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Mayotte et Saint-Martin, l’Histoire et la géographie

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Mayotte et Saint-Martin, l’Histoire et la géographie

L’appartenance nationale d’un pays, choix de son peuple

Par ARM

       J’ai publié mon premier livre, Comores: les institutions d’un État mort, en 2001, 16 ans avant mon arrivée à Mayotte. À la parution du livre, des «bons et vrais Comoriens» et des «Comoricains», ces prétentieux qui savent, connaissent et disent connaître l’État et le Droit, avaient créé de toutes pièces une revue qui n’eut pas de n°2. Ce 1er et dernier numéro a même eu 2 versions destinées à me brûler, surtout à reprocher mes regrets sur l’indépendance prématurée de Mohéli alors qu’elle avait promis à Mayotte le rejet de l’indépendance. Pour sa part, Marc-Olivier Parlatano, dans un article intitulé «L’État des Comores est mort, il doit être recolonisé ou dissous, juge un essayiste… comorien», note que «l’État des Comores est mort», «aussi, le politologue ne rejette-t-il pas l’idée d’une “recolonisationˮ des Comores. En l’occurrence, il propose que la RFIC soit placée sous tutelle administrative internationale», «ou si une telle procédure s’avère impossible, l’auteur suggère que chaque île comorienne (Anjouan, Mohéli, Grande-Comore) soit indépendante de ses voisines». C’était en 2001.

En 2021, rien n’a changé. Les Comores sont à terre. Or, au lieu de chercher à les faire sortir du trou des caniveaux de la pauvreté et du mal-vivre, des Comoriens de nationalité française continuent à revendiquer Mayotte comme si cette île était leur propriété personnelle héritée de leurs oncles maternels. C’est hypocrite car ce sont leurs pères et leurs oncles qui piétinaient, humiliaient, affamaient et entraînaient Mayotte hier dans les bas-fonds du sous-développement. Ces Comoriens suffisants et irresponsables n’étaient pas des Mohéliens.

On nous dit que «Mayotte est comorienne et le restera à jamais» parce que cette île est dans le voisinage d’Anjouan, Mohéli et Grande-Comore. Justement, l’acharnement haineux mis à réclamer Mayotte ignore deux réalités fondamentales: l’Histoire et la géographie.

1.- Proximité géographique n’est pas appartenance nationale. Cette dernière est un choix populaire, comme le prouve l’îlot Saint-Martin, de 87 à 93 km², contre 290 km² pour Mohéli! Sa partie Nord est française, et sa partie Sud néerlandaise (Sint Maarten). Et Mayotte, séparée des Comores par l’océan? Ministre français de la Coopération (du 16 mars 1986 au 1er avril 1988), a écrit: «Le président Abdallah, lorsqu’il m’a accueilli aux Comores, a tenu à me recevoir dans sa propre maison, à Domoni, sa ville natale. […]. Après le repas, il me conduit au balcon face à la mer. Au loin, une forme vague, comme un bouclier posé sur l’horizon. Il tend la main d’un geste théâtral et sur un ton qui ne l’était pas moins, mais empreint d’une profonde sincérité: “Mayotte! dit-il. Jusqu’à mon dernier souffle, je réclamerai Mayotte, mais en amitié avec la France.” La scène ne manquait pas de noblesse, mais le président ne pouvait pas s’attendre à ce que j’oublie ne serait-ce qu’un instant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Or, Mayotte veut demeurer française. Si la géographie la rapproche des Comores, l’histoire l’en sépare. Mayotte […] craint par-dessus tout d’être intégrée à un ensemble comorien où elle se trouverait minoritaire»: Aurillac Michel: L’Afrique à cœur. La coopération: un message d’avenir, Berger-Levrault, Collection «Monde en devenir», Série «Bâtisseurs d’avenir», Paris, 1987, pp. 199-200.

