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Le professeur Hamada Madi Boléro et les «juristes»

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Fin juriste, l’homme d’État défie les faux constitutionnalistes

Par ARM

   «J’ai hérité d’un héritage d’un demi-siècle, une Armée où le Caporal peut dire “merde” à un Colonel, à un Général». Truculent et savoureux, le mot est du non moins truculent et savoureux Capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte de la Guinée-Conakry du 24 décembre 2008 au 15 janvier 2010. Moussa Dadis Camara n’est donc pas Comorien, mais Guinéen, et vient de résumer tous les paradoxes des Comores, où quelqu’un qui n’a aucun diplôme se croit plus diplômé qu’un Docteur d’État ou un Ingénieur d’État. Ce fonctionnaire à l’Ambassade des Comores à Paris dira à un Docteur d’État en Science politique: «J’ai entendu cette personne t’appeler “Docteur”, alors que seuls les médecins ont droit au titre de Docteur et que tu n’es pas médecin, mais Docteur en Science politique. Si ça continue, tu seras poursuivi en Justice pour usurpation de titres». Comme le Docteur d’État en question a compris la vanité de discuter avec un interlocuteur qui ne sait même pas ce que signifie le titre de «Docteur», il s’abstint de toute réponse. Le même Docteur d’État en Science politique entendra un autre diplomate comorien lui dire: «Bof! Le métier d’avocat n’est pas fait pour toi». Les deux diplomates en question n’ont aucun titre universitaire, mais savent tout et s’estiment dans un état de supériorité intellectuelle par rapport à un Docteur d’État. Ce qui signifie que le Caporal guinéen et le diplomate comorien ont en commun de se placer au-dessus de celui dont ils refusent le primat.

   Fin juriste et homme de pouvoir, Hamada Madi Boléro, qui n’est pas arrivé là où il est arrivé tout en étant bête et inconscient de cette situation, qu’il ne supporte pas, connaît tout du complexe de supériorité, mais en réalité d’infériorité, qui tue ceux qui ne savent rien et qui prétendent tout savoir. Lors de ses très enrichissants échanges de juillet 2015 avec le journaliste Abdallah Agwa de Baraka FM, il aborda le sujet, en le plaçant sous l’angle de gens qui n’ont aucun titre universitaire les aidant à s’exprimer publiquement sur des questions constitutionnelles, la chasse gardée des juristes de Droit public ou publicistes, à un moment où ce sont des «juristes» de Droit privé ou privatistes qui s’égosillent le plus sur sujet, pour pousser Ahmed Sambi à s’ancrer dans des erreurs monumentales. Ce qui est vraiment horrible, horrifiant, hallucinant et hallucinogène, c’est que ces gens-là qui se disent privatistes sont les pires ignorants même du Droit privé, dont ils se réclament. Alors, la situation est la suivante: des gens qui se disent des spécialistes de Droit privé étalent leur ignorance et leur incompétence en Droit privé sur la place publique, ont «aidé» Ahmed Sambi à aller dans une direction abominable lors des ignobles tripatouillages constitutionnels de 2009, et reviennent sur la scène politique en 2015 pour tenter de dire de nouvelles bêtises sur la présidence tournante, toujours pour faire plaisir à Ahmed Sambi, connu pour n’aimer entendre que ce qu’il veut entendre, selon le principe du scotome et de la scotomisation.

   Dans sa très belle déclaration, Hamada Madi Boléro adresse gentiment une demande très particulière à Abdallah Agwa, en lui expliquant qu’il est un publiciste intervenant sur un sujet de Droit public et qu’il souhaite que celui qui sera invité par le célèbre journaliste décline d’abord sa spécialité, Droit public ou Droit privé, avant de se mettre devant le micro pour dire ce qu’il pense. Hamada Madi Boléro a entièrement raison de mettre Abdallah Agwa en garde contre le charlatanisme juridique parce que, à ce jour, il ne s’est trouvé aucun publiciste pour interpréter l’article 13 de la Constitution comorienne de manière à encourager Ahmed Sambi à se croire en droit de présenter une candidature en 2016 pour tenter de redevenir Président de la République des Comores, sans attendre le tour de son île d’Anjouan en 2021. Aucun publiciste! De fait, quatre «juristes» ont pris position pour Ahmed Sambi et, comme par hasard, ces gens-là sont des privatistes et traînent une réputation de mauvais juristes, une réputation entièrement basée sur leur incompétence et leur ignorance, qu’ils cultivent eux-mêmes, par bêtise. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’il s’agit des «juristes» les plus contestés et les controversés des Comores. Personne ne mettra de la viande dans la marmite pour servir du poisson après.

