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Michel Debré avertissait les Comores, soutenait Mayotte

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Michel Debré avertissait les Comores, soutenait Mayotte

Ce qu’il avait prédit est bien arrivé aux Comores et à Mayotte

Par ARM

       Le 27 août 1958, Michel Debré présentait devant le Conseil d’État le projet de la Constitution, dont l’adoption allait avoir lieu le 4 octobre 1958 par référendum. Il avait parlé des Comores, les mettant en garde contre toute aventure précipitée et périlleuse devant les jeter dans les hasards de l’indépendance.

       Les dirigeants comoriens n’ont pas écouté Michel Debré. Ils ont proclamé l’indépendance et ont plongé tout un pays et tout un peuple dans la misère noire. Alors que l’indépendance était censée apporter la prospérité et la dignité aux Comoriens, elle est devenue un facteur de misère noire et de deuil qui jette chaque jour dans la mer des dizaines de Comoriens vers Mayotte, l’île qui a fait le choix de la France depuis 1841, soit depuis 200 ans dans 17 ans.

En 1974-1975, Mayotte a concrétisé son souhait de rester française, sans les Comores. Ce souhait est exprimé au moins depuis 1956-1957. Il avait été soutenu des grandes personnalités françaises, dont des gaullistes historiques. Selon Jacques Foccart, Conseiller très proche du Président Charles de Gaulle, «le Général n’attachait pas beaucoup d’importance aux Comores. “S’ils veulent partir, qu’ils partent”, résumait-il. Mais il était sensible aux doléances des habitants de Mayotte. Sans envisager de donner suite aux pétitions pour la transformation de l’île en département français rattaché à la Réunion, il commentait: “Nous ne pouvons pas livrer ces malheureux à Saïd Mohamed Cheikh s’ils ne sont pas d’accord”. Lors de la visite à Paris d’une délégation de Mayotte, il m’a donné pour consigne de ne pas encourager nos visiteurs à se séparer des Comores, mais de leur dire qu’en cas de référendum ils seraient consultés séparément. Michel Debré et Pierre Messmer allaient plus loin que le Général sur ce terrain. Ils voulaient isoler Mayotte pour en faire une entité française et poussaient à cette consultation séparée»: Philippe Gaillard et Jacques Foccart: Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, Tome I, Fayard et Éditions Jeune Afrique, Paris, 1995, pp. 256-257.

Michel Debré avait soutenu à merveille et avec conviction Mayotte, comme en témoigne son discours du haut de la tribune de l’Assemblée nationale le 10 décembre 1975.

       Au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’indépendance est l’une des possibilités offertes à tous les peuples du monde. Mais, sa mise en œuvre n’a pas toujours été exemplaire. Même les vrais libérateurs des pays africains l’ont déploré. Amilcar Cabral (1924-1973), de Guinée Bissau et Cap Vert, critiquait le détournement des indépendances africaines: «Cependant, se libérer de la domination étrangère n’est pas le seul désir de nos peuples. Ils ont appris par l’expérience et sous l’oppression coloniale que l’exploitation de l’homme par l’homme est le plus grand obstacle au développement et au progrès d’un peuple au-delà de la libération nationale»: Amilcar Cabral: Guinée «portugaise». Le pouvoir des armes, Éditions François Maspero, Cahiers libres n°162, Paris, 1960, p. 11.

Pour Samuel Daniel Shafiishuna Nujoma dit Sam Nujoma (né en 1929), chef historique de l’Organisation du Peuple sud-ouest africain (SWAPO) et libérateur de la Namibie, dont il avait été le chef d’État de 1990 à 2005, «c’est pour cette raison qu’il est naturel d’attendre de nous, les dirigeants des mouvements de libération, un engagement en ce qui concerne le respect des droits de l’homme»: (Sam Nujoma): Intervention lors de la «Conférence internationale de Dakar sur la Namibie et les droits de l’homme: d’hier à demain», Revue des Droits de l’Homme, Volume IX, 2-3, Éditions Pedone, Paris, 1976, p. 222.

