«L’aristocratie du diplôme» de notre premier de la classe
Ahamada Wafakana Mohamed Souef enfin reconnu chez lui?
Par ARM
Assiste-t-on à la révolution des mentalités à Mohéli? Le Mohélien admire et vénère le Caporal venu d’une autre île, mais méprise le Maréchal originaire de Mohéli. Le Mohélien n’est jamais fier des siens; il le haït, le déteste, le méprise et le dénigre. Pourtant, dans la matinée de ce lundi 29 juin 2020, les Mohéliens branchés sur les réseaux sociaux ont eu la surprise de recevoir un petit message venant de Mohéliens et rappelant ceci: «Il est le Premier des premiers Comoriens. Premier bachelier comorien (Bac C obtenu avec mention en 1954 au Lycée Gallieni à Antananarivo). Premier Docteur comorien (Doctorat de Médecine obtenu à la Faculté de Médecine de Montpellier en 1961). Premier (vrai) Médecin comorien. En somme, Ahamada Wafakana Mohamed Souef, né à Miringoni, Mohéli, en 1935, est la fierté des Comores. Il vit actuellement dans la commune de Saint-Pons-de-Thomières dans l’Hérault (France). Dès lendemain de la soutenance de sa Thèse, Wafakana prit, en bateau, avec femme et enfant, le chemin du retour au pays. Il exercera, en tant que généraliste mais aussi en tant que chirurgien, gynécologue, etc. de nombreuses années à Mayotte, Anjouan et Mohéli jusqu’à ce que le régime révolutionnaire le contraint à l’exil en 1976».
Tout ceci est vrai, sauf une mention: «La fierté des Comores». Comment le Docteur Ahamada Wafakana Mohamed Souef peut-il être «la fierté des Comores» alors que ses propres frères et sœurs de Mohéli ne parlent jamais de lui, alors que les autorités coloniales et impérialistes des Comores ont tout fait pour étouffer la réalité selon laquelle cet éternel premier de la classe a été le premier bachelier, le premier Docteur et le premier Docteur en Médecine des Comores? Le présenter ainsi, c’est contester «le Doctorat en Médecine» de Saïd Mohamed Cheikh, et la chose est inconcevable en Grande-Comore, où l’ancien Président du Conseil du Gouvernement est un Dieu qui ne saurait être dépassé par quelqu’un, à plus forte raison par un Mohélien, lui qui méprisait les Mohéliens plus qu’un humain ne méprise un rat: «Oi Mwali, Mdzima Poumbou, Mdzima Tréndé», «Ces Mohéliens-là, dont l’un a l’hydrocèle [testicules gonflés], l’autre l’éléphantiasis [Pieds gonflés]». Un Grand Docteur mahorais a entendu ceci de Grands-Comoriens: «Tu es trop bon, trop intelligent pour être Mahorais. Tu devrais être un Grand-Comorien». Ce Grand Docteur est un frère de sang.
L’impérialisme comorien n’a rien fait pour que le nom du Mohélien Ahamada Wafakana Mohamed Souef soit connu. S’il était Grand-Comorien, son nom aurait été attribué à l’Université des Comores, à la Place de l’Indépendance sur les 3 îles, aux hôpitaux… Mais, il est Mohélien. Un Mohélien, vous savez… Déjà, les Mohéliens n’en parlent jamais. Mais, doit-on compter sur Chabouhane Baguiri, Bianrifi Tarmindhi et Mohamed Saïd Fazul dit Babadi ou «Sauce Poitra» («Sauce gélatineuse»), le semblant de «Gouverneur» de Mohéli, pour rappeler les mérites et valeurs inégalables et inégalés du Docteur Ahamada Wafakana Mohamed Souef? Le Docteur Ahamada Wafakana Mohamed Souef voulait servir son pays, mais «le Révolutionnaire» Ali Soilihi l’en a chassé. Ali Soilihi voulait faire la «Révolution», mais avec des ignorants, en chassant les vraies compétences. Il l’a fait. Il a échoué.
Grand spécialiste de la sociologie des élites, le Marocain Ali Benhaddou fait des analyses très fines qui concernent le Docteur Ahamada Wafakana Mohamed Souef, déjà nanti du titre d’aristocrate de Mohéli: l’«aristocratie du diplôme» et la «nomenklatura polytechnicienne»: Ali Benhaddou: L’empire des sultans. Anthropologie politique au Maroc, 2ème édition, Riveneuve Éditions, Paris, 2011, p. 247.
En même temps, le Docteur Ahamada Wafakana Mohamed Souef a été le digne fils de son père, Mohamed Souef, le premier instituteur comorien des Comores. Qu’on se le dise!
Par ARM
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© www.lemohelien.com – Lundi 29 juin 2020.