2.- S’agissant de l’Histoire, elle ne milite pas en faveur des Comores. Les Comores n’ont jamais eu une unité politique avant la colonisation française. Chaque île avait ses petits Sultanats, de 7 à 12 en Grande-Comore, 2 sur chacune des autres îles. Le 25 avril 1841, Mayotte a signé un accord avec la France. Par malhonnêteté, aucun intellectuel comorien n’écrit que le Sultan Andriantsoly avait conclu cet accord pour protéger Mayotte d’Anjouan et que, avant lui, le Sultan Boina Combo Ben Amadi était parti à Maurice solliciter la protection de l’Angleterre contre Anjouan. Et, les autres îles de l’archipel des Comores ont signé chacune un accord séparé avec la France en 1886, soit 45 ans après le traité franco-mahorais du 25 avril 1841. On n’y voit nulle part le mot «Comores» ou le nom d’une autre île: les Comores n’étaient pas une unité politique. Si les «bons et vrais Comoriens» et les «Comoricains» prétendent le contraire, qu’ils citent le nom du Sultan, Émir, Khalife, Empereur, Tzar, Shogun, Président, Prince, Roi ou dictateur des Comores avant 1841.

La réécriture de l’Histoire des îles de l’archipel des Comores constitue un danger. Le Roi Hassan II avait dit: «L’Histoire est une grande dame qui n’a pas besoin, grâce à Dieu, de soubrettes pour la maquiller afin de la rendre plus jolie. Elle reste toujours l’Histoire et sait apparaître comme il faut, quand il faut, où il faut»: Hassan II: La Mémoire d’un Roi. Entretiens avec Éric Laurent, Plon, Paris, 1993, p. 140.

Soyons honnêtes envers nous-mêmes, et reconnaissons que la volonté de vivre ensemble est la règle, et qu’elle pèse plus qu’une proximité géographique entre peuples qui ne se respectent pas, ne se supportent pas, mais se détestent et se méprisent.

Et les Antilles? C’est un archipel de 4.000 km de longueur, sans unité politique, mais un ensemble de pays indépendants, et de territoires français, néerlandais et états-uniens.

Un peuple décide toujours de son appartenance nationale, et ne se laisse jamais dicter sa décision par une proximité géographique de haine et la manipulation de l’Histoire. Qu’on se le dise!

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Vendredi 29 janvier 2021.


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4 Comments

  • MOINDJIE

    janvier 29, 2021 at 5:32

    J’ai ,souvent, lu vos écrits, posts et pamphlets avec admirations. J’avoue que ces derniers temps, je suis comme perdu. L’homme de droit que vous êtes semble a tendance à se passer de ses racines et ne croire qu’à ses ailles. Ce qui n’est pas mal mais parait insuffisant pour mieux accompagner les sans voix que vous prétendez défendre. Il me plairait de vous voir faire la différence entre les autorités comoriennes, toutes détestables à vos yeux, et les comores nées bien avant le colonialisme. Une once de patriotisme vous serez accordé. Aussi, les comoriens n’ont jamais laisser croire à l’idée qu’ils seraient des sachants. Les oppositions d’idées sont pour attester cette acceptation à la différence. Celles et ceux qui ne s’expriment que par l’affirmative ignorant l’utilité de l’interrogation sont nos savants comoriens. Et, comme vous, ceux là sont loin du pays. Ces hommes qui ne pensent qu’à remplir leur panse et monter les comoriens les uns contres les autres. Enfin, ce n’est pas parce que l’on a écrit le premier sur un sujet que l’on a raison. Le fameux livre de Hitler sur son projet en est l’exemple parfait. Pour le reste prendre la France officielle pour un bon exemple universelle, c’est oublier la Françafrique dont les méfaits sont encore là, les victimes de plus en plus nombreuses et l’espoir réduit à néant. Est-ce qu’il est nécessaire de rappeler qu’aucun pays de l’Afrique francophone, hormis ceux du magreb n’est véritablement indépendant? A supposer que l’indépendance d’un pays se caractérise du fait de battre sa monnaie et de jouir de sa souveraineté politique, on ne peut que ces pays n’ont que des des indépendances de façade. S’il vous arrive de suivre deux de tes homologues africains sur ces deux derniers sujets, Nicolas AGBOHOU et S Kéba, il vous restera à vous poser la question de savoir pourquoi à chaque qu’un africain francophone est élu, à des président, il se dépêche pour félliciter Paris? Pourquoi Paris s’est toujours acharné contre les présidents africains animés pour le bien de leur peuple? Avec une liste dépassant le nombre de 60 chefs d’états dont les deux derniers ne sont que Kadafi et GBAGBO, on a pas besoin d’être comoricain pour s’acculturer. Un noir vendu ou fiert de son esclavagisme continuera à aduler ses bourreaux avec le code noire sur le do

