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La Première Dame met les petits plats dans les grands

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La Première Dame met les petits plats dans les grands

Sa candidature a été officialisée en fanfare et dans le faste

Par ARM

   L’information n’a même pas besoin d’être confirmée par une tierce personne puisque l’intéressé l’atteste lui-même avec un soulagement qu’il ne cherche même pas à occulter: pour la première fois depuis des mois, Youssouf Boina, le leader de l’UPDC, le «parti cocotte-minute» bien connu et qu’on ne présente plus, a passé une nuit sans les cauchemars qui lui gâchent son sommeil et dérangent méchamment sa respiration. La raison de son soulagement étant connue, il suffirait à peine de la rappeler. Ce dimanche 22 novembre 2015, la candidature de la Première Dame au Gouvernorat de Mohéli a été faite dans une unanimité totale et dans un faste politique inouï par toute la famille politique de l’UPDC, qui a tenu à afficher son unité retrouvée. Et, ce n’est pas la présence, à la Salle multifonctionnelle de Fomboni, d’Abiamri Mahmoud, ancien Directeur de Comores Télécom et qui avait déclaré une candidature dissidente, qui viendra démentir cette unanimité partisane. De fait, cette réconciliation pour le moins inattendue signifie que l’UPDC est arrivée à laver son linge sale en famille, loin des regards de ceux qui jubilaient à l’idée de voir le parti au pouvoir étaler ses faiblesses et ses divisions à Mohéli. Ce dimanche 22 novembre 2015 marque donc une date très particulière dans l’Histoire des Comores parce que, pour la première fois, une femme brigue le Gouvernorat d’une île et avec beaucoup de chances de devenir la première de la classe. Le grand blogueur Abdou Hamadi dit Mrimdu ira de son couplet: «La Première Dame a toutes ses chances. Djoumbé Fatima va bientôt trouver une héritière digne d’elle». Ce qui est encore plus marquant au cours de cette déclaration de candidature, c’est que le Tout-Mohéli a eu la nette impression d’être revenu à 2010, lors de l’élection présidentielle, quand une bonne partie de la classe politique comorienne se retrouvait sur l’Île de la Reine Djoumbé Fatima pour soutenir et promouvoir la candidature du Vice-président Ikililou Dhoinine, qui avait le regard fixé sur la Présidence de la République.

   Ce dimanche 22 novembre 2015, dans la Salle multifonctionnelle de Fomboni, il était impossible de compter le nombre de personnes présentes. Il y en avait même sur le toit et aux alentours du bâtiment flambant neuf et construit par le Président Ikililou Dhoinine. On y vit des Comoriens et des Comoriennes venus des quatre îles, dans une ambiance de fête populaire. Le jeune Amir Mohamed Sambi de Fomboni a ouvert le bal pour prêcher des convaincus, suivi du grand orateur qu’est Salim Djabir, ancien Président de l’Assemblée fédérale, grand connaisseur du Tout-Mohéli, l’homme qui, le mieux à Mohéli, sait présenter ses protégés, comme il l’avait fait le 26 mai 2011, lors de l’investiture du Président Ikililou Dhoinine. Par la suite, Abdoulatuf Madi Ali, le secrétaire régional de l’UPDC à Mohéli, a présenté à un Youssouf Boina radieux la Première Dame en tant que candidate unique et officielle du Parti à Mohéli. Mmes Soilha Saïd Mdahoma, Maire de Mitsamiouli, membre fondateur de l’UPDC parlant pour les militants du Parti de la Grande-Comore, et Baraka, s’exprimant pour les camarades de l’île d’Anjouan, ont versé un flot de louanges sur la Première Dame: une femme instruite, une grande militante, une femme d’expérience dont les connaissances aux quatre coins du monde seront bénéfiques aux Comores, une femme qui, si elle est élue Gouverneur de Mohéli, fera beaucoup de choses positives pour le développement des Comores. Pendant ce déluge de belles paroles, l’irremplaçable Mme Mdzadzé Moina, une grande dame qu’on ne présente plus, elle aussi venue spécialement de la Grande-Comore pour la circonstance, piaffait d’impatience parce qu’elle avait composé une chanson à la gloire de sa championne et elle eut largement le temps de la présenter en public sous les acclamations d’un foule enthousiaste.

   Quand la Première Dame prit la parole, ce fut tout d’abord pour remercier les Comoriens de toutes les îles pour leur mobilisation en faveur de sa candidature, qui prend les allures d’une candidature à une élection de chef d’État. Comme elle a décidé de faire de la politique, elle n’a pas manqué de signaler que depuis son arrivée à Mohéli le samedi 21 novembre 2015, il y a eu moult inaugurations sur l’île, ne manquant pas de rappeler que celles-ci étaient rendues possibles par les efforts personnels du Président Ikililou Dhoinine, dont elle présente un bilan entièrement positif: les imposants et très fonctionnels bâtiments de Comores Télécom, les balises de l’Aéroport de Mohéli, l’antenne régionale de l’Université des Comores à Mohéli, «pour éviter les déplacements de jeunes Mohéliens vers les autres îles». Pour elle, quand on fait de la politique, on doit viser le développement, parce que le but ultime de la politique, c’est le développement économique et social du pays en présence. Elle remercia le Bureau régional de l’UPDC, qui est arrivé à arrondir les angles pour éviter les divisions inutiles au sein de la famille UPDC.

