, sa préférée, Lili. Impliquée en Europe dans une escroquerie internationale à l’assurance-crédit, Mchangama est nommé… ministre de l’Économie et des Finances. Ce qui lui permet de mettre sur pied de nombreux trafics juteux. Au printemps 1992, le gouvernement de Moroni servira d’intermédiaire pour la livraison d’armes à une faction somalienne. “Faux passeports, blanchiment d’argent sale: Mchangama est dans tous les coups”, confirme un haut fonctionnaire français. Il va aussi, ce qui est politiquement grave, devenir le relais, dans l’archipel, de la République islamique d’Iran. En novembre [1993], une perquisition dans les milieux islamistes de France a permis de découvrir des documents prouvant que des fonds iraniens à destination du FIS algérien passaient par la Banque internationale des Comores, à Moroni. Si Mchangama fait la pluie et le beau temps, c’est qu’il s’est acheté la complicité de son président de beau-père, sur lequel il exerce un chantage grâce, paraît-il, à une sordide affaire de mœurs. […]. À Paris, on affirme qu’il n’est pas question de le voir s’installer à la présidence»: Mireille Duteil: Scoop. Poudrière comorienne, Le Point n°1120, Paris, 5 mars 1994, p. 21. Ses méthodes sous la présidence de Saïd Mohamed Djohar donnent naissance au néologisme «gendrocratie».

   À l’initiative de Saïd Abdallah Mchangama, «environ 160 jeunes Comoriens sont partis étudier en Iran. Sur place, ils sont pris en charge par le Front islamique de Libération des Comores. Quelques dizaines d’entre eux ont été envoyés en Afghanistan se battre aux côtés des moudjahidin. Certains sont rentrés au pays, une douzaine sont en Algérie, intégrés au sein du GIA (Groupe islamique armé), auteur d’attentats antifrançais […]»: M. Duteil: Scoop. Poudrière comorienne, op. cit., p. 21. Le terroriste international comorien Fazul Abdullah Mohamed avait emprunté cette filière, et Oussama Ben Laden, avant de mourir sous des balles états-uniennes, avait dû avoir une pensée attendrie et de la gratitude pour Saïd Abdallah Mchangama, pour ses magnifiques cadeaux humains.

   Saïd Abdallah Mchangama est coupable des méfaits suivants: «Escroquerie internationale à l’assurance-crédit», «livraison d’armes à une faction somalienne», «faux passeports, blanchiment d’argent sale», «relais de la République islamique d’Iran», complicité avec le Front islamique du Salut (FIS) et le GIA d’Algérie, «chantage» sur le Président Saïd Mohamed Djohar. Il faudra y ajouter «de multiples autres trafics, […] un chantage sordide concernant une affaire de mœurs». Et, «impliqué dans une escroquerie internationale à l’assurance-crédit et de multiples autres trafics, Mchangama doit à tout prix, pour échapper à un mandat d’arrêt international, conserver sa “couverture” diplomatique en maintenant en place l’actuel chef de l’État, qu’il tient grâce à un chantage sordide concernant une affaire de mœurs»: Thierry Vincent: Comores. Mascarade électorale, Jeune Afrique n°1722, Paris, 6-13 janvier 1994, p. 10. Ajoutons-en aussi son statut d’espion pour une puissance étrangère: «Dans son édition du 19 novembre [1991], le journal parisien France-Minute publie que M. Mohamed Saïd Mchangama, notre ministre des Finances, est un agent des services secrets israéliens appelés Mossad. L’information provient d’un télex émanant du lieutenant-colonel Da Silva (coopérant français à Moroni) […]»: Psychométrie. Négative: Saïd Mchangama, L’Unité n°1, Moroni, 7 décembre 1991, p. 7. Que dire de l’immense escroquerie internationale appelée «Affaire Intertrade», portant sur un immense trafic de matériel de travaux publics d’origine italienne?

   Saïd Abdallah Mchangama, surnommé «Raspoutine» lors de la présidence peu glorieuse de Saïd Mohamed Djohar, était celui à qui «on lui prête des pouvoirs exorbitants et de faire et de défaire les hommes. Ce qui lui vaut de solides rancœurs. […]. Ses adversaires le qualifient d’aventurier»: Mohamed Hassani et Ali Moindjié: Le conseiller spécial du président à cœur ouvert, Al-Watwany n°172, Moroni, 24-30 août 1991, p. 16. La lecture continue: «Mchangama est considéré comme un redoutable affairiste […]. Quelques années plus tard, il s’est installé au Danemark où il a monté successivement plusieurs affaires qui ont fait faillite, d’où quelques sérieux ennuis avec la justice»: Regard de la presse étrangère, Miandi n°24, Moroni, 16-30 septembre 1991, p. 4.

   Déjà en 1994, le Premier ministre Mohamed Abdou Madi dit «Mjamaoué» avait lancé à son sujet un méchant «Il faut qu’il sache qu’il n’est pas le roi, ça devrait le faire réfléchir»: Cité par Aboubacar Mchangama: La guerre des clans, L’Archipel n°123, Moroni, 24 avril 1994, p. 3. Un de ses amis dit de lui: «Ce type a une mentalité d’enfant gâté et n’accepte pas d’être remis en cause et critiqué. Il réagira par les injures à chaque critique qui lui est adressée».

   Pour connaître Saïd Abdallah Mchangama dans son nouveau rôle fait d’hypocrisie et de manipulations des gogos, il faut prendre connaissance de ce que le Sénégalais Birago Diop faisait dire au sage: «Tel est le roi sans trône. Le roi déchu se fait marabout. Confit en dévotion, il recherche dans la religion sa supériorité perdue. Son gros chapelet, son grand bonnet, son boubou voyant en imposent au commun. Sa splendeur passée, croit-il, ne meurt pas ainsi entièrement, puisque l’on parle encore de lui et qu’on le vénère. Sa dévotion n’est qu’extérieure. Rendez-lui son trône, il oublie ses prières. Un roi ne peut être religieux»: Birago Diop: Les Contes d’Amadou Koumba, Présence africaine, Paris, 1961, p. 163. En tout cas, il peut continuer à mentir et à manipuler, mais ses mensonges et ses manipulations ne sont pas en état d’atteindre certains au-delà de certains cercles de la Grande-Comore.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Samedi 11 juillet 2015.


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