Les divagations de Kiki sur la liberté de la presse de Papa
Les lubies sécuritaires du sécurocrate d’un dictateur honni
Par ARM
On connaît la fameuse boutade: si on demandait à des «Comoricains» réunis si parmi eux se trouvait quelqu’un sachant piloter une navette spatiale, toutes les mains droites présentes se lèveraient: «Moi, je sais piloter une navette spatiale. Je suis cosmonaute». Cela nous renvoie au truculent sketch du sémillant comédien algérien Fellag, «Tous les Algériens sont des mécaniciens». Pour arriver à cette conclusion sarcastique, il avait fallu que Fellag constate que dès que quelqu’un ouvre le capot de sa voiture en Algérie, tous les passants viennent y planter leurs têtes comme s’ils étaient des mécaniciens capables de réparer le pauvre véhicule. Aux Comores, on en est là puisque tous les «Comoricains» savent piloter des navettes spatiales et réparer des voitures. Cela étant, les vrais juristes du pays sont consternés quand ils constatent avec quel acharnement des gens qui n’ont aucune culture juridique s’approprient les débats juridiques et les dévergondent sans la moindre retenue. Maintenant, c’est Kiki, portant une écharpe dont on ne connaît ni la signification, ni la provenance, ni le pourquoi, ni le comment qui ergote et pérore sur la liberté de la presse, en demandant à la presse de Papa de redoubler de complaisance démagogique envers l’usurpateur au pouvoir à Moroni, menaçant les voix indépendantes des pires représailles.
Il est quand même honteux de confier le ministère de l’Information au ministre de l’Intérieur parce que cela conduit nécessairement à l’instauration d’une vision sécuritaire de la presse, et le ministre en charge de la besogne devient automatiquement un sécurocrate bien souvent incapable d’assurer la sécurité de la population. Au Maroc, Driss Basri, ministre de l’Intérieur de 1979 à 1999, avait eu en plus la charge de l’Information à un moment donné, et cette expérience est diversement appréciée par les spécialistes. Driss Basri était un grand juriste et un grand professionnel des affaires étatiques, et cette grandeur, nous ne la retrouvons pas chez un Kiki, même si ce dernier peut se targuer d’avoir «obtenu» le même jour son «Master 2» et son «Doctorat», là où l’horrible cancre que je suis avait passé les années 1995-2003 et 2005-2013. Mais, n’est pas Kiki qui veut. Oui, un homme qui obtient son «Master 2» le matin et qui devient «Docteur» trois à quatre heures plus tard, le même jour, voilà un génie qui force le «respect». Un type à envier.
En tout cas, la performance de ce surdoué doté d’une intelligence extraterrestre lui est tellement montée par la tête qu’il a pris la grosse tête, poussant cette intelligence insigne de génie jusqu’à divaguer en public sur la liberté d’une presse tuée par le «concubinocrate» Azali Assoumani de mai à décembre 2016, comme en témoignent l’interdiction du journalisme à Abdallah Abdou Hassan dit Abdallah Agwa et le démantèlement de sa Radio, la Baraka FM. Il est malheureux d’entendre Kiki menacer, au cours d’une cérémonie officielle, qu’aucun d’organe de presse, qu’il soit public ou privé, n’a le droit «de mentir ou de tenir des propos en contradiction avec nos textes et les principes du journalisme. À défaut, nous confisquerons le matériel du média en question». Le génie menaça de nouveau: «La liberté d’expression doit exister, mais dans le respect de notre culture». Il s’agit de quels «principes du journalisme» et pour quel journalisme si ce n’est celui de révérence et de connivence? Et s’il parle de «respect de notre culture», croit-il que la culture est nationale et que ce qui est valable sur une île l’est sur les autres îles? Il se trompe lourdement parce que les notions de «grand mariage» et de «notabilité», fondements du «pouvoir de l’honneur» et d’une partie de la culture de la Grande-Comore tel que l’explicite Sultan Chouzour ne valent rien à Anjouan, Mayotte et Mohéli. Prétendre le contraire relève de la bêtise crasse. De toute manière, de la bouche d’un génie qui a «obtenu» son «Master 2» et son «Doctorat» le même jour, on s’attendait à plus d’intelligence et non à une débauche de foutaises.
Kiki dit donc qu’aucun média n’a le droit de «mentir». Donc, il veut que les médias disent la vérité. D’accord. Tous les Comoriens sont d’accord. Mais, Kiki doit parler de ce ministre du «gouvernement» actuel qui a réussi la prouesse mondiale de «changer» de mère pour acquérir la nationalité française. Que va-t-il faire de ce ministre, alors que les Comores seront traînées dans la boue le jour où une «fuite» au profit du Canard enchaîné permettra de faire savoir au monde enter qu’un ministre comorien a «changé» de mère pour avoir frauduleusement la nationalité française?
Mais, justement, en suivant la logique de Kiki, il faudra qu’on se mette d’accord sur la notion de «vérité» et sur qui va dire ce qui est la vérité et ce qui ne l’est pas. Dès lors, il faudra renvoyer cet homme égaré et prétentieux aux récits bibliques se rapportant à la mise à mort de Jésus-Christ. Voici Jésus-Christ devant le Gouverneur Ponce Pilate, qui lui demande la raison pour laquelle on l’a conduit devant lui. Jésus-Christ lui répond: «C’est pour ceci que je suis né, et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde: pour rendre témoignage à la vérité». Ponce Pilate lui demanda alors: «Qu’est-ce que la vérité?». Donc, il est posé au grand Professeur de Vérité qu’est Kiki une seule question: «Qu’est-ce que la vérité?». Il faudra que dans les textes juridiques qui doivent accompagner sa déclaration de guerre à la presse qu’il définisse la notion de «vérité». Il faudra également qu’il explique dans son projet de loi si dire qu’un ministre a menti en s’attribuant une fausse mère est passible d’une peine allant dans le sens de son «à défaut, nous confisquerons le matériel du média en question»? Les Comoriens veulent juste savoir.
En tout état de cause, Kiki a raté une belle occasion de se taire et de se montrer à la hauteur de son «Master 2» et de son «Doctorat» «obtenus» magistralement le même jour. Bon courage.
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Samedi 7 janvier 2017.