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Le Docteur Sounhadj Attoumane et la «citoyennetologie»

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Déjà, en 2012, Hamada Madi Boléro préconisait «la Comore» à la place de «les Comores»

Quand, le samedi 19 juillet 2014, Hamada Madi Boléro a reçu la Légion d’Honneur, un nouveau cri de haine s’était abattu sur lui, alors qu’il est, après Hadj Boinariziki, grand-père de l’actuelle Première Dame des Comores, le deuxième Mohélien à en être décoré. Ennemis, adversaires, détracteurs et grincheux avaient réagi par une nouvelle détestation de niveau 10 sur l’échelle de Richter de la haine politique, et le Grand Docteur Sounhadj Attoumane y était allé de son petit mot assassin en disant que maintenant que le politicien que les crypto-sambistes haïssent le plus au monde avait reçu sa décoration, il pouvait mourir. Pourtant, les deux hommes ont au moins deux points communs: d’une part, ils sont contre la réduction de la politique aux Comores au débat sur l’insularité, et d’autre part, l’Anjouanais Sounhadj Attoumane et le Mohélien Hamada Madi Boléro sont conséquents avec eux-mêmes en ayant, l’un comme l’autre, une épouse Grande-Comorienne, pendant que d’autres acteurs politiques comoriens s’enferment obstinément dans l’«endogamie insulaire», et c’est le droit absolu de chacun de faire ce qu’il veut. Mais, bon… En plus, en juin 2012, lors de la présentation du Tome I de ses Mémoires, en région parisienne, Hamada Madi Boléro avait proposé quelque chose pour lutter contre les démons du chauvinisme insulaire exacerbé, en passant de la désignation au pluriel des Comores au singulier, pour créer un sentiment d’unité, de cohésion et d’unité d’un pays dont la population ne manifeste pas toujours ses sentiments d’union, mais de pluralité, donc d’éparpillement et de catégorisation insulaire. Pour lui, les Comores devaient cesser d’être déclinées au pluriel, pour devenir «la Comore», appellation qui aurait le mérite de mettre en exergue l’unité du pays et de son intégrité nationale, au lieu de «les Comores», appellation qui véhicule la pluralité du pays. Chaque fois, sa suggestion faisait rire, énervait et déplaisait. Pourtant, il était sincère. Il avait de nouveau fait rire beaucoup de ceux qui participaient aux séances de présentation de son fameux livre, qui trouvaient la démarche intéressante mais trop intellectuelle et irréalisable. Au cours de la même séance de présentation du livre, Hamada Madi Boléro avait fait sensation en signalant que même au sein d’une même île, l’esprit villageois pouvait être le pendant le plus virulent de l’insularité puisque, disait-il, si certains villages de la Grande-Comore en avaient les moyens, ils auraient imposé un visa d’entrée délivré par un «consulat villageois» aux habitants d’autres villages. Une fois de plus, on avait ri, et peu de temps après, on voyait la ville d’Iconi, en Grande-Comore, tomber dans une vraie guerre civile destructrice (même s’il n’y avait eu mort d’homme) opposant les habitants d’un quartier à ceux d’un autre quartier, ravageant même de beaux monuments historiques. C’est regrettable…

Pour sa part, le Grand Docteur Sounhadj Attoumane, qui parade ailleurs et refuse obstinément de nous accorder la moindre interview, au prétexte que le concept de «crypto-sambistes» employé à l’endroit des partisans de l’ancien Président Ahmed Sambi charrie une approche négative à leur égard, ce qui est faux car renvoyant à la part des raisons obscures et manquant de sincérité de ceux qui suivent le chef du Juwa, déplore les mêmes comportements et réclame une refondation citoyenne basée sur ce qu’il appelle la «citoyennetologie»: «À titre personnel, je vis mal le fait qu’on ramène tout le débat politique comorien, surtout sur le volet de l’élection présidentielle à l’origine insulaire des candidats. Pourquoi ne pouvons-nous pas faire de l’élection présidentielle une affaire nationale au lieu d’une affaire insulaire? Je me demande pourquoi il faut faire de l’insularité une religion aux Comores. Moi, je suis né à Anjouan, mais je refuse d’être un Anjouanais. Je suis un Comorien. Je me suis marié avec une femme originaire de la Grande-Comore. Je travaille en Grande-Comore. J’ai construit ma maison en Grande-Comore, et j’ai dit à mon épouse: “Quand je serai mort, je ne veux pas être enterré à Anjouan, mais là, à cet endroit, ici en Grande-Comore”. Aujourd’hui, aux Comores, le débat politique est tellement pauvre qu’on ne s’intéresse qu’aux origines insulaires des uns et des autres. Ne sommes-nous pas tous des Comoriens, et pourquoi sommes-nous dans l’incapacité de dépasser les horizons insulaires des uns et des autres, et pourquoi sommes-nous dans l’incapacité d’être tout simplement des Comoriens, au lieu d’être des Mahorais, des Anjouanais, des Mohéliens et des Grands-Comoriens? Ce refus d’assumer notre statut de Comoriens ne nous aide pas à jeter des bases absolument solides de la nation comorienne, alors que cette nation existe et a toujours existé, avant même la colonisation française. Notre incapacité à dépasser l’insularité nous enfonce dans la division et plombe la citoyenneté comorienne. C’est la raison pour laquelle je préconise la refondation citoyenne aux Comores sur la base d’un nouveau concept à créer car n’existant pas encore et qui partirait de la citoyenneté vers la “citoyennetologie”, terme dont j’assume entièrement la paternité, terme dont je revendique entièrement le lancement. N’ayons pas peur des mots, et au besoin, nous devons en forger si cela peut nous aider à créer les conditions d’une citoyenneté comorienne débarrassée des oripeaux du chauvinisme insulaire».

