L’indépendance des Comores est un revers
Par Wasoule Ouidah
Nous sommes dans les années 1960. Une quinzaine des pays d’Afrique subsaharienne accèdent au statut de pays nouvellement indépendants. Quant aux Comores, il faut attendre jusqu’aux années 1970, pour assister à la proclamation unilatérale de l’indépendance du pays par l’ancien Président Ahmed Abdallah Abderemane. Alors que les Comores se préparent pour fêter le quarantième anniversaire de leur souveraineté, une question mérite d’être posée: Qu’avons-nous fait de notre chère indépendance? À la réponse de cette question, un seul mot me revient à l’esprit: «L’amertume». Ce simple mot justifie clairement la mauvaise gouvernance choisie par nos gouvernements. Plusieurs régimes politiques se sont succédé mais aucun n’a fait mieux. Ils laissent tous derrière eux des mauvais souvenirs. Pensez-vous que c’est ce que les Comoriens souhaitaient de leur chère «Ouhourou na Hazi», «Indépendance et travail»? La réponse est NON. Ceux qui prônaient le statut «des Comores indépendantes» souhaitaient certainement une vie meilleure. Mais, hélas!
Les Comores indépendantes sont celles des désillusions totales, des désenchantements sans fin. Notre pays est inlassablement géré au petit bonheur la chance par des «élites» sans vision politique à moyen ou long termes. Souvent nos charlatans qualifiés de dirigeants sont incapables de la moindre ambition pour les Comores. Ils sont préoccupés par leurs propres intérêts au détriment du peuple, dont ils prétendent défendre les intérêts. Tout au long de leurs mandats, ils pillent les maigres revenus des contribuables comoriens. Ils saignent à blanc les caisses de l’État. Nos gouvernants se prennent pour des bienfaiteurs. Certes, leur générosité a peu de limites, sauf qu’ils se gavent eux-mêmes aux frais de la Princesse. Ils roulent tous dans des grosses voitures cylindrées. Ils séjournent dans les plus belles et grandes villas. Ils s’achètent de luxueux buildings à Dubaï et de beaux appartements en région parisienne et à Marseille, etc. Pendant que ces nababs dirigeants mènent des trains de vie de milliardaire, le peuple comorien continue à vivre dans une pauvreté indéfinissable et sans fin.
Les Comores sont en perpétuelles dégénérescences. Tout est à reconstruire, en commençant par les infrastructures sanitaires qui, ces derniers sont en état piteux. L’hôpital El-Marouf de Moroni est devenu aujourd’hui un cimetière à ciel ouvert, mais aussi la plus grande poubelle du monde. C’est un lieu où les patients meurent sous les yeux impuissants du corps médical, si les médecins ne demandent pas aux parturientes d’accoucher dans le taxi-brousse. Puis, l’appareil judiciaire s’est transformé en instrument d’iniquité et d’impunité. Que dire de notre système éducatif, qui est très archaïque, obsolète et qui est mort en cours de marche. Les Comores sont un pays où l’enseignement supérieur forme inlassablement des chômeurs incapables d’entreprendre ou de s’insérer dans la vie active. La plupart de ces jeunes diplômés sont mal formés, car placés sous le régime des notes sexuellement transmissibles et des «Professeurs» dont les horizons intellectuels se limitent au DEUG.
Une chose est sûre: les Comoriens vivent avec un grand sentiment de trahison. Ils sont quotidiennement méprisés. Ils vivent journellement dans la misère et dans d’interminables et indéfinissables crises. En vérité, la population comorienne se meurt. Elle n’a rien obtenu de son indépendance, sauf les mensonges et les promesses non tenues, car les acteurs politiques comoriens sont champions en promesses jamais tenues, celles qui, au final, ne réalisent jamais. Ils ont tous obtenu le Prix Nobel de la Mystification, de la Mythomanie et de la Kleptomanie. Et finalement, ce sont les citoyens qui en font les frais. Pendant 40 ans, les Comoriens vivent au rythme de crises incessantes: des fonctionnaires aux arriérés de salaire et aux impayés s’allongeant scandaleusement, une éducation à la ramasse, une «Justice» devenue l’appareil étatique la plus altérée, la plus dévoyée des institutions de l’État. Les sociétés d’État sont devenues des succursales de la loterie. Les délestages et les coupures d’électricité sont intempestifs et insupportables. Bref, la liste des calvaires est longue et ne saurait être exhaustive.
L’une des raisons d’un tel échec réside dans la difficulté de s’approprier les valeurs et les principes de la bonne gouvernance, mais aussi dans le manque du patriotisme et la carence d’une éducation civique dans la mentalité de nos politiques. Il est temps de crier haut et fort notre indignation contre nos gouvernants, car ils sont les premiers responsables d’un tel échec. En l’absence d’initiatives individuelles ou collectives de production de richesses et de valeurs ajoutées, ils font de l’État une vache à lait. Et, en définitive, les Comores continuent à sombrer dans la pauvreté.
Par Wasoule Ouidah
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© www.lemohelien.com – Vendredi 3 juillet 2015.