   Prenons connaissance de la belle déclaration de Hamada Madi Boléro sur les «experts» et les militants du crypto-sambisme.

   «Il y a ce qui s’est passé, cher Abdallah, c’est ce qu’ils ne savent pas ou qu’ils occultent, mais que je tiens à dire aux Grands-Comoriens aujourd’hui. Et, je souhaiterais que les Grands-Comoriens m’écoutent attentivement pour qu’ils sachent que je n’ai pas l’habitude de raconter des mensonges. Nonobstant, je suis quand même étonné. Ils ont pris une partie de mon argumentation et n’ont pas tout dit. J’ai dit qu’il ne serait pas possible que Mohamed Abdouloihabi soit élu Président de l’île autonome de la Grande-Comore, qu’il prête serment en tant que Président de l’île autonome de la Grande-Comore, tout en finissant son mandat en tant que Gouverneur de la Grande-Comore. Cela ne se fait pas. C’est un péché! Pourtant, ils l’ont fait. C’est une chose qu’on ne fait pas, cher Abdallah. C’est une chose qu’on ne fait pas. La Loi n’est pas rétroactive. Je vais te donner un exemple pour que les Grands-Comoriens comprennent que je n’invente rien. Citons un exemple, cher Abdallah. Je suis un juge. On me présente une personne qui s’appelle Saïd. Il a volé une vache blanche. J’ai ouvert le Code pénal de la Grande-Comore, qui pose le principe selon lequel le voleur d’une vache blanche est passible d’une peine de prison de deux ans. Je me présente en tant que juge et je prononce une peine de prison de deux ans. Le prévenu fait une première année de prison, puis six mois. Entretemps, nos législateurs ont revu les dispositions du Code pénal et ont porté à 5 ans la peine de prison pour le voleur de vache blanche. Il faut savoir que celui qui était déjà condamné sous l’empire de la loi ancienne n’est pas concerné par cette évolution de la Loi. Cette nouvelle loi sera applicable aux nouveaux délinquants. C’est la raison pour laquelle, Mohamed Abdouloihabi, qui a été élu Président de l’île autonome de la Grande-Comore, doit finir son mandat en tant que tel, et c’est le nouvel élu qui doit entamer son mandat en sa qualité de Gouverneur. Je l’ai expliqué jusqu’à épuisement. Pourtant, ils ont imposé la rétroactivité de la Loi. Pourquoi ne parlent-ils pas de cela? Ils s’entêtent sur l’autre partie de mon discours. Alors, je maintiens ce que j’ai dit. Mais, en 2009, ils ont révisé la Constitution. Et ce sont ceux qui ont révisé la Constitution qui rouspètent aujourd’hui, sauf s’ils ne comprennent pas ce qu’ils disaient. C’est pour cela que j’insiste car il s’agit de Constitution. Et, cher Abdallah, je ne souhaite pas que tu tendes le micro à quelqu’un qui me contredise parce qu’il était avocat, ou parce qu’il a étudié du Droit. Ça ne doit pas se passer comme ça, cher Abdallah. Ne prends pas un dossier de chirurgie dentaire pour aller le soumettre à Ada, parce qu’Ada n’est pas dentiste. C’est du Droit, cher Abdallah. Je vais t’expliquer clairement pour que tu comprennes très bien. En Droit, il y a le Droit privé et le Droit public. Cette affaire de présidence tournante relève du Droit public. Pour apprendre ce petit peu, j’étais obligé d’aller à l’École. Ne va pas chercher un juriste publiciste pour juger un voleur de bœuf parce que ce n’est pas son domaine. Ce que je te dis, cher Abdallah, je sais pourquoi je te le dis. S’il-te-plaît, ne reviens pas vers moi après avoir discuté avec n’importe qui. S’il-te-plaît, demande à ton interlocuteur sa spécialité en Droit avant d’entamer des discussions avec lui. Il n’y a même pas matière à débat, où chacun peut venir dire n’importe quoi. C’est une affaire très simple pour quelqu’un qui comprend le Droit public. Et je sais que les Grands-Comoriens vont comprendre très bien et très facilement ce que je dis».