Mais, est-ce que le Grand Docteur Sounhadj Attoumane, en sa qualité d’acteur politique, est sincère quand il fait sa belle déclaration? La question se pose avec acuité parce que tous les problèmes d’insularité politique qui se posent avec acuité aux Comores proviennent non pas de la population, mais de la classe politique. Ce sont les acteurs politiques qui catégorisent les Comoriens, notamment en tenant des propos désobligeants envers une partie de la population comorienne, selon ses origines insulaires. Au lieu de rassembler, les politiciens comoriens divisent. Rares sont les acteurs politiques comoriens qui ont peur et honte de tenir des propos injurieux envers une partie de la communauté nationale. Un politicien comorien placé devant un micro et une caméra peut tenir des propos injurieux envers les habitants d’une île qui n’est pas la sienne, et en la matière, l’île qui a reçu le plus d’injures et insultes est naturellement Mohéli. On se souvient de la grande cabale hypocrite qui avait été déclenchée en 2014 contre Hamada Madi Boléro, Directeur du Cabinet du Président chargé de la Défense, par des politiciens grands-comoriens sur le retour et affublés des habits de «notables» au prétexte que l’enfant de Mohéli avait dit qu’il ne fallait pas catégoriser les Comoriens, et surtout les acteurs politiques, selon leurs origines insulaires parce que cela conduit à dire que celui qui a créé le problème de Mayotte est le Grand-Comorien Saïd Mohamed Cheikh, responsable du transfert de la capitale des Comores de Mayotte à la Grande-Comore, et que celui qui a introduit le putschisme aux Comores est le Grand-Comorien Ali Soilihi. Où est le mensonge dans ce qu’il avait dit? On ne le voit nulle part.

Dans l’appréciation de l’action des différents Présidents des Comores, on entend parfois des propos qui font rire. Alors que le pays est en situation d’échec total et systémique depuis le 6 juillet 1975 – date de la proclamation unilatérale de l’indépendance des Comores –, par la faute de tous les dirigeants comoriens, un certain discours chauvin tend à faire croire que tout allait bien aux Comores depuis ce 6 juillet 1975 jusqu’à l’arrivée au pouvoir du «Président mohélien» Ikililou Dhoinine. Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu à ce sujet? On a poussé l’hypocrisie et le mensonge le plus cynique à un niveau tellement avancé qu’on a oublié la répression et les violations des droits dans «l’État lycéen» d’Ali Soilihi, le mercenariat, le monolithisme politique et la prévarication sous Ahmed Abdallah, le désordre, la «gendrocratie», la kleptocratie et la kleptomanie sous Saïd Mohamed Djohar, l’échec total du «Réhémani» («Paradis»), les faiblesses structurelles de l’État, l’irresponsabilité des dirigeants et le népotisme villageois sous Mohamed Taki Abdoulkarim, le fiasco total du régime politique corrompu et incompétent d’Azali Assoumani Baba, les dérives du régime politique d’Ahmed Sambi, avec ses tripatouillages de la Constitution pour convenance personnelle, la culture de la division et de la haine entre Comoriens, la vente de la nationalité comorienne, devenue une vulgaire «citoyenneté économique», la vente des Comores à des étrangers de type Bashar Kiwan, le refus d’organiser un scrutin présidentiel inscrit sur la Constitution, la prorogation unilatérale de son mandat du 26 mai 2010 au 26 mai 2011, les promesses électorales dont aucune n’a été respectée. On oublie tout ça et on veut casser du Mohélien.

Dans ma lettre ouverte du 5 novembre 2010 au futur Président des Comores, assumant mon rang de cancre, j’avais écrit: «Des chefs d’État originaires de Grande-Comore et d’Anjouan t’y ont précédé. Ils n’ont rien fait pour le bien de ce pays, qu’ils ont piétiné, trahi, malmené, traité plus bas que terre, spolié, volé, ruiné, détruit, j’en passe et des meilleurs. Or, personne n’a eu l’outrecuidance de dire qu’ils ont été mauvais et médiocres car nés à la Grande-Comore et à Anjouan. Sur leurs îles, on n’invoque même pas leur échec patent. Par contre, tes actions seront décortiquées et analysées, à dessein d’en arriver à la conclusion que tu es un incompétent pathologique car originaire de Mohéli. Chaque fois que ces gens des autres îles voudront s’en prendre à ta personne et à ton action, ils parleront d’échec et le mettront sur le compte de tes origines mohéliennes, comme si le fait de naître à Mohéli constitue un vice rédhibitoire face à la charge de chef d’État. C’est du racisme insulaire, la donnée la plus visible et la plus constante de la vie politique aux Comores». N’est-ce pas ce qui se passe aujourd’hui? Cela étant, la «citoyennetologie» du Grand Docteur Sounhadj Attoumane attendra encore dans les cartons, même si l’intention est bonne.

Par ARM

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© www.lemohelien.com – Lundi 15 juin 2015.


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