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Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: omniprésence médiatique

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Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: omniprésence médiatique

Le chouchou des médias reste superstar et agace ses ennemis

Par ARM

   Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, Président du Parti Comores Alternatives (PCA), aime les médias et ceux-ci le lui rendent bien. Chez les Comoriens, on l’aime ou on ne l’aime pas. Il y a ceux qui l’aiment et ceux qui ne l’aiment pas. Il y a ceux qui le supportent et ceux qui ne le supportent pas. Il y a ceux qui le trouvent trop lunatique et lunaire et il y a ceux qui le trouvent intelligent, imaginatif et créatif. Les Comoriens des couches populaires le trouvent fonceur, souverainiste et patriote, alors que d’autres Comoriens l’accusent méchamment d’être un doux rêveur et un utopiste. Il est le premier Comorien à avoir parlé de «rupéisation de Mayotte» et avoir dénoncé un processus qui le dérange. Il ne manque jamais une occasion pour afficher un nationalisme sourcilleux et chatouilleux, notamment pour dénoncer l’ancrage délibéré, libre et conscient de Mayotte au sein de la République française. Amateur d’idées politiques pétaradantes et explosives, il n’hésite pas à réclamer la sortie des Comores de la Zone franc, allant jusqu’à consacrer un livre à ce sujet qui lui tient à cœur. Impétueux et thermonucléaire par l’énergie qu’il dégage, candidat à l’élection présidentielle de 2016, il estime que la plupart de ses concurrents n’ont pas d’imagination, accusant ceux qui se prévalent d’antécédents politiques familiaux d’être des «petits cailloux» sans intérêt, ni utilité. Surestimant quelque peu son importance personnelle, il n’a jamais de complexe à dire qu’il se voit succéder au Président Ikililou Dhoinine le 26 mai 2016 à Beït-Salam. Pour lui, les jeux sont faits: «Pour l’élection présidentielle de 2016, je ne vois que moi. Personne ne sera élu à ma place».

   Rentré aux Comores pour promouvoir sa campagne électorale, on le voit partout où il y a un média. Comment fait-il pour se faire accepter là où d’autres mendient des interviews insipides sans utilité? Seul Dieu le sait. En tout cas, l’explosif acteur politique répand partout la bonne parole, affirmant au micro de Mme Saminya Bounou du magazine gouvernemental Al-Watwan qu’«il est possible de relever le pays» et de faire «sortir les Comores du coma». Il propose une «décentralisation verticale» dont la base serait la suppression pure et simple des postes des Gouverneurs des îles. Naturellement, il insiste sur son dada: la sortie des Comores de la Zone franc, qu’il qualifie d’anachronisme colonial. Quand il parle de la situation générale des Comores, il suffoque de colère, disant de sa voix de Stentor: «Il est inconcevable que le pays soit en arrière dans tous les domaines par rapport aux autres pays de la région».

   Qu’on se le dise! Oui, il arrive à Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed de prendre ses désirs pour de la réalité, surtout quand il suggère de faire sortir les Comores de la Zone franc. Pourtant, la dynamo de la classe politique comorienne n’a pas toujours tout faux. Au contraire, ce qui fait son originalité ombrageuse, c’est qu’il n’a pas peur de faire dans le politiquement très incorrect, en énonçant publiquement des vérités piquantes que d’autres ne peuvent déclarer que sous le manteau, dans un grand élan d’hypocrisie. C’est ainsi qu’à un journaliste d’Al-Fajr, il crie haut et fort: «Ngazidja subit d’injustices» dès qu’on lui pose la question suivante: «Quelle est votre position sur cette velléité de l’ancien Président Sambi à vouloir être candidat dans cette tournante de Ngazidja?». D’ailleurs, voici sa réponse complète à cette question: «Ça c’est trop grave. Pourquoi on veut toujours piétiner la Grande-Comore? Ngazidja continue à être victime d’une injustice au profit des autres îles. Depuis, le pays a toujours raisonné en termes d’îles avant tout. D’où l’importance de ce système de tournante entre les îles. Alors, qu’on ne vienne pas nous dire n’importe quoi aujourd’hui. Cette tournante appartient à un enfant de la Grande-Comore. Dans ce pays de quatre îles, y compris Mayotte, la Grande-Comore ne peut pas être à elle seule les Comores. Et les autres îles à part, non. Nous refusons que Ngazidja continue à subir les injustices dans ce pays. Prenez un exemple. L’île de Mwali a 21.000 électeurs et dispose de 7 députés et de plusieurs conseillers des îles alors que le Bambao (Ngazidja), avec 52.000 électeurs, n’a qu’un seul député et 3 conseillers. C’est aberrant. Et cela doit impérativement changer».

