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L’étrange recours de Maître Mohamed Ahamada Baco

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L’étrange recours de Maître Mohamed Ahamada Baco

L’avocat-candidat est trop pressé et s’arrange avec la vérité

Par ARM

   À l’approche de l’élection présidentielle, dont le premier tour aura lieu en février et le second en avril 2016 dans la fébrilité, la haine, la calomnie et la détestation, une éruption volcanique à caractère politique d’une grande intensité ravage les appareils de certains partis politiques engagés dans la course électorale. Ici et là, on voit certains candidats et leurs supplétifs perdre facilement la raison et se perdre un peu trop facilement en conjectures. Ici et là, on injurie et insulte. Ici et là, on calomnie. Ici et là, on éructe et vocifère. Ici et là, on accuse. Ici et là, on voit le mal partout. Ici et là, on voue aux gémonies l’adversaire. Pourtant, officiellement, les Comores ne sont pas encore entrées en campagne électorale de manière officielle, même si certains candidats ne se gênent pas pour afficher leur sourire de publicité pour dentifrice le plus aguicheur et pour promettre le paradis sur terre à des Comoriens médusés, qui savent pourtant qui est qui et qui est capable de quoi et incapable de quoi d’autre. Engluée dans ses multiples et retentissants scandales jusqu’au cou, la pathétique et risible Commission nationale électorale «indépendante» (CÉNI), en compagnie de la scélérate Commission nationale de Prévention et de Lutte contre la Corruption (CNPLC) et du très fantomatique Observatoire des Élections des Comores (OBSÉLEC) s’époumonent et s’échinent en cherchant à prêcher une introuvable vertu auprès des candidats, alors que de vertu, ils n’ont point pour eux-mêmes. Naturellement, dans un élan d’une très touchante hypocrisie, chacun jette la pierre à l’autre, et chacun cherche à faire trébucher l’adversaire. La chose fait rire, et les Comoriens haussent les épaules en signe d’une profonde indifférence teintée d’un profond mépris.

   C’est alors que Maître Mohamed Ahamada Baco, avocat au Barreau de Moroni et colistier de Maître Saïd Larifou (Parti RIDJA) pour la Grande-Comore, sort du bois et introduit un recours auprès de la Cour constitutionnelle dans l’unique et seul objectif de tenter de glisser des peaux de banane sous les pieds du Vice-président Mohamed Ali Soilihi et du Gouverneur Mouigni Baraka Saïd Soilihi. La chose fait rire parce que Maître Mohamed Ahamada Baco affirme que «le Vice-président Mohamed Ali Soilihi utilise les moyens financiers, matériels et humains de l’État pour faire campagne». L’accusation étonne les Comoriens parce que, à l’appui de son argumentation, Maître Mohamed Ahamada Baco signale doctement qu’«actuellement, le Vice-président, ministre et candidat Mohamed Ali Soilihi est en tournée dans les autres îles, et à notre grande surprise, à son arrivée, il a été accueilli par une forte délégation des fonctionnaires d’État, mobilisés et contraints à abandonner leur travail respectif, sous la protection de la force publique». Ah? Et où Maître Mohamed Ahamada Baco a-t-il vu ces fameux «fonctionnaires d’État, mobilisés et contraints à abandonner leur travail respectif, sous la protection de la force publique»? Qui sont-ils? Quand cela est-il arrivé? Qui les a «mobilisés et contraints à abandonner leur travail respectif, sous la protection de la force publique»? Et a-t-il vu le Vice-président Mohamed Ali Soilihi «mobiliser et contraindre les fonctionnaires à abandonner leur travail respectif, sous la protection de la force publique» ou donner des ordres allant dans ce sens? Ne rêvons pas et n’affabulons pas. Même si on est en période électorale aux Comores, il ne faut pas pousser le bouchon trop loin…

   Maître Mohamed Ahamada Baco a trouvé un autre motif de demande de disqualification de la candidature du Vice-président Mohamed Ali Soilihi: «Il n’a pas présenté son congé en qualité d’élu et en tant qu’autorité nommée pour assumer des fonctions publiques, conformément aux dispositions de l’article 84 du même Code» électoral. Or, en tant que Vice-président élu sur le même bulletin de vote que le Président Ikililou Dhoinine, le candidat Mohamed Ali Soilihi n’est même pas tenu et n’a pas le droit de «présenter son congé». Ses fonctions et son statut ne le lui permettent pas. C’est tout. Que va devenir sa vice-présidence en cas de «congé», une vice-présidence dont le terme arrive le 26 mai 2016? Pourtant, Maître Mohamed Ahamada Baco estime que «les candidats aux élections doivent prendre congé de leur poste public électif ou nominatif dès publication de la liste définitive des candidatures sous peine de disqualification, alors que cela fait 2 semaines que la liste définitive a été publiée par la Cour» constitutionnelle. Pour autant, si Mouigni Baraka Saïd Soilihi peut désigner un Gouverneur par intérim, Mohamed Ali Soilihi, lui, ne peut pas nommer un Vice-président de la République, le Président Ikililou Dhoinine non plus. Le chef de l’État peut nommer un ministre mais pas un Vice-président, élu au suffrage universel direct. Et puis, est-ce que la campagne électorale est officiellement ouverte? Naturellement, non! Alors, pourquoi prêcher le vide à la tête de l’État comorien? Maître Mohamed Ahamada Baco veut-il la fin de l’État comorien? Pourquoi ne le dit-il pas ouvertement pour que les choses soient plus claires?

   Le même Maître Mohamed Ahamada Baco englobe le Gouverneur Mouigni Baraka Saïd Soilihi dans sa condamnation ressemblant à une Justice propre à l’Inquisition, en insistant sur le fait qu’«il devait partir en congé depuis le 5 janvier et désigner un intérimaire; cependant il refuse de se soumettre aux exigences de la Loi», ajoutant que «la Cour constitutionnelle, de par son indépendance et sa sagesse, appliquera la règle de Droit en ordonnant la disqualification de Mohamed Ali Soilihi et Mouigni Baraka». En d’autres termes, tout en parlant de l’«indépendance» de la Cour constitutionnelle, Maître Mohamed Ahamada Baco donne des injonctions directes à cette dernière, lui demandant explicitement de prononcer «la disqualification de Mohamed Ali Soilihi et Mouigni Baraka», sans autre forme de procès. Est-il devenu une autorité dont le pouvoir se situe au-dessus de celui de la Cour constitutionnelle? Si tel est le cas, qu’il le dise ouvertement aux Comoriens, et les vaches seront mieux gardées. En tout état de cause, les Comoriens sont très étonnés de constater qu’un juriste qui souhaite être élu Vice-président de la République veut d’une Justice constitutionnelle de révérence et aux ordres. Ce qui n’est pas conforme à un idéal de démocratie et d’État de Droit auquel aspirent les Comores aimant sincèrement leur pays.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Vendredi 15 janvier 2016.


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