   Traduit du comorien par ARM.

   Ceux qui ont décidé de ne rien apprendre des autres ont également pris la décision de ne jamais prendre au sérieux ce que dit Hamada Madi Boléro, parce qu’ils ne l’aiment pas. Ils ont tort parce que Hamada Madi Boléro est un excellent juriste et il s’est imposé une règle: il ne prend jamais la parole sur un sujet qui n’est pas de sa compétence. On connaît des gens qui ont un Doctorat en Droit public et qui, par modestie, ont décidé de consacrer toute un an et demi à l’apprentissage du métier d’avocat, alors qu’aux Comores, il y a des avocats qui n’ont même pas une Licence en Droit. Quand on explique ce genre de choses à un homme frustré et vivant dans ses complexes névrotiques, il qualifie celui qui lui explique des choses utiles d’arrogance et de mépris. Mesdames et Messieurs, faites tout pour avoir entre vos mains un Lexique des termes juridiques. Feuilletez-le. Choisissez une page au hasard. Vous prenez un mot au hasard. Eh bien, vous noterez que chaque mot aura une qualification devant: «Droit civil», «Droit administratif», «Droit pénal». Dans la 15ème édition du Lexique des termes juridiques de Raymond Guillien, Jean Vincent et autres (Éditions Dalloz, Paris, 2005), vous trouverez à la page 176: «Contribution à la dette» [Droit civil], «Contribution exceptionnelle et temporaire» [Sécurité sociale], «Contribution pour le remboursement de la dette sociale» [Sécurité sociale/Droit financier], «Contribution sociale généralisée (CSG)» [Droit financier, Sécurité sociale] et «Contribution sociale de solidarité» [Sécurité sociale]. Voilà des faits. Alors, comment quelqu’un qui n’a aucune spécialité dans un domaine peut pontifier et crâner devant les Comoriens sans conduire les Comores à la division, la haine et la destruction? Quand on est intelligent, on ne rejette pas les explications fournies par un homme, juste parce qu’on ne l’aime pas ou parce qu’on est jaloux de lui. On étudie les propos en question pour en tirer un enseignement et devenir plus intelligent. Mais, à qui le dire? En tout cas, tout ce que dit par Hamada Madi Boléro dans cette déclaration est basé sur la vérité, et il serait inintelligent de refuser d’apprendre de lui juste parce qu’on ne l’aime pas.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Mercredi 5 août 2015.

 


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2 Comments

  • De MADHOUNE

    août 7, 2015 at 5:24

    Cher ARM , j’aimerais bien savoir si Boléro en tant que publiciste , est il vraiment spécialiste en droit constitutionnel?
    ————-
    Bonjour,
    En ex-URSS, Hamada Madi Boléro a fait des études en Droit public, et est spécialisé en Relations internationales et Diplomatie. A Bordeaux, France, il a suivi un cursus spécial en Droit constitutionnel.
    Cordialement,
    ARM

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  • doyb

    août 7, 2015 at 7:11

    Je Pense que boléro et ses consors devraient vous embaucher officiellement e tant chef de leurs propagandes. Au moins les choses seront claires et nettes.
    —————–
    Bonjour,
    Je ne veux pas d’embauche, et je ne fais pas de propagande. Je dis ce que toute personne objective ferait: dire la vérité. Auriez-vous la prétention de dire que de faux juristes ne pourrissent pas le débat politique et juridique aux Comores par leur ignorance du Droit?
    Cordialement,
    ARM

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