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  • MOINDJIE

    janvier 29, 2021 at 5:56

    J’ai ,souvent, lu vos écrits, posts et pamphlets avec admirations. J’avoue que ces derniers temps, je suis comme perdu. L’homme de droit que vous êtes semble se passer de ses racines et ne croire qu’à ses ailles. Ce qui n’est pas mal mais parait insuffisant pour mieux accompagner les sans voix que vous prétendez défendre. Il me plairait de vous voir faire la différence entre les autorités comoriennes, toutes détestables à vos yeux, et les comores nées bien avant le colonialisme. Une once de patriotisme vous serez accordé. Aussi, les comoriens n’ont jamais laissé croire à l’idée qu’ils seraient des sachants. Les oppositions d’idées leurs sont pour attester cette acceptation à la différence qui à subir toute sorte d’injustice. Celles et ceux qui ne s’expriment que par l’affirmative ignorant leur capacité à s’interroger sont nos savants comoriens. Et, comme vous, ceux là sont loin du pays. Ces hommes qui ne pensent qu’à remplir leur panse et monter les comoriens les uns contres les autres. Enfin, ce n’est pas parce que l’on a écrit le premier sur un sujet que l’on a raison. Le fameux livre de Hitler sur son projet macabre en est l’exemple parfait. Pour le reste prendre la France officielle pour un bon exemple universelle de démocratie et de pays de droit de l’homme, c’est oublier la Françafrique dont les méfaits sont encore là, les victimes de plus en plus nombreuses et l’espoir, progressivement, réduit . Est-ce qu’il est nécessaire de rappeler qu’aucun pays de l’Afrique francophone, hormis ceux du magreb n’est véritablement indépendant? A supposer que l’indépendance d’un pays se caractérise du fait de battre sa monnaie et de jouir de sa souveraineté politique, on ne peut que dire que ces indépendances ne sont que de façade. S’il vous arrive de suivre deux de vos homologues africains sur ces deux derniers sujets et sur le nasisme monétaire, Nicolas AGBOHOU et S Kéba, il vous restera à vous poser la question de savoir pourquoi à chaque qu’un africain francophone est élu, à une présidentielle tronquée, il se dépêche pour féliciter Paris? Pourquoi Paris s’est toujours acharné contre les présidents africains animés pour le bien de leur peuple? Avec une liste dépassant le nombre de 60 coups contre chefs d’états dont les deux derniers ne sont que Kadafi et GBAGBO, on a pas besoin d’être comoricain pour s’acculturer. Un noir vendu ou fier de son esclavagisme continuera à aduler ses bourreaux avec le code noire sur le dos. Avec le plaisir de ne jamais vous trouver au sein de ces derniers, monsieur arm.

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  • Ali

    février 13, 2021 at 6:33

    Quel commentaire Mr Moindjié, vous m’avez épaté et je vous tire un chapeau.
    Merci frère, ça me va droit au cœur . Un message pour mon frère ARM, arrêtez svp de dénigrer tes îles Comores à chaque fois que ça vous arrange car vous ne pouvez pas nier votre comoriannité . Merci

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  • MOINDJIE

    février 26, 2021 at 10:42

    Mr Ali, parfois certains peuvent penser que l’acquisition de la connaissance suffit pour tout se permettre. A se demander s’il n’y a pas confusion avec intelligence ou maturité. Panafricaniste et francafricaniste ne sont pas compatibles. Si aliénation est un choix idiot, se battre, avec fierté, pour la dignité et la liberté du peuple africain n’est pas un choix mais un devoir pour qui l’honneur a encore un sens. Triste de constater que certains vassalisés ignorent que les marchands d’esclaves sont ceux qui écrivent, toujours, sur le peuple africain. Et nos mal lettrés se servent de leurs citations pour se dénigrer. Quelqu’un disait: Tant que le lion n’aura pas ses propres écrivains, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur. Pour finir, on ne peut rien attendre, de bon, depuis les esclavagistes et leurs courtisans, noirs de peau soient-ils.

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