   Par ailleurs, il est significatif que la Première Dame n’ignore pas la lourdeur de la tâche qui incombe au chef de l’exécutif insulaire, et elle l’a dit pour demander l’aide de tous et de toutes. Pour autant, elle ne pouvait refuser la demande populaire formulée par de nombreux Mohéliens et Mohéliennes ayant fait le déplacement jusqu’à Beït-Salam pour lui expliquer l’urgence de doter Mohéli d’un nouveau leadership et d’une nouvelle gouvernance, après la destruction totale de la fierté mohélienne par le Gouverneur Mohamed Ali Saïd, qui n’hésite plus à égorger des bœufs pour demander à Dieu de faire mourir tous ceux qui s’opposent à sa troisième candidature et sa réélection au Gouvernorat de Mohéli. Personne ne lui demande de ne pas rêver… Il n’est pas interdit de rêver…

   Dans l’affaire, il est un fait sur lequel il faut insister: le constat sur un Abiamri Mahamoud revenu à de meilleurs sentiments alors qu’il avait déjà déclaré sa propre candidature, une candidature dissidente. Ici et là, il se chuchote, se murmure et se susurre que les pontes de l’UPDC ne l’avaient pas lâché et ne l’avaient pas sous-estimé. Ils l’ont chouchouté, l’ont caressé dans le sens du poil, lui ont fait les yeux doux, lui ont fait des yeux de merlan frit, lui ont glissé à l’oreille des mots langoureux que toute personne normalement constituée a envie d’entendre, lui ont fait de belles promesses, lui ont rappelé des souvenirs commun d’un passé encore récent au cours duquel les gens se regardaient dans les yeux pour se faire d’incessantes protestations de fraternité. Ils lui ont dit: «Abi, il est temps pour toi de nous prouver que tu as le sens de la hauteur et de la grandeur, que tu n’es pas homme à rater un rendez-vous avec l’Histoire. Il est temps pour toi de prouver que tu es un grand Monsieur, que tu sais prendre date, que tu sais te sacrifier pour une grande cause commune, pour la cause. Abi, la patrie a besoin de toi et te regarde en ce moment. Abi, le parti a besoin de toi et te regarde en ce moment. Tu ne dois pas entrer dans l’Histoire comme un diviseur mais comme un grand rassembleur. Tu es l’un des enfants les plus méritants de ce pays et tu dois assumer tes responsabilités devant les Comoriens. Nous avons besoin de toi, et tu ne peux pas te soustraire à tes obligations patriotiques». N’étant pas fait de bois et de fer, Abiamri Mhamoud a fini par entendre le discours de ses camarades, et la présentation de l’UPDC en tant que famille politique unie a été une grande réussite de la part du chef du Parti, Youssouf Boina, qui vient de prouver qu’il a le sens de la négociation, qu’il sait faire cohabiter loups et agneaux et qu’il sait rassembler là où on ne voyait que des divisions fratricides.

   Pourtant, ce Fombonien est sceptique: «Oui, Abi a été vu à la Salle multifonctionnelle de Fomboni, mais on dit toujours qu’il sera candidat, mais sans le soutien d’un parti politique». Si cela était vrai, les Mohéliens seraient les champions du double langage et de la duplicité: être à la fois dedans et dehors. En tout état de cause, il faut se poser des questions sur ce que va devenir l’homme de Mbatsé, qui avait refusé de devenir le colistier du Vice-président Mohamed Ali Soilihi pour l’élection présidentielle de 2016. À un moment où le nom de l’ancien ministre Abdou Nassur Madi est murmuré, chuchoté et susurré pour devenir le colistier en question, il faut s’interroger sur ce que va devenir Abiamri Mahamoud dans cette affaire. Parce qu’il pourrait rebondir sur cette place de colistier.

   En tout cas, une chose est certaine: la réussite du grand meeting du dimanche 22 novembre 2015 permet à la Première Dame de préparer dans la sérénité sa réunion avec les Mohéliens de France le dimanche 29 novembre, à Paris. Cette réunion parisienne donnera sans aucun doute un coup d’accélérateur à une campagne électorale qu’on annonce très offensive, très agressive et très populaire, sur une île où les ambitions politiques sont exprimées partout et par un nombre impressionnant de candidats, notamment dans la seule ville de Fomboni.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 23 novembre 2015.


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