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Le 6 juillet 2020, qu’est-ce qu’ils ont fêté au juste?

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Le 6 juillet 2020, qu’est-ce qu’ils ont fêté au juste?

Le 45ème anniversaire de l’indépendance dans le deuil

Par Badjanani Kalawéni

       En cette date du 6 juillet 2020, qu’est-ce qu’ils ont fêté au juste? Une fête est censée être un moment de réjouissance. Depuis 45 ans, des régimes politiques tyranniques et corrompus se succèdent. Et le niveau de vie du Comorien ordinaire n’a cessé de se dégrader au point que tout le monde cherche à fuir ce pays soi-disant «indépendant» par tous les moyens, quitte à mourir en mer dans des embarcations de fortune. Le nouvel eldorado de l’écrasante majorité de nos compatriotes est la France, notre ancienne puissance colonisatrice, avec qui nous avons des relations très complexes. Le comble de cette hypocrisie est que les premiers à nous donner des leçons de «nationalisme», ce sont ceux-là mêmes qui ont participé de près ou de loin à la destruction de notre pays. Certains vivent en France, d’autres, tout en étant restés aux Comores, ont gardé précieusement leur nationalité française ou courent après elle pour ceux qui ne l’ont pas encore… afin de pouvoir envoyer leurs enfants étudier en Europe, s’y faire soigner ou tout simplement y gagner leur vie à cause de l’absence de perspectives aux Comores. Pour les urgences, toute honte bue, ils n’hésitent pas à se rendre en catimini à Mayotte pour s’y faire soigner, tout en nous faisant des discours tonitruants pour réclamer son rattachement à la République des Comores, qu’ils appellent «son giron naturel».

Après autant de forfaitures, comment nos autorités peuvent-elles être crédibles auprès de nos partenaires en général et auprès de nos frères et sœurs mahorais en particulier? Rien n’est plus précieux que la Liberté. Mais, elle ne s’octroie pas. Elle se prépare et se conquiert. Bref, comme le respect, elle se mérite. À la suite de sa déclaration d’indépendance, l’île Maurice s’est retrouvée dans une situation encore plus inextricable que la nôtre. Confrontées à des contentieux territoriaux avec la France (sur l’île de Tromelin), d’une part, et avec la Grande-Bretagne et les États-Unis (au sujet des îles Chagos), d’autre part, les autorités mauriciennes ont fait un choix pragmatique, diamétralement opposé à celui de nos dirigeants successifs. Au lieu de se lancer dans une «Guerre de la Salive» stérile, elles ont, au préalable, accordé la priorité au développement économique et social de leur pays. En offrant à leurs concitoyens un cadre de vie digne et envié dans tout notre continent, les dirigeants mauriciens ont su forcer le respect de leurs partenaires internationaux. C’est grâce à cette crédibilité recouvrée sur la scène mondiale qu’ils peuvent actuellement négocier politiquement et juridiquement le retour de leurs îles usurpées à leur giron naturel.

Si l’indépendance nationale se résume à un drapeau et à un hymne national qui ressemble plus à un morceau de Tarab qu’à un chant patriotique, alors ceux qui la conçoivent ainsi ont de quoi se réjouir. Pour ma part, ce jour devrait être institué comme «journée de réflexion nationale» destinée à nous interroger sur les raisons de nos échecs cumulés. On ne bâtit pas un pays sur de la démagogie. Avant de vitupérer contre la France, osons cerner nos propres responsabilités parce que, à ma connaissance, ce n’est pas notre ancienne puissance colonisatrice qui a obligé nos dirigeants successifs sans exception (depuis Ahmed Abdallah Abderemane jusqu’à Assoumani Azali) à piller nos maigres ressources.

Le seul jour qui mérite commémoration est la date de notre admission à l’ONU, le 12 novembre 1975. Pour finir, je vous invite à méditer sur les propos ci-après tenus par le Chinois Qiao Liang, Un Général de l’Armée de l’Air de Chine à la retraite, lors d’une interview accordée aux reporters Wei Dongsheng et Zhuang Lei dans le numéro de mai 2020 du magazine Bauhinia (Zijing), revue chinoise publiée à Hong Kong: «Dans le monde actuel, la souveraineté économique, la souveraineté financière, la cyber-souveraineté, la souveraineté de la Défense, la souveraineté des ressources, la souveraineté alimentaire, la souveraineté des investissements, la souveraineté biologique, la souveraineté culturelle, la souveraineté du discours et d’autres aspects liés aux intérêts et à la survie des pays font tous partie de la souveraineté nationale. Ne pensez pas que seule la souveraineté territoriale est liée aux intérêts fondamentaux du pays. D’autres souverainetés sont également des intérêts fondamentaux majeurs, parfois plus prioritaires encore que la souveraineté territoriale, déterminant aussi la vie ou la mort».

Qiao Liang est également Professeur à l’Université et a publié de nombreux ouvrages de stratégie, dont un a été traduit en français: La guerre hors limite. Il est Directeur du Conseil pour les Recherches sur la Sécurité nationale et membre de l’Association des Écrivains chinois. Il s’exprime à titre privé et sa parole n’engage pas le gouvernement chinois. Toutefois, ce qu’il dit est dans la ligne de ce que pensent les plus hautes autorités chinoises.

Par Badjanani Kalawéni

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© www.lemohelien.com – Mardi 28 juillet 2020.


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