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Une solidarité comorienne au Tchadien Nguebla Makaïla

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Une solidarité comorienne au Tchadien Nguebla Makaïla

Pour une universalité de l’État de Droit et de la démocratie

Par ARM

       Le 20 juin 1990, lors de la Conférence de La Baule, au moment où le Président François Mitterrand parlait de la nouvelle politique française de coopération – liée à la démocratisation des régimes politiques africains – à ses homologues africains, ces derniers avaient renâclé.

Seul le Mozambicain Joaquim Chissano avait admis l’universalité de la démocratie: «S’il faut croire Libération, les participants africains sont “médusés” par ce virage pourtant prévisible, qui suscite plutôt la grogne chez la plupart des dirigeants présents, en règle générale chefs de parti unique. Hissène Habré a peu apprécié une “leçon” qui ressemble “à du mépris pour l’Afrique”, tandis que Moussa Traoré estime que la démocratie est avant tout “un état d’esprit”. Hassan II s’interroge sur le point de savoir “comment, après trente ans de parti unique, digérer le pluralisme en deux ou trois ans”. Le président Eyadema explique qu’il ne peut “imposer le multipartisme à son peuple”, qui réclame le maintien du RPT (le parti unique), et le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, regrette que François Mitterrand “donne des leçons”, ce qui n’est pas à ses yeux une “attitude démocratique”. Le président du Mozambique, Joaquim Chissano – pour la première fois présent à un sommet franco-africain –, est un des rares à défendre la position de son homologue français, en affirmant que la démocratie est une “nécessité universelle”»: Claude Wauthier: Quatre présidents et l’Afrique. De Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand. Quarante ans de politique africaine, Éditions du Seuil, Collection «L’Histoire immédiate», Paris, 1995, p. 561.

L’universalité de l’État de Droit et de la démocratie est tellement réelle que personne ne pourra différencier le blogueur tchadien Nguebla Makaïla et son frère des Comores puisque, tous deux, en militant pour un État moderne dans leurs pays respectifs, sont interdits de séjour dans leurs propres parties respectives. Ils sont devenus des parias, des indésirables, chez eux.

Si le blogueur comorien pouvait se rendre chez lui jusqu’en mai 2016, le Tchadien Nguebla Makaïla est interdit de séjour dans son propre pays depuis plus de 15 ans. Il fut chassé de Tunisie à la demande du Tchad, et se retrouva au Sénégal. Toujours à la demande du Tchad, il fut chassé du Sénégal et se retrouva en Guinée Conakry. Le Tchad lui refuse obstinément le renouvellement de ses documents administratifs, et la Grande France lui accorda l’asile dans des conditions très émouvantes. Pendant plus d’une décennie, Nguebla Makaïla n’avait aucune existence légale: il n’avait aucun document administratif.

J’avais écrit à Ikililou Dhoinine, alors Président des Comores, pour lui demander un passeport pour mon ami fraternel du Tchad, et il ne m’a jamais répondu, me prenant pour un farfelu.

Nguebla Makaïla ne veut pas le pouvoir au Tchad. Il veut juste que le Tchad, son pays, un pays qu’il aime jusqu’à l’idolâtrie, soit un État normal, démocratique, doté d’institutions démocratiques, gouverné selon des lois et des méthodes démocratiques. C’est tout. Il ne fait de la fixation sur personne. Il ne personnalise pas les problèmes politiques. Ce qui compte pour lui, c’est la bonne gouvernance, qui joue les arlésiennes au Tchad et ailleurs en Afrique.

Aujourd’hui, Nguebla Makaïla, mon ami fraternel du Tchad, est poursuivi en justice à Paris, par Abbas Tolli, neveu du Président Idriss Déby Itno du Tchad. Abbas Tolli, neveu de son oncle, est actuellement Gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BÉAC), dont le siège est à Yaoundé, au Cameroun. Le site www.makaila.fr étant une institution incontournable, du fait de son sérieux et de sa crédibilité, les lecteurs, absolument sérieux et crédibles, eux aussi, lui font parvenir des contributions, qu’il publie après vérifications et recoupements.

C’est ainsi que mon ami fraternel Nguebla Makaïla a publié la contribution d’un lecteur qui parle du népotisme d’Abbas Tolli depuis qu’il était haut fonctionnaire au Tchad. Mon ami fraternel Nguebla Makaïla est depuis poursuivi en justice comme un vulgaire criminel: frères et sœurs du Tchad, vos frères et sœurs des Comores connaissent les ravages du népotisme, ce poison.

Seulement, Abbas Tolli va se rendre compte qu’il a commis une faute gravissime: il s’est attaqué à un homme honnête, bénéficiant de la solidarité de nombreux journalistes et personnalités en France et dans le monde. Son avocat n’est autre que Maître William Bourdon, défenseur des droits de l’Homme, très impliqué sur le dossier des «Biens mal acquis», du côté des peuples africains. Comme on dit aux Comores, Abbas Tolli «a soulevé une pierre et est tombé sur un serpent».

Nguebla Makaïla est un professionnel de l’information. Il avait accepté de publier un démenti, suite à la contribution qui fait polémique. On lui demanda de retirer de son site glorieux l’article qui posait problème. Il le fit. Malgré tout, il est poursuivi en justice.

Mais, il n’est pas seul. La chaîne de solidarité qui se forme autour de lui et en sa faveur est internationale. Votre site préféré y participe.

Sur le plan personnel, j’ai un contact humain avec le Tchad depuis 1982, à Djoiezi, Mohéli. Au Maroc, j’ai étudié l’Administration publique et la Diplomatie dans la même classe, pendant 4 ans, avec Abakar Tollimi et un autre Tchadien. Abakar Tollimi devint Docteur en Droit public (Université de la Sorbonne) et chef rebelle. Moi, si j’avais des armes et des troupes, qui sait ce que je serais devenu? Mais, si j’étais chef d’État, j’aurais organisé un séminaire pour savoir pourquoi un homme de ce niveau est devenu chef rebelle. J’ai connu un autre opposant tchadien au Maroc, avant de le retrouver à Paris, ville où j’ai fréquenté aussi tel opposant de la Guinée Équatoriale. Il faut que les dirigeants écoutent ces patriotes-là.

Il y a de la violence politique au Tchad depuis les années 1960. Mais, quand on écoute sur Radio France Internationale (RFI) le discours très policé, responsable et civique de Saleh Kebzabo, on se demande comment un pays qui a produit des hommes d’État de cette envergure n’arrive pas à se parler, et s’installe dans le gâchis permanent.

Paix au Tchad.

Paix dans les esprits au Tchad.

Nguebla Maïkala a le droit de vivre et d’écrire en toute liberté. Lui poser des œillères en matière d’écriture, c’est le tuer à petit feu. Le Tchad a besoin de tous ses enfants, y compris de ses dissidents.

Paix à Nguebla Makaïla.

Par ARM

© www.lemohelien.com – Mardi 10 septembre 2019.


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