   Et quand on lui pose la question «entre l’opposition et le pouvoir, où vous vous situez et votre parti?», il revient à ses fondamentaux, ses galéjades et finasseries contre la France – étant tout de même entendu qu’il a la nationalité française, lui aussi –, alors que visiblement, on lui demandait autre chose: «Notre parti est dans l’opposition. Pas seulement contre le régime du Président Ikililou, mais aussi, nous nous opposerons carrément à ce type de système de gouvernance de l’État tel qu’il est géré. C’est ce qui nous éloigne des autres partis de l’opposition. Car, on ne peut pas être président d’un pays dont la monnaie est gérée par la France. Il ne peut pas y avoir des accords de Défense, voire diplomatique normal avec un pays qui occupe une partie de notre territoire national. Enfin, je ne peux pas être président et laisser l’ambassade de France mettre de visas d’entrée dans une partie de notre territoire national». Bon courage, Monsieur «le Président»…

   Et ce n’est pas fini. Rencontrée à Moroni le 29 octobre 2015, la dynamo de la classe politique comorienne soupira: «Il faut être gaga pour ne pas prendre au sérieux la force de frappe électorale du Vice-président Mohamed Ali Soilihi. Je plains les gens qui croient pouvoir le battre par l’injure et la naïveté alors qu’il étoffe sa stature de dirigeant posé et réfléchi. Paradoxalement, je vois des candidats qui sont déjà résignés parce que pour eux, le combat électoral est déjà remporté par le Vice-président avant la tenue du scrutin». Or, le même jour, le journal Al-Fajr publiait l’interview dans laquelle il disait sans le début de commencement d’une preuve: «Les informations qu’on nous donne laissent croire que 30% des cartes électorales sont déjà truquées en faveur du candidat du pouvoir. Ce sont des élections importantes, et on ne peut pas penser qu’on voudrait répéter les mêmes mascarades qu’aux législatives, sinon ça sera le chaos». Où Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed a vu ce chiffre de 30% de cartes électorales truquées et comment le sait-il et par qui? Et après, il revient sur le découragement qui aurait déjà gagné certains candidats potentiels: «Les autres candidats se taisent peut-être parce qu’ils croient avoir perdu la bataille avant […]. Ou qu’ils sont fatalistes et ce n’est pas ma conception des choses. Je crois que tout est possible. Il faut seulement le vouloir. Le silence et la résignation, ce sont un état d’esprit qui est plus proche de la lâcheté et loin d’un croyant musulman».

   «Résignation et silence»? En tout cas, ce n’est pas Mme Moinaécha Youssouf Djalali dite «La Présidente» qui est en état de «résignation et de silence», elle qui, dès qu’elle a appris la déclaration officielle de la candidature de la Première Dame au Gouvernorat de Mohéli ce dimanche 22 novembre 2015 a déclaré, très sûre d’elle: «Je serais très contente de voir une femme à la tête du Gouvernorat de Mohéli. Et moi, je serai en tête lors de l’élection présidentielle des Comores, coûte que coûte. Qui vivra verra. On nous dit qu’une femme est également candidate au Gouvernorat d’Anjouan. On va assister à une révolution totale aux Comores, et ça va chauffer pour cette gent masculine, qui compte de nombreux incompétents qui ne connaissent que leurs poches. Je suis toujours comme la voiture lancée sur l’autoroute et qui ne peut pas faire demi-tour».

   Sur Karibu Magazine, «Le Président» Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed s’en était vertement pris à Ahmed Sambi, tout en faisant tout pour ne jamais citer son nom: «La tournante pour moi et pour notre parti politique, le Parti Comores Alternatives (PCA), a permis une stabilité politique et une alternance démocratique. Je comprends qu’il y ait des gens nostalgiques des dictatures, des coups d’État et surtout du pouvoir, qu’ils veulent mettre fin à ces acquis. Mais on ne peut pas changer de Constitution, chaque matin. Je reconnais qu’il y a des améliorations à faire sur notre Constitution comme la suppression des postes de vice-présidents, des postes de gouverneurs en installant des régions, plus proches du peuple. La suppression des Conseillers des îles pour mettre en place un Sénat qui permettra à nos aînés d’avoir des droits légitimes et légaux de s’impliquer dans les affaires de l’État». Quels aînés?

   En faisant cette remarque, Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed rejoint le camp des champions des tripatouillages et dévergondages de la Constitution qui, tous, ont des réformettes inutiles à proposer, sans se soucier des intérêts des Comoriens. Les partis politiques comoriens ne font jamais des propositions sérieuses pour des réformes intelligentes. Chaque parti veut réviser la Constitution pour des vétilles et des réformettes inutiles. Mais, un fait demeure: Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed est médiatique. À Moroni, surtout dans les milieux de la presse, il est comme un poisson dans l’eau, et cela agace ses détracteurs. Il fréquente les milieux de la presse et y est vu comme un membre très important du gotha politique mondial, compte tenu de l’assiduité avec laquelle il fréquente les milieux diplomatiques qui comptent.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 23 novembre 2015.


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