Sortir de la crise des transports aériens aux Comores
Par Mme Faouzia Hassani
L’année 2015 est, comme les années passées, une des plus difficiles pour la diaspora comorienne essentiellement installée en France désirant se rendre aux Comores. En effet, après la désertion de Yemenia Airways pour cause de guerre survenue au Yémen, la compagnie Air Madagascar rencontre une grève sans précédent et ne parvient donc pas à désengorger la capitale malgache par les liaisons régionales, effectuées par petits porteurs. Les vacanciers comoriens de la diaspora se sont donc trouvés bloqués à Antananarivo pour quelques jours. Ces deux compagnies font partie des quatre qui desservent régulièrement notre pays depuis quelques années, avec Air Austral (qui affiche complet depuis avril) et Kenya Airways, qui a vendu tous ses sièges dans les classes tarifaires abordables, d’où les tarifs exorbitants annoncés actuellement en agence pour des «aller juillet-retour août et début septembre», n’est plus en mesure de donner satisfaction à la clientèle.
L’éternelle question s’est donc encore une fois posée: pourquoi les autorités comoriennes n’arrivent toujours pas à résoudre le problème de l’enclavement de notre pays, une fois pour toutes, alors que nous venons de célébrer 40 ans d’indépendance et cela fait maintenant six ans qu’a eu lieu le crash de Yemenia dans les eaux comoriennes faisant disparaître plus d’une centaine de nos compatriotes? Il faut retenir que sur les 320.000 Comoriens résidant en France, environ 60.000 se rendent au pays chaque année, essentiellement entre les mois de juillet et septembre, et pendant les vacances de Noël. Ce qui correspond à 6 allers et 6 retours en période estivale occidentale et 3 allers et 3 retours en fin d’année soit environ 18 semaines de haute saison pour une compagnie régulière devant assurer 52 semaines de rotation dans l’année. Si l’on considère que ces rotations sont effectuées par un gros porteur à grande autonomie et faible consommation (le B767-300ER, par exemple, celui que les pilotes surnomment le «Money Maker» par ses caractéristiques économiques, une autonomie de plus de 11.000km pour une consommation de 90.774 litres et une capacité de 350 sièges), il faudrait compter près de 1.600 à 1.800 euros hors marge, soit un tarif compris entre 2.000 et 3.000 euros la place pour arriver à amortir la rotation. Convenons-nous, ce prix n’est pas très compétitif et encore moins attractif pour le comorien lambda. Ainsi ce grossier calcul rapide, freine-t-il plus d’une compagnie à s’aventurer sur la destination, entre autres freins, que je me garde bien d’énumérer.
Ainsi, pour remédier au problème des voyages de la diaspora vers les Comores et pallier le «spectre» des retours à vide tant redoutés par toute compagnie aérienne, Ulezi propose de traiter le problème en amont. Il met en avant la solution «développement touristique» une des pistes privilégiées d’ailleurs de notre développement économique. Un programme de désenclavement de la destination Comores doit être élaboré et mis en place sur plusieurs points:
- Investir sur les infrastructures, notamment routières portuaires et aéroportuaires (pour connecter les Comores entres elles et avec le reste du monde),
- Investir sur les infrastructures de télécommunication dans le but de rassurer le touriste, en lui offrant la possibilité de garder le contact avec ses proches dans son pays d’origine, qu’il s’agisse de professionnels s’il s’agit d’un voyage professionnel, ou de citoyens ordinaires si ce sont des personnes en vacances.
- Un effort particulier doit être consenti par l’État en matière des besoins élémentaires (eau, électricité, soins…), tout d’abord pour la population locale, et dans le cadre touristique. Cela contribuerait à lever un des plus gros freins en garantissant ce strict minimum vital.
- Promouvoir la destination Comores à travers des structures spécialisées comme l’Office du Tourisme aux Comores accompagnées, sur les marchés ciblés, par des agences de promotion touristiques (en France et autres pays de provenance) susceptibles d’élaborer des stratégies de communication appropriées à la cible. Il revient à l’État de réglementer et d’encadrer le secteur de manière à sécuriser la destination et rassurer les éventuels professionnels du tourisme, désirant travailler pour la destination Comores.
- Également, développer, réglementer et sécuriser les transports en commun,
- Établir un état des lieux de notre capacité d’accueil en matière d’hébergement pour une exploitation à court terme, et pas uniquement les infrastructures hôtelières. Il convient aussi de recenser les logements inoccupés toute l’année, comme les maisons des Comoriens de la diaspora, et octroyer des agréments professionnels pour une exploitation touristique. Pour cela, il conviendrait d’élaborer un cahier des charges contenant plusieurs conditions à remplir avant l’obtention de l’agrément, sachant que les ressources engendrées par l’exploitation de l’existant financeraient à moyen et long termes le développement des infrastructures touristiques.
- Élaborer des produits touristiques adaptés à la destination comme le «séjour chez l’habitant», le tourisme de masse n’étant pas adapté à la destination.
- La mise en place d’une restauration labellisée qui se traduirait par la mise en place des mesures d’hygiène, par la promotion d’une alimentation locale et des produits locaux afin de garantir une meilleure sécurité alimentaire.
- Lever la barrière linguistique en mettant en valeur les formations et les diplômes touristiques déjà en place. Ces formations doivent aussi mettre l’accent sur les langues étrangères et leurs accès facilités par les autorités jusqu’à financer des interventions régulières dans les villes et villages pour des cours de langues étrangères, ainsi qu’une valorisation du patrimoine.
Pour plus de détails sur ces propositions je vous invite à consulter le programme Ulezi «DEVTOUR».
Par Mme Faouzia Hassani
Coordinatrice fédération France de Ulezi
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© www.lemohelien.com – Samedi 25 juillet 2015.