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Mes vœux pour un monde juste et des Comores meilleures

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Mes vœux pour un monde juste et des Comores meilleures

Par le Général Salimou Mohamed Amiri

     «Nous n’avons pas eu le même passé, vous et nous, mais nous aurons le même avenir, rigoureusement. L’ère des destinées singulières est révolue. Dans ce sens, la fin du monde est bien arrivée pour chacun de nous car nul ne peut plus vivre de la seule préservation de soi»: Cheikh Hamidou Kane: L’Aventure ambiguë, Julliard, Paris, 1961.

     Le premier jour de l’an du calendrier grégorien n’est pas un simple repère chronologique. Il est aussi une occasion d’espérer et de se souhaiter le meilleur dans ce monde de plus en plus uniforme mais de moins en moins ordonné. Un monde qui va mal, il faut oser le dire.

Un monde où près d’un milliard d’individus vivent toujours avec moins de 1,90 dollars par jour (le seuil d’extrême pauvreté), et où, selon l’ONG OXFAM, les 62 personnes les plus riches au monde possèdent autant que les 3,5 milliards les plus pauvres. Peut-on avoir une paix (du moins durable) dans ces conditions?

Un monde où l’accroissement des besoins énergétiques, l’exploitation aveugle des ressources naturelles, la disparition des écosystèmes, l’extinction de la biodiversité, les différentes pollutions, l’effet de serre et le réchauffement climatique, en font une planète de plus en plus fragilisée et fragile. À qui la responsabilité première de ces dangers?

Un monde où Dieu et les religions sont de plus en plus instrumentalisés pour et/ou au nom d’idéologies et pratiques criminelles et criminogènes qui détournent la jeunesse de ses ambitions les plus nobles pour en faire des «seigneurs de guerre», des enfants-soldats, des coupeurs de tête, j’en passe. Nous devrions unanimement nous élever contre l’utilisation de la jeunesse dans ces idéologies et pratiques de la mort, dans le terrorisme et les extrémismes. D’ailleurs, le terrorisme, sommes-nous conscients que nul n’en est à l’abri aujourd’hui?

Deux semaines se sont écoulées depuis, mais nous en avons encore la chair de poule, mon épouse et moi. Nahdat, notre fille, rentra d’un voyage d’études en Allemagne le vendredi 16 décembre au soir. Le lundi, mon épouse apprit par la télévision la nouvelle de l’attentat du marché de Noël par celui que DAESH, qui a revendiqué l’attentat, appela «un soldat de l’État islamique». La première réaction de mon épouse fut d’appeler notre fille qui a réagi par ces incroyables propos: «J’ai visité cette place vendredi avec ma classe!»; et de montrer à mon épouse les photos-souvenirs prises à cette occasion à ce même endroit. Je vous laisse imaginer les réactions d’une mère en pareilles circonstances. En pleure-t-on? En rit-on?

La réaction reflète en tous cas une chance inouïe. Notre fille et sa classe auraient pu faire partie de ceux et celles que broya ce camion-bélier de la terreur et de la honte! Nous remercions Le Tout-puissant de les avoir épargnés. C’est par Sa seule volonté qu’ils ont quitté ce marché quelques heures avant cette horrible attaque. Aux Comores, on dirait que notre fille et sa classe sont des «wana wa radhi», des enfants qu’accompagne la bénédiction de leurs parents. Puisse être ainsi la jeunesse des Comores et du monde entier!

En même temps, nos prières vont aux victimes, dont nous ne daignons cependant pas croire qu’ils ont raté quelque bénédiction que ce soit; ils ont tout simplement eu la malchance d’être à cet endroit fatidique et fatal au mauvais moment. Ils ont, et c’est en tout cas notre conviction, la bénédiction divine en ce qu’ils sont des innocents frappés injustement et lâchement. Le Tout-puissant n’a-t-Il pas dit dans le Coran que tuer un innocent équivaut à tuer l’ensemble des humains?

Voilà en tout cas le monde tel qu’il est et va aujourd’hui: nul où qu’il soit, n’est à l’abri de ce Mal absolu qu’est le terrorisme; il est donc notre ennemi commun. En cela, combattre le terrorisme, ce n’est pas aider tel pays, région ou continent, c’est s’aider soi-même. Voilà au moins un facteur de paix qui devrait mobiliser unanimement le monde.

Dieu, nous Te savons gré d’avoir, dans Ton infinie bonté, sauvé notre fille et sa classe contre la barbarie et la mort; mais nous Te demandons plus car Tu en es le seul Omnipotent. Nous Te demandons, en guise de vœux pour la nouvelle année et le futur, de sauver tous les innocents du monde sans distinction d’âge, de race, de religion, de pays. Nous Te prions de préserver les humains contre les inhumains et l’inhumain, l’humanité contre l’inhumanité. Nous Te prions de nous accorder bonheur, prospérité et développement s’il est vrai que ce dernier est, comme disait Paul VI, «le nouveau nom de la paix». Ce monde a plus que jamais besoin de stabilité et de paix, pas de guerre; de solidarité et de compassion, pas d’indifférence; de justice et de partage et non d’inégalités. Puisse Dieu nous aider à y parvenir, il y va de l’avenir de l’humanité.

À mon pays, je souhaite le meilleur. Armons-nous d’optimisme et d’espérances pour mieux appréhender les enjeux qui nous interpellent et contribuer au développement de notre chère patrie par le travail et le civisme. Sachons qu’aucun développement ou progrès ne peut être le fruit d’une simple génération spontanée; au début de tels processus, il y a toujours la volonté, l’effort, la persévérance, le don de soi. Et, faut-il l’ajouter, une vision claire. Le développement de notre pays est donc avant tout notre affaire. Faisons donc nôtres ces mots de John F. Kennedy: «Demandez-vous non pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour votre pays».

     Je pense en particulier à deux catégories sociales, dont je suis persuadé que nous n’avons pas encore pris la mesure de leur juste valeur: la jeunesse et la femme. Le Président Ali Soilihi nous a montré (rendons à César ce qui lui appartient) qu’elles peuvent et doivent être la cheville ouvrière du développement de notre pays. Il nous appartient de les (re)valoriser.

Mwaha mwema wa hayiri. Bonne année urbi et orbi, j’allais dire à mon pays et au monde.

Par le Général Salimou Mohamed Amiri

Ancien chef d’État-major de l’Armée nationale de Développement (AND) des Comores

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© www.lemohelien.com – Lundi 2 janvier 2017.


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