Pour sa part, Nelson Mandela, le plus célèbre des combattants de la liberté, déplore ce qui est une terrible trahison des peuples: «Parmi la multitude de ceux qui ont traversé l’Histoire, ont lutté pour la justice, certains ont commandé d’invincibles armées de libération, ils ont mené des soulèvements et ont fait d’énormes sacrifices afin de libérer leur peuple du joug de l’oppresseur. Ils voulaient améliorer leur existence en créant des emplois, en bâtissant des maisons, des écoles, des hôpitaux, en introduisant l’électricité et en apportant une eau potable et saine jusqu’aux zones rurales. Leur but était de supprimer le fossé entre les riches et les pauvres, entre les intellectuels et les analphabètes, entre les bien-portants et les malades. […]. Les opprimés nourrissaient l’espoir de voir leurs rêves se réaliser, de regagner enfin la dignité d’homme qu’on leur avait refusée pendant des décennies ou même des siècles.

       Mais l’Histoire ne cesse de jouer des tours, même au héros de la liberté les plus célèbres et les plus aguerris. Souvent, les révolutionnaires d’autrefois ont succombé à l’appât du gain, et se sont laissé prendre à la tentation de confisquer des ressources publiques pour leur enrichissement personnel. En amassant de vastes fortunes personnelles, et en trahissant les nobles objectifs qui les avaient rendus célèbres, ils abandonnaient de fait les masses populaires et se rapprochaient des anciens oppresseurs, qui s’enrichissaient en spoliant sans pitié les plus pauvres parmi les plus pauvres»: Nelson Mandela: Conversations avec moi-même, Traduit de l’anglais par Maxime Berrée, Ouvrage publié sous la direction de Jean-Louis Jestjens, Éditions de la Martinière, Paris, 2010, p. 438.

Le Professeur Mario Bettati dénonce ce crime, que Mayotte a tout fait pour éviter: «Nous manifestions contre la guerre du Viêt-Nam ou contre d’autres conflits de décolonisation au nom du “droit des peuples à disposer d’eux-mêmes”, et puis nous avons découvert qu’il s’agissait du “droit des mêmes à disposer de leurs peuples”»: L’humanitaire peut-elle être neutre? Table ronde avec Mario Bettati (professeur de droit international à l’Université Paris II), Rony Brauman (président de MSF) et Bernard Holzer (ancien secrétaire général du CCFD), animée pour Projet par Emmanuel Laurentin (France-Culture), in L’humanitaire sans frontières, Projet n°237, printemps 1994, Paris, 1994, p. 80.

Pour sa part, dans sa lettre de mars 1986 à son ami René Dumont, Jean Malaurie a écrit: «L’Histoire contemporaine a montré que ce noble mot de liberté allait servir à masquer, souvent, des dominations claniques implacables, manipulées par des forces extérieures. De jeunes bourgeoisies urbaines et fonctionnariales, méprisantes à l’égard de cette paysannerie dont elles sont issues, prennent cyniquement le relais du néocolonialisme. Inattaquables parce qu’issues de pouvoirs indépendants, ces nouvelles classes possédantes filtrent l’aide au Tiers-monde et la planifient dans le sens de leurs intérêts particuliers. En de nombreux pays africains, l’échec est si patent que les populations rurales – premières et pitoyables victimes des oppressions – en arrivent à silencieusement regretter le temps ancien du colonialisme»: Jean Malaurie: Du danger des idées fausses dans les politiques de développement en Afrique Noire, in René Dumont et Charlotte Paquet: Pour l’Afrique j’accuse. Le Journal d’un agronome au Sahel en voie de destruction, Postface de Michel Rocard, Librairie Plon, Collection «Terre humaine», Paris, 1986, p. 402.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 17 mai